Mary Solet et Santiago Follet
Dans un contexte de crise économique, sanitaire et sociale aggravante, la course électorale est lancée pour les présidentielles 2022. Après des semaines d’un climat réactionnaire nauséabonde installé par les principaux médias, qui nous ont fatigué avec les discours haineux de Zemmour et compagnie, on entend enfin la voix d’un ouvrier qui fait irruption dans le débat public. Le buzz médiatique autour de la phrase de notre camarade Philippe Poutou “la police tue” (avec les intimidations du ministre Darmanin qui l’ont suivie) ouvre la possibilité de faire entendre un autre discours : celui de la lutte anticapitaliste et révolutionnaire.
La course électorale est lancée dans un contexte de crise économique, sanitaire et énergétique
Nous sommes évidemment rentrés depuis plusieurs semaines dans un contexte marqué par la course électorale des présidentielles 2022 où les capitalistes se voient dans l’urgence de choisir le candidat “le mieux placé” (comme dirait Le Pen) qui représentera leurs intérêts de classe dominante pour le prochain quinquennat. Pour ce faire, la première stratégie bourgeoise a été celle de faire apparaître le polémiste réactionnaire Eric Zemmour partout pour installer dans l’agenda publique tous les axes de campagne de l’extrême-droite : inmigration, islam, sécurité, etc.
De cette manière, les médias essayent d’imposer un climat nauséabond, islamophobe, raciste et réactionnaire pour semer la division dans notre classe, comme manière de divertir l’attention sur une situation sociale de plus en plus fragile.
L’une des problématiques centrales de la période actuelle est la baisse du pouvoir d’achat, notamment sous le constat que la vie devient de plus en plus chère. Dans ce cadre, le gouvernement Macron a effectué une récente revalorisation du SMIC qui se prétend comme une mesure palliative mais qui ne fait que mettre en évidence l’état de dégradation de la qualité de vie de la population.
D’autre part, le gaz et le carburant continuent à augmenter à la veille d’une nouvelle période hivernale. Encore une fois, le gouvernement essaie de mettre en place des dispositifs ridicules dont nous citons juste comme exemple le « chèque carburant ». Pour y accéder, il faut habiter à plus de 20 km de son lieu de travail et dans des zones peu desservies. Juste pour avoir une aide dérisoire de 20 euros !
Par ailleurs, au niveau sanitaire nous vivons un relatif contrôle de l’épidémie. Actuellement, les chiffres indiquent 60 mille cas dans les derniers 15 jours, une réduction généralisée des contaminations dues à la vaccination. Des chiffres instrumentalisés par le gouvernement pour réduire les moyens hospitaliers, supprimer des lits de réanimation et pour rendre payants les tests de dépistage.
«Oui, la police tue.»
L’intervention sans limite des forces de l’ordre dans la quotidienneté des français constitue une politique globale du gouvernement Macron contre les libertés démocratiques. La situation s’est beaucoup aggravée avec la pandémie. Actuellement, l’obligation du pass sanitaire pour assister à toute activité d’ordre public, les contrôles permanents dans les transports et les amendes sont à l’ordre du jour. Les restaurateurs, le personnel médical, les assistants d’éducation et d’autres sont devenus des contrôleurs de l’Etat à temps plein et responsables directs de la santé de la population.
Une situation qui remet en question l’intervention de l’État dans la vie des travailleurs et qui pose la question de la répression violente du gouvernement Macron. Dans ce contexte, l’apparition en France Info TV de Philippe Poutou, candidat aux présidentielles pour le NPA, a provoqué un énorme buzz médiatique autour de la question des violences policières démesurées :
«Oui la police tue. Steve [Maia Caniço, ndlr] à Nantes, à Marseille pendant les manifs des gilets jaunes une dame qui fermait ses volets [Zineb Redouane], Rémi Fraisse il y a quelques années, et puis je crois qu’il faudrait voir les chiffres précisément, mais dans les quartiers populaires, c’est une quinzaine de jeunes qui sont tués par la police annuellement. Donc oui, il y a une violence policière. La police tue. Elle a tué, elle tue. Après, on peut discuter assassinats, meurtres, accidents, bavures ou légitime défense. Là, il y a un niveau tel qu’on le sait, on le voit. Mais on le sait, on le voit, il y a assez de vidéos qui le montrent. Quand on est manifestant, on n’est pas protégé par la police, on est agressé, attaqué par la police. La police tue, mais la police surtout mutile. Combien de mains arrachées, de visages défigurés, de gens en garde à vue alors qu’ils n’ont rien fait. Il y a une véritable violence policière. Il y a une police qui peut tuer, parce qu’en fait elle est armée, surarmée, et elle est dangereuse.»
Une déclaration qui en a suscité une autre, du ministre de l’Intérieur, annonçant sur Twitter le dépôt d’une plainte : «Les propos de M. Poutou envers la police sont insultants et indignes d’un élu de la République. Au nom du ministère, et pour défendre l’honneur de tous les policiers, je dépose plainte.»
Bien évidemment, les déclarations de Philippe Poutou nous semblent totalement légitimes et raisonnables. Il est une évidence que l’Etat français et sa police tuent. Cette répression a un caractère raciste et de classe, car elle s’exerce contre les populations les plus défavorisées, contre les migrants, contre les noirs, contre les maghrébins et contre tous ceux qui relèvent la tête pour s’opposer à ce système politique injuste.
A l’heure actuelle, la question de la violence policière démesurée se pose à échelle internationale, alors que dans de nombreux pays le désarmement (ou encore l’abolition) de la police est discuté à large échelle. Notamment grâce à la rébellion anti-raciste aux Etats-Unis en 2020 initiée pour protester contre l’assassinat de George Floyd aux mains de la police raciste de Minesota. En France, les énormes mobilisations à l’appel du comité Adama ont suivi cette vague de manifestations contre les violences policières racistes. Oui, la police tue et Darmanin ne va pas nous empêcher de le dire à haute voix.
Avec Philippe Poutou pour construire une alternative politique anticapitaliste et révolutionnaire
Dans la situation actuelle, Socialisme ou Barbarie (courant du NPA) met tout son effort militant pour visibiliser et donner force à la perspective de la construction d’un parti qui défend les intérêts de travailleurs et de leurs luttes en cours. Dans un contexte de crise sociale généralisée et d’attaques permanentes de la part du gouvernement (chômage, licenciements, augmentation de prix, répression, etc.), des nombreux secteurs s’organisent pour mener la bataille contre la politique de Macron dans la rue. Dans ce sens, l’absence d’un véritable plan de bataille à la hauteur de ces attaques est la responsabilité des directions syndicales. Les syndicats jouent la carte de la démobilisation en appelant à des jours de grève isolée dont personne ne parle. Cette démobilisation est dangereuse non seulement par la nature des attaques du gouvernement, mais parce qu’elle laisse la porte ouverte à une extrême-droite qui cherche à occuper la scène publique.
Nous sommes conscients du danger que répresente l’avancée de la droite et de l’extrême-droite et nous voulons construire une riposte conséquante qui soit capable de mettre en avant la force des jeunes, des travailleurs, des femmes et des LGBTI qui se battent contre la discrimination, le racisme et les messures autericides de ce gouvernement.
La course électorale est déjà lancée. Les politiciens du système se battent pour voir qui est le plus réactionnaire, le plus raciste, le plus xénophobe. Dans ce contexte électoral, nous voulons dire tout le contraire, raison pour laquelle nous impulsons la candidature de notre camarade Philippe Poutou. Il est un ouvrier, un travailleur qui a su gagner la confiance et la sympathie de très larges secteurs, grâce à ses interventions toujours en défense de ceux d’en bas. Les travailleurs reconnaissent que Poutou est quelqu’un qui leur ressemble, un ouvrier anticapitaliste capable de faire irruption et défendre nos intérêts face à tous les grands candidats du système qui ne sont que des milliardeurs réactionnaires au service du grand capital.
Nous militons cette campagne avec tout notre enthousiasme, tout en sachant que la dispute dans le terrain électoral n’est jamais la voie la plus privilégiée par les révolutionnaires. Mais par contre, elle représente une opportunité pour mettre en avant les intérêts des travailleurs.ses et pour poser dans le débat politique les besoins les plus immédiats et stratégiques de notre classe. Il est nécessaire de franchir la limite des 500 signatures de maires pour pouvoir faire entendre une alternative anticapitaliste dans ces élections. Nous impulsons cette campagne dans tous les lieux de travail et d’étude où nous militons au quotidien. Nous invitons toutes et à tous à participer à cette campagne anticapitaliste et militante. Le meeting parisien du jeudi 21 octobre à la Bellevilloise sera une grande occasion pour impulser cette politique. Avec Philippe Poutou et tous les porte-paroles du NPA pour construire une alternative anticapitaliste et révolutionnaire.