Depuis le 7 octobre, les voix en soutien aux Palestinien.ne.s, critiquant le gouvernement sioniste de Netanyahou, et plus globalement les voix antiracistes et anti-impérialistes, ne plaisent pas du tout et font l’objet d’une forte décridibilisation. Quand, au début, toute parole contre le génocide en cours à Gaza était taxée d’antisémitisme, aujourd’hui, le simple fait de prendre la parole met en danger la personne ou l’organisation qui s’exprime.
Le gouvernement avait déjà commencé à serrer la vis en février. Interrogé à la radio, la ministre Aurore Bergé chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes avait annoncé vouloir que “toutes les associations [féministes] soutenues financièrement [par l’Etat] soient passées au crible” pour vérifier qu’elles n’aient pas eu “la moindre ambiguïté sur des propos qui auraient été tenus le 7 octobre.” Avant d’ajouter qu’elle refusait que “l’Etat soutienne financièrement des associations qui ne sauraient pas caractériser ce qui s’est passé”. Elle a depuis assumée que son enquête n’a donné aucun résultat, aucune association n’a été inquiétée. Cette annonce n’a été faite que pour calomnier et discréditer les associations féministes qui ne tiendraient pas le même discours que celui du gouvernement.
Mais l’intimidation ne concerne pas que les organisations. L’humoriste Guillaume Meurice peut en attester. Il se souviendra longtemps de sa blague sur Netanyahou faite quelques jours après le 7 octobre, sur France Inter. Les jours suivants sa chronique, il a été l’objet d’une campagne de calomnie, étant traité sur tous les tons d’antisémite par toute la classe médiatique. L’histoire a pris tellement d’ampleur que le 21 mars, l’humoriste est convoqué à la Police Judiciaire pour être interrogé suite à une plainte le visant pour “provocation à la haine et injure publique aggravée”. Ces plaintes ont depuis été classées sans suite. Encore un coup d’épée dans l’eau.
Ces événements peuvent paraître anecdotiques. Mais les bombardements sur Gaza continuent et les voix en soutien à la Palestine se succèdent et prennent de plus en plus de place. De plus, les élections européennes arrivent à grands pas. Le gouvernement a donc décidé de passer la seconde.
Un acharnement contres les militant.es politiques
Début avril, une grande enquête pour “apologie du terrorisme” est ouverte. Des dizaines de militants sont ciblés, dont le militant de Révolution Permanente Anasse Kazib. Il est entendu par la police antiterroriste le 16 avril lors d’une longue audition. Il qualifie cette procédure d”’éminemment politique” et appelle toutes les forces de gauche, antiracistes et anti coloniales à faire “front ensemble” pour lutter contre cette tentative d’intimidation.
Le 11 avril, le NPA Révolutionnaires tenait une réunion publique à l’université de Nanterre avec la présence de Gaël Quirante, porte-parole de la liste du NPA aux élections européennes. Cependant, la présidence de l’université a décidé d’interdire cette réunion « sans donner le moindre motif », comme dénonçait le postier. De même, l’université Paris 8 a également décidé d’interdire toute réunion publique sur le campus concernant la campagne électorale aux élections européennes, situation qui a été dénoncé par un communiqué unitaire des organisation politiques et syndicales de l’université.
Le 18 avril, Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon devaient tenir une conférence à l’université de Lille organisée par l’association Libre Palestine. Toute la droite et une partie de la gauche montent alors une polémique autour du logo de l’association qui effacerait l’Etat d’Israël selon eux. Face à la pression, le directeur de l’université décide d’annuler la conférence. La France Insoumise décide de déplacer dans une autre salle la conférence. Cette dernière est alors interdite par la préfecture du Nord pour “risques de troubles à l’ordre public”. LFI organise alors un rassemblement devant la préfecture contre “l’acharnement” et la “censure”. Plus de mille personnes répondent présentes.
Le même jour, nous apprenions que le secrétaire général de l’Union départementale CGT du Nord, Jean-Paul Delescaut était condamné à un an de prison avec sursis pour “apologie du terrorisme” pour la diffusion d’un tract en soutien à la Palestine le 10 octobre. Il était notamment écrit : “Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi [7 octobre], elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées”. Il est reproché à la CGT du Nord de ne pas avoir condamné les attaques du 7 octobre, voire de les avoir justifiées. La CGT a annoncé faire appel du jugement. Toujours le 18 octobre, le Préfet de police annonçait l’interdiction de la marche du 21 avril. Il s’agissait d’une marche contre le racisme, l’islamophobie, les violences policières et pour la protection des enfants. Elle était appelée par une cinquantaine d’organisations dont LFI, le NPA, Attac, Solidaires ou encore le Planning Familiale. Le Préfet a justifié sa décision sur BFMTV en affirmant que le soutien affiché aux enfants palestiniens pouvait entraîner la présence de slogans antisémites dans la manifestation. L’interdiction a cependant été levée par le tribunal. Plusieurs milliers de personnes ont donc pu défiler dimanche entre Barbès et République.
Le 19 avril, la juriste franco-palestinienne et candidate aux européennes sur la liste LFI Rima Hassan apprenait qu’elle était convoquée à la Police Judiciaire pour “apologie du terrorisme”. Alors que la campagne européenne a commencé pour la militante, et au lendemain de l’interdiction de sa conférence, nul doute que cette convocation est une ultime tentative d’intimidation envers La France Insoumise et la candidate dont la parole dérange beaucoup.
Enfin, le 20 avril, L’Humanité nous apprenait que des étudiants de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, tous syndiqués chez Solidaires Étudiants, étaient eux aussi convoqués à la police antiterroriste dans le cadre d’une enquête pour “apologie du terrorisme”.
Cette série de décisions ne décrit que trop bien la pente liberticide et autoritaire qu’à pris le pouvoir macroniste depuis déjà un moment. Il ne supporte plus les discours des opposants et cherche absolument à les faire taire. Organisations de jeunesse, politiques, associatives, syndicales, aucune n’est à l’abri. Il est urgent de former de se serrer les coudes face à l’offensive répressive qui cherche à criminaliser tout discours de soutien aux Palestiniens, et plus largement, de remise en cause du vieil ordre colonial et raciste qui opprime encore partout en France et dans le monde. Soutenons nous, résistons ensemble !