
Les Soudanais.e.s sont depuis 2019 les victimes collatérales d’une guerre pour le pouvoir entre deux bourgeoisies rivales : celle du général de l’armée nationale et dirigeant de facto du pays, Abdel Fattah Al-Burhan ; et les “FSR” (Forces de Soutien Rapide), regroupement de paramilitaires des tribus arabes de Mohamed Hamdân Dogolo dit “Hemedti”. Ce dernier contrôle la région du Darfour (un quart du pays).
Tout pour la guerre, rien pour la vie
Dans ce conflit, il n’y a pas de place pour les civil.e.s. L’économie et la production servent l’armée, qui représente 70% des dépenses publiques. Les récoltes sont volontairement détruites par les FSR pour créer la famine. Depuis le début du conflit, la situation n’a fait qu’empirer. Alors que 8 millions de personnes étaient en situation de crise alimentaire en 2023, iels sont désormais 18 millions à être dans cette situation, dont 730 000 enfants en malnutrition. À l’approche de l’été et de la baisse des récoltes, le pays pourrait retomber en situation de famine cet été comme en 2003.
Avec 70% des établissements de santé du pays non-fonctionnels, le bilan est estimé à des dizaines de milliers de morts.
Des populations contraintes à l’exil, l’hypocrisie de l’UE
Avec une telle situation, plus de 8 millions de Soudanais.e.s ont été forcé.e.s de s’exiler. Iels se retrouvent dans des camps de réfugié.e.s des pays voisins : au Tchad, Soudan du Sud et Ethiopien, gérés par Médecins sans Frontières et l’ONU.
L’Union Européenne peut bien se féliciter d’avoir donner 500 millions d’euros d’aide au Soudan, elle a aussi en même temps donné 7,4 milliards à l’Egypte pour bloquer les flux de migrante.e.s alors que les différentes agences onusiennes sur place aurait besoin d’encore 150 millions de dollars pour rendre les camps un minimum vivables.
La France, l’Allemagne et l’UE tiendront le 15 Avril prochain une conférence humanitaire au Soudan. Les profiteurs de la guerre viennent chez les Soudanais.e.s avec des discours de sauveurs.
Les prolétaires s’organisent en comités de résistance
Face au dérèglement climatique, les plus pauvres sont les premières victimes : sécheresse et perte des récoltes, diminution de l’eau potable. Alors que d’autres pays désertiques, comme au Moyen-Orient, aménagent leur territoire pour se protéger du climat, ils ne font que déplacer et aggraver le problème vers celleux qui ne peuvent pas y faire face.
À Khartoum, la survie est organisée autour des comités de résistance de la révolution de 2019 qui gèrent des cantines solidaires et fournissent des soins avec le peu de moyens à leur disposition.
Que ce soit en temps de guerre ou de paix, le Soudan est un pays colonisé avec une bourgeoisie au contrôle de l’État, servant les intérêts des impérialistes. Les prolétaires en sont réduits à piller leur propre terre et à engraisser leurs petits chefs. Il n’est pas étonnant qu’en situation de guerre les bourgeois aient si peu de préoccupation pour nos vies.
Ce sont bien les prolétaires délaissé.e.s qui organisent elleux-mêmes leur survie au travers des comités de résistance. Les problèmes des capitalistes et leurs sales guerres ne sont pas les nôtres.