La Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles Faites aux Enfants, la CIIVISE, a été créée en 2020, inspirée par le travail de la Commission contre les Abus dans l’Eglise. Son travail a reçu des félicitations et elle a pu accueillir la parole de 30 000 victimes d’inceste. Cette libération de la parole a représenté en soi un énorme pas franchi contre l’impunité et la loi de silence des violeurs.
La commission a été mandatée pour un travail sur deux ans qui s’est vu prolongé jusqu’en décembre 2023 pour une année supplémentaire. Depuis la remise de leur rapport, les membres et les professionnels formés et engagés dans les travaux de la CIIVISE attendaient de savoir les suites données à 3 ans de travail et 82 préconisations faites pour ameliorer la protection des enfants victimes d’inceste.
Les annonces du gouvernement représentent tout d’abord la perte d’un élément clé: l’indépendance. Il s’agit de la nomination de personnes proches du gouvernement qui pourront difficilement avoir la posture critique dont la problématique de l’inseste et la violence sexuelle a besoin. Après l’annonce des nouveaux président et vice -président de la CIIVISE, 11 de ses membres ont démissionné en soutien au juge Edouard Durand et des positions soutenues lors des 3 ans de travail sur la thématique. Les 11 démissionnaires dénoncent le détournement de la position « on te croit, on te protège ».
Nous considérons tout cela scandaleux et nous apportons tout notre soutien aux victimes et à leurs alliées. Les experts du sujet et les victimes doivent être entendus et soutenus. Nous devons prendre la bataille contre les violences sexistes et sexuelles sérieusement et nous battre pour obtenir les 82 préconisations de la CIIVISE, tout en dénonçant la manœuvre contre le juge Durand et le travail fait à la CIIVISE. Seule une mobilisation d’ampleur pourra imposer des moyens et des politiques publiques à la hauteur des besoins des victimes.