Par Marie Solet
Le projet de loi qui propose la cdisation des AED (au bout de 6 ans) et AESH (au bout de 3 ans) a été finalement adopté par l’Assemblée Nationale le 20 janvier 2020. Il s’agit sans doute d’une victoire de l’organisation de basse menée par les différents collectifs nationaux qui s’organisent depuis plus de deux ans contre la politique éducative austericide.
Déposé par Michèle Victory (PS), le projet de loi a été mis en avant dans un contexte très marqué par la conjoncture électorale mais qui a finalement joué en faveur des travailleurs précaires de l’éducation nationale.
Essentiels mais invisibles: au travail et dans les luttes
Suite à la grève historique des enseignants du 13 janvier, l’intersyndicale a lancé une nouvelle date pour ce jeudi 20. Or, cette date avait été initialement prévue pour la grève des AED par la Coordination Nationale des Collectifs des AED (CNCA), comme les collectifs l’expliquent dans le communiqué ci-dessous :
D’après les chiffres des syndicats, le taux de grévistes en vie scolaire pour le jeudi 13 dernier s’élève à 80%. Cela démontre à quel point notre profession est dépendante des opportunités de grève d’autres secteurs de l’éducation nationale. En effet, la plupart des collègues ont pu se mettre en grève car celle-ci était également suivie par les CPE, les professeurs et le personnel administratif. Cette dynamique explique en partie pourquoi les mobilisations précédentes organisées par la CNCA n’ont pas rencontré le même succès.
Bien qu’il existe une pression permanente pour les collectifs des AED de la part des directions syndicales, la CNCA, a toujours eu le bon réflexe de garder son indépendance. En tant qu’organisme autonome de travailleurs, la CNCA a dû faire appel aux syndicats pour redémarrer une dynamique en grand parti boycottée ou invisibilisée par ces derniers.
Aujourd’hui le résultat d’adoption de la loi de cdisation au bout de 6 ans pour les AED et de 3 ans pour les AESH constitue une énorme victoire la lutte que les collectifs mènent depuis sa création en 2019 et constitue une grande victoire du mouvement.
Blanquer contre les cordes
Les permanences scolaires explosent en même temps que les cas de contamination au Covid 19. Le traitement d’informations personnelles concernant le schéma vaccinal des élèves s’ajoute aux tâches de flicage et de ségrégation que veut imposer le gouvernement aux citoyens dès leur plus jeune âge dans les écoles.
Nous avons déjà expliqué dans un article précédent les conséquences désastreuses du « protocole de la galère » que Blanquer a annoncé (depuis Ibiza) pour la rentrée des vacances de noël et ça continue. Même après la mobilisation historique des enseignants le 13 janvier dernier, la situation n’a pas du tout évolué en ce qui concerne le chaos scolaire lié à la gestion du covid.
Les assistants d’éducation, ainsi que les personnels d’accompagnement éducatif, sont la cible de toutes les magouilles organisationnelles que les chefs d’établissements doivent mettre en place. La vie scolaire est devenue une véritable « centrale COVID » dans les écoles, comme s’il n’y avait rien d’autre à faire. Les tâches de surveillance prennent de plus en plus la place sur les missions pédagogiques et d’accompagnement, qui correspondent à nos postes. En effet, les AED ne peuvent plus s’occuper de la gestion des absences, de l’aide aux devoirs, de l’organisation d’activités qui permettraient de lutter contre le climat anxiogène de la pandémie. Nous sommes au contraire réquisitionnés pour enquêter sur les familles pour savoir si leurs enfants sont vaccinés ou pas et leur indiquer ainsi un protocole peu cohérent. Les informations entre la sécurité sociale et les services d’infirmerie plongent le personnel de vie scolaire dans un sorte de boucle de suivi individualisé pour chaque cas, ce qui n’est ni logique ni applicable.
Le constat de cette situation a été l’élément déclencheur qui a fait déborder la colère des enseignants jeudi dernier, mais également celle de tout le personnel éducatif, et qui a fait l’unanimité dans les rues au cri de « Blanquer démission ! »
Alors que les annonces du ministère promettaient un recrutement de personnel, nous nous sommes retrouvés à la place avec une provision financière nous permettant d’effectuer des heures supplémentaires, afin de couvrir les heures des enseignants malades ou cas contacts. Il faut rappeler que la demande d’embauche massive est une revendication que nous portons depuis bien avant l’explosion de la situation sanitaire.
Ces heures, qui sont censées être des suppléances de personnel absent, peuvent représenter une journée entière sans être comptabilisées comme du temps de travail hors dans nos missions habituelles.
La bataille appartient au mouvement
Les précaires de l’Education nationale ne mettent pas tous leurs espoirs derrière l’adoption de cette loi, mais plutôt sur l’organisation. En effet, c’est à travers la construction de collectifs indépendants que l’on peut générer un mouvement national fort. Afin de dynamiser l’impact des actions communes en coordination avec les autres vies scolaires du pays, la création d’un collectif en IDF est essentielle dans la conjoncture de la lutte nationale. C’est pour cela que nous vous invitons à rejoindre le Collectif Vie Scolaire en Colère en IDF, un collectif qui regroupe les AP, les AESH, les AED et les précaires de l’Éducation Nationale d’Île-de-France, contre les protocoles inapplicables du ministre Blanquer et la politique néfaste de précarisation du personnel éducatif qu’applique actuellement le gouvernement et que n’importe quel successeur viendra renforcer.
Les travailleurs, les enseignants et les précaires de l’éducation nationale en particulier ont besoin d’une alternative électorale qui puisse mettre en avant la question du salaire, la défense du système public éducatif, de la santé et non pas de nouvelles variantes de la droite qui représentent un risque aussi dangereux que le virus.
En effet, c’est le virus capitaliste qu’il faut virer en renvoyant Blanquer et Macron.