La plus importante académie de l’enseignement de l’île de France, Versailles, a organisé à la fin du mois de mai des sessions de « job dating », c’est-à-dire des journées de recrutement, pour faire face à la pénurie de professeurs des écoles.
« Profs en 30 minutes »
Sous forme d’entretiens de 30 minutes, les sessions étaient ouvertes à tous les titulaires d’un bac+3, sans autres conditions, et ce même si leurs compétences n’avaient rien à voir avec la matière enseignée. Une pratique dénoncée par les enseignants, qui ciblent le manque de formation et les profils trop éloignés de l’enseignement, une manière de plus de concevoir l’éducation à la baisse, ainsi que la contractualisation de plus en plus généralisée au détriment des salaires et des conditions de travail.
Le statut de contractuel, déjà particulièrement précaire, a d’autant plus été touché depuis la Loi de Programmation de la Recherche, qui a détruit des postes de fonctionnaires pour favoriser les contrats temporaires tout en cassant d’avantage l’autonomie de la recherche en la subordonnant aux financements privés. Comme le dénonce un article de Sud Education, « les causes de cette crise du recrutement sont connues : déclassement salarial, moyens insuffisants, contre-réformes successives, casse de la formation initiale. », tout en précisant que « pour autant, les futur·es collègues qui sont recruté·es en ce moment ne sont pas à blâmer. » Car en effet, ce sont bien les logiques de la casse du service public, également à l’œuvre dans de nombreux autres secteurs à l’instar des hôpitaux ou la SNCF, qui ont conduit à cet état de fait.
Quand les choix des libéraux pour résorber la crise du recrutement sont portés depuis des années vers la précarisation du statut d’enseignant, pas étonnant que le métier n’attire plus les étudiants diplômés. Et face à cela, au lieu d’investir dans les moyens par la création de postes, de locaux, l’allègement des effectifs dans les classes ou par la revalorisation des salaires, les institutions préfèrent la pratique des « job dating ». A Versailles, ce sont déjà plus de 20 % des effectifs qui sont un contrat de contractuel, et le chiffre ne fera que s’amplifier dans les prochaines années.
De plus, ces sessions de recrutements ne concernaient pas seulement les personnels enseignants mais aussi les postes d’infirmiers, d’AESH, de psychologues et de médecins scolaires, ce qui atteste de l’état catastrophique des formations et des méthodes de recrutements également dans ces domaines. Dans un communiqué de la FSU, le syndicat énonce que « 46 infirmiers ont été recrutés lors du dernier concours pour 70 postes vacants », tandis que les chiffres du concours d’enseignant donnent des résultats comme « 83 admissibles pour 215 postes en allemand ».
Cette même méthode de recrutement avait été déjà expérimentée à l’université de Toulouse le 30 mars dernier. Celle-ci ne présage rien de bon pour l’avenir non seulement des personnels mais aussi des élèves, pour qui l’enseignant est un pilier essentiel. Pour lutter contre les mesures-anti-sociales qui affectent l’ensemble des personnels il est nécessaire de s’organiser sur nos lieux d’études et de travail contre la précarité pour ne pas accepter que ces méthodes se généralisent.