Depuis maintenant plusieurs années, les luttes des femmes se multiplient dans le monde, amenant à un resurgissement des débats historiques dans le féminisme. Dans ce texte, nous posons les bases théoriques d’un mouvement féministe socialiste, s’inspirant des élaborations du marxisme révolutionnaire. Nous défendons l’idée que la lutte pour l’émancipation des femmes doit être liée à la lutte pour en finir avec cette société : aucune émancipation profonde n’aura lieu dans ce système d’exploitation appelé capitalisme. En
même temps, il faut combattre toute idée automatiste selon laquelle la « révolution ouvrière » suffirait à elle seule, sans besoin d’une action consciente dans ce sens, à en finir avec l’oppression de femmes. Il s’agit au contraire de s’organiser sur des bases féministes dès maintenant, afin d’arracher toutes les conquêtes concrètes possibles et de mener la bataille, y compris au sein de notre camp social, pour en finir avec le patriarcat et l’oppression de genre.
« Une des réussites du capitalisme a été de s’assurer que la reproduction de la forcé du travail soit effectué comme travail d’esclave par les femmes. Il y réussit via une énorme pression culturelle et retirant à la plupart des femmes la possibilité de leur indépendance économique. Sur cette base d’inégalité est fondée la famille. Mais quand la crise plonge dans la misère descouches de plus en plus grosses de travailleurs, avec ses séquelles de décomposition sociale, de violence et d’abandon, cette inégalité devient la base des fémicides qui s’étendent à travers la planète.
La famille est devenue l’endroit le plus dangereux du monde. Cela signifie que, sauf dans les situations de guerre, plus de gens sont attaqués à l’intérieur de son domicile par un membre de sa famille que par un étranger dans un lieu public. Parmi ces personnes, 78 % sont des femmes et 18 % des enfants.
Cependant, l’offensive en défense de la famille, contre les droits des femmes et des minorités sexuelles, dirigée par les secteurs de la droite politique, et de l’Eglise, transcendeles messes et passe à la lutte politique directe. Touché par la crise mondiale,
le capitalisme tente de réduire les dépenses de l’État (notamment les dépenses qu’il a
dû faire en Amérique latine pour contenir les rébellions au début du siècle) en déplaçant
la responsabilité des conséquences sociales de la crise, de l’État vers la sphère privée, la famille. Ainsi, les fléaux de la dégradation sociale, plutôt que de coûter de l’argent à l’Etat, ils ne coûteront que la vie des plus faibles et la ruine physique et psychologique de bon nombre.»