Poutine enrôle de force manifestants, minorités ethniques et ouvriers

Le gouvernement russe s’enlise dans la guerre en Ukraine et a lancé le 21 septembre la première mobilisation partielle de sa population depuis la Seconde Guerre mondiale. Loin de s’en tenir à 300 000 réservistes comme annoncé, Poutine contraints des hommes des minorités ethniques, des militants interpellés ou encore des ouvriers de la mine à partir au front.

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Les manifestations anti-guerre ont repris du service alors que Poutine a annoncé la mobilisation de nouveaux soldats. Les appelés qui refusent de combattre contre les ukrainiens sont menacés de dix ans de prison. Les Russes mobilisables qui le peuvent fuient à l’étranger où se déplacent dans le pays de façon à échapper à la conscription. Mais les autorités russes semblent cibler des groupes des régions où les habitants ne comptent pas aux yeux de l’Etat, et qui n’ont pas de possibilités de se soustraire à l’armée.

 

Guerre et prison

D’après Novaïa Gazeta, un journal russe, l’ordre de mobilisation autoriserait l’armée russe à enrôler un million de soldats. Le 21 septembre des manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes, à Moscou, Saint-Petersbourg, à Tomsk en Sibérie, à Ekaterinbourg etc. 1 400 manifestant.e.s auraient été arrêté.e.s. ce jour-là. L’Agence France-Presse a pu joindre un étudiant forcé d’aller combattre suite à son interpellation dans une manifestation contre la guerre. D’autres témoignages corroborent cette version selon laquelle les hommes embarqués en garde-à-vue dans les cortèges se voient contraints d’aller au front où d’être jetés en prison.

 

Peuples opprimés au front

Comme dans toutes guerres impérialistes, les peuples dominés sont envoyés à la boucherie. Victimes de xénophobie en temps de paix, les minorités ethniques sont maintenant exhortées par les autorités russes de prendre les armes pour les intérêts du Kremlin. Ainsi les populations musulmanes sont visées par l’enrôlement militaire comme les autochtones de la Bouriatie, région pauvre de la Sibérie proche de la Mongolie, du Daghestan dans le Caucase, de Touva, de la Kalmoukie.

Ces peuples ont déjà payé un lourd tribu avec cette guerre. Les Bouriates enrôlés ont été envoyé en première ligne dès le début du conflit, comme l’a confié l’ONG Bouriatie Libre à FranceInfo. Le collectif Free Buryatia tente d’organiser la résistance au Kremlin et déclare sur son site : « Nous – Bouriates du monde entier, attachés aux valeurs d’humanisme et de démocratie – unis pour rendre la Bouriatie libre et prospère. Nous nous opposons au racisme dans toute manifestation et considérons la guerre avec l’Ukraine comme xénophobe ».

La Russie promet aussi depuis le 24 septembre de donner la nationalité russe en un an aux travailleurs pauvres étrangers s’ils s’engagent. Cette mesure vise les Kazakhs, Kirghizes, Ouzbèkes et Tadjiks qui ont perdu leurs emplois depuis le déclenchement de la guerre.

 

Chair à patron ou chair à canon, c’est toujours non !

Les ouvriers d’une mine de charbon ont été recensés à la sortie du travail pour partir à la guerre. Les directeurs des usines en Bouriatie reçoivent des quotas de travailleurs à fournir à l’armée russe. Comme si les ouvriers étaient à disposition de l’économie russe pour passer du statut de chair à patron à chair à canon ! A Oulan-Oudé près de la frontière mongole, les étudiants sont même ramassés par l’armée pendant leur cours comme en témoigne une vidéo sur Telegram. Pour brûler les registres et enrailler l’enrôlement, des sabotages sont mis en œuvre par les opposants à la guerre. Ils ont mis le feu à des bureaux de recrutement dans la grande ville centrale de Nijni-Novgorod et à Saint-Pétersbourg, ils appellent à le faire partout.

Les travailleurs et les étudiants ont tout à perdre dans le patriotisme. Solidarité aux déserteurs, saboteurs et militants qui se dressent contre la guerre ! Soutenons celles et ceux qui s’élèvent contre l’impérialisme de leur pays. Etats et patrons n’ont pas à décider de notre sort. Nos vies valent plus que leurs conflits !

 

Sources :

Moscou tente d’enrôler les travailleurs immigrés pour le front ukrainien. Le Monde, Emmanuel Grynszpan , 23 septembre 2022

Guerre en Ukraine: en Russie, des réservistes la peur au fusil. Veronika Dorman et Paul Gogo, correspondant à Moscou de Libération. publié le 22 septembre 2022

Guerre en Ukraine : qui sont les Bouriates, ces soldats « chair à canon » venus de Sibérie, enrôlés de force dans l’armée russe ? 30/07/2022

Coffins in Buryatia: Ukraine invasion takes toll on Russia’s remote regions. The Guardian

Courrier International

4 Free Russia

Guerre en Ukraine : des Tatars de Crimée aux opposants politiques, la mobilisation russe ne frappe pas au hasard 

Guerre en Ukraine : la Chine appelle la Russie et l’Ukraine à ne pas laisser le conflit « déborder » Paolo Philippe et Pierre Godon – France Télévisions – 24/09/2022

Laurent Geslin et Mathilde Goanec, 23 septembre 2022

Meduza https://meduza.io/en/feature/2022/9/22/everyone-knew-it-was-coming ovd.news (en russe), relayé par Memorial France https://freeburyatia.org/

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