Dani L.
Un vent de rébellion anti-raciste souffle sur le monde et la France n’est pas l’exception. Les manifestations en solidarité de la rébellion aux États-Unis traversent les frontières. La revendication initiale de justice pour George Floyd est devenue l’étendard d’un questionnement généralisé sur la brutalité policière qui existe dans tous les pays occidentaux. En France, ce vent de rébellion a donné un nouveau souffle d’air à la lutte pour exiger justice et vérité pour Adama Traoré. Sa sœur Assa a été à l’initiative de deux appels réussis qui ont rassemblé des milliers de personnes, notamment ce samedi dernier avec la présence de plus de 100 000 manifestants à Paris, malgré une nouvelle interdiction de manifester et une nouvelle répression de la police.
Dans ce contexte, le « monde d’après » nous montre une situation politique qui commence à se polariser.
Ce 11 juin, des policiers ont manifesté contre le ministre de l’intérieur pour protester contre l’interdiction d’usage de certaines manœuvres d’étranglement lors arrestations de personnes. C’est surréaliste, mais des policiers ont marché, sans aucune menace ni interdiction, sur les Champs Elysées pour défendre leur droit à étrangler des gens et à utiliser une force répressive démesurée contre la population. Cette désagréable manifestation a été soutenue par Marine Le Pen et par d’autres membres de son néfaste clan, qui ont profité de l’occasion pour exprimer des questionnements « plus à droite » contre le gouvernement Macron.
C’est à la lumière de ces événements que nous pouvons comprendre la provocation du groupuscule d’extrême droite Génération Identitaire, lors de la manifestation massive du samedi dernier. Dans un bâtiment en face de la place de la République, un petit groupe de moins de 10 personnes ont accédé au toît d’un bâtiment pour déployer une banderole avec le slogan « Justice pour les victimes du racisme anti-blanc. White lives matter ». Leur initiative a été un échec, non seulement à cause de leur incapacité à déployer correctement la banderole, mais par l’opposition qu’ils ont retrouvé.
D’abord, un voisin du bâtiment a déchiré la banderole, en élevant la signature de GI. Une action largement applaudie par les manifestants présents sur la place avec des slogans tels que : Descendez ! Siamo tutti antifascisti ! Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartiers pour les fachos ! ou encore Tout le monde déteste les fachos !
De plus, des jeunes antifascistes se sont organisés pour faire face au groupuscule. Et plus tard, Acrobate94, un YouTubeur de 28 ans connu pour ses acrobaties et ses figures à motocross, est monté le long de la façade du bâtiment pour terminer de retirer la banderole identitaire. Son action a été largement célébrée et plusieurs médias l’ont nommé « le héros » de la journée.
La démonstration de force de cette manifestation montre que nous sommes une énorme majorité qui veut en finir avec le racisme. Les questionnements actuels de l’expérience de vie de la population noire ont une potentialité profonde. Parce qu’ils peuvent permettre de dévoiler l’injustice provoquée par un régime politique et économique inégalitaire et violent contre les grandes majorités pour le bénéfice d’une minorité d’oppresseurs.
Chaque semaine depuis le début du dé-confinement, les chiffres de manifestants qui descendent dans les rues augmentent. À Paris, nous avons été témoins d’une grande marche des sans-papiers et de deux rassemblements massifs à l’appel du Comité Adama. Dans ce contexte, nous considérons la récente levée de l’interdiction des manifestations publiques comme une victoire de la mobilisation. Une victoire démocratique obtenue grâce à la détermination des masses qui ont défié l’interdiction légale pour ne pas se laisser intimider par les menaces et la répression du gouvernement Macron contre le droit de manifestation et de rassemblement.
Nous, les anti-racistes, sommes beaucoup plus nombreux que les violents et les fachos. Pour en finir avec la violence policière et le racisme d’Etat ! No pasaran !