
Plus de 800 jeunes délégué.es ont participé à la première réunion nationale plénière du collectif de jeunesse anticapitaliste « Ya Basta ! », qui a eu lieu en Argentine, à l’Université de Buenos Aires.
A l’international, des militant.es de Ya Basta ! à l’Université de Costa Rica, de Ja Basta ! à l’Université de Sao Paulo Brésil et de Socialisme ou Barbarie à l’Université de Paris 8 ont envoyé leurs salutations internationalistes pour unir la lutte de la jeunesse anticapitaliste à travers le monde.
Nous partageons ci-dessous la déclaration adoptée à la 1ère réunion nationale plénière de Ya Basta !, le 14 juin 2025, à Buenos Aires, Argentine.
Déclaration de l’organisation de jeunesse anticapitaliste Ya Basta!
La jeunesse anticapitaliste de tout le pays s’est réunie aujourd’hui à la Faculté de philosophie et lettres de l’Université de Buenos Aires pour s’organiser contre ce système qui nous vole notre avenir. Après une première assemblée nationale très réussie, qui a réuni des délégations de tout le pays et au cours de laquelle nous avons discuté de tous nos problèmes, nous nous préparons à lutter contre les gouvernements d’extrême droite tels que ceux de Trump et Milei, pour défendre l’éducation publique et les droits démocratiques, aux côtés des travailleurs, pour une issue anticapitaliste et révolutionnaire.
En ce moment même, alors que nous nous réunissons pour discuter des actions à mener et des perspectives à adopter, les gouvernements et les expressions d’extrême droite se multiplient à travers le monde : Milei en Argentine, qui veut détruire l’université publique et tous nos droits, le fasciste Trump aux États-Unis, qui persécute les migrants, et le gouvernement israélien, qui mène un génocide à Gaza et vient d’empêcher l’arrivée de la Flottille de la liberté, en kidnappant Greta Thunberg et les militants qui apportaient une aide humanitaire à la Palestine, confrontée au génocide et à la famine auxquels ce peuple est soumis.
Nous sommes solidaires de la résistance héroïque du peuple palestinien qui lutte contre le génocide et la famine, de la résistance des travailleurs et des communautés migrantes à Los Angeles et dans tous les États-Unis qui luttent contre les expulsions massives et la répression.
Nous vivons un moment historique où la jeunesse du monde entier est soumise à l’ultra-capitalisme, qui nous impose le critère selon lequel le profit vaut plus que tout. Les jeunes n’ont accès qu’à des emplois précaires, avec des salaires misérables, qui nous empêchent de construire un avenir. Ces monstres d’extrême droite tentent de détruire les systèmes de santé et d’éducation universels et publics afin que tout le monde y ait accès. Ils tentent ainsi d’imposer un système où tout est fonction du profit capitaliste et au service du marché. Dans le même temps, nous vivons une véritable catastrophe climatique qui détruit la planète au profit des superprofits de multimillionnaires comme Elon Musk et Jeff Bezos.
Ce programme s’accompagne d’une politique réactionnaire qui se présente comme une « critique » du communisme, mais qui constitue également une attaque contre les Lumières, la raison, les acquis de la Révolution française et la modernité. Ils veulent nous ramener au Moyen Âge et c’est pourquoi ils s’attaquent à tous nos droits : la conquête d’une éducation universitaire publique de qualité pour tous, d’un système de santé où chacun, quelle que soit son origine sociale, puisse être soigné, le droit des personnes LGBT à leur identité, le droit des femmes à disposer de leur corps, toutes les conquêtes et libertés démocratiques et notre droit à nous organiser et à faire de la politique pour transformer la réalité.
Partout dans le monde, les alternatives de centre-gauche ou du centre politique ne se révèlent pas être un frein à l’extrême droite, mais lui ouvrent plutôt la voie. Ce sont des expériences comme celle de Lula au Brésil, qui n’a démantelé aucune des contre-réformes de Bolsonaro, poursuit sa politique d’austérité et livre aujourd’hui le contrôle de son pays aux options réactionnaires. Ce sont aussi les démocrates américains qui ont poursuivi les politiques d’austérité et ouvert la voie à Trump, et qui aujourd’hui laissent passer toutes ses mesures réactionnaires sans opposition.
Au contraire, nous, les anticapitalistes, nous nous tenons aux côtés de la jeunesse qui affronte toutes ces attaques de la droite et des capitalistes. L’expérience historique recommence, avec des milliers de jeunes dans le monde entier qui s’organisent contre ce système. Ce sont les jeunes qui ont occupé les facultés et qui se mobilisent pour la Palestine. Ce sont les travailleurs et les migrants qui affrontent la politique d’expulsion et la répression de Trump aux États-Unis. Les travailleurs et travailleuses des applications qui luttent contre l’ubérisation et s’organisent au sein du Congrès international des travailleurs des plateformes. Les jeunes qui se mobilisent contre la destruction capitaliste de la planète et le changement climatique. Ces secteurs ont une chose claire : le capitalisme est à bout et nous vole notre avenir. À leurs côtés, nous luttons pour une issue anticapitaliste.
Milei veut s’attaquer à tous nos droits
C’est également ce que nous vivons en Argentine, où Milei détruit nos conditions de vie, s’attaque aux salaires, impose des retraites de misère et mène une offensive généralisée contre tous nos droits. Parallèlement, avec son projet répressif et de persécution politique, il remet en cause les droits démocratiques pour faire passer ses attaques, en proscrivant Cristina Kirchner et en cherchant à empêcher toute forme d’organisation.
Le capitalisme menace également notre avenir avec une croisade contre l’université. Il s’agit d’une double attaque contre l’éducation : d’une part, la réduction brutale du budget, qui a été réduit de moitié par rapport à 2023, ce qui rend impossible de garantir les conditions de base des cours, les éléments nécessaires et les salaires des enseignants et des non-enseignants, qui ont perdu 70 % de leur salaire par rapport à l’inflation. Cette attaque économique cache une attaque réactionnaire et obscurantiste contre l’université en tant qu’espace public, social et politique, un lieu où s’exprime la pensée critique, où les jeunes se forment, où se fait la politique, d’où nous luttons pour transformer notre réalité. Leur projet est de mettre l’université au service du marché, en la privant de son contenu universel, de production de connaissances et de formation de la jeunesse. Ils entendent ainsi réduire les cursus universitaires afin que nous ne soyons plus qu’un rouage parmi d’autres, dotés d’un savoir partiel au service du marché, et imposer des études supérieures payantes si nous voulons accéder aux contenus qui existent aujourd’hui dans les facultés.
Ils tentent également de réglementer les centres étudiants dans les lycées afin d’empêcher toute organisation. Et ils remettent en question notre formation avec des réformes anti-éducatives qui visent à faire de l’éducation un simple moyen de produire des personnes qui s’insèrent comme main-d’œuvre bon marché au service des entrepreneurs.
Face à cette attaque très grave, le péronisme n’est pas une option. Toute sa position consiste à céder à Milei et à s’adapter à la logique de la droite. La loi budgétaire proposée par le Conseil interuniversitaire national, bien que nous la soutenions de manière critique, est limitée car elle prévoit de « ne pas affecter les dépenses de l’État ». Dans le même temps, ce sont les propres secteurs du péronisme qui s’adaptent à la démagogie mercantiliste en affirmant qu’il est vrai que « les études sont longues » et que la solution serait donc d’accréditer n’importe quel type d’activité, comme le propose le SACAU, ce qui dégraderait le contenu des études. Cette solution populiste et facile est également pensée en termes capitalistes : adapter les études au marché et mettre des pansements.
Dans le même temps, alors que le gouvernement se montre de plus en plus agressif et s’attaque à l’université et aux droits démocratiques, le péronisme continue de vouloir placer ses espoirs dans la voie institutionnelle. À la base, il freine toute expression de mécontentement, c’est pourquoi il organise des grèves sans manifestations et des manifestations sans grève. Il n’appelle pas non plus à de grandes mobilisations coordonnant tous les secteurs en lutte. Au contraire, ils se contentent de proposer que le conflit universitaire soit résolu par une loi… que le gouvernement lui-même a déjà dit qu’il opposerait son veto. C’est pour toutes ces raisons que le péronisme et le réformisme en général ne peuvent pas freiner la droite, et même lui ouvrent la voie. Ils ont déjà prouvé qu’ils ne sont pas une alternative.
Aujourd’hui, ce dont nous avons besoin à l’université, c’est de ne pas faire passer les problèmes que le capitalisme impose à la jeunesse comme des problèmes de l’université. La difficulté de suivre des cours, d’étudier et d’apprendre vient des conditions de vie précaires de la jeunesse, des bas salaires, du coût élevé de la vie et des transports, du manque de bourses et de tickets éducatifs. Il est temps de penser à une université anticapitaliste qui se fixe pour objectif de transformer la société en faveur des exploités et des opprimés.
C’est précisément pour cela que nous luttons pour l’organisation par la base, avec des assemblées et des occupations : il est temps de descendre dans la rue pour défendre l’université et tous nos droits. Le gouvernement qui a rejeté l’augmentation des retraites, qui dit aux travailleurs de Garrahan qu’ils méritent un salaire misérable parce qu’ils ne sont pas fonctionnels pour le marché, a déjà annoncé qu’il rejettera la nouvelle loi sur le financement de l’université. Il n’y a aucune possibilité de défendre l’université et tous nos droits si ce n’est en mettant à genoux le gouvernement fasciste de Milei avec un grand mouvement universitaire qui se radicalise et qui lutte aux côtés des travailleurs, des femmes et des personnes LGBTI, et de tous les secteurs en lutte, sans compter sur la voie institutionnelle pour résoudre nos problèmes.
Pour mener ce combat, nous devons encourager l’organisation depuis la base et dépasser les directions qui misent sur la passivité et laissent tout passer au gouvernement. Ce sont les directions radicales des centres étudiants et des fédérations, qui font tout pour empêcher le mouvement étudiant de s’organiser et de tenir des assemblées. Ce sont aussi les directions péronistes, qui agissent pour contenir, ramener tout le mouvement étudiant derrière les administrations et la bureaucratie des syndicats et nous conduisent uniquement à la confiance dans la voie morte du parlement.
De son côté, le FITU vient également d’un important recul à l’université, où il organise de moins en moins. Le PO a mené une stratégie de subordination totale au mouvement des piqueteros (aujourd’hui très démobilisé après les attaques du gouvernement) et le PTS une orientation profondément électoraliste, tournant tout autour du Congrès et de ses quelques parlementaires, se dégradant et méprisant la militance de base. Au contraire, depuis ¡Ya Basta!, nous sommes une jeunesse militante, active et qui lutte sans relâche pour organiser le mouvement étudiant, mener un combat indépendant et sans faire confiance aux directions capitulardes ni à la clique du congrès, mais à nos propres forces. C’est pourquoi nous avons été les véritables protagonistes de la grève étudiante dans tout le pays, en encourageant les occupations et la lutte dans les rues.
C’est pourquoi cette assemblée plénière se propose de lancer dans tout le pays une immense lutte pour la défense de l’université et contre les attaques de Milei contre les droits démocratiques, en luttant pour faire échouer le plan du gouvernement, pour obtenir le budget dont les universités ont besoin pour fonctionner et les salaires de leurs travailleurs enseignants et non enseignants. De la même manière, nous nous battons pour une autre université, avec un programme anticapitaliste qui la mette au service des intérêts des travailleurs, afin qu’elle soit véritablement massive et qu’elle constitue un moyen de renforcer notre formation et notre organisation et de transformer toute la société. Pour conquérir l’université que nous voulons, nous devons lutter contre tout ce système capitaliste pourri et ses défenseurs, tant l’extrême droite qui veut détruire l’université publique que le péronisme qui veut un système rafistolé et dégradé : maintenir une façade publique mais qui continue à servir les intérêts des entreprises.
Défendons notre avenir en luttant contre la précarisation du travail et en luttant pour un gouvernement des travailleurs
Le capitalisme du XXIe siècle porte également des coups très durs à nos conditions de travail. Aujourd’hui, les jeunes n’ont accès qu’à des emplois précaires sans perspective d’avenir, où nous gagnons une misère dans des conditions de travail de plus en plus mauvaises. Le modèle des gouvernements et des entrepreneurs est celui de l’ubérisation, sans droits du travail. C’est pourquoi ils s’attaquent à nos salaires et à nos conditions de travail, pourquoi le travail au noir fleurit, et pourquoi Milei s’en prend au droit de grève et aux retraites.
Mais en Argentine et dans le monde entier, les travailleurs et les travailleuses font face à ces attaques. Nous sommes les travailleurs et les résidents des hôpitaux qui défendent la santé publique, les enseignants qui défendent l’université, les nodocentes des facultés qui se mobilisent avec beaucoup de force pour obtenir des salaires malgré les directions bureaucratiques, les travailleurs précaires comme les livreurs du SiTraRepA qui luttent pour la reconnaissance de leurs syndicats et de leur relation de travail, les travailleurs des usines qui résistent aux attaques patronales contre les conditions d’exploitation, les retraités qui font face à la répression et luttent contre leurs revenus de misère.
Aujourd’hui plus que jamais, la jeunesse est travailleuse, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des universités. Et la jeunesse est également solidaire des luttes des travailleurs, car elle voit que le capitalisme ne nous offre que la misère. C’est pourquoi la Jeunesse anticapitaliste de ¡Ya Basta! s’engage dans les luttes des travailleurs et propose une solution radicale : pour mettre fin à toutes ces attaques et injustices, il faut renverser toute la société et affronter ce capitalisme pourri qui vit pour et par les profits des multimillionnaires. Pour défendre notre avenir, il faut un autre système, et pour cela, nous devons lutter aux côtés des travailleurs pour que ce soit nous qui gouvernions.
Contre les attaques obscurantistes du capitalisme, défendons tous nos droits
Ce système et les gouvernements d’extrême droite veulent revenir au Moyen Âge. C’est pourquoi ils remettent en question toutes nos expressions et les droits que nous avons conquis au cours de décennies de luttes. Ils veulent revenir sur des acquis qui sont une réalité, en essayant de nier notre droit à l’identité, à nous percevoir tels que nous sommes et à décider comment et avec qui nous voulons entrer en relation. C’est pourquoi ils cherchent à imposer des mesures obscurantistes, en remettant en cause l’éducation sexuelle et le langage inclusif, en tentant d’attaquer le droit de disposer de notre corps et en légitimant la violence patriarcale. Mais nous leur disons clairement : les identités ne peuvent être interdites, et nous ne permettrons aucune atteinte à nos droits.
En même temps, ils cherchent à restreindre toute forme d’expression qui ne soit pas fonctionnelle aux critères du marché et du profit. C’est pourquoi ils veulent nous priver de toute expression artistique et culturelle, qui sont des moyens d’exprimer nos intérêts et notre personnalité. Pour y parvenir, ils réduisent le budget et toutes les aides publiques, effacent nos fresques murales et nos expressions artistiques.
Pour y parvenir, ils veulent imposer un climat répressif afin d’éviter toute forme de réponse. Des attaques telles que la tentative d’assassinat de Pablo Grillo et la répression de toute forme de protestation ou d’action qui ne sert pas leurs intérêts, ainsi que la remise en cause des libertés démocratiques de la population à élire ses représentants, visent à défendre ce système qui ne répond pas aux revendications de la société. Et comme si cela ne suffisait pas, ils tentent de s’attaquer à notre droit à nous organiser, en remettant en cause la politique dans les universités et en infiltrant les services de renseignement pour attaquer l’organisation dans les universités, comme c’est le cas à l’UNA Audiovisuales.
La Jeunesse anticapitaliste s’organise pour tout renverser
Face aux attaques de ce système capitaliste, la solution est de s’organiser. Depuis Ya Basta !, nous faisons partie de la jeunesse qui s’organise dans le monde entier pour défendre nos droits, qui est solidaire de la résistance héroïque du peuple palestinien et exige la fin du génocide à Gaza, qui revendique les droits des migrants et affronte la police des frontières et la Garde nationale aux États-Unis, qui dénonce les dégâts causés par le changement climatique dû au capitalisme, et qui s’organise en tant que jeunes travailleurs contre la précarité, les bas salaires et pour tous nos droits. Nous sommes les jeunes qui organisons chaque année le Campement anticapitaliste qui rend Adorni nerveux, et ceux qui impulsons avec toute l’énergie des étudiants et les occupations de centaines de facultés dans tout le pays pour défendre l’université.
Nous devons continuer à construire et à étendre cette jeunesse qui s’organise indépendamment des capitalistes, qui lutte en unité avec les travailleurs pour la défense de l’université, de la santé publique et de tous nos droits. Nous voulons continuer à renforcer nos outils pour transformer toute la société, en construisant un marxisme du XXIe siècle qui s’inspire des leçons historiques des luttes des travailleurs du siècle dernier et qui se propose la transformation socialiste de la société. Une jeunesse révolutionnaire, qui lutte aux côtés des travailleurs pour tout transformer et pour que la logique soit celle de la satisfaction des besoins sociaux, et non celle des profits des entreprises.
C’est pourquoi il appartient à cette assemblée plénière et à ses commissions d’élaborer un plan d’action pour mettre sur pied la Jeunesse anticapitaliste dans tout le pays. Que Ya Basta ! soit le principal regroupement de jeunesse de la gauche révolutionnaire au niveau national, afin de porter ce mouvement au-delà de la voie institutionnelle que veulent imposer les recteurs, les syndicats bureaucratiques et les fédérations radicales. Pour que le mouvement étudiant lutte aux côtés des travailleurs et des retraités. Pour tout changer, il faut détruire ce système pourri et construire une issue à partir des travailleurs.
Direction nationale de Ya Basta !, 14 juin 2025, Faculté de philosophie et lettres de l’Université de Buenos Aires, Argentine.

