Depuis le 16 septembre, la situation en Iran est en ébullition suite au meurtre d’une jeune femme kurde, Mahsa Amini, arrêtée et torturée à Téhéran par la « police des mœurs » pour ne pas avoir porté correctement son voile et ne pas avoir respecté le code vestimentaire islamique.
Face aux nombreuses manifestations qui se répètent chaque nuit dans la quasi-totalité des 31 provinces iraniennes, le président Ebrahim Raisi a déclaré que les forces répressives « agiront fermement contre ceux qui menacent la sécurité du pays », contre les « ennemis de la République islamique d’Iran ».
Au même temps, un haut commandant de la police iranienne a dit qu’il allait se servir « de toutes ses forces » contre les manifestants, tandis que le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a annoncé que les personnes arrêtées en tant “qu’instigateurs de troubles » étaient exclues de toute « clémence ».
Le scénario montre comment toutes les institutions du régime théocratique iranien tentent d’étouffer la colère populaire par des menaces sévères et des mesures draconiennes. Malgré la fermeture générale de l’internet imposée par le gouvernement, les manifestants ont réussi à diffuser des vidéos montrant des policiers anti-émeutes criant « n’ayez pas pitié des manifestants et tirez sur eux ».
Iran Human Rights et les Nations unies ont déclaré que six femmes et quatre enfants figuraient parmi les personnes tuées par les forces de sécurité iraniennes, et que de nombreux certificats de décès prouvent que les manifestants ont été abattus avec des tirs à balles réelles.
« Ils ont mis au moins 60 femmes dans une petite pièce. Ils ont dit que nous ne pouvions pas utiliser les toilettes et que si nous avions faim, nous pouvions manger nos excréments. Lorsque nous avons crié et protesté à l’intérieur de la pièce, ils ont commencé à nous menacer en nous disant que si nous ne nous taisions pas, ils nous violeraient. »
Voici le temognaige d’une femme emprisonee; la crudité bestiale des actions d’un régime profondément patriarcal est exposée. Le législateur Mahmoud Navabian a qualifié les femmes qui manifestent de « prostituées » et de coupables d' »impures » qui doivent être « lavées ».
Cependant, la détermination et le courage du peuple iranien, avec les femmes et les jeunes étudiants en tête, continuent d’inonder les rues, prêts à affronter la brutalité de la police et à remettre en question tout un régime.
Dimanche dernier, l’un des principaux syndicats d’enseignants d’Iran a appelé à une grève nationale, la première du genre dans le pays. Les grèves des travailleurs sont importantes en Iran car elles rappellent la révolution de 1979, lorsqu’une vague de mécontentement ouvrier et populaire avait renversé l’ancien monarque perse.
La rébellion se poursuit, avec des milliers de femmes qui brûlent leur voile en signe de protestation, des étudiants qui occupent des centres universitaires et des travailleurs qui soutiennent le conflit. La révolte remet en question les 43 ans de République islamique avec des slogans scandant « à bas la République islamique » ou « mort au dictateur ».
La réponse répressive sans précédent des dirigeants islamiques révèle le degré de menace qu’ils ressentent face à la détermination d’un peuple qui lutte pour la dissolution de la sombre « police des mœurs » et pour le droit à l’autodétermination des femmes. Des demandes sont formulées pour la chute même de tout un système politique autoritaire.
Les protestations de colère ont trouvé un écho international avec des manifestations de solidarité avec le peuple iranien aux États-Unis, au Canada, en Europe et dans certaines régions du Moyen-Orient, comme la ville syrienne à prédominance kurde de Qamishli, où des milliers de femmes sont également descendues dans la rue.