Pandémie : les dix plus riches au monde ont doublé leur fortune et 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté

Au cours des deux dernières années, la pandémie a entraîné une augmentation exponentielle des profits de quelques-uns, qui contraste avec l'augmentation de la pauvreté et de la misère dont souffre la majorité.

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Par Eliana Berton, paru dans Izquierda Web, traduit par David Piasecki.

 

Dans un monde capitaliste qui n’était pas préparé à la pandémie, le fossé des inégalités s’est creusé, la fortune des plus riches s’est accrue et la vie des 99 % restants de l’humanité s’est détériorée de manière générale.

Selon les projections de l’Organisation internationale du travail (OIT), le nombre de chômeurs dans le monde devrait atteindre 205 millions cette année. Si ce scénario se confirme, il serait bien supérieur aux 187 millions de 2019 et constituerait la pire année depuis 2013.

Au cours des deux dernières années, la grande majorité de la population mondiale a souffert de la détérioration des salaires, de l’insécurité de l’emploi et de la hausse rapide de l’inflation. Mais pour quelques autres, ces temps troublés ont été l’occasion d’augmenter leurs profits : les dix hommes les plus riches de la planète ont doublé leur fortune, passant de 700 milliards de dollars à 1,5 billion de dollars.

Selon le rapport « Inequality Kills », publié par Oxfam International, l’augmentation de la richesse des milliardaires s’est produite à un rythme de 15 000 dollars par seconde ou de 1,3 milliard de dollars par jour. Le temps que dure la moitié seulement d’une chanson, ils peuvent accumuler suffisamment d’argent pour acheter une maison que 99 % du monde ne pourrait jamais rêver de posséder.

Le dernier classement publié par le magazine Forbes place Elon Musk, propriétaire de Tesla et Space X, en tête avec une valeur nette de 304 milliards de dollars, suivi de Bernard Arnault, de LVMH, avec 198 milliards de dollars. Le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, occupe la troisième place avec une fortune de 189 milliards de dollars. Il est suivi de Bill Gates de Microsoft (4e place, 137 milliards de dollars) ; du magnat du logiciel Larry Ellison (5e place, 122 milliards de dollars) ; de Larry Page de Google (6e place, 121 milliards de dollars) ; de Mark Zuckerberg de Facebook (7e place, 117,8 milliards de dollars) ; Sergey Brin, de Google (8e place, 117,3 milliards) ; l’investisseur légendaire Warren Buffet (9e place, 114 milliards) et Steve Ballmer, de Microsoft (10e place, 102 milliards).

Gabriela Bucher, directrice exécutive d’Oxfam International, a souligné que si ces dix hommes devaient perdre demain 99,99 % de leur richesse, « ils seraient encore plus riches que 99 % des habitants de la planète ». Elle a également expliqué qu’ils accumulent actuellement six fois plus de richesses que les 3,1 milliards de personnes qui sont dans la plus grande pauvreté, mettant en perspective les inégalités exacerbées que ce système reproduit.

 

Pauvreté et inégalité structurelle

La pandémie n’a fait que faire remonter à la surface et rendre plus visibles les injustices, les inégalités économiques, sociales et de genre ainsi que la grande crise climatique que traverse l’humanité. C’est toujours à nous de payer le prix de la situation générée par l’oisiveté capitaliste, alors que dans le même temps ce sont toujours les mêmes qui profitent de cette inégalité et s’en mettent plein les poches, et peuvent même s’envoler dans des excursions touristiques dans l’espace.

C’est ce que reflète le document publié par l’organisation internationale au début de l’agenda du Forum économique mondial de Davos. Elle affirme que, selon une estimation prudente, au moins 5,6 millions de personnes meurent chaque année en raison du manque d’accès aux services de santé, tandis que 2,1 millions périssent de faim et 67 000 femmes meurent des suites de mutilations génitales féminines ou du fait d’être tuées par un partenaire ou un ex-partenaire. En outre, environ 231 000 personnes des pays pauvres pourraient mourir de la crise climatique d’ici à 2030.

« Les personnes les plus pauvres et les groupes racialisés du monde sont surreprésentés dans le nombre de décès causés par le virus », indique le rapport, ajoutant que dans certains pays, « les personnes les plus pauvres ont presque quatre fois plus de risques de mourir du Covid-19 que les plus riches ».

Le plus grave dans ce contexte de pandémie est que, alors que l’humanité entière pourrait être sauvée grâce aux progrès de la vaccination, les pays les plus pauvres n’ont qu’une infime partie de leur population vaccinée provoquant ainsi l’apparition de nouveaux variants du virus.

Selon Oxfam International, les profits accumulés par Bezos depuis le début de la pandémie pourraient être utilisés pour vacciner l’ensemble de la population mondiale. « Ces tendances sont alarmantes. En ne vaccinant pas l’ensemble de la population mondiale, les gouvernements ont créé les conditions propices à l’émergence de mutations dangereuses du virus COVID-19. Dans le même temps, ils ont créé les conditions de l’émergence d’une toute nouvelle variante : celle de la fortune des milliardaires. Cette variante milliardaire est extrêmement dangereuse pour notre planète ».

Même les organisations qui sont loin d’être anticapitalistes, qui adhèrent tout au plus au progressisme « bien-pensant », sont obligées de rendre le problème public. Car la pandémie a mis en évidence le fait que le capitalisme est loin de garantir la disparition durable et progressive des grands problèmes sociaux.

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