Prostitution : Un débat sur la traite, l’exploitation sexuelle et la stratégie des révolutionnaires
Ni un travail, ni comme les autres
Bonjour à tous et à toutes, les camarades, nous vous remercions d’être venus si nombreux et nombreuses à cet atelier-débat. Il faudrait commencer par avancer quelques précisions notamment autour de deux notions importantes : la sexualité et la notion marxiste du travail. Ces notions sont fondamentales afin de comprendre au mieux le phénomène dont nous allons parler.
D’abord nous partons du principe d’indivisibilité entre la sexualité et l’individu. La sexualité implique l’aspect physique mais aussi psychique de l’individu. En tant qu’expérience, la sexualité ne se limite pas aux rapports sexuels dans le sens le plus strict sinon qu’elle englobe l’affection, la psyché, le respect de l’intimité et d’une façon fondamentale le consentement. Cette dernière notion est très importante au moment de définir les violences sexuelles au niveau juridique.
Il est important de revenir sur ces concepts parce que quand on parle de prostitution en géneral il y a une tendence à faire croire qu’on parle exclusivement de sexualité et de liberté. Néanmoins, il n’est pas possible de penser la sexualité en dehors des rapports sociaux de pouvoir. Dans ce sens, les marxistes voient dans l’aspect économique une clé de voûte pour comprendre le monde et ses mécanismes de domination, c’est l’approche qu’en tant que militant.e.s révolutionnaires nous allons appliquer pour notre analyse.
Selon Marx, la notion du travail est transhistorique, c’est-à-dire que le travail est indéfinissable en dehors de ses conditions. Le travail ce n’est pas une fin en soi. Les marxistes comprennent le travail comme un vecteur d’exploitation au service du capital mais le travail aussi peut devenir un outil d’émancipation et de réalisation à travers l’organisation des travailleur.ses et du travail. Les personnes acceptent l’exploitation dit Marx, en raison d’une vulnérabilité et d’un besoin de survie, l’individu ne va jamais s’aliéner spontanément, jamais d’une façon entièrement libre en tout cas.
Il semble pertinent d’ajouter une définition sur la notion du travail, en suivant ce que Marx décrit dans Le Capital. Pour Marx il y a une différence entre le travail concret (celui qui porte une finalité sociale) et le travail abstrait (celui qui produit une marchandise destinée à créer du besoin).
La chercheuse et philosophe française Saliha Boussedra approfondi sur cette question:
“Lorsque Marx envisage le travail d’un point de vue anthropologique, cela implique qu’on ne puisse pas séparer l’activité productive humaine à la fois des individus qui l’accomplissent, des moyens de travail (outils de travail et matériaux) et des produits de cette activité. Cette dimension qui définit le « travail concret » est vraie pour toutes les sociétés et de tout temps. En revanche, Marx met en évidence une deuxième dimension qui est spécifique au mode de production capitaliste, le « travail abstrait ». Cette dimension réduit le travail à la seule production de valeur d’échange, indépendamment de l’activité, des moyens de production et des produits concrets.”
Si bien, la prostitution comme phénomène dépasse l’ère capitaliste, sous une grille d’analyse marxiste, constitue une aliénation comme le travail ou la réligion, mais à la différence que cette activité n’a pas une fonction concrète d’utilité dans la production sociale finale (comme travail concret, il ne serait même pas une activité d’ordre réproductif) sinon qu’elle porte un caractère abstrait, de l’ordre de l’extension du champ de la marchandise en forçant une valeur d’échange. De ce fait, la normalisation de l’activité prostitutionnelle entraîne et propage l’idée que les corps sont passibles de réification. Ce qui est notable chez les individu.es prostitué.es c’est que dans une incontestable majorité il s’agit de femmes, de personnes trans et d’enfants qui deviennent accessibles, achetables, vendables, réductibles en échange d’argent ou pas. En tout cas, dans le concret cette activité économique – dans son ensemble et à travers ces propres mécanismes – comporte un profit non négligeable dans la configuration d’une industrie du sexe et dans le commerce mondial dans son ensemble.
La réification des femmes est un fardeau historique très lourd au niveau social puisqu’elles ont été certainement écartées pendant des siècles du monde productif,- telles qu’aujourd’hui le sont les personnes trans!. Derrière cette considération antinomique du statut sujet, ielles portent une valeur d’usage et d’échange qui comporte sa possession comme objet de jouissance et d’asservissement. Cette propriété on peut la voir s’exercer par un autre avec exclusivité (comme c’est le cas dans le mariage ou l’esclavagisme) ou sans exclusivité dans la prostitution, sans que cela change la place qu’on octroie aux femmes et aux corps féminisés dans notre société.
Nous pouvons conclure que dans le phénomène prostitutionnel, il ne s’agit pas de la force d’un travail exercé sur un objet ou un produit social, mais de la sexualité de l’individu.e qui est exploitée d’une façon spécifique dans des conditions très précises que nous allons expliquer à continuation.
Traite et économie de la prostitution
Le phénomène implique un système prostitutionnel qui nourrit une industrie puissante : l’industrie du sexe. D’après le ranking 2023 en ce qui concerne les industrie qui comportent les plus hauts capitaux, on trouve en deuxième place d’après l’ordre suivant : Drogues-Prostitution- Banque-Armes-Porno. Cette industrie prend un essor important avec la mondialisation comme l’indique Richard Poulin dans son étude “Prostitution, crime organisé et marchandisation”.
La transnationalisation de l’industrie entraîne une division internationale du travail ainsi qu’une expansion de l’industrie du tourisme sexuel, loisir, hôtellerie. La libéralisation de marchandises favorise des modalités de criminalité et du trafic de drogues et de personnes en créant tout un tas d’activités et d’échanges et marchandises non enregistrées.
C’est grâce au développement de la criminologie critique qu’on va reconnaître que c’est durant le processus de mondialisation qu’on va associer migrant à irrégulier, illégal, délinquant. Cependant le migrant en tant que sujet de cette mobilité humaine va être la première victime des réseaux de traite des personnes et du crime organisé, précisément en raison de sa condition d’extrême vulnérabilité.
Le marché de la traite profite des dysfonctionnements du système; des politiques néolibérales d’ajustement, des conflits armées et des situations de crise. Ces situations favorisent des conditions très spécifiques de vulnérabilité des individus. Pour la plupart qui tombent dans ces réseaux, les études démontrent des états préalables de détresse, isolement, contextes de violence intrafamilial, d’abandon, de pauvreté très extrême, etc. Nous parlons d’une catégorie sociale formée par des individus en totale dépossession ou déclassement ou lumpenproletariat. Ces individus participent et sont l’objet d’échanges dans une économie particulière des marchandises : la traite d’êtres humains. Dans ce sens, la traite est intimement liée à la migration et à la prostitution.
C’est ici que la traite d’être humains retrouve sa raison d’être puisqu’elle ne peut qu’exister avec une seule finalité: celle d’exploitation sociale ou sexuelle. Se trata de trata c’est le slogan des organisations de mères qui cherchent leur filles en Argentine. Cette valeur d’usage et d’échange que portent les femmes implique une double marchandisation.
Cette appropriation ne peut pas avoir lieu sans contraintes, sans une tension et une violence considérable comme le décrivent les comptes rendus de la CATW (Coalition Against Traffiquing in Women). L’institution évoque les éléments constitutifs de l’activité au niveau global : des centres d’abbatage psychologiques, des conditions de détention, voir de l’esclavage (mécanismes d’intimidation, menaces, dénigrations, viols) . Entre 85% et 90% des prostituées sont soumises à un proxénète. Entre 75% et 80% ont été victimes d’agressions de la part des clients ou détenteurs. L’activité prostitutionnelle s’est introduite en bourse, elle bouge 108 millions d’euros par an et participe dans l’économie des états, comme le remarque Poulin:
« Sous l’obligation de remboursement de la dette, de nombreux États d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique ont été encouragés par les organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale – qui ont offert des prêts importants – pour développer leurs industries du tourisme et de divertissement. Dans chacun des cas, l’essor de ces secteurs a permis l’envolée de l’industrie du commerce sexuel. […] Dans tous les cas, on observe que le mouvement de ces marchandises, tant à l’échelle transcontinentale que transnationale, va des régions à faible concentration de capital vers les régions à plus forte concentration. Ainsi, par exemple, on estime que depuis dix ans, 200 000 femmes et jeunes filles du Bangladesh ont fait l’objet d’un trafic vers le Pakistan, tandis que de 20 000 à 30 000 prostituées de Thaïlande sont d’origine birmane. (…) La traite des femmes et des enfants est donc imbriquée étroitement à l’économie et à la finance mafieuses. Les organisations criminelles qui règnent sur la traite des femmes et des enfants au profit du système proxénète qu’elles contrôlent, utilisent la terreur et disputent à l’État le monopole de la violence. » (Poulin:743)
Pour récapituler, l’industrialisation du commerce sexuel induit le développement d’une production de masse de biens et de services sexuels qui entraîne une division régionale et internationale du travail. L’hémisphère Sud a connu pendant les 30 dernières années une croissance exponentielle de l’activité. Une industrie particulière qui opère sur la “féminisation de la pauvreté” et qui produit sa marchandise à travers la déshumanisation du prostitué. Tout femme ou enfant est une proie potentielle. Les prostitués peuvent être déplacés n’importe où dans l’industrie. En fonction du pouvoir d’achat du client tout le spectre de marché est couvert. Cette industrie retrouve toute sa place dans l’économie mondiale. Les chiffres qui évoquent les études de Richard Poulin et Alain Tarrius donnent un échantillon très vaste de cette activité qui met en jeu les catégories pas seulement de genre sinon de classe. Une économie de la prostitution qui va avoir toujours en visée l’exploitation les femmes issues de l’immigration et des pays pauvres dans les pays riches ou par les riches dans leurs propre pays d’origine.
C’est important de remarquer que la prostitution des occidentaux dans leur pays d’origine ou dans les puissances économiques ne s’effectue absolument pas dans les mêmes conditions que dans les pays pauvres, même si toutes les études évoquent toujours la racine économique.
Pertinente, l’étude d’Alain Tarrius va mettre en évidence un élément aussi important qui s’ajoute à cette configuration de l’économie et des rapports internationaux de pouvoir. Il va dévoiler certaines complicités d’ordres politiques à travers une enquête qu’il mène pendant plus d’une longue décennie à la Jonquère dans les Pyrénées Orientales. Il conclut que le département devient comme un “morale area” qui fait partie d’un puzzle plus grand. En 2006 il enquête beaucoup de femmes qui font la route de la mer Noire vers l’Europe.
La prise en charge se fait par des réseaux criminels dans des paquebots et cargos qui sillonnent la mer Noire où les filles sont triées (destination l’Emirate ou l’Espagne), formées pour la vente de drogues, et dispachées ensuite vers la Catalogne et l’Italie. Au total, entre 2007 et 2018, ce sont 47.000 femmes des Balkans et du pourtour nord et est de la mer Noire qui ont rejoint le Levant espagnol pour rejoindre des clubs de prostitution. En 2013, Alain Tarrius estimait que dans les 270 puticlubs, 45% de l’effectif était composé de femmes originaires des Balkans et du Caucase, soit environ 11 000 personnes.
Les sociologues parlent également de transmigration puisque en cours de route certain.e.s prostitué.es arrivent à récupérer un chemin de retour dans certains cas. Cependant, la consommation de prostitution structure un réseau de complicité et de domination masculine qui se déploie multidirectionnellement. On normalise le privilège masculin à toutes les échelles. L’industrie du sexe met sur le marché des femmes et des enfants et fabrique en même temps sa marchandise. Depuis quelques décennies nous assistons à une sexualisation de la société basée sur l’inégalité sociale. Une inégalité qui se rend profitable à toutes les échelles de complicité financière et politique. Au passage de la frontière franco-espagnole l’auteur signale et analyse l’omerta du département français sur les relations hyper-clientélistes entre institutions politiques cantonales et populations qui héberge une « pépinière prostitutionnelle » de jeunes résident-e-s fragiles dans les Pyrénées Orientales
Le cas d’Alika Kinan en Argentine et la prostitution dans la périphérie du monde
Les rapports clientéliste entre proxénètes et fonctionnaires a été prouvé lors d’un proccés historique d’une femme qui a réussi à faire condamner son proxénète : l’État.
Le tribunal a déterminé que la municipalité a été responsable de l’habilitation commerciale du club nocturne dans lequel Alika Kinan a été retrouvée. Lors du processus, Alika Kinan et d’autres survivantes ont déclaré que les employés municipaux fréquentaient le club et étaient témoins des situations de violence. La cour de cassation a condamné les proxénètes mais aussi la municipalité. Cette affaire a marqué un précédent dans la lutte contre l’exploitation sexuelle en Argentine qui démontre comment l’État vulnérabilise les femmes en conditions d’exploitation et comment il participe au profit économique de cette exploitation. En 2012 Susana Trimarco, mère d’une disparu a démantelé un réseau de traite avec les mêmes caractéristiques des liens entre le pouvoir provincial et les réseaux proxénètes. Elle n’a pas retrouvé sa fille mais elle a pu libérer 21 femmes et envoyer les traitants de sa fille en prison.
Sonia Sanchez est une survivante de la prostitution qui a commencé à organiser les prostitué.es en 2002 autour de la demande permanente à l’état d’être reconnues comme sujets de droits. En tant que prostituée elle et son organisation ont refusé la syndicalisation sur la nomination “travailleuse du sexe”. Elle demeure actuellement une figure célèbre de la lutte pour l’abolition de la prostitution dans son pays.
Las Rojas, nous avons mené des actions autour du démantèlement des réseaux de traite aux côtés des prostituées ainsi que nous avons participé avec Alika Kinan au congrès abolitionniste en 2018. Nous avons participé aux différentes actions collectives contre la criminalisation des prostitué.es, une lutte qui reste de premier ordre de nos jours.
En Amérique Latine, le diagnostic répond au phénomène de “féminisation de la pauvreté” en tant qu’élément inévitable de la réalité latino-américaine, l’une des régions les plus inégales du monde. Dans cette région, 80 % des femmes et des identités féminisées sont des travailleuses domestiques, peu rémunérées et ne bénéficiant que d’une faible sécurité sociale. Au niveau mondial, 70 % des pauvres sont des femmes (ONU Femmes). En Argentine, la féminisation de la pauvreté est enregistrée dans les rapports de l’INDEC : 7 personnes sur 10 dans le groupe des revenus les plus faibles sont des femmes.
Le Brésil, pour sa part, est un pays d’origine, de transit et de destination pour les femmes et les enfants victimes de trafic sexuel. Des femmes et des enfants brésiliens sont exploités dans le pays. Les femmes brésiliennes sont victimes de trafic sexuel à l’étranger, en particulier en Europe occidentale et en Chine. Des femmes et des filles d’autres pays d’Amérique du Sud, en particulier du Paraguay, sont exploitées dans le trafic sexuel au Brésil et Argentine. Des Brésiliens et des Brésiliens transgenres ont été exploités dans le trafic sexuel en Espagne et en Italie.
En ce qui concerne le cadre juridique dans la région, il reste assez éclectique, en général l’exercice autonome n’est pas pénalisé (Chili-Argentine et Brésil) ou il n’a pas de cadre (Colombie-Equateur).Dans le cas de la Colombie par exemple 75% des clients des prostituées colombiennes sont des touristes nord-américains. En 2019, il était estimé à 40 000 le nombre d’enfants prostitués dans l’ensemble du pays.
En ce qui concerne l’Afrique, le cas paradigmatique est celui des femmes du Nigéria qui sont exploitées en Allemagne, sous la tutelle des femmes proxénètes. On va les faire s’endetter pour effectuer le voyage qu’elles vont même rembourser. Ensuite elles participent d’un rituel yuyu oùon leur donne un amulette religieuse et elles s’engagent à payer leur dette pour éviter une malédiction. La police allemande a capturé en 2018, 68 victimes de trafiquants nigérians mais environ plus de 20 mille arrivent par la méditerranée, notamment en Italie au cours des 3 ans. L’ONU a recensé environ 16 mille victimes de trafiquants et des sociétés secrètes (Hacha Negra, Vikings, Fratrie suprême, entre autres).
Dans la région, les rapport sexuels deviennent monnaie d’échange afin de traverser les frontières ainsi que la pie des coyotes et mafias. Ensuite elles sont vendues comme esclaves sexuelles. Ensuite elles arrivent en Europe où elles sont victimes d’extorsion et se font exploiter dans le bordels. Nombreuses femmes échappent à la guerre et elles se retrouvent dans la prostitution comme seul moyen de survie. L’agence de presse Thomson Reuters a publié une enquête selon laquelle les femmes d’Afrique subsaharienne sont obligés d’avoir des rapports sexuels pour maintenir leur droit de propriété de terre, c’est de l’extorsion sexuelle pour celles qui ne peuvent pas payer de pot-de-vin. La prostitution appelée “de survie” c’est la pratique la plus répandue dans le continent.
La stratégie des révolutionnaires
Comme nous avons vu, le phénomène prostitutionnel entraîne des grands enjeux pour les capitaux le plus importants de la planète. Dans ce sens, le positionnement des révolutionnaires n’écarte pas la lutte pour l’amélioration des conditions des prostitué.es. Au contraire, c’est un positionnement stratégique vis-à-vis de nos choix de société en tant que révolutionnaires qui prend en compte une amélioration radicale de l’ensemble de nos conditions de vie afin de ne pas avoir à exploiter sexuellement les femmes, enfants et trans. La question qui devra être en discussion c’est plutôt quelles politiques publiques représentent une vraie alternative pour les personnes prostitué.es. On a besoin d’une éducation sexuelle avec une perspective féministe qui puisse rendre aux femmes, enfin, une place de sujet de droits dans notre société. Cette abolitionnisme révolutionnaire est un ferme refus de réduire les individus à la condition d’objet de jouissance des bourgeois et des puissants. La tarification de la violence sexuelle et la marchandisation des corps est contraire aux principes d’émancipation que prônent les féministes révolutionnaires.
Les femmes et les LGBTI réclamons la propriété de nos corps au-delàdes intérêts des patrons de l’industrie du sexe, des violents masculinistes et des proxénètes. Nous exigeons le démantèlement des réseaux de traite et prosititution, un travail authentique pour toustes, l’inclusion des personnes trans au monde du travail à travers un quota trans. Nous exigeons l’ouverture des frontières et la décriminalisation des prostituées et des victimes de la traite.
Il y a un besoin urgent d’intervenir dans les espaces féministes avec une perspective révolutionnaire pour donner la bataille contre les oppression spécifiques du capitalisme à l’encontre des femmes trans et des jeunes.
Accepter ou réglementer l’exploitation sexuelle, c’est s’adapter au système de prédation de l’humain par l’humain, particulièrement au détriment des femmes et des trans en raison de leur vulnérabilité depuis la plus jeune enfance. Nous restons critiques des positionnements réglementaristes qui contribuent à l’élargissement du champ de la marchandise à des aspects humains telle que la sexualité. De même ces positionnements n’aident pas les personnes prostituées à s’approcher d’une conscience émancipatrice en mépris de la valeur sociale du travail concret et de l’esthétisation du lumpenprolétariat. Comme bien expriment les survivantes de la prostitution, l’emancipation du prostitué.e passe par la reconnaissance de ses droits en tant que sujet. La métamorphose qu’implique le passage de sujet en objet d’appropriation ne peut pas s’effectuer sans violence ou contrainte, sans emprise.
Nous avons besoin de la participation de toutes les opprimé.e.s dans la construction collective d’un rapport de force qui puisse remettre tout ce système en question dans un sens révolutionnaire. Or le réglementarisme vise un positionnement qui ne fait que projeter les besoins du capital pour avancer sur nos corps et nos individualités sexuelles comme n’importe quelle autre marchandise.
Nous continuerons à mener cette bataille dans le champ du langage mais prioritairement dans la rue organisées aux côtés des migrant.e.s, des travailleurs.euses et des jeunes. Nous continuerons à dénoncer l’État comme le premier proxénète lorsqu’il parvient à garantir les conditions matérielles d’exploitation des femmes, enfants et trans.
Sources et Références :
Hidalgo Robles, M : “En défense de l’abolitionnisme”
Tarrius, A : Traffics des femmes. Au coeur de l’Europe, allers et retours entre les Balkans et l’Espagne.
Sèxe, drogues et transmigration, article sur : https://sms.hypotheses.org/1948
Marx et la question de la prostitution, sur : http://projet.pcf.fr/93934
Poulin, Richard : “Prostitution, crime organisé et marchandisation” sur: https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2003-4-page-735.htm#s2n1
Boussedra, S, interview sur : https://mouvementdunid.org/blog/agenda/31-mai-marx-et-la-prostitution/