
La semaine dernière, les 18 et 19 juin, une importante opération contre les sans-papiers a eu lieu dans les gares et stations de métro partout en métropole. Cette opération coup de com de Retailleau vient annoncer la suite de l’agenda raciste du gouvernement.
Rafles dans les gares, criminaliser la présence dans l’espace public
C’est 4000 policiers, douaniers et militaires qui ont été déployés dans toutes les gares et stations de métro de l’hexagone avec pour seul objectif d’attraper des « clandestins ». Si de telles opérations 24 heures de chasse aux sans-papiers dans l’espace public existaient déjà, des opérations 48 heures comme celle-ci sont une nouveauté de Retailleau pour tester ses nouveaux dispositifs autoritaires. Une opération similaire a eu lieu dans les bus les 20 et 21 mai derniers faisant 750 arrestations. L’opération des 18 et 19 juin s’est déroulé avec une importante couverture médiatique : reportage en direct sur le terrain, débat d’éditorialistes sur les chaînes d’info et déplacement de Retailleau à Gare du Nord avec interview ; un moyen de profiter de la médiatisation des rafles de migrant·es aux États-Unis et des révoltes de Los Angeles.
Les consignes données aux agents en charge de l’opération étaient le contrôle à l’entrée et à la sortie de tous les trains internationaux et grandes lignes, avec présence renforcée à Gare de Lyon pour les trains en provenance de l’Italie et à Gare du Nord pour les trains en direction du Royaume-Uni, l’objectif est d’arrêter les migrant·es qui transitent par la France. Le choix des personnes à contrôler se faisait évidemment au faciès selon des critères discriminatoires, allant presque jusqu’à criminaliser l’utilisation des transports et la simple présence dans l’espace public des personnes racisées par plusieurs contrôles répétés dans la journée. Pour les personnes sans-papiers victimes de ces contrôles, la consigne a été de les embarquer immédiatement et selon la situation d’engager des poursuites judiciaires, de reconduire à la frontière ou bien d’enfermer en CRA.
Un agenda raciste et colonial
Retailleau a pu profiter de la médiatisation de cette rafle pour mettre en avant tout son agenda raciste et ce qu’il a accompli depuis son arrivée à l’Intérieur en septembre dernier : +28 % d’interpellation depuis la mise en place des dispositifs de contrôle renforcé, il s’est également félicité des 47 000 arrestations de sans-papiers depuis le début de 2025
Pour couvrir son programme raciste, Retailleau invoque la lutte contre l’insécurité, il disait ainsi dans son interview depuis Gare du Nord : « on sait très bien que les désordres migratoires créent aussi des désordres sécuritaires » et il justifie ses actions ainsi : « Ce que nous demandent les Français dans leur immense majorité c’est un front contre l’immigration irrégulière ». Tout autant d’amalgames et de mensonges pour justifier la politique sécuritaire, en plus de la présence policière accrue, Retailleau demande le retour des frontières intra-européennes et la création d’un corps de garde-frontières, il s’est notamment félicité de la militarisation de la frontière avec l’Italie.
Un tel programme ne fait que rendre toujours plus hostile l’espace public, de par la présence policière mais aussi entre les personnes ; si le ministre a pu se féliciter en déballant ses statistiques, il ne cite pas les 11 % d’augmentation des actes racistes, 23 % d’augmentation des atteintes à la vie et plus 14 % de menaces depuis 2023. Cette montée du racisme ne reste pas isolée, elle entraîne avec elle d’autres discriminations, plus il y a de racisme, plus il y a également de sexisme et d’homophobie.
Cette augmentation de la présence policière dans l’espace public ne va pas s’arrêter là, les motifs sécuritaires peuvent justifier tous les excès, voir apparaître la police dans des lieux privés ou des lieux dont elle est habituellement exclue comme les universités, mise en place de toujours plus de vidéosurveillance, restriction du droit à la démocratie de certaines populations sur le modèle colonial et criminalisation de la solidarité.
Urgence antifasciste et antiraciste
Dès le 19, des centaines de militant·es se sont réunis à Gare du nord à Paris pour gêner le dispositif policier, avertir les sans-papiers et accueillir Retailleau avec une manifestation à l’intérieur de la gare. Des associations comme la Cimade et Utopia 56 ont fait remarquer que cette opération a eu lieu après les « délogements » de plusieurs tentes sur les quais de Seine et devant la mairie du Xième arrondissement de Paris et rappeler que les gares étaient un important lieu de refuge.
Les syndicats des transports se sont contentés d’appeler les travailleur·euses à ne rien faire de plus que leurs missions en cas de contrôle, aucune mobilisation spontanée n’a été appelée et le silence règne depuis la fin de l’opération.
Il y a urgence à s’organiser face aux politiques sécuritaires, façades du racisme et fascisme, sur nos lieux de travail et d’études entre travailleur·euses et usagers, de se mobiliser collectivement à chaque acte de violence, de reprendre le contrôle de nos espaces et de la rue.

