
Le 25 novembre, journée de la lutte internationale contre les violences faites aux femmes, s’approche à grand pas. Le rôle de la violence dans le système capitaliste et patriarcal est de modeler et soumettre les femmes. Elle est essentielle pour réduire au silence les femmes et réaliser ses fins : la reproduction de ce système. Le collectif féministe Las Rojas est signataire de l’appel de Grève Féministe pour dire basta à toutes les formes d’oppression et de violence envers les femmes, dénoncer l’instrumentalisation de la lutte contre les VSS par des réactionnaires et réclamer des moyens matériels pour l’accompagnement des victimes.
La guerre et la confrontation directe se font une place de plus en plus prédominante dans le paysage géopolitique. Le génocide en Palestine est une des manifestations les plus barbares de ces derniers temps. L’acharnement de l’armée, notamment contre les femmes et les enfants ainsi que le viol comme arme de guerre est monnaie courante. De ce fait, le déplacement de populations entières suivi de la dévastation des territoires place les femmes et les filles dans une situation d’extrême vulnérabilité.
De la même manière, la traite, la violence et l’exploitation débouchent sur des féminicides qui font à nouveau régulièrement la Une des journaux du monde entier.
L’ère Trump apporte avec elle toute une série de menaces contre les droits historiques acquis par les femmes, tels que le droit à l’avortement. Les femmes et les personnes LGBTI sont dans le collimateur des réactionnaires dans ces « démocraties impérialistes » décadentes.
C’est pourquoi il est aussi important lors de ce mois de novembre de participer à la journée du souvenir Trans (TDoR) le 20 novembre. Le mouvement féministe et le mouvement LGBTI doivent pouvoir marcher et frapper ensemble contre les attaques de l’extrême droite. Il s’agit de deux mouvements qui ont beaucoup à gagner à rompre la fragmentation des unes et des autres.
Les femmes sont loin de vouloir baisser la tête et accepter ce nouveau destin car elles sont aujourd’hui les premières à s’opposer aux régimes réactionnaires. En ce sens, nous devons prendre appui sur les dynamiques les plus progressistes des dernières décennies qui s’expriment à travers des diverses mouvements tels que le mouvement #Metoo ou celui de « Femme, vie et liberté », qui incarnent une perspective émancipatrice et internationaliste ou même celui de Corée du Sud (mouvement 4B) contre les politiques machistes et natalistes.
En France, toutes les semaines, nous découvrons des situations de violences dans le milieu artistique, dans le milieu médical, dans les universités, sans compter les milliers de cas qui sont relayés par les médias. Les chiffres sont toujours alarmants : chaque année ce sont plus de 250 000 plaintes pour violence conjugale, jamais moins d’entre 100 à 130 féminicides par an, avec plusieurs féminicides dont les victimes avaient porté plainte contre leurs agresseurs, et un nombre de plaintes gigantesque qui sont classées sans suite. Ces chiffres lourds de sens font grandir un sentiment profond d’impunité à l’égard des VSS.
L’année 2025, avec son budget d’austérité, est encore très marquée par les attaques économiques contre les associations d’aide aux victimes. Les organismes d’accompagnement sont pourtant débordés de situations à accompagner et en cruel manque de financement, certains sont même sous menace de fermeture de leurs activités ou de réduction de leur personnel.
Malgré tout, des femmes se battent. Aussi bien Gisèle Pellicot que Adèle Haenel, que les victimes de Gérard Depardieu, Juliette Godrèche et tant d’autres réclament justice quotidiennement. Il nous faut soutenir les victimes par un mouvement qui se manifeste à chaque procès pour forcer les magistrats à entendre nos demandes de justice.
C’est la voie de la lutte que tracent les femmes qui voient leurs droits s’effriter mais qui ne renoncent pas à leurs revendications. Aujourd’hui, ces femmes ont la tâche historique de construire des ponts entre les expériences victorieuses de leurs luttes passées et d’encourager l’expérience des nouvelles générations. Celles qui doivent faire face aux « incels », mais aussi aux gouvernements qui encouragent les politiques natalistes en restreignant les droits de décider de notre corps.
Celles qui voient la nécessité de s’organiser pour obtenir justice, pour virer les violeurs de tous les espaces publics. Celles qui ne peuvent plus tolérer l’impunité des agresseurs. Celles qui voient la nécessité de s’organiser pour arracher au capital la domination de leur corps et lutter pour l’ouverture des frontières et la régularisation immédiate des femmes déplacées de force.
Nous participons à la construction d’un mouvement de femmes vivant et réactif à toutes ces attaques. Nous sommes celles qui allons exiger justice devant les tribunaux. Nous continuerons à réclamer des peines de prison pour les violeurs et les auteurs de féminicides. Nous continuerons à exiger la protection des victimes, des logements et un accompagnement adapté pour les femmes et leurs enfants.
Nous sommes pour la construction d’un mouvement des femmes qui tisse des liens avec d’ autres mouvements en lutte, des femmes qui font déjà partie des luttes et des révoltes populaires en cours. Il faut pouvoir construire, à la chaleur de ces mouvements, la perspective révolutionnaire de renverser ce système capitaliste et patriarcal qui n’a pour horizon l’approfondissement de la guerre, la violence et l’oppression de femmes et des personnes LGBTI.

