Contraire aux discours racistes dont les médias nous ont habitués, la réalité de cette rentrée politique est marquée par la banalisation de la culture de viol en France. Pour les militant.es féministes, l’urgence est de se battre pour re- définir une caractérisation juridique qui puisse  rendre justice aux femmes dans le pays de l’impunité. 

Le 17 juillet dernier, Emmaüs France, Emmaüs Internationale et la fondation Abbé Pierre ont publié un rapport indépendant qui accuse le prêtre d’agressions sexuelles commises entre 1970 et 2005. Une première dénonciation faite en 2023  auprès des associations fondées par l’abbé lui-même a été le déclencheur d’une enquête menée par le Groupe Egae, qui a permis d’identifier sept nouveaux cas. Suite à l’appel à témoins, l’organisme a recueilli 17 témoignages suivis d’une avalanche de témoignages anonymes. Les enquêteurs sont encore loin de déterminer l’ampleur de l’action de l’abbé prédateur.

Le dispositif mis en place a pris la forme d’une boite mail (emmaus@groupe-egae.fr) et d’un numéro de téléphone permettant de laisser un message vocal (01 89 96 01 53). L’appel à témoignages continue jusqu’au 31 décembre 2024.

Suite aux événements, la fondation abbé Pierre a annoncé un changement de nom, et le site de culte de l’abbé Pierre à Esteville (Seine-Maritime) fermera ses portes.

Une toile de complicité

À la façon d’un prédateur sexuel, l’abbé a profité des moments de solitude avec ses victimes, quelques unes mineures aux moments de faits, ainsi que de leur situation de vulnérabilité économique  et de subordination vis à vis de sa figure d’autorité pour exercer des baisers forcés et des attouchements non consentis. Son hâle prestigieux  de personnage charitable ainsi que son influence dans le milieu associatif, politique et religieux a dissuadé pendant des années les victimes d’en parler. 

Les enquêtes plus récentes rendent compte de la toile de complicité autour de sa figure qui implique  toute la hiérarchie des cardinaux et archevêques. Les hauts dignitaires de l’église  ont gardé le silence sur les faits en permettant à l’abbé de continuer normalement d’exercer librement et en lui laissant toute discrétion.

Lors de la conférence de presse du  13 septembre, le pape François a déclaré à la presse française : « Que savait le Vatican de l’abbé Pierre ? Je ne sais pas, parce que je n’étais pas là à l’époque. Ce qui est certain c’est qu’après sa mort, on savait. » Élu pape en 2013, six ans après la mort de l’abbé Pierre, il poursuit : « Malgré tout le bien qu’il a fait, on découvre que c’était un terrible pécheur. »

S’organiser face à l’impunité et les réactionnaires, préparer la lutte!

Nous croyons qu’il est impératif de construire des mobilisations féministes contre l’impunité et pour une caractérisation nouvelle du viol dans la constitution, et bien au-delà.

Après la muse des jeux olympiques et le pinkwashing queer progressiste qui a enrobé l’été français, nous savons que dans la perspective de la Macronie il ne reste que la continuité des politiques conservatrices cette fois-ci de la main de Barnier, un premier ministre ultra- libéral capitaliste et réactionnaire, anti-IVG , autoritaire et raciste. Nous n’oublions pas que dans cette continuité se trouve aussi la “grande cause”, celle des femmes et du plan de précarité et de violences systémiques que nous prépare Macron.

Préparons-nous pour une rentrée de lutte aux côtés de travailleur.euse.s, des jeunes et des personnes migrantes qui soit capable de mettre à l’agenda nos demandes et nos revendications en faisant pression dans la rue le 25 novembre prochain pour l’élimination de toutes violences contre les femmes.