Répression contre les candidat.e.s anticapitalistes et les militant.e.s antifascistes à l’aube des présidentielles

Alors que les débats présidentiels approchent, marqué par une sur-représentation des candidatures de droite qui n’ont eu de cesse de pleurer sur « la difficulté » de trouver les parrainages, les militants et portes-paroles des partis ouvriers et les organisations anticapitalistes connaissent la répression institutionnelle… et physique.

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Oscar Costica

 

En octobre dernier déjà la campagne « anti-partis ouvriers » avait commencé. Gérald Darmanin avait alors porté plainte contre Philippe Poutou, candidat du NPA, pour avoir osé dire sur le plateau de FranceTV Info que « la police tue ». Des propos alors insoutenables pour le ministre de l’intérieur qui nie, bien sûr, toute violence de l’État dans les quartiers populaires ou dans les manifestations, ainsi que tout racisme dans les institutions policières et judiciaires. Les cas d’Adama, de Shaoyao Liu, de Zineb Redouane, de Gaye Camara ou de Ibo sont pourtant des exemples déchirants de ces injustices systémiques dont les responsables, tous membres des forces de l’ordre, sont couverts par les pouvoirs publics.

«Il y a des violences policières mais pas que, il y a une violence d’État qui est politique. Il y a une invisibilisation de tout ça et dès qu’on essaie de le montrer on nous attaque au tribunal» Poutou, France Inter, novembre 2021.

 

Or, après avoir fait le coq sans suites contre le candidat du NPA, les institutions se sont dirigées récemment contre Anasse Kazib, alors que des membres de l’extrême droite avaient menacé de perturber un meeting de campagne à la Sorbonne par des intimidations et des écrits racistes sur ses affiches. Un rassemblement de soutien avait eu lieu dans l’urgence, suite à quoi l’ex-candidat n’a pas tardé à être convoqué deux fois, dont le 18 mai prochain, pour avoir soit-disant organisé un groupement illégal devant l’université parisienne.

Ce n’est pas un fait nouveau : la prétendue justice est rapidement utilisée comme une arme par la bourgeoisie contre celles et ceux qui dénoncent l’exploitation capitaliste et les violences de l’Etat. Il est certainement plus rare, en revanche, de voir des ministres ou des militants racistes se précipiter pour défendre les salariés aux Prud’hommes ou soutenir les piquets des grève des travailleurs.ses.

Bien au contraire, lorsque l’extrême droite menace, l’État se prélasse : le 23 février dernier, alors qu’ils tractaient devant un lycée à Rennes, trois militants de Lutte Ouvrière ont été agressés par des membres de l’extrême-droite décidés à les faire taire. Une camarade raconte dans le journal Ouest France qu’« ils  avaient des masques noirs sur le visage et dessus il y avait une croix de Lorraine », se revendiquant de Zemmour et pour la « purification » de la France. Après avoir tenté d’arracher les tracts, une des trois racailles a assené un coup de poing dans le visage d’un des militants, lui fracturant la pommette, ce qui lui a entraîné la prescription d’un arrêt de travail de 7 jours. « Visiblement prévenus » de la présence des militants communistes, les agresseurs étaient donc venus exprès en voiture pour les empêcher de faire la campagne pour Nathalie Artaud.

Encore plus loin : dans la même ville, le même jour sous le coup de 18h, alors que se tenait une conférence où intervenaient des organisations comme la Jeune Garde, dont le leader avait été attaqué en septembre dernier, une vingtaines de membres d’une organisation d’extrême droite ont tenté de s’en prendre au service d’ordre et aux personnes présentes, avant d’être  rapidement repoussés.

Mais qu’est-il advenu de ces agresseurs ? Étrangement ils ont tendance à disparaître et leurs actes ne suscitent pas vraiment l’émoi des politiques. Et à bien y regarder, on peut souvent les apercevoir à l’abri des voitures de police, priant Saint Benalla qu’elle sera toujours là pour les protéger. Partis ouvriers, organisations anarchistes, militants syndicaux et partisans… les institutions ont, de façon crescendo ces dernières années, l’oeil sur les perturbateurs du système, et la droite s’en sent un peu plus décomplexée.

L’État a même, dans le même sens, entamé une offensive sur la liberté de la presse : Nantes révoltée, un réseau d’information particulièrement actif contre les violences policières, s’est vu engagé dès le début de cette année une procédure de dissolution par Gérald Darmanin, décidément déterminé à mater du militant pour mieux cacher ses affaires de chantage sexuel.

Face aux intimidations, et au vu du contexte politique international inquiétant où Macron tente de faire croire que l’intérêt des travailleurs serait de soutenir l’impérialisme national face aux autres impérialismes, il est nécessaire d’être solidaire face à toutes les tentatives de museler la parole de ceux qui se dressent contre l’exploitation et le système capitaliste. Les programmes des différents candidats bourgeois des élections de 2022, des libéraux jusqu’à l’extrême droite, ont avant tout la même obsession de la sécurité pour une meilleure mise au pas des plus précaires, comme cela s’est illustré par les mesures salariales et sociales de plus en plus restrictives de ces dernières années sur fond de xénophobie et d’islamophobie, qu’ils ont tous plus ou moins soutenues, dans lesquelles ils ont tous plus ou moins participé à la mise en place.

Avec la candidature de Philippe Poutou aux élections présidentielles, ouvrier, militant anti-impérialiste, anti-raciste et féministe, nous défendrons, à l’opposé, les perspectives d’une vraie justice sociale basée notamment sur une répartition des richesses équitable et la dissolution de la police, bras armé de l’État et instrument de répression contre les classes précaires.

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