Présidentielles 2022 : La nécessité d’une gauche anticapitaliste et révolutionnaire

Dans cet article, nous analyserons les propositions des différents variants de la bourgeoisie pour la campagne électorale et nous expliquerons pourquoi il est nécessaire d’y opposer une candidature ouvrière, anticapitaliste et révolutionnaire, avec Philippe Poutou et le NPA.

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Philippe Poutou and Emmanuel Macron during the second live televised debate on BFMTV and CNews for the French presidential 2017 election in La Plaine Saint Denis studios near Paris, France on April 4, 2017. Photo by Jerome Domine/ABACAPRESS.COM | 588259_008 France

Santiago Follet 

La situation en France est marquée par la crise sanitaire du covid-19 avec des pics de contagions allant jusqu’à 300 000 nouveaux cas positifs par jour. Dans un contexte également aggravé par une crise économique qui touche énormément les secteurs les plus défavorisés de la population et qui fait grandir les tensions sociales, la course électorale pour les présidentielles 2022 continue à occuper toute l’espace dans le débat public. Dans cet article, nous analyserons les propositions des différents variants de la bourgeoisie pour la campagne électorale et nous expliquerons pourquoi il est nécessaire d’y opposer une candidature ouvrière, anticapitaliste et révolutionnaire, avec Philippe Poutou et le NPA. 

Contre Macron et son gouvernement des riches

Notre analyse du panorama électoral commence pour tirer un bilan du néfaste quinquennat du gouvernement. Macron, le “jeune réformateur” qui voulait dépasser la dichotomie droite-gauche, selon ses présentations médiatiques en 2017, n’a été qu’un dur gouvernement capitaliste pour le seul bénéfice de la classe dominante.

Pendant ce quinquennat, les mesures capitalistes emblématiques du macronisme ont été la privatisation de la SNCF, la contre-réforme des retraites (qu’il pense relancer en cas de réélection) ou encore la suppression de l’ISF. Un gouvernement fortement autoritaire qui a imposé une répression féroce contre la protestation sociale, y compris avec des lois autoritaires comme la loi contre le séparatisme et la loi de sécurité globale. Une offensive croissante qui a légitimé l’installation d’un climat réactionnaire, raciste et colonialiste d’Etat. 

Toutes ces caractéristiques se sont aggravées avec la pandémie, ou le traitement irresponsable et sécuritaire de la crise sanitaire a eu comme seul but de sauver les profits des ultra-riches au détriment de la santé de la population. Des licenciements, des suppressions de postes, la baisse du pouvoir d’achat, l’augmentation de prix des services ou encore une réforme criminelle contre l’assurance chômage sont à peine une petite liste de souffrances pour la classe ouvrière grâce aux mesures de Macron. Emmanuel Macron est le président des riches. Il n’y a rien de bon à attendre de sa part pour les travailleurs. 

Cinq ans de Macron… ça suffit ! Un gouvernement fortement combattu dans les rues par les mouvements sociaux : la grève ferroviaire, la revolte populaire des gilets jaunes, la greve contre la reforme des retraites, les mobilisations feministes, anti-racistes, de la santé, de l’education, pour le climat, etc. Beaucoup de mouvements se sont construits à la chaleur de la lutte contre le gouvernement, avec les méthodes de lutte des travailleurs, les grèves et les manifestations, la seule façon de vaincre l’avancée capitaliste. 

Ni la droite extrême, ni l’extrême droite

Bien que Macron semble être le candidat favori de la bourgeoisie à la tête de tous les sondages, il y a trois autres candidats (chacun pire que le précédent) en course pour voir qui sera celui qui accompagnera le président au second tour de l’élection. Selon Ipsos, les intentions de vote des ‘4 fantastiques’ sont les suivantes : Macron (24%), Pécresse (17%), Le Pen (14,5%) et Zemmour (14,5%).

Si on parle de Valérie Pécresse (Les Républicains), ancienne colaboratrice de Chirac et Fillon, il est clair qu’il s’agit d’une femme de l’aile traditionnelle de la droite francaise. Cette droite qui a été à la tête des manifestations contre le mariage pour tous sous la présidence Hollande. Plus récemment, Pécresse s’est auto-défini comme ⅔ Merkel et ⅓ Thatcher, avec la promesse de campagne de faire une suppression de plus de 20 000 postes de travail dans le secteur public. Avec ces références, il est clair qu’un potentiel gouvernement de Pécresse irait encore plus à droite du chemin proposé par Macron. 

Pour sa part, la confirmation de la candidate d’extrême droite d’Eric Zemmour (Reconquête), qui a choisi un nom pour son parti qui évoque les guerres de religion, a servi à incliner le ton général de la campagne vers des positions plus réactionnaires. Le défenseur de la théorie conspirative du “grand remplacement” s’appuie sur le complotisme ambiant qui règne depuis le début de la pandémie. Il bénéficie d’une espace médiatique totalement surdimensionné pour propagandiser toutes ses propositions racistes, misogynes et islamophobes. Le scandale du meeting à Villepinte, ou des sympathisants de Zemmour ont agressé des militantes de SOS Racisme montre à quel point l’extrême droite se comporte d’une manière agressive pour imposer ses idées réactionnaires.

Du côté de Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement National a supplié Zemmour de retirer sa candidature pendant des mois, pour “unifier la famille” de l’extrême droite sous la perspective de pouvoir remporter l’élection. En effet, après des années à se construire comme la première opposition à Macron pour le ballotage, Le Pen a souffert de l’émergence de Zemmour et de Pécresse, deux concurrents qui disputent une partie de son électorat. Bien que Le Pen et Zemmour essaient de se construire comme des outsiders de la politique traditionnelle, un phénomène bien présent au niveau international, les candidatures de l’extrême droite n’ont rien d’anti-système. Pour le contraire, elles représentent uniquement les intérêts de grands capitalistes avec des discours de haine qui cherchent à diviser les travailleurs. 

En définitive, la combinaison des différents variants de l’extrême droite représente une grande partie de l’électorat qui donne lieu à des alternatives très dangereuses pour les droits de migrants, de la population noire et arabe, de femmes et de personnes LGBT. La haine de ces personnages encourage les groupuscules identitaires et suprémacistes à se manifester violemment. comme pendant la manifestation parisienne contre les violences faites aux femmes, ou les manifestants ont pu rapidement dégager les agresseurs d’extrême droite. 

Les mobilisations unitaires des organisations politiques et syndicales contre l’extreme droite ainsi que les actions pour empecher les meeeting de ces candidats de se tenir qui se sont developpes ces derniers mois montrent la voie d’une riposte anti-fasciste qu’il est urgent d’organiser dans les rues pour lutter contre l’extreme droite raciste et xenophobe.

L’échec de l’unité de la gauche institutionnelle

La proposition « unitaire » lancée par le Parti socialiste n’a réussi à convaincre aucun de ses partenaires avec lesquels il a conclu de nombreuses alliances législatives. Les « autoproclamés » Montebourg et Taubira n’ont pas non plus réussi à les convaincre d’unifier le bloc. La décomposition du PS, autrefois premier parti du pays et aujourd’hui à peine à 5% selon les prévisions les plus optimistes, s’explique par ses innombrables trahisons aux électeurs de gauche qu’il prétendait défendre. En effet, le PS est loin de représenter quoi que ce soit de proche de la « gauche », puisqu’il n’est qu’un autre parti de la bourgeoisie française, un défenseur du système capitaliste.

Dans le même ordre d’idées, le « capitalisme vert » de Yannick Jadot n’est pas non plus une véritable alternative aux politiciens de droite, car au-delà de l’instrumentalisation de la sensibilité écologiste face au problème de la destruction de la planète, le programme des Verts est 100% compatible avec le capitalisme, système qui est responsable de la crise climatique mondiale. Il n’y a rien qui ressemble de près ou de loin à une alternative de « gauche » dans leur programme.

Du côté du PCF, la réémergence d’une candidature « communiste » de son propre chef n’a rien apporté de progressiste au-delà du nom du parti. S’il y a une chose pour laquelle Fabien Roussel s’est distingué dans cette campagne, c’est pour avoir soutenu les mobilisations réactionnaires de la police aux côtés des syndicats et des organisations politiques d’extrême droite. Une adaptation à la politique de l’extrême droite qui n’est d’aucune utilité pour l’affronter dans ces élections.

Parmi les candidats, le mieux placé pour se présenter à l’élection est peut-être Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise. Cependant, pour le moment, il n’y a pas de dynamique ascendante pour la formation de la gauche institutionnelle qui pourrait la rapprocher d’un second tour électoral. Au contraire, les sondages placent les Insoumis en cinquième, voire en sixième position. Pour un mouvement politique à base purement électorale (sans structure militante nationale de base) qui n’aspire qu’à concourir par les voies parlementaires et électorales, une telle stratégie est loin d’être suffisante pour affronter de manière cohérente les candidats de la droite.

Mélenchon a tenu un meeting d’à peine 5 000 personnes à Paris, un chiffre qui est loin de le catapulter en un mouvement de masse capable de contester le pouvoir. Et ce malgré certains courants opportunistes qui se réclament du mouvement trotskyste et de la tradition marxiste révolutionnaire (comme la TMI, l’aile droite du SU et la TC) et qui ne semblent pas tirer de conclusions de la faillite de Podemos en Espagne et de Syriza en Grèce.

Le programme de Mélenchon est au mieux un programme  » réformiste  » et nationaliste qui ne dépasse pas les limites étroites du réformisme du système capitaliste et qui aspire à gouverner l’État impérialiste français. Pour ces raisons, il finit par ne pas être indépendant de la bourgeoisie car il aspire à un programme de conciliation des classes. La vraie gauche anticapitaliste et révolutionnaire ne peut soutenir ou faire partie de cette expérience, surtout quand il y a, comme la campagne le montre, un énorme espace pour la construction d’une alternative de gauche indépendante.

Pour une candidature ouvrière, révolutionnaire et indépendante : Philippe Poutou 2022

Le candidat ouvrier du Nouveau parti anticapitaliste, Philippe Poutou, s’est empressé de prendre ses distances avec toute manœuvre d’unité d’une gauche institutionnelle servile au système capitaliste. Correctement, le candidat du NPA a rejeté tout accord et s’en est tenu à la ligne d’une candidature indépendante parce qu’il représente et doit représenter une alternative radicalement différente : celle de l’indépendance politique de classe des travailleurs.

Il est vrai qu’il existe une inquiétude croissante dans de nombreux secteurs face à l’avancée des candidatures de la droite réactionnaire et de l’extrême droite, face à laquelle la perspective d’une réponse unie pour les vaincre apparaît nécessaire. Mais l’unité qui doit être construite est l’unité des travailleurs dans la rue, indépendamment de tous les secteurs patronaux qui défendent les intérêts des capitalistes. L’unité qui doit se construire, c’est ensemble avec les immenses mouvements de lutte qui se sont levés dans le pays pour lutter contre la politique de Macron et contre les avancées de l’extrême droite.

Cette unité ne se construira pas sur la logique du « vote utile » ou du « moindre mal » dans une perspective purement électorale. Mais face à une extrême droite de plus en plus agressive, nous devons lui opposer un programme anticapitaliste et révolutionnaire pour que la voix de notre classe puisse être entendue et défendue dans la rue.

Les réunions de campagne de Poutou ont montré une dynamique ascendante qui a amené des centaines de jeunes sympathisants à construire la perspective de cette campagne anticapitaliste indépendante. Un potentiel qui a été observé dans les déclarations de Poutou dans les médias nationaux sur le rôle de la police et qui gagne la sympathie des sections de la jeunesse et des travailleurs parce que Poutou est vu comme quelqu’un de notre classe, quelqu’un qui parle comme n’importe quel autre travailleur, loin des politiciens millionnaires et des professionnels de la politique.

C’est un travailleur licencié pendant le gouvernement Macron, victime de la fermeture de l’usine Ford de Blanquefort, qui peut synthétiser politiquement l’énorme colère sociale contre Macron et les politiciens du système, face à la dégradation des conditions de vie et à l’avancée de la crise sanitaire. Une candidature qui sert à exprimer une représentation politique des grands mouvements de lutte qui se sont levés en France ces dernières années (rébellion des gilets jaunes, mouvement contre la réforme des retraites…) pour construire une alternative politique anticapitaliste et révolutionnaire.

Le NPA a un énorme défi à relever. Avec une campagne qui montre une dynamique ascendante –certains sondages prédisent même un score aux alentours de 2%- et qui suscite une sympathie large et croissante auprès d’une jeunesse à sensibilité anticapitaliste, féministe, antiraciste et écologiste. Une campagne qui doit encore franchir le dur obstacle anti-démocratique des 500 signatures de maires pour que la candidature soit officiellement effective, ce pour quoi il est nécessaire de redoubler d’efforts militants dans les prochaines semaines.

Depuis Socialisme ou Barbarie, en tant que courant du NPA, nous faisons le pari que la candidature de Philippe Poutou servira à construire une alternative politique des travailleurs, des jeunes, des femmes et des LGBT, des migrants, et de tous les secteurs exploités et opprimés. Pour que la campagne serve la construction du NPA comme parti anticapitaliste, militant et indépendant tout en développant notre courant international avec la nécessité de construire un parti révolutionnaire internationaliste pour en finir avec la barbarie du système capitaliste. Dans les semaines à venir, nous prendrons l’initiative d’organiser des réunions de campagne, de rechercher les signatures des maires et de former des comités de soutien à la candidature dans les lieux d’étude et de travail. Pour la construction d’une gauche anticapitaliste et révolutionnaire.

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