Équateur : Le foutage de gueule de Lenin Moreno

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Mary S. 

 

Un article du journal le New York Times se penche sur la catastrophe sanitaire qui a lieu en Équateur. Le mois de mars a été funeste pour les équatoriens des centres urbains, ainsi que pour ceux des « grandes banlieues». 

Lenin Moreno, président de l’Équateur, a été absent au début de crise selon lui à cause de son handicap. Le manque de réactivité au début l’épidémie a été un facteur essentiel, mais le gouvernement a continué dans sa démarche de déni. À sa place, il a laissé la Première ministre et le Vice-président en tête de la gestion du pays. A la fin du mois de mars, plus de 800 cadavres ont été retirés des domiciles, seulement dans la ville de Guayaquil. 

Au 28 avril dernier on comptabilisait plus de 24 miles infectés et 800 morts. Les chiffres ne reflètent toujours pas la réalité à la veille d’une année électorale. La crise du coronavirus ne vient qu’aggraver la situation déjà désastreuse du pays. 

 

Un gouvernement entre l’autoritarisme et l’absence 

Avec un ton menaçant, les services publiques de l’état ont  déclaré un couvre feu tous les jours à partir de 14 heures. La restriction des déplacements se fait en fonction du numéro d’immatriculation des véhicules. On constate une augmentation considérable de la présence policière dans la. C’est comme ça qu’un gouvernement de droite mène à bien une crise… « sans débordements ». 

C’est dans ce carde que les parlementaires ont décidé d’augmenter leur salaires, considérant leur situation plus critiques que celle des milliers de travailleurs précarisés. En effet, la population souffre du chômage, des licenciements et sont pour une grande partie d’entre eux toujours en attente de salaires impayés.  

Loin de chercher une solution à la précarité, Moreno s’est complètement désolidarisé des travailleurs et a même déclaré que ce serait à eux de négocier avec leurs chefs d’entreprises. Il faut souligner que la population ne bénéficie d’aucune aide de l’état.

Par contre, le gouvernement  a destiné un montant pour la gestion de la crise, il l’a fait très tardivement. La priorité du président n’a pas été de consacrer un budget à la sortie de la crise ; l’argent que le gouvernement avait destiné à la population a en réalité servi a la campagne électorale, au paiement de la dette et à la récupération des cadavres des personnes décédées dans leur logement. 

D’un autre côté, le strict confinement, a stabilisé le nombre de contaminés, qui reste pourtant le plus élevé de la région. Les chiffres annoncés par le gouvernement sont grossièrement trafiqués dans le but de justifier un dé-confinement. Ce plan consiste, dans les grandes lignes, à sectoriser les régions par couleurs des plus touchées aux moins touchées, cependant, le plan demeure plein d’incertitudes. 

Le gouvernement a envoyé au parlement une proposition de loi d’urgence, loi d’assistance humanitaire pour lutter contre le manque de moyens dus à la baisse du prix du pétrole. Ce projet de loi  envisage de rassembler une commission de citoyens- –prédominé par l’entrepreneuriat et des anciennes figures du spectre politique- en lesquels les travailleurs n’ont aucune confiance. Cette commission aurait pour but de gérer le budget de l’état destiné à la sortie de la crise. Or, il semble complètement aberrant de confier une telle tâche à ceux qui sont responsables des politiques néolibérales qui ont ruinées le pays. 

Le président, non content d’avoir proposé une commission non représentative suggère par ailleurs quantité d’amendements pour augmenter les impôts et précariser encore et toujours les classes sociales les plus en détresse. Sachant que ces projets de lois doivent êtres débattus et votés en assemblé, il a menacé de dissoudre le parlement s’il ne faisait pas passer ces propositions. Ce discours de menace s’est accompagné d’accusation et d’insultes envers ceux qui se permettraient de ne pas le soutenir. La gestion de la crise se fait soit par la menace soit par l’inaction. 

 

L’organisation de la solidarité par les travailleurs 

Dans la rue, la réalité est bien différente : ce sont les plus en difficulté face à cette crise qui sont les plus attaqués par les forces policières. Les premières victimes des verbalisations sont les vendeurs ambulants, les petits commerçants et les livreurs. 

Mais aussi les personnes qui, poussés par la nécessité, se déplacent chez leur proches décédés ou malades afin d’en prendre soin. On constate jour après jour l’absence de l’état sauf quand il s’agit de déployer les moyens de répression. Les licenciements, l’incertitude et la de pénurie alimentaire frappe les familles les plus pauvres. 

 Malgré la situation, les travailleurs s’organisent. Le principal hôpital de la capitale s’est mobilisé cette semaine. Les organisations des travailleurs de la santé se sont mobilisées mardi dernier pour dénoncer leurs conditions de travail, le manque de personnel pour effectuer les soins nécessaires à l’ensemble de la population et pour démentir l’existence des matériaux médicaux distribués par le gouvernement. Plusieurs usines de  manufactures du capital se sont retrouvées avec des manifestants à leurs portes pour défendre leurs postes de travail et ainsi résister aux renvois massifs. 

Les communes rurales, les paysans du secteur central du pays ont envoyé des convoies de camions avec des légumes pour lutter contre les spéculations et la hausse des prix des produits élémentaires à Guayaquil. Ils ont mis en place un centre de récupération permanent des aliments. De leur côté, les organisations paysannes des cantons demandent des moyens au gouvernement pour financer les centres d’attention au public et au personnel de la santé ; encore aujourd’hui ils manquent du matériel médical le plus élémentaire. 

Ce sont des exemples de contestation et de solidarité populaire. Nous sommes encore loin de la rébellion mais les consciences s’élèvent car tous savent que le président n’a aucune intention de ne privilégier ni la vie, ni les salaires, ni le travail à l’économie et aux grandes entreprises. 

 

Pour un premier mai de solidarité ouvrière 

C’est dans ce contexte que le gouvernement prétend faire passer une mesure pour que l’infection de covid ne soit pas considérée comme une maladie liée au travail. C’est à dire qu’on nous propose de revenir au travail, sans la mise en place de mesures de sécurité  et en plus avec la perspective -pas lointaine- de re-confinement si besoin. Il n’y a apparemment jamais assez des mépris pour les travailleurs/euses de la part du gouvernement.

La population équatorienne est consciente de l’incompétence de son gouvernement mais la perspective d’une révolte comme celle d’octobre est étouffée par l’omniprésence policière. C’est la raison pour laquelle la plupart des équatoriens attendent les élections pour se faire entendre. 

Dans ce contexte, le premier mai s‘est déroulé comme une pure formalité pour les syndicats qui ont organisé leurs actes virtuellement. Les directions des confédérations indigènes, syndicats de professeurs, et syndicat unitaires des travailleurs se sont exprimés contre les mesures du gouvernement. Cependant, la population est trop impactée par les événements pour pouvoir y faire écho.  

Plus que jamais il faut se rappeler que c’est la force des travailleurs qui fait bouger le monde. Il faut réanimer la solidarité et les actions collectives parmi les secteurs les plus démunis de la société. Il n’y a que l’organisation des brigades de quartier et dans nos lieux de travail pour défendre l’emploi et le salaire. 

Il s’agit de ne pas laisser l’état avancer sur les droits et les libertés fondamentales avec des mesures de plus en plus autoritaires. C’est le moment de s‘organiser côte à côte avec tous les secteurs en lutte, les chômeurs, les étudiants pour entreprendre des actions qui visent à vaincre le patronat et s’opposer fermement à la relance de «l’activité normale » tant que les conditions ne seront pas réunies. Les retards et la diminution des salaires, les licenciements, les surcharges de travail non valorisées ou mal payées sont des éléments essentiels à la reprise de l’activité.  

Les  violences au sein du foyer témoignent partout dans le monde de l’indifférence totale des gouvernements face aux problématiques de la violence conjugale. L’Equateur n’est pas une exception puisque le budget qui y est consacré est nul. 

Il faudra dorénavant bien préciser les besoins de la population et marquer l‘agenda des candidats avant de se rendre aux urnes. Il est fondamental de renforcer la solidarité inter régionale avec les étudiants, les paysans, les travailleurs et les femmes pour dénoncer les mesures politiques autoritaires et ainsi remettre en question les raisons de ce dé-confinement. 

Une des grandes leçons du 1er mai c’est que les travailleurs sont la force productive. Comme les martyres de Chicago, c’est la classe qui crée la richesse mais ce sont sont les capitalistes qui en profitent. Il est urgent et indispensable de créer des organisations révolutionnaires pour repositionner les intérêts de la classe travailleuse au centre des débats politique. 

C’est au patronat de payer la facture! Solidarité avec le personnel soignant ! Pour une vraie organisation des exploités, des jeunes et des femmes ! Vive la lutte des travailleurs ! 

 

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