Les partis du régime sauvent le faible gouvernement Lecornu

Après avoir présenté son remaniement ministériel et démissionné de son poste de Premier ministre moins de 24 heures après, Sébastien Lecornu a été renommé à Matignon par Emmanuel Macron. Pour la Macronie, il s’agit d’un geste désespéré pour soutenir un gouvernement faible qui a le « devoir » de faire passer un budget de guerre sociale contre les travailleurs et les classes populaires. 

En peu de temps, Lecornu a déjà fait plusieurs provocations aux travailleurs. Il a dit que la France n’a pas été complice du génocide en Palestine, alors que les livraisons d’armes en Israël continuent. Il a également dit que son « gouvernement n’a pas peur du peuple » (en même temps que le gouvernement français exfiltrait le dictateur malgache suite à la révolte populaire) et qu’il ne fera recours au 49.3 comme tous ses prédécesseurs.

Mais la réalité est que le nouveau gouvernement a non seulement la tâche d’accomplir ce que Bayrou n’a pas réussi à faire, mais il se permet d’ajouter de nouvelles pépites. Les dernières annonces intègrent aux coupes budgétaires des réductions de la rémunération prévue pour les apprenti·es, ainsi que la suppression d’aides sociales, comme les APL pour les étudiant·es. 

Avec ces objectifs, le gouvernement a dû faire recours aux partis du régime pour pouvoir échapper à la censure et trouver des compromis pour assurer sa continuité au service du patronat. Dans ce sens, c’est notamment le Parti Socialiste qui a sauvé la Macronie, pour permettre d’avancer dans le budget de guerre sociale contre une suspension factice de la réforme des retraites. Le gouvernement a également intégré la CFDT dans ses alliés au niveau syndical, qui a célébré cette annonce pour se retirer des mobilisations contre le gouvernement.

Dégageons Macron et Lecornu dans la rue, sortons de la logique institutionnelle 

La rentrée 2025 a commencé avec les manifestations du 10 septembre, qui ont marqué l’irruption du mouvement de masse dans une nouvelle séquence de la lutte politique en France. La peur de la bourgeoisie pour les mobilisations sociales a déclenché la chute du gouvernement Bayrou, qui n’a pas réussi à imposer son budget de guerre sociale contre les travailleurs et les classes populaires. Il n’a même pas réussi à faire passer sa suppression de jours fériés ! Sa démission est une première victoire de la mobilisation sociale. 

Depuis ce moment-là, les directions syndicales et politiques de la gauche institutionnelle ont tout fait pour passer du « Bloquons tout » au « votons tout », pour renvoyer la colère de la population vers les chemins étroits des voix institutionnelles. Cela est lié au fait que le mouvement du 10 septembre avait un caractère spontané, non contrôlé, rappelant la combativité des Gilets jaunes.

Mais, l’Intersyndicale a rapidement repris la main sur le mouvement pour l’enfermer dans les pièges habituels : manifs saute-mouton sans lendemain et dialogue social avec le gouvernement. C’est pour cela qu’après les journées de grève du 18 septembre et 2 octobre, les syndicats n’appellent à aucune journée de mobilisation et proposent aux travailleurs de ne devenir que des spectateurs passifs de la crise politique. L’Intersyndicale est le garant de la continuité de Macron. 

Cette stratégie a permis à Macron de souffler, de regagner du temps, et de trouver les moyens pour s’en sortir de la crise dans le bon respect des institutions. Dans ce contexte, la crise politique d’une Macronie épuisée ne se cache même plus. Lecornu a échappé de près à la censure grâce à l’aide du Parti Socialiste, et compte sur la CFDT pour casser les initiatives de mobilisation. Si Macron et compagnie se permettent tout au parlement, c’est parce qu’ils savent que les syndicats et les partis du système sont avec eux.

Dans ce contexte, il est fondamental de reprendre la voie de la mobilisation sociale. C’est seulement dans la rue qu’on arrivera à faire plier ce gouvernement. Il est nécessaire de reprendre le chemin de la mobilisation dans la rue et par la grève, sans attendre le calendrier électoral qui vise à tout calmer, d’ici aux municipales et aux présidentielles. Il est nécessaire de reprendre la combativité du mouvement du 10 septembre pour pouvoir dégager Macron, Lecornu et tous les réactionnaires, dans la rue. 

Pour ce faire, nous avons besoin de nous organiser et de construire une alternative révolutionnaire aux partis institutionnels du système capitaliste. C’est pour cela que Socialisme ou Barbarie organise une grande Conférence Anticapitaliste Internationale ce 15 novembre à Paris. Alors que des révoltes anticapitalistes ont lieu partout à l’international, contre les ravages du système, organisons-nous pour tout renverser, pour passer de la révolte à la révolution !