En Argentine, le FIT-U refuse l’unité des révolutionnaires proposée par le Nuevo MAS

Encore une fois, le « Front de gauche » (FIT-U) refuse l’unité des révolutionnaires proposée par le Nuevo MAS pour les élections législatives, avec des manœuvres sans principes. 

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Article de Juan Cruz Ramat, paru le 9 juillet 2025 dans Izquierda Web. 

 

Le « Front de gauche » montre encore une fois son ivresse électorale pour des postes parlementaires. Ce sont les « dangers professionnels » que le parlementarisme bourgeois fait peser sur les courants qui n’ont pas des conceptions socialistes révolutionnaires profondes. Au Nuevo MAS, nous revendiquons la lutte pour l’unité que nous avons menée et que nous continuerons à mener en vue des élections législatives nationales en octobre. Les sympathisant·es de la gauche révolutionnaire pourront régler leurs comptes avec les politiciens irresponsables en septembre, en soutenant nos candidatures anticapitalistes et socialistes, dans les élections législatives de la province de Buenos Aires. 

 

Comme chacun·e le sait, le Nuevo MAS a récemment lancé un nouvel appel à la direction du FIT-U pour mettre fin à la division de la gauche révolutionnaire et proposer une alternative anticapitaliste qui s’oppose de manière cohérente au gouvernement Milei. Cet appel à l’ouverture des discussions a été accepté, à la surprise générale, après 14 ans de refus. 

Notre parti a rendu publique chacune des lettres appelant à l’unification de la gauche révolutionnaire tout au long de cette période, car il appartient aux organisations qui se réclament des travailleurs et des travailleuses de mener leur politique sans secret, dans le but de clarifier la position de chaque parti.

Sans aller plus loin, le dernier congrès national du Nuevo MAS en décembre 2024 a voté un appel à la gauche révolutionnaire qui a été diffusé dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Puis, avant les élections législatives de la ville de Buenos Aires (CABA) de mai 2025, nous avons réitéré cet appel. Ni ces appels ni les précédents n’ont jamais reçu de réponse. En fait, le FIT-U n’a pas non plus rendu publique son acceptation de la réunion qui a finalement eu lieu le lundi 7 juillet, 72 heures avant la date limite pour la présentation des candidatures. Le FIT-U cherche à cacher leur divisionnisme injustifiable face à ceux qui sympathisent avec la gauche révolutionnaire et réclament l’unité.

À quelques heures de la clôture des inscriptions pour les alliances électorales, la direction du FIT-U a réitéré son comportement habituel : ne pas répondre aux propositions d’unité exprimées par notre parti. Tromperies, manœuvres et silence, attitudes classiques des partis patronaux dont le PTS (Parti des travailleurs socialistes, organisation soeur de Révolution Permanente) et le PO (Partido Obrero) semblent copier les comportements, qui n’ont rien à voir avec l’héritage classique de la gauche révolutionnaire consistant à discuter publiquement et avec la vérité face à ceux qu’elle prétend représenter.

 

Les critères politiques des révolutionnaires ou le business des postes parlementaires

Passons très brièvement en revue quelques critères classiques élémentaires de la gauche révolutionnaire pour la formation d’alliances électorales. Disons pour commencer qu’ils sont éminemment politiques, c’est-à-dire que la formation de ces alliances doit servir à disputer l’indépendance politique des exploité·es et des opprimé·es par rapport à la bourgeoisie et à son État, sur le terrain de la représentation des intérêts sociaux dans les élections, comme cela se produit classiquement sous les régimes démocratiques des riches.

Bien sûr, les élections ne sont pas le seul terrain de représentation et, sauf dans le cas de courants qui perdent leur cap, adoucis par la représentation parlementaire, cette représentation se dispute également dans l’insertion organique dans la société (structures, milieux syndicaux, fronts de masse, etc.).

C’est à partir de cette position que nous rejetons toute alliance électorale avec des secteurs capitalistes. Cette définition générale, qui est comprise par de larges secteurs de la société, rend « naturelle » l’unité de la gauche révolutionnaire lorsqu’il s’agit de disputer la représentation.

Nous avons d’énormes divergences sur le plan théorique et stratégique avec les partis qui composent le FIT-U. Nous faisons référence à notre conviction profonde que sans les travailleur·euses et leurs organisations prenant en main le destin de l’économie et de la politique, il n’y a aucune possibilité de socialisme, ce qui nous différencie de toute la gauche objectiviste et stalinienne argentine et internationale. Nous avons également des divergences dans l’application politique des critères de principe, comme dans le cas de l’unité d’action que nous avons promue depuis notre parti avec Manuela Castañeira en mobilisant dans les rues contre la tentative d’assassinat de Cristina Kirchner et, plus tard, contre son inéligibilité. Nous avons des divergences sur la critique implacable du régime des primaires obligatoires (PASO), (un mécanisme électoral pour interdire la participation des révolutionnaires aux élections générales) que le PTS a défendu de manière ouverte et opportuniste, entraînant le PO dans un changement de position. Nous avons également des divergences sur le fait que le FIT-U soit réduit à une « coopérative électorale » (comme l’a écrit le PO lui-même dans un article récent).

Au-delà de tout cela, dans la mesure où le FIT-U conserve une position indépendante, et dans le contexte d’un gouvernement de guerre contre les travailleurs, l’unité électorale est possible et constitue même une nécessité politique. C’est ce même critère que nous avons appliqué tout au long des dernières élections, dans lesquelles nous avons appelé à voter pour le FIT-U de manière critique, une fois que notre parti avait été interdit de participer aux élections par le mécanisme des PASO, dont le PTS est un fervent partisan.

Ces prétendus référents de la gauche révolutionnaire qui disent que « si tu critiques, ne demande pas l’unité » semblent avoir appris la politique en regardant le stalinisme. Aucun courant révolutionnaire avec une politique claire ne met ses critiques dans sa poche pour former un front d’indépendance de classe. Le Nuevo MAS ne baisse pas la tête, nous laissons cela aux autres.

Sur cette base générale, en résumé, 1) le caractère indépendant du FIT-U qui permet de développer un programme commun, 2) la situation politique sous Milei et son attaque directe contre les libertés démocratiques et les travailleurs, ainsi que l’impuissance du péronisme qui choisit de garantir la gouvernabilité, et 3) la revendication progressive d’une large partie des sympathisants de gauche en faveur de l’unité, nous avons présenté à la réunion avec le bureau national du FIT-U une proposition simple : former une coalition sur la base des résultats des dernières élections législatives nationales et provinciales, qui ont eu lieu en 2021. Ces élections ont exprimé une différence entre le FIT-U et le Nuevo MAS de 5 contre 1, un écart qui s’est globalement maintenu depuis 2011.

Nous étions prêt·es à mener cette coalition que nous avons proposée en vue des élections provinciales et/ou nationales. Nous disons « et/ou » pour indiquer que nous ne nous opposerions pas à une coalition si l’accord ne progressait pas au niveau national, dont les élections auront lieu en octobre. C’est clair, sans détours ni manœuvres.

Parallèlement, nous avons souligné l’importance que chaque parti et ses principaux porte-paroles puissent être candidats pour disputer les centaines de candidatures en jeu l’immédiat lors des élections provinciales de Buenos Aires (qui seront à la fois des élections sectorielles pour les députés et sénateurs de la province, et des élections municipales pour les conseillers municipaux). Cela afin de garantir l’existence de chaque parti et de ses forces réelles, ainsi que la possibilité d’avoir sa propre voix pendant la campagne.

Au contraire, lors de cette réunion, le PTS a déclaré que pour unir nos forces, nous devrions accepter le critère appliqué par le FIT-U, à savoir la formation de listes en fonction des résultats de 2023, lorsque les élections étaient présidentielles. Nous ne savons pas quels sont les calculs et les répartitions au sein du Front de gauche et selon quels paramètres, mais il est tout à fait fallacieux de vouloir soumettre le Nuevo MAS, qui a été systématiquement exclu du front, à des critères qui relèvent purement de la convenance interne. Il n’y a pas de paramètre plus objectif pour établir un accord que de partir d’élections de même catégorie, comme celles de 2021 par rapport à celles de 2025.

Cela montre une fois de plus que la « coopérative électorale » (PO dixit) gère les critères de son front comme une entreprise (nous avions déjà entendu des dirigeants du PO utiliser le terme « affaires » pour désigner le FIT-U) dont le seul objectif commun est d’obtenir un petit poste et de se disputer ensuite le partage et les rotations. Bien sûr, dans les fronts électoraux, on discute des postes, et pas seulement de politique. Mais transformer les postes, les répartitions et les comptes pour que la coopérative puisse conclure son affaire, cela dénature complètement le sens politique de la participation électorale des forces révolutionnaires.

Cela dit, la réunion s’est terminée par l’engagement élémentaire et basique de donner une réponse du FIT-U à notre parti, ce qui n’a pas été le cas. Une honte totale qui en dit long sur le niveau souterrain des forces qui le composent.

 

Antécédents du business FIT-U

À d’autres occasions au cours de cette histoire divisionniste, lors de réunions bilatérales entre notre parti et certaines des forces du FIT-U, plusieurs conditions exclusives nous avaient été imposées : que nous devions nous joindre à eux mais sans rotation dans le cas où nous obtiendrions des postes ; que nous ne pouvions être en tête d’aucune liste ; que, faute de légalité nationale (comme cela s’est produit en 2011 en raison d’une série de restrictions légales imposées par le gouvernement de Cristina Kirchner en même temps que les PASO), nous devions nous joindre à eux en tant qu’adhérents, entre autres arguments clairement provocateurs. Nous rejetons également catégoriquement le mensonge exprimé dans un récent article du PTS, qui affirme que nous avons été invités à rejoindre le FIT-U en 2019. Une telle invitation n’a jamais existé.

Le pays se dirige vers des élections atypiques, sur fond de crise organique que le gouvernement Milei n’a fait qu’aggraver et qui, loin d’être résolue, pourrait éclater après octobre. Dans ce contexte, La Libertad Avanza de Milei a signé un accord de soumission avec le PRO (le parti de l’ex-président Macri), le péronisme s’apprête à sceller une alliance entre les secteurs de La Cámpora, Kicilloff et Massa, dans un climat de déception et d’absence d’alternatives importantes. Dans ce contexte, l’action divisionniste du FIT-U est criminelle et sans principes, preuve de l’ivresse des postes parlementaires et des « dangers professionnels » que le parlementarisme bourgeois fait peser sur les courants qui ne s’enracinent pas dans des conceptions socialistes révolutionnaires profondes.

L’unité de la gauche révolutionnaire aurait été une « bombe politique », constituant une nouveauté nationale dans la mesure où, pour la première fois depuis des décennies et sous le gouvernement Milei, la gauche révolutionnaire se serait unifiée en plaçant ses figures de proue, telles que Myriam Bregman, Manuela Castañeira et d’autres, sur une liste commune pour une bataille électorale. Le FIT-U a une fois de plus imposé sa division. Depuis le Nuevo MAS, nous revendiquons la lutte pour l’unité que nous avons menée et que nous continuerons à mener en vue des élections nationales. Les sympathisant·es de la gauche révolutionnaire pourront régler leurs comptes avec les irresponsables politiques en septembre, en soutenant nos candidatures anticapitalistes et socialistes révolutionnaires.

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