
Des Prides 2025 face à la réaction
L’organisation de la Pride de Paris a été émaillée de fausses polémiques autour de l’affiche, alimenté par des personnalités extérieures au mouvement LGBTI et ouvrier. Les choix du mot d’ordre, comme la Marche de Paris « Contre l’internationale réactionnaire, Queers de tout pays, unissez-vous ! » ou de la Marche des visibilités qui s’est déroulée le 14 juin à Strasbourg « Faire corps contre le fascisme », démontrent la repolitisation générale des Prides cette année.

Les LGBTI ne s’y trompent pas, il faut s’organiser pour défendre nos conditions de vie, et celles des migrant·es ou autres boucs émissaires des gouvernements réactionnaires d’Europe et d’ailleurs.
En Géorgie, Pologne, Hongrie, Bulgarie, l’offensive de la bourgeoisie contre les droits LGBTI est virulente, mais notre classe continuera de se battre pour attacher son droit à exister.
En 2000, la Pologne a restreint drastiquement le droit à l’avortement, amorçant une phase de recul sur les droits progressistes. Un mouvement de grande ampleur des femmes avait répondu à cette attaque.
Après cette « ouverture de bal », la régression budgétaire s’est progressivement accompagnée d’une campagne active qui a placé la population LGBTI au centre des attaques réactionnaires en Europe mais aussi aux Etats-Unis.
Sans aucun doute, la deuxième présidence de Trump a porté un coup déterminant aux acquis du mouvement. Cela s’est reflété dans le discours régressif et conservateur du mandataire. Au-delà de la reconnaissance de seulement deux genres, il prône un retour au modèle familial traditionnel en bannissant toute existences des diversités dans l’armée, le sport, la nomination dans les passeports, etc.
L’effet boule de neige ne s’est pas fait attendre. En Italie, les politiques de Meloni s’attaquent de façon particulière aux familles lesbiennes pour les enlever les droits de parentalité aux femmes. En Angleterre, la cour suprême a décrété en avril dernier une définition juridique des femmes d’après critères biologiques en détriment des personnes trans. En Argentine, le président d’extrême droite Javier Milei a déclenché un discours décomplexé de haine à l’encontre des personnes LGTBI.
Homosexualité et transidentité, boucs-émissaires de la propagande guerrière
En Russie, l’acharnement de Vladimir Poutine sur les LGBTI atteint son paroxysme. En 2024, il a fait classer le « mouvement international LGBT » sur sa liste des « terroristes et extrémistes ». C’est vrai qu’un dirigeant autoritaire qui envoie de force les ouvriers et les minorités ethniques de son pays à la boucherie sur le front ukrainien est bien placé pour parler de terrorisme.
Depuis qu’il a relancé l’offensive contre l’Ukraine fin 2022, Poutine instrumentalise de nouveau les LGBTI pour alimenter son discours sur un « Occident décadent » qu’il a commencé à construire depuis 2013. La loi sur « la propagande homosexuelle devant mineurs » pour interdire les manifestations en 2013 a été mise en place deux ans après de fortes mobilisations en Russie, et avant le premier assaut du Donbass en 2014. Les attaques homophobe et transphobe de Poutine s’insèrent bien dans un agenda militaire. L’offensive lancée en Ukraine est en partie justifiée dans le discours par le fait que les ennemis intérieurs (comme les LGBTI) seraient de connivence avec les ennemis extérieurs, les Occidentaux, pour détruire la Russie. Effectivement, nous comptons sur la solidarité internationaliste pour mettre fin aux guerres impérialistes et aux régimes autoritaires et pour construire une société socialiste.
Les LGBTI emmerdent les fachos…
La réalité est que dans l’actualité, ce sont les LGBTI et les féministes qui interrogent les modes de vie et de socialisation sous le capitalisme. En conséquence, iels sont devenus dangereux pour les régimes réactionnaires d’extrême droite.
Dans l’ère des extrêmes, une vision ouverte et une autre, elle très rétrograde, du monde se confrontent. Dans le faits, non seulement les revendications du mouvement mais aussi notre existence en tant qu’individu·e dissident·e perturbe un système qui ne fonctionne plus !
Les revendications pour la reconnaissance de nos identités et leur intégration dans le monde du travail, la régularisation des migrants·es, l’accès au travail salarié et un accès à la santé et aux droits reproductifs, retournent le couteau dans la plaie ouverte des fascistes.
Cette année, nous voulons ajouter à nos revendications la fin du génocide et la dénonciation des exactions du sionisme génocidaire ; pour une Palestine laïque, libre et socialiste. Nous exigeons un cessez-le-feu et la prison pour Nétanyahou et ses sbires. Nous crions haut et fort qu’il n’y a pas de fierté dans un État génocidaire, instrument de la brutalité capitaliste et de la barbarie.
Marche à la guerre, attaques de l’Iran
Nétanyahou n’arrête pas sa barbarie aux frontières de la Palestine mais a pris la décision d’attaquer plus largement au Moyen-Orient, comme le Liban et maintenant l’Iran. Si le régime des mollahs n’est en rien progressiste, un mouvement révolutionnaire seul comme « Femme, Vie, Liberté » peut libérer les Iranienn·es de l’oppression. La propagande sioniste qui essaye de faire croire que le gouvernement israélien serait du côté d’un peuple opprimé est nauséabonde. Des bombes jetées sur des établissements publics ou qui font courir aux habitant·es un risque nucléaire n’ont jamais et ne seront jamais un outil émancipateur. Israël et son allié étasunien ont agressé l’Iran et menacent les vies humaines dans tout le pays. L’évènement international que représentent le mois des fiertés est l’occasion d’exiger la fin des velléités et massacres impérialistes.
Pour un mouvement de lutte indépendant dans la rue
Bien qu’en France, les nouvelles décisions de Valérie Pécresse de supprimer les subventions de la région à la marche s’accordent sur les lignes les plus réactionnaires de la politique locale actuelle, une orientation révolutionnaire revendique une construction en toute indépendance de classe.
Dans ce sens, nous célébrons la décision du maintien de la marche de fiertés au-delà des conditionnements matériels que posent leurs sponsors. Cependant, il en découle dans le faits que cette sorte de dépendance économique n’a jamais été autre chose qu’un frein à l’élan d’un mouvement qui veut se battre pour ses droits. La seule existence de ces moyens, autant institutionnels et politiques, met en lumière la maigre indépendance politique du mouvement.
Si nous voulons construire un mouvement LGBTI offensif d’action et dénonciation active de la guerre, de l’impérialisme et du sionisme, ça sera à condition de franchir les dynamiques clientélistes et marchandes et de les bannir de manière tranchante lors de nos fiertés.
Nos droits, nos conditions de vie et de travail ne se négocient pas.
Le pas le plus important pour notre mouvement, dans ce contexte réactionnaire, c’est d’être en capacité de marquer ses limites de classe : savoir reconnaître ses allié·es et ses ennemi·es. Il y a urgence pour les personnes LGBTI de jouer un rôle de plus en plus actif dans la lutte de classes en faisant le contrepoint réel d’intervention contre une internationale réactionnaire qui menace nos vies en permanence.


