Bonjour à toutes et à tous ! Je suis ravi d’être ici, merci de m’avoir invité à participer à cette conférence internationale et félicitations pour la participation.
Tout d’abord, je voudrais vous présenter un aperçu de ce qu’est l’Argentine sous le gouvernement d’extrême droite de Javier Milei.
L’Argentine traverse une crise organique. La bourgeoisie tente depuis des années de sortir de la crise, mais sans succès.
En Argentine, un niveau culturel élevé et une structure de classes sociales très moderne (avec des conquêtes démocratiques très importantes depuis la chute de la dictature militaire en 1983 et des conquêtes sociales issues de l’Argentinazo de 2001) coexistent avec un énorme retard dans le développement des forces productives. Cela fait 15 ans que le pays ne connaît plus de croissance, il est en stagnation.
La bourgeoisie a promu Javier Milei pour voir si ces rapports de force, hérités de 1983 et 2001, pouvaient être balayés par un gouvernement autoritaire remettant en cause toutes les conquêtes démocratiques et celles des travailleurs.
Le gouvernement a réussi à mener certaines attaques sociales, principalement contre l’industrie, mais il s’est heurté à un mur lorsqu’il a voulu donner un coup de force bonapartiste autoritaire.
Le gouvernement a rédigé un protocole « anti-manifestation » contre les mobilisations, qui n’est en fait pas appliqué depuis des mois : le gouvernement a dû accepter de cohabiter avec une société mobilisée.
Il a également tenté d’attaquer la communauté LGBTI et s’est heurté à l’une des mobilisations les plus importantes de ces dernières années, le 1er février de l’année dernière.
C’est cette combinaison d’attaques et de rapports de force qui fait de l’Argentine un pays d’une instabilité infinie : une fois par semaine, il semble que le gouvernement pourrait tomber, il vit dans une crise politique, sociale, économique et financière.
La crise est telle en Argentine que le débat programmatique est revenu : quelle est la solution pour le pays ?
La réponse à cette question n’est pas claire, car tous les gouvernements bourgeois ont échoué, et cet échec est très concret : un pays en stagnation qui ne connaît pas de croissance depuis 15 ans.
Le péronisme échoue en tant qu’opposition parce qu’il ne veut pas gouverner : il n’a pas de programme alternatif pour le pays.
Dans cette recherche programmatique, le Nuevo MAS a trouvé un slogan de transition qui rejoint la lutte des travailleurs et permet d’aborder la discussion programmatique : le problème des salaires.
En Argentine, la population active souffre parce qu’elle gagne trop peu. Aujourd’hui, le salaire moyen en Argentine, pour vous donner une idée, se situe entre 600 et 700 euros, une misère.
À partir de cette proposition, nous avons élaboré tout un programme pour le pays, ce qui est inédit non seulement dans la gauche argentine, où nous expliquons comment, de manière révolutionnaire et anticapitaliste, un salaire décent pourrait être obtenu pour tous les travailleurs. Ce programme était le Manifeste anticapitaliste pour l’Argentine.
Il a eu un impact considérable, car il permet de dire : « Mon parti a un diagnostic de la crise et une solution qui remet en question le système capitaliste », par écrit, afin que toute la société en prenne connaissance.
Ce profil nous permet de nous différencier facilement du Front de gauche et du PTS, que vous connaissez bien ici. Le Front de gauche et le PTS n’ont pas de programme, la seule chose qu’ils ont à offrir à la société est le parlementarisme :
« Mettez plus de députés de gauche » ou « avec plus de députés de gauche, cela n’arriverait pas » est leur campagne phare.
Ce profil anticapitaliste nous permet actuellement d’être une force dans la jeunesse. La jeunesse de Ya Basta! est la plus militante des universités et nous avons conquis l’espace politique pour être la principale force de gauche dans la discussion idéologique avec le gouvernement grâce à notre profil anticapitaliste.
Des fonctionnaires importants du gouvernement, comme le chef de cabinet, ont activé leurs notifications Twitter et répondent à chacune de nos vidéos.
Nous avons conquis tout un profil avec les influenceur·euses anticapitalistes qui obtiennent des centaines de milliers ou des millions de vues avec chacune de nos vidéos remettant en question le capitalisme.
Une partie de ce profil politique de Ya Basta! est la conquête du Camp anticapitaliste, l’événement le plus important de la jeunesse militante en Argentine, qui en sera à sa sixième édition l’année prochaine. Le camp est un grand événement de la jeunesse militante argentine, qui combine des événements sociaux, des débats, des ateliers, des jeux, et discute directement avec le gouvernement d’extrême droite du pays qui le mentionne tout le temps.
Je voudrais terminer cette intervention en vous invitant toutes et tous à venir en Argentine et à participer au camp. Depuis plusieurs années déjà, le camp est international, avec des camarades des États-Unis, du Brésil, du Costa Rica et aussi de France.
Vive la jeunesse internationaliste qui lutte contre le capitalisme dans le monde entier !

