Un mariage entre l’état et l’église catholique cible les femmes en Pologne

La semaine dernière,encore une fois, Varsovie s'est comblée de femmes et d’activistes féministes qui exigeaient un accès libre à l'interruption volontaire de la grossesse. Un des pays européens le plus régressif dans la matière, l’ambiance est à la colère et à la détermination.

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M. Solet – Flora B.

Ce dernier 22 octobre, le Tribunal constitutionnel a décidé d’interdire la pratique de l’IVG en cas de malformation du fœtus, ceci représente près du 97% des cas, soit presque la totalité des avortements. Il reste accessible encore juste en cas de viol et de danger de mort pour la femme.

 

C’est la politique du parti au pouvoir, Loi et Justice (PIS), en place depuis 2015. La loi qui date de 1993 a eu beaucoup d’amendements et les attaques avaient commencé déjà en 2016. Nous avons vu les parapluies noirs inonder les rues de Varsovie. L’année suivante lors de la réforme du système judiciaire, le parti officialiste s’est ouvert le contrôle le plus large de la structure jusqu’à un état de total cooptation.

 

La Pologne se dirige vers un état réactionnaire, dans la même ligne des nationalismes religieux comme Bolsonaro, contraires à liberté, aux critères de genre et en dénie permanent des enjeux démocratiques et climatiques, ni plus ni moins que les plus élémentaires et évidents.

 

Une mobilisation sans précédents depuis 1980

En juste raison, les femmes ces jours-ci, habillées comme dans la série dystopique « The Handmaid’s Tale », Le conte des servantes, ont exprimé leur colère contre l’église. La mobilisation appelé par l’organisation “Strajk Kobiet” “grève des femmes” ne s’est pas encore arrêté depuis l’annonce du tribunal. Pour cela, elles se sont dirigées directement au domicile du président du parti du gouvernement Jaroslaw Kaczynski, plusieurs ont été interpellées par la police pour les attaques aux représentants politiques et religieux.

Néanmoins, leur colère a déclenché une réaction massive en boule de neige. Un scénario qui rappelle les grandes manifestations des femmes du syndicat Solidarnosc en 1980, contre l’imposition de la loi marital et pour le droit au vote. De la même façon, il y a eu des émeutes d’envergure qui se sont enchaînées tout au long du territoire.

Dans les petits villages de province, y compris la ville siège du local du PIS à Gdansk, les manifestants ont été gazés.es et mis en détention. L’équipe de foot féminine polonaise a donc exprimé son soutien avec des actions dans les locaux du parti. Les paysans ont coupé les accès routiers en solidarité avec les femmes. Leurs consignes visent le PIS et l’église catholique dans sa grande majorité. Le 27 octobre, les étudiants se sont mobilisés à son tour. Le 28 octobre s’est annoncé une grève de femmes sur la consigne “nous ne travaillerons plus”. On a comptabilisé plus de 350 manifestations tout le long du territoire et plus de 400 mil le jour même de la grève.

Les 29 et 30 octobre les manifestations ont continué au sein des églises. Collectifs LGTBI, jeunes et collectifs des travailleurs.ses de tous horizons ont montré leur soutien massif à cette revendication. Un 64% de la population serait contre la modification constitutionnelle.

« ¡wypierdalać! » – Foutez le camp les anti-droits!

Néanmoins il ne faut pas regarder trop loin. Dans la République de Macron les femmes peinent à avoir leurs droits garantis comme il faut. La réduction constante des moyens, la précarisation violente des jeunes, les entraves pour allonger les délais d’IVG, l’exploitation des femmes au travail féminisé, les violences au foyer, la déferlante des féminicides ces dernières années, parmi d’autres attaques d’ordre institutionnel. Tout cela nous font constater la multitude d’obstacles encore présents pour avoir droit à nos corps dans ce XXI siècle en cours.

Comme il a exprimé auparavant le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki « le christianisme est le cœur de l’Europe», Son discours, prétend associer son gouvernement conservateur à la sympathie populaire auprès du syndicat Solidarnosc et à une certaine tradition « résistante » au stalinisme. Mais son ordre est progressiste-catholique (sous la figure de Jean Paul II), ne fait d’autre que renforcer en permanence les liens entre l’état et l’église dans une croisade contre les femmes.

Malgré cette situation, Kaczynski, figure du gouvernement est en perte de popularité, son discours pro église n’a plus d’effet car l’institution se trouve aussi en perte de légitimité avec les nombreuses accusations de pédophilie. En revanche, la lutte accumule une grand sympathie de côté des jeunes et des travailleurs

Nous voyons les états avancer dans ses intentions de contrôle de nos corps en nous disant comment s’habiller ou pas. En France, l’évocation malsaine des principes laïques sont instrumentalisés pour mieux nous “gérer” dans l’espace public. Particulièrement on vise les femmes en permanence, en nous en avons marre!

 

Une date d’honneur

Nous soutenons avec force les mouvement féministe polonais, car l’accès à nos corps c’est la base de notre émancipation. Il faut l’arracher des mains de l’église, du patriarcat et du capital. Il faut mener cette bataille partout dans le monde.

De tout cœur avec la vague des foulards verts, Las Rojas nous sommes pour construire un mouvement qui renverse cet ordre oppressif. Pour cela nous rendons toutes nos forces militantes, à côté de tous les secteurs de travailleurs en lutte et contre toute exploitation.
Nous y serons encore le prochaine date, le 25 novembre à Paris dans la rue, contre toutes ces violences faites aux femmes pour notre effectif émancipation.

 

Sources:
*Le Figaro 17 mai, tribune
*El Pais
*https://courrierdeuropecentrale.fr/solidarnosc-ouvrieres-et-meneuses-une-histoire-a-restaurer/
*https://vermelho.org.br/2017/12/13/direita-polonesa-aprova-pacote-de-leis-que-politizam-a-justica/
*https://www.hechoencalifornia1010.com/esto-es-la-guerra-polonia-se-inunda-de-manifestaciones-por-una-ley-que-restringe-los-abortos/

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