Après la grève RATP du 18 février, la perspective d’une grève illimitée le 25 mars ?

Ce vendredi 18 février 2022 l’intersyndicale RATP, comprenant la CGT, Solidaires, FO, l’UNSA, CFE Ratp et La Base, ont appelé à une grève dans le réseau parisien pour revendiquer une hausse des salaires.

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CORRECTION / Commuters stand in a platform at Saint-Lazare subway station on the 34th day of a strike of French state rail company SNCF and Paris public transports operator RATP employees over the French government's plan to overhaul the country's retirement system, as part of a nation-wide movement, on January 7, 2020, in Paris. (Photo by BERTRAND GUAY / AFP) / The erroneous mention appearing in the metadata of this photo by BERTRAND GUAY has been modified in AFP systems in the following manner: [on the 34th day of a strike] instead of [on the 33rd day of a strike]. Please immediately remove the erroneous mention from all your online services and delete it from your servers. If you have been authorized by AFP to distribute it to third parties, please ensure that the same actions are carried out by them. Failure to promptly comply with these instructions will entail liability on your part for any continued or post notification usage. Therefore we thank you very much for all your attention and prompt action. We are sorry for the inconvenience this notification may cause and remain at your disposal for any further information you may require.

Oscar Costica

 

« 8 euros par mois, ça ne nous fait même pas un grec. »

Une réunion entre les syndicats et la direction de la RATP, qui n’a débouché sur aucune entente, a eu lieu au début de la semaine dernière, conduisant à un mouvement de grève dans les transports ce vendredi 18 février. La direction se targuait de reverser 2,7 % des bénéfices de la firme aux salariés dont, en réalité, 2,3 % étaient réservés à des mesures catégorielles ou liés à l’avancement et à l’ancienneté, ce qui ne laissait presque rien à reverser pour l’écrasante majorité des travailleurs.ses.

Dans un communiqué commun les syndicats cités ont dénoncé cette augmentation dérisoire, qui représente donc en réalité 0,4 %, soit 7 millions d’euros sur les 200 millions d’euros engendrés sur l’année 2021. Ce chiffre paraît d’autant plus ridicule que le coût de la vie ne fait qu’augmenter ces dernières années, que ce soit par la hausse des prix du carburant, celle des produits de première nécessité ou celle des charges, alors que les salaires, eux, stagnent depuis une décennie.

Sur BFMTV un militant de FO-RATP s’exprimait ainsi : « Vous êtes en train de vous foutre de notre gueule en nous donnant 0,4 %. 8 euros par mois, ça ne nous fait même pas un grec. »

 

Les bénéfices confortables de la direction

Comme le souligne le communiqué syndical, les bénéfices de la RATP depuis 2015 s’évaluent à 1 milliard d’euros, dont 200 millions rien que pour l’année 2021. Or, en 2019, le PDG de la RATP augmentait son salaire de 50.000 €, soit 12,5 % de son salaire fixe annuel qui est passé 300 000 à 350 000 euros. Jean-Baptiste Djebbari, alors secrétaire d’État aux Transports, avait défendu la direction au motif que « la rémunération de la PDG de la RATP est totalement publique et colle à ce qui se pratique dans les entreprises publiques d’une manière générale ». Ce n’est pas tout : entre 2018 et 2020, selon un bilan social RATP, les salaires des 10 dirigeants les plus élevés  ont progressé de 230 000 €, soit +10,5 %.

Que penser, dans ces conditions, des promessesses de cette direction d’engager « plus de 100 millions d’euros » pour les salariés en 2022 ? Et bien qu’il ne faut rien attendre ni du patronat, ni de l’État.

 

Une journée de grève combative à la RATP

De leur côté, les syndicats demandent une augmentation de 3 % (10 % pour Solidaires) sur les 3 prochaines années pour l’ensemble des postes. C’est pourquoi, après ces échanges, ils ont décidé d’entamer un mouvement de grève, également suivit par des agents de la SNCF, le jour de la réunion pour les négociations annuelles obligatoires (NAO) à Fontenay-Sous-Bois, vendredi 18 février dernier. Les locaux ont été envahis par des grévistes, tandis que huit lignes de métro étaient entièrement fermées avec un fort taux de grève sur la partie RATP des RER A et B. Des piquets de grèves ont été tenu dès le matin dans une ambiance qui faisaient écho au mouvement de 2019.

 

L’ouverture à la concurrence

Suivant une directive de l’Union Européenne, l’ouverture à la concurrence des lignes franciliennes a été approuvé par la région. Le CA d’Ile-de-France Mobilités, dirigé par Valérie Pécresse, a donné son accord pour lancer les appels d’offre sur les bus parisiens et de la petite couronne à partir de 2025, à leur tour mis en concurrence, qui se verront divisés en 12 lots. Les métros et les RER, eux, seront affectés dès 2040. Cela s’accompagnera, bien sûr, de conséquences en tout genre, à la fois sur les salariés et les usagers. Déjà les opérateurs ont commencé à imposer des réorganisations, ce qui a notamment conduit à des grèves en Seine-et-Marne. Certains trafics sont déjà affectés par les manques d’effectifs, faute de trouver des salariés disposés à travailler dans ces conditions fastidieuses.

Cela veut dire qu’en plus des réorganisations, de la répression syndicale, et des salaires insuffisants, les salariés seront bientôt exposés à la concurrence des différentes firmes qui chercheront certainement des voies pour modifier encore à la baisse leurs conditions de travail et gagner en marges. Et rien n’assure, pour les usagers, que les prix resteront stables ou que la qualité des services sera améliorée, bien au contraire : la multiplicité des entreprises a de fortes chances d’engendrer des problèmes de logistique en cas, par exemple, d’incident sur les lignes, et la course à la rentabilité risque de se faire au détriment du prix des tickets, des salaires ou de l’entretient même des voies.

 

Quelles suites ?

A l’instar de 2018, lors de la lutte contre la privatisation du ferroviaire, ou de 2019/2020 lors du mouvement de grève massif contre la réforme des retraites, où les travailleurs de la RATP et de la SNCF ont reçu l’appui de nombreux secteurs tels que l’éducation, il est nécessaire de soutenir les grévistes pour qu’ils puissent imposer le rapport de force pour l’augmentation des salaires.

Cette revendication, qu’il faut arracher des mains du patronat, dépend de la force des travailleurs à prendre eux-mêmes en main leurs intérêts, une habitude qui se développe de plus en plus dans le milieu ouvrier ces dernières années par la tenue notamment d’assemblées générales décisionnaires sur les piquets.

A l’issue de la NAO de ce vendredi 18 février, la RATP a clairement énoncé que « les négociations annuelles obligatoires sont désormais terminées et que la direction met en œuvre […] l’augmentation de 2,7 % des rémunérations en moyenne pour l’année 2022.

La majorité des syndicats, dont FO, Solidaires, l’UNSA, la CFE-CGC, La Base, à l’exception de la CGT pour l’instant, appelle à une deuxième journée de grève le 25 mars, qui s’annonce illimité d’après l’intersyndicale sur l’ensemble du réseau, métro et bus.

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