Au feu, les pompiers pyromanes !
Après les incendies qui ont dévasté en 2020 l’Australie et la Californie et la Sibérie en 2021, c’est maintenant à toute l’Europe de payer le tribut du changement climatique. 60 000 ha de forêts sont partis en fumée en France cet été, dans diverses régions, y compris en Bretagne, alors que l’Europe connaît un très long épisode de sécheresse. Près de 40 000 personnes ont dû être évacuées. Les changements climatiques sur lesquels scientifiques et militants alertent depuis les années 60 s’illustrent avec ces visions infernales. Si les gouvernements successifs n’ont pas essayé de stabiliser le climat, ils n’ont pas non plus prévu les moyens suffisants pour faire face aux incendies. Bien que la France relance son armement et fait défiler ses avions de chasse le 14 juillet (elle en compte 211), elle ne dispose que de 18 avions bombardiers d’eau vieillissants.
Le déclenchement des feux peut avoir plusieurs origines, à 95% dû à l’activité humaine : exercice militaire raté, dépôts d’ordures sauvages, jets de mégots etc. Les feux peuvent aussi être allumés volontairement pour libérer de l’espace foncier à construire, faire jouer une assurance ou par pyromanie. Dans un contexte de grande sécheresse, les feux ne sont plus maîtrisables, et c’est aux pompiers d’aller au front.
Les feux sont aussi la conséquence d’une gestion capitaliste des forêts. Beaucoup de forêts sont privatisées, mais même l’Office National des Forêts, établissement public, est gérée comme une entreprise privée. L’Etat génère des profits par la vente du bois et fait donc planter des essences à croissance rapide, comme les résineux. La plantation massive de ces essences depuis les années 70 est une catastrophe écologique : non seulement les forêts sont transformées en champs d’arbres mono spécifiques à la biodiversité nulle, mais de plus la progression des résineux du Morvan aux Landes, en passant par la région méditerranéenne favorise les incendies. Cette gestion aberrante de la forêt à des conséquences délétères pour les forestiers de l’ONF, qui voient leur métier réduit à la course aux profits. Ces 15 dernières années, une cinquantaine d’agents se sont suicidés sur leur lieu de travail, alors que 1000 postes ont été supprimés. L’Etat continue pourtant de tailler l’ONF en pièces, et planifie encore 500 suppressions d’emplois sur 5 ans.
La condition des sapeurs-pompiers n’est pas meilleure. Macron a félicité les sapeurs-pompiers à la Teste-de-Buch pour la gestion des incendies en Gironde, pourtant il les a fait tabasser par les CRS pendant la grève de 2019. Les pompiers revendiquaient une revalorisation de leurs salaires, l’augmentation du nombre de sapeurs-pompiers professionnels (80% des pompiers sont des pompiers volontaires) et l’augmentation des effectifs du SAMU. L’incapacité de l’Etat français à contenir les feux démontre que seuls les travailleurs peuvent évaluer les moyens indispensables à la sécurité de tous, sans faire de petites économies.
La gestion des incendies de cet été jette une lumière crue sur la dégradation des services publics en matière de santé, de gestion des risques, d’écologie. Les coupes à blanc réalisées par l’Etat dans les budgets mettent nos vies en périls.
Le monde s’assèche, les profits suivent leur cours
La France entière est en vigilance sécheresse, 22 départements sont en crise et tout le monde est au régime sec, avec restrictions d’eau. Tout le monde ? Apparemment pas les riches, dont les golfs continuent d’être arrosés, ainsi que les pistes de centres équestres : pour ne pas faire de poussière !
Le bilan de la sécheresse pour la faune et la flore est désastreux. Les fleuves et zones humides asséchés provoquent l’asphyxie des poissons et amphibiens. Des récoltes ont pris feu avec la vague de chaleur, ce qui fait craindre la flambée des prix des céréales. Le secteur de l’énergie est également impacté : les centrales nucléaires sont à l’arrêt faute d’eau pour refroidir les réacteurs. La France va donc importer de l’énergie pour l’hiver, et la facture va être très salée pour notre camp social. Les médias nous préparent déjà à ce que le prix de l’énergie double.
Contre leur monde aride, cultivons la révolte
Les réactions en chaîne du changement climatique vont aggraver la situation à l’avenir : les feux de forêts libèrent du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, qui contribue à l’effet de serre et au changement climatique. Pour sortir de la spirale infernale, nous ne pouvons plus laisser le pouvoir aux irresponsables qui nous ont jeté dedans. C’est aux travailleuses et travailleurs de décider ce qu’il faut produire et comment, afin de réguler les pollutions et stabiliser le climat.
N’attendons pas que les capitalistes nous fument, prenons les choses en main !