Affaire Quatennens : les limites des réponses institutionnelles à la violence structurelle

Des élements d'analyse sur l'affaire d'un agresseur qui s'en sort bien dans le système.

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La semaine dernière, après 3 mois de silence de sa part, Adrien Quatennens est de retour dans la presse. Il n’est pas seulement réapparu suite aux avancées de la procédure contre lui; cette fois-ci c’est Quatennens qui a décidé de prendre la parole publiquement. Le député de LFI a reconnu sa culpabilité sur certains faits de violence conjugale. De cette façon, il a réussi à obtenir une diminution de la peine, par rapport à celle que le procureur de la République à Lille aurait pu démander en contradictoire.

Il y a quelques semaines, Céline Quatennens avait déjà dénoncé des années des violences subies de la part de son ex-compagnon. Le député n’a jamais voulu se séparer, toujours mettant de la pression sur sa femme pour rester ensemble. A l’époque, quand il y a eu des rumeurs de sa réincorporation au travail parlementaire, Céline Quatennens s’est vue contrainte de rendre publique encore une fois sa version des faits, à cause de ce qu’elle voyait comme de la minimisation de la violence qu’elle avait vécue.

Il s’agit d’une discussion qui ne fait pas accord au sein de La France Insoumise. Certaines de ses figures publiques se sont manifestées ouvertement contre le retour du Monsieur condamné pour des faits de violence envers son ex-compagne. Le problème ne sont pas les prises de paroles exceptionnelles qui s’expriment contre lui, mais plutôt les forts soutiens institutionnels et partisans qui reçoit Quatennens au sein de LFI. Particulièrement, celui de Jean-Luc Mélenchon, qui était prêt à devenir Premier ministre de Macron par le vote populaire, mais qui n’est pas prêt à lâcher l’un de ses protégés, qui serait selon lui, la vraie « victime » de la persécution médiatique.

La défense de Quatennens est la même de n’importe quel autre agresseur courant : minimiser la violence. Selon lui, nous, les personnes externes à son couple, n’arrivons pas à contextualiser comment les choses se sont dégénérées jusqu’à la giffle qu’il reconnaît et qu’il regrette. Nous, les féministes, il faut qu’on ait de la pitié pour lui, un homme « engagé » qui ne fera plus jamais ce qu’il a fait et qui souhaite par la suite comme dans le passé être à la tête du combat contre la violence sexiste et sexuelle.

Mais le problème n’est pas seulement Quatennens en soi, mais les institutions autour de lui, qui lui permettent de se sentir légitime pour tenir ces propos. D’abord, la Justice, avec une condamnation très rapide par rapport aux délais habituels pour d’autres victimes du même type de violence. Normalement, les victimes qui ont la chance de ne pas avoir des classements sans suite attendent entre 8 mois et 1 an pour passer devant le tribunal correctionnel. 

Au délà de la réponse particulière de la Justice, il y a la réponse de son parti politique. A travers d’un communiqué de presse du groupe parlementaire LFI-NUPES, ils indiquent avoir acté la suspension du député qui pourrait cependant revenir au parlement en avril 2023 sous condition d’accepter un stage de sensibilisation à la question de la violence.  

Nous pensons que la lutte contre les violences faites aux femmes ne doit absolument pas être récupérée par des agresseurs comme Quatennens. La représentation de notre combat nous appartient. Ce combat trouve des limites très fortes au sein des institutions qui ne sont pas à l’hauteur de donner des réponses à la libération de la parole des victimes. Au contraire, les réponses actuelles re-victimisent les femmes victimes. Les délais de ces mesures renforcent le sentiment de toute puissance chez les auteurs et d’impuissance et d’impunité chez les victimes. Nous devons encore renforcer nos espaces d’auto-organisation, redonner la parole aux femmes concernées et construire un mouvement féministe pour notre émancipation. Face aux limites institutionnelles, nous devons nous organiser pour renverser le système capitaliste et patriarcale.

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