Manifestation dynamique contre l’extrême droite à l’approche des présidentielles

Ce dimanche 3 avril a eu lieu une manifestation contre l'extrême-droite pour lutter contre la multiplication "des discours haineux, racistes, islamophobes, antisémites, sexistes et lgbtiphobes" à l'approche des présidentielles.

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A mi-temps entre le premier tour des présidentielles et le meeting de Zemmour une manifestation contre l’extrême-droite a eu lieu dans Paris, place de la République, à l’appel de Solidaires, de la CGT et de la FSU, du NPA, de la Jeune Garde, ainsi que d’autres collectifs, associations et organisations de toutes tendances politiques de gauche. L’initiative, qui a lieu chaque année depuis 2014, avait également pour objectif d’affirmer une contestation collective face à l’ambiance sinistre des présidentielles, qui a de fortes chances de voir deux candidats de droite imposer les débats sur la casse des acquis sociaux et sur les politiques xénophobes.

 

Zemmour, Le Pen, Pécresse, Macron… 4 nuances réactionnaires

Bien que leurs programmes divergent sur de nombreux points il y a des thèmes qui ne cessent de rassembler, de la droite à l’extrême-droite : l’immigration, les musulmans, l’insécurité. Le quinquennat Macron a créé un certain consensus chez les réactionnaires autour de la répression, que ce soit par les démantèlements violents des campements de réfugiés, l’adoption de lois liberticides comme la loi Asile-Immigration ou l’augmentation des violences policières dans les quartiers populaires et dans les manifestations. Par la bouche de Darmanin les ultra-libéraux remarquaient même publiquement, l’année passée, que les mesures anti-immigration et sécuritaires de Marine Le Pen étaient trop « molles » pour qu’elle puisse convaincre sur les plates-bandes de LREM.

Ainsi, pour redorer l’extrême-droite, c’est depuis quelques mois Zemmour qui a pris le relai des discours les plus trashs, divisant la famille Le Pen au point que la nièce Marion Maréchal préfère se ranger derrière lui que de se dissoudre dans la version light du conservatisme. Et en effet Marine Le Pen a certaines difficultés à attirer autour d’elle, notamment les classes populaires auxquelles elle ne promet rien de cohérent si l’on compare avec 2017, et ce d’autant plus car certaines réformes finissent par s’inspirer un peu trop des propositions des républicains, faute de miser sur la haine de l’islam et des étrangers. D’autre part ce qui inquiète les soutiens de l’extrême droite c’est avant tout le degré avec lequel le cadre étatique va pouvoir sauvegarder leur patrimoine et leurs capitaux, et évidemment comment il peut servir à resserrer l’étau sur les acquis sociaux pour mieux rentabiliser les marges de leurs propres business. Ce qui sert d’épouvantail pour soit-disant redresser l’économie reste de ce fait l’éternel axe anti-immigration, sur lequel l’extrême droite et les républicains ne cessent de surenchérir, et ce au détriment, bien sûr, de vraies mesures pour l’ensemble des classes travailleuses.

Et pour alimenter d’avantage les tensions Valérie Pécresse n’a pas voulu rester en manque, en promouvant elle aussi les confusions autour des musulmans :  pendant une déambulation du parti républicain cette semaine à Roubaix elle a dénoncé, sans aucun respect pour la gérante, une « librairie islamiste » devant laquelle elle s’est arrêtée devant les caméras pour en promettre la fermeture en cas de réélection. La gérante de la boutique, une femme voilée qui avait déjà été dénigrée dans les médias pour la mise en vente des poupées sans visages, s’est défendue en présentant, pour Mediapart, le contenu de son étal : quelques produits de soin, des vêtements et des livres religieux, en bref un commerce parfaitement conforme. Elle a malheureusement eu l’audace de fermer les volets de sa boutique pour se protéger du coup de communication de la candidate de droite, ce qui lui a valu d’être qualifiée d' »islamiste », un insulte de plus non seulement contre la personne concernée mais aussi envers tous les pratiquants amalgamés au terrorisme.

Les discours racistes, qui bénéficient des relais télévisuels et médiatiques, sont avant tout destinés à diviser la population en alimentant des préjugés entre les travailleurs pour mieux faire passer la pilule des réformes anti-sociales qui elles, en revanche, concerneront tout le monde, sans distinction. Ainsi, pour mieux faire oublier la retraite à 65 ans, la privatisation des universités ou le conditionnement du RSA à des heures de travail, de Macron à Zemmour la tête du calendrier est uniformément la « sécurité » face à un ennemi interne invisible… et sans concessions pour la santé et  la vie des salariées, des chômeurs, des sans papiers, des retraités, des femmes ou de la jeunesse.

 

Nouvelle attaque contre une organisation anti-fasciste

Après la menace contre le journal en ligne Nantes Révoltée c’est au tour de l’organisation Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE) d’être visée par une procédure de dissolution. Cette décision est la conséquence de la loi Séparatisme adoptée l’été 2021 qui visait à donner les prérogatives suffisantes à l’état pour dissoudre les organisations politiques qui dérangent le le parti au pouvoir. C’est, de ce fait, une façon de plus de discréditer les luttes sociales en faveur des idées et des groupes d’extrême-droite, dont certains représentants ne manquent pas d’afficher leur attachement à l’idéologie nazie de façon largement tolérée.

Il est important de le souligner, car certains discours tendent à mettre sur un pieds d’égalité les mesures de Darmanin visant à dissoudre Les Zouaves, un groupuscule identitaire, et celles portées contre les organisations antifascistes. Il n’y absolument rien à comparer : d’un côté des militants luttent pour la garantie de conditions de vie dignes qu’elle que soit la nationalité, de l’autre ces groupuscules réactionnaires frappent des anti-racistes en encourageant des chasses-à-l’homme aux frontières contre les exilées. Cette confusion tend avant tout à ancrer Macron comme le candidat du « juste-milieu » auprès de ceux qui peuvent encore y croire, en le faisant passer pour le roi de l’ordre face aux adversaires qui agissent sur le terrain extra-parlementaire. Mais personne ne s’y trompe longtemps, et comme le note l’avocat du GALE pour France 3 Auvergne-Rhône-Alpes : « A quelques jours des élections qui vont se jouer à droite, voire à l’extrême droite, cette dissolution est hautement symbolique, c’est simplement l’occasion de donner satisfaction à une partie de l’électorat. »

 

Contre les discours racistes et les lois liberticides, utilisés pour mettre au pas les travailleurs, le courant du NPA Socialisme ou Barbarie était présent aujourd’hui et soutien à la candidature de Philippe Poutou aux présidentielles, candidat ouvrier qui défend activement l’abolition des frontières et la répartition équitable des richesses et du travail. Philippe Poutou a participé à la manifestation parisienne au sein d’un grand cortège du NPA  avec des centaines de militants mobilisés.

Pour découvrir le programme : https://poutou2022.org/node/348

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