
En bombardant les sites nucléaires de Fordow, Natanz et Ispahan, Trump vient d’impliquer directement les États-Unis dans l’agression israélienne contre l’Iran. Telles étaient les intentions de Nétanyahou depuis le début. Israël, bastion militaire de l’impérialisme occidental, entend mettre à genoux tous ceux qui remettent en cause ses plans d’extermination des Palestiniens. Pendant ce temps, le génocide en Palestine se poursuit.
« Dans une démarche criminelle et irresponsable, Trump vient d’annoncer que les États-Unis ont bombardé trois sites nucléaires iraniens (Fordow, Natanz et Ispahan) avec leurs bombes capables de pénétrer dans de grandes fortifications souterraines. L’irresponsabilité de Trump est double : a) il expose la population civile iranienne aux radiations qui peuvent émaner de ces sites, ce qui pourrait éventuellement constituer la plus grave attaque avec danger nucléaire depuis Hiroshima et Nagasaki en août 1945 ; b) cyniquement, il parle que « c’est maintenant le temps de la paix », alors que son action ne peut qu’attiser les flammes du conflit au Moyen-Orient, produit du génocide sioniste contre le peuple gazaouie », a dénoncé Roberto Sáenz, dirigeant du Courant international Socialisme ou Barbarie.
« Le courant international Socialisme ou Barbarie n’a aucun doute sur son camp dans ce conflit criminel : nous sommes avec les peuples palestinien et iranien, mais sans apporter le moindre soutien politique au Hamas et aux Ayathollahs.”
Les excuses pour l’agression sioniste ne sont que des excuses. L’appareil de propagande sioniste ment en toute impunité, sachant qu’il bénéficie de toute façon du soutien inconditionnel de la plupart des puissances impérialistes.
Depuis la fin de l’année 2023, Israël multiplie les agressions sur plusieurs fronts. Dans la déclaration du courant international Socialisme ou Barbarie d’avril de l’année dernière, nous avons déclaré : « Quelques semaines auparavant, Israël avait bombardé un consulat iranien à Damas, en Syrie, tuant deux généraux. La réponse de l’Iran, le bombardement par des drones et des missiles du territoire contrôlé par Israël aux premières heures du dimanche 14 avril, a ouvert une crise internationale. Le déclenchement d’une guerre régionale au Moyen-Orient est une possibilité réelle. La tension monte depuis octobre 2023. Après l’incursion du Hamas le 7 octobre, Israël n’a pas seulement répondu par une féroce offensive génocidaire contre le peuple palestinien. Les agressions sionistes contre les pays voisins, tels que le Liban et la Syrie, se sont également multipliées ».
Nétanyahou a obtenu ce qu’il cherchait depuis le début : l’implication directe des États-Unis.
Une guerre asymétrique
« Le courant Socialisme ou Barbarie prend une position critique du côté de l’Iran dans ce conflit, malgré son régime ultra-réactionnaire. Le gouvernement sioniste d’Israël représente un Etat colonisateur, raciste et génocidaire qui a perpétré un génocide brutal contre le peuple palestinien. C’est dans le cadre de sa campagne de massacre d’un peuple qui a d’ailleurs pris l’initiative de l’agression contre l’Iran avec l’attaque de Damas » disions-nous également en 2024.
Israël a été fondé avec l’expulsion massive des Palestiniens et le soutien de l’impérialisme, d’abord britannique, puis américain. Dès sa fondation, il a été conçu comme une enclave coloniale pour le contrôle de la région. Sa supériorité militaire incontestée est principalement due au financement permanent des grandes puissances mondiales. « S’il n’y avait pas d’État d’Israël, les États-Unis d’Amérique devraient en inventer un pour protéger leurs intérêts dans la région », déclarait en 1986 un Joe Biden cynique.
L’Iran, quant à lui, est une nation souveraine mais opprimée par l’impérialisme. Malgré le régime ultra-réactionnaire des ayatollahs, défendre l’Iran contre Israël est la seule position politique que la gauche puisse adopter si elle veut défendre les intérêts des peuples du Moyen-Orient. Le triomphe de l’État sioniste est un triomphe impérialiste, ce qui signifie que toute la région est vouée à une oppression accrue.
Le bombardement de l’Iran par Trump est la plus grande agression impérialiste depuis les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak il y a plus de vingt ans. Personne ne s’y trompe désormais. Condamner l’agression impérialiste de 2003 contre l’Irak ne signifiait pas soutenir le gouvernement de Saddam Hussein. Aujourd’hui, ils veulent utiliser le régime des ayatollahs comme excuse de la même manière. Peut-on oublier les « armes de destruction massive » que l’Irak était censé posséder ? La dénonciation des armes nucléaires iraniennes n’est rien d’autre que de la propagande impérialiste.
Malgré les mensonges de la presse internationale et des gouvernements impérialistes, Israël ne se « défend » pas. Israël est l’agresseur. De plus, il représente les intérêts de l’impérialisme « traditionnel » des États-Unis et de l’OTAN au Moyen-Orient. Le même impérialisme qui a occupé l’Irak et l’Afghanistan pendant deux décennies ».
Les victimes civiles du bombardement de Téhéran, la capitale de l’Iran, sont estimées à plusieurs milliers. La colonisation est imposée sur la base d’un bain de sang au Moyen-Orient et les États-Unis entrent en guerre pour défendre leur enclave coloniale.
Le sionisme ne peut pas imposer le génocide complet des Palestiniens sans une réponse régionale, qui a jusqu’à présent honteusement permis les tentatives d’éradication complète du peuple palestinien. Le mécontentement face à la passivité des gouvernements se manifeste ces jours-ci avec la caravane internationale pour Gaza. Les gouvernements du Moyen-Orient seraient contraints de faire quelque chose. Le sionisme attaque de manière préventive. Il avance également sur les frontières voisines, en particulier au Liban et en Syrie.
La plupart des gouvernements de la région ont capitulé devant les États-Unis. L’ère du « nationalisme arabe » du milieu du vingtième siècle est révolue. Du moins pour l’instant. Les régimes brutaux d’Égypte et d’Arabie saoudite ont été des complices très explicites des États-Unis et d’Israël. L’Iran est une exception relative. Son gouvernement ultra-réactionnaire est le produit déformé d’une véritable révolution, qui a renversé le régime fantoche américain du Shah. L’animosité américano-sioniste à l’égard de l’Iran s’explique par le fait que ce pays est le seul à disposer d’une puissance régionale qui ne soit pas soumise à leurs diktats.
L’agression d’Israël et les tensions militaires régionales
Parmi les personnes tuées dans les attentats figurent le chef des Gardiens de la révolution iraniens, Hossein Salami, le chef d’état-major des forces armées, Mohammad Bagheri, et d’éminents scientifiques nucléaires. Les premiers attentats ont eu lieu au milieu des négociations entre Téhéran et les États-Unis sur son plan nucléaire, ce qui a alimenté les soupçons selon lesquels ils ont été coordonnés pour faire pression sur les Iraniens.
L’excuse du sionisme était les prétendus plans de l’Iran pour développer des armes nucléaires. Le principal avantage militaire d’Israël sur le reste des pays de la région, qui le met à l’abri de toute conséquence pour ses atrocités, est son arsenal nucléaire. Ce n’est pas officiel, mais tout le monde le sait : ce n’est pas un hasard si Israël est l’un des rares pays de la planète à ne pas adhérer au traité de non-prolifération.
L’obtention d’armes nucléaires par l’autre grande puissance militaire régionale est une ligne rouge pour Israël. La dernière fois que de telles armes de destruction massive ont été utilisées dans une guerre, c’était aussi la première fois, lors de la Seconde Guerre mondiale. Depuis lors, elles ont joué un rôle dissuasif, ce qui ne signifie pas qu’elles le resteront éternellement. Toutefois, personne ne souhaite jouer à la légère avec la boîte de Pandore de la guerre nucléaire. Jusqu’à présent, l’avantage d’Israël lui a permis d’arriver à ses fins en toute impunité dans chaque conflit. Nétanyahou insiste depuis des années sur le fait que l’Iran veut franchir cette étape, se plaçant ainsi dans une position beaucoup plus forte vis-à-vis d’Israël.
Cependant, aucune information fiable ne permet d’affirmer que l’Iran a réellement progressé dans l’acquisition d’armes nucléaires. L’accord nucléaire entre les États-Unis et l’Iran prévoyait des inspections régulières des installations nucléaires iraniennes par des observateurs internationaux. Ceux-ci ont conclu que Téhéran avait violé certains termes de l’accord, mais pas qu’il était en train de développer des armes nucléaires. Et n’oublions pas que ce sont les États-Unis de Trump, en 2018, qui ont déchiré l’accord à l’origine. Les États-Unis eux-mêmes ont nié que l’Iran fabriquait des armes nucléaires. C’est ce qu’a déclaré en mars la directrice nationale du renseignement, Tulsi Gabbard.
Comme l’expliquait Gilbert Achcar dans une interview au moment des agressions de 2024 : « La raison stratégique est évidente : depuis la répudiation en 2018 par Donald Trump de l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran, ce dernier a considérablement intensifié ses activités d’enrichissement d’uranium, au point qu’on estime aujourd’hui que Téhéran n’aurait besoin que de quelques jours pour produire au moins trois bombes nucléaires. Si l’on ajoute à cela la capacité de frappe à longue portée de l’Iran, démontrée samedi dernier, on comprend aisément la crainte d’Israël de perdre son monopole régional sur les armes nucléaires et donc sa capacité de dissuasion. Certes, Israël dispose d’un nombre considérable d’ogives nucléaires, mais son territoire est beaucoup plus petit que celui de l’Iran. Il est donc à craindre que l’attaque du consulat ait été conçue comme la première salve d’une escalade militaire conduisant à une frappe israélienne contre le potentiel nucléaire iranien ».
Politique intérieure israélienne : le gouvernement fasciste de Nétanyahou
Le projet de colonisation sioniste vise à s’établir sur la base d’un génocide. Le gouvernement de Nétanyahou se radicalise dans son agressivité militaire et sa volonté génocidaire. C’est un gouvernement fasciste.
« Le cabinet au pouvoir dirigé par Nétanyahou est un gouvernement fasciste, et l’escalade des plans d’extermination le montre. Il ne s’agit pas d’une redite, ils essaient sérieusement de faire passer le projet d’un Israël racialement « pur », mettant fin à l’existence du peuple palestinien. Nous ne lançons pas l’accusation de « fascisme » à la légère. Tous les gouvernements d’extrême droite ne sont pas directement « fascistes », mais le gouvernement israélien de Nétanyahou devient de plus en plus clairement un gouvernement fasciste, vivant mal à l’aise à côté des institutions « démocratiques » de plus en plus vidées de leur substance de l’État sioniste », avons-nous déclaré dans un communiqué sur la transformation de Gaza en camp de concentration.
L’une des caractéristiques du fascisme classique est la nécessité d’un état de guerre perpétuel. Et c’est aussi l’une des autres choses qui caractérisent clairement le gouvernement Nétanyahou. Depuis son entrée en fonction, le moindre signe de paix a signifié le début d’une remise en question interne. La réforme judiciaire controversée avait suscité des protestations massives. L’opposition parlementaire s’interroge également sur les chances de continuité du gouvernement. L’un des objectifs misérables de Nétanyahou est d’affirmer son pouvoir à l’intérieur en imposant la guerre à l’extérieur.
Les dissensions internes à Israël se multiplient. La base sociale la plus solide du gouvernement est constituée par les groupes de colons, qui constituent une force de choc pseudo-civile contre les Palestiniens au quotidien. Les classes moyennes « progressistes » des centres urbains comme Tel-Aviv sont celles qui organisaient déjà des manifestations avant même le 7 octobre 2023. Aujourd’hui, ce sont elles qui rejettent la politique d’abandon des otages en refusant tout accord réel avec le Hamas. Avec l’état de guerre permanent, Nétanyahou impose un sentiment de siège interne, enracinant l’appareil d’État autour de lui et de son cabinet d’extrême droite, ainsi que d’une partie de la population civile.
Trump : un gouvernement d’agression impérialiste décadent
Les partisans du prétendu « isolationnisme » de Trump viennent de se ridiculiser. Toute idéologie « isolationniste », venant d’une puissance impérialiste, est un écran de fumée pour l’agressivité envers d’autres puissances et la volonté de plier les pays dépendants à sa volonté. L’Italie fasciste et l’Allemagne nazie étaient également supposées « isolationnistes » dès le départ.
Le caractère « pacifiste » du trumpisme est une escroquerie évidente. Trump est la réponse d’extrême droite d’un impérialisme en déclin, un impérialisme qui ne veut pas perdre ses positions, son statut hégémonique. Les agressions territoriales de l’impérialisme américain sous Trump, telles que les menaces sur le Groenland et le Panama, font partie d’une politique globale consistant à occuper des positions fermes dans des territoires proches afin de maintenir une position de domination mondiale. Quelqu’un pensait-il qu’ils allaient abandonner leurs positions ? Les États-Unis ont perdu leur moment de domination mondiale par des moyens presque purement économiques, qui n’a duré que quelques décennies. L’intervention militaire et territoriale directe est désormais à l’ordre du jour. Ils l’ont fait en Irak et en Afghanistan, et ont échoué.
L’agression américaine contre l’Iran remet les pendules à l’heure. Le trumpisme n’a pas la politique de l’impérialisme classique, pleine de supposés « consensus », d’organismes « multilatéraux » et d' »alliés stratégiques » (comme l’Europe). L’utopie absurde d’un gouvernement d’extrême droite « pacifiste » et de l’impérialisme américain a été exposée pour ce qu’elle est, une utopie absurde.