
Comme c’était annoncé, l’arrivée de l’été 2023 entraîne des températures records avant-même de commencer. Nous avons pu le constater l’été dernier avec les incendies au sud de la France, mais aussi avec la sécheresse qui a repris avec force à la fin de la saison hivernale. En juin 2023, nous assistons déjà au spectacle apocalyptique que nous offre le capitalisme à outrance.
Les forêts en feu
Un des corollaires du dérèglement climatique sont les feux de forêts comme nous en avons déjà vu en Europe ou en Australie auparavant, aujourd’hui c’est le tour du Canada. Les incendies sont liés à la sécheresse, mais les scientifiques affirment qu’ils sont issus d’un réchauffement climatique intensifié en créant une catastrophe historique dans le pays.
Ce jeudi 8 juin 2023, le Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC) recensait 437 incendies en cours, dont 248 hors de contrôle, dans ce pays où les immenses étendues boisées sont rarement accessibles par la route. Plusieurs provinces sont touchées : à l’ouest, la Colombie-Britannique enregistrait quatre-vingt-deux feux et l’Alberta, soixante-treize. Le Québec affichait le pire des chiffres : 157 incendies dont quatre-vingt-douze déjà incontrôlables. Depuis le début de la saison des feux, « 3,8 millions d’hectares ont brûlé dans près de 2 300 incendies et 20 183 personnes ont été évacuées de leurs foyers », indiquait Bill Blair, ministre canadien de la Protection civile, en conférence de presse avec le Premier ministre Justin Trudeau.
Des panaches de fumée qui couvrent un tiers des États-Unis à l’est du Mississippi et descendent jusqu’en Caroline du Sud, sur la côte. Ces fumées chargées de particules fines sont dangereuses pour la santé. Près de 100 millions de Nord-Américains respirent depuis trois jours un air pollué. La ville de New York affichait un indice de qualité de l’air de 484, à 17 h mercredi 7 juin, alors que l’alerte est donnée dès 100, la qualité de l’air n’étant jugée « bonne » qu’entre 0 et 50.
Macron demande une «pause réglementaire européenne»
Le 11 mai dernier, le président Emmanuel Macron, lors d’un déplacement à Dunkerque, a appelé à « une pause réglementaire européenne » en matière de normes environnementales, estimant que l’Union européenne avait fait « plus que tous les voisins » et qu’elle avait désormais « besoin de stabilité ». Ses déclarations ne font que laisser en évidence l’incompétence du gouvernement en matière climatique, une incompétence qui répond plutôt au favoritisme des secteurs de l’entreprise voire une maigre volonté politique d’agir de façon structurelle pour stopper la catastrophe.
Cependant, nous ne pouvons pas dire que le sujet laisse indifférent le gouvernement. Face à la sécheresse qui frappe le territoire, il se propose un projet de « gestion de l’eau » à travers leur fameux projets des méga bassines. Il s’agit d’une fuite en avant du modèle agricole productiviste accompagné d’une aberration écologique qui restreint l’accès à l’eau à la communauté paysanne en laissant s’apprivoiser que les grandes entreprises. Les projets se multiplient en Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire, Centre et Bretagne, entre autres. Sur le plan hydrologique et économique, les méga bassines menacent la préservation de l’eau et la souveraineté alimentaire en France.
Pour notre camp, les déclarations de Macron représentent une provocation, après plus de 4 mois d’avoir mené une bataille exemplaire et historique pour demander une « pause » dans la démarche d’allongement de l’âge de départ à la retraite. Néanmoins, nous savons que l’agenda du nouveau quinquennat reste encore à dérouler.
Le risque d’étalement de la catastrophe du dérèglement climatique à l’échelle planétaire reste une perspective mise en avant par la communauté scientifique puisqu’ils prévoient pour cette année le retour du phénomène de « El Niño ». Il s’agit d’un phénomène intimement lié au dérèglement général, mais qui agit en même temps comme catalyseur du réchauffement climatique à travers les courants marins. Ce phénomène va sûrement impacter la côte pacifique de l’Amérique Latine. Encore un phénomène qui touchera sans doute des zones déjà très vulnérables mais qui réchauffera la planète dans sa globalité.
Dépasser le Capitalocène par l’organisation
97% des scientifiques affirment que le réchauffement climatique a son origine dans l’activité humaine. Mais l’activité humaine est formaté dans le capitalisme et préconçue à asservir le capital. La révolution industrielle n’a fait qu’enfoncer le clou de cette dynamique en montant les créneaux de la productivité au maximum possible, accompagnés de l’exploitation du travail salarié et la pollution planétaire que ce modèle entraîne.
De même, les travailleurs commencent à subir l’impact de la chaleur dans le déroulement de leurs fonctions, notamment celles et ceux qui travaillent exposées aux intempéries : les éboueurs, agents de nettoyage, travailleurs du BTP, transport et d’autres dont les effets néfastes de l’exposition aux rayonnements UV, nuit les capacités motrices et altèrent les fonctions cognitives. Nombreuses raisons pour regrouper nos demandes et faire pression dans les secteurs avec des grèves, piquets et assemblées générales.
Ce XXIᵉ siècle ne vient que de commencer et il se profile déjà comme un modèle exacerbé du capitalisme. La réduction progressive des nos perspectives de survie sous le capitalisme nous lance dans l’urgence de s’organiser pour le renverser. Dès la communauté scientifique aux secteurs de la ruralité , la communauté paysanne, travailleurs, étudiants et LGBTI nous sommes appelés à converger nos forces de résistance mais aussi d’organisation afin de passer à l’offensive. Les liens de solidarité entre nos luttes restent un terrain fondamental à construire dès maintenant dans la rue.