Dans un contexte marqué par une énorme crise économique et sociale en Argentine, l’Université de Buenos Aires s’attaque aux droits démocratiques des étudiants de la Faculté de Philosophie et Lettres (l’une des plus politisées du pays). En effet, l’UBA cherche à exclure les étudiantes Eugenia Acosta et Emilse Icandri, membres du collectif Ya Basta, en raison de leur engagement politique, syndical et féministe.
Pour lutter contre la répression des autorités, les étudiants de Buenos Aires organisent une campagne de solidarité internationale. Nous relayons le communiqué du collectif Ya Basta de Buenos Aires, ainsi que la motion de solidarité internationale votée par la Coordination Nationale Etudiante réunie à Paris le 19 mars 2023.
Communiqué de la Coordination Nationale Etudiante (Paris)
Solidarité internationale contre la répression
La Coordination Nationale Étudiante réunie à Paris le 18 et 19 mars, avec la présence de 120 étudiants de 39 établissements, dans le cadre de la lutte contre la réforme des retraites de Macron, se prononce contre les sanctions des autorités de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Buenos Aires à l’encontre des étudiantes Eugenia Acosta et Emilse Icandri. Nous sommes solidaires des camarades menacées d’exclusion de l’université en raison de leur engagement militant. Nous nous prononçons contre la persécution politique et la répression envers le mouvement étudiant.
Paris, le 19 mars 2023
Communiqué du collectif étudiant Ya Basta ! (Buenos Aires)
Non aux sanctions contre les étudiantes de l’Université de Buenos Aires Eugenia Acosta et Emilse Icandri
Nous souhaitons informer la communauté éducative sur le fait suivant. Hier, deux membres de notre collectif étudiant, Eugenia Acosta (étudiante en histoire) et Emilse Icandri (étudiante en arts), ont reçu une lettre à leur domicile avec la notification de l’ouverture d’une enquête dans laquelle les autorités de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Buenos Aires les ont menacées d’une sanction pouvant conduire à la suspension de leurs études dans la faculté pour une durée pouvant aller jusqu’à cinq ans.
Il s’agit d’une attaque très grave, infondée et misogyne de la part des autorités contre deux très chères collègues et étudiantes de la fac, qui fournissent une assistance aux enfants et aux adolescents en situation de vulnérabilité.
Il s’agit également d’une tentative de persécution politique à l’encontre de deux activistes du collectif féministe Las Rojas et du collectif étudiant Ya Basta ! qui se sont distinguées par leur travail de solidarité pendant la pandémie, en aidant les écoles publiques des quartiers de Caballito et Flores à distribuer de la nourriture aux familles à faibles revenus, et en aidant à approvisionner les travailleurs de l’hôpital Durand grâce aux dons des étudiants, des enseignants et du personnel non enseignant de la faculté. Ils se sont également distingués en accompagnant les demandes des collègues BIATSS.
La gravité de cette attaque de la part des autorités est d’autant plus grande qu’elle a lieu à l’approche du 24 mars, contre deux étudiantes qui appartiennent à une faculté qui compte le triste chiffre de 423 camarades disparus pendant la dernière dictature militaire, dans un contexte où l’extrême droite conteste le chiffre de 30 000 disparus pour s’attaquer à la lutte pour les droits humains. Les droits démocratiques et la participation politique à la université ne peuvent pas être remis en question de cette manière en sanctionnant les étudiants, nous devons nous souvenir de ce qui s’est passé dans le passé lorsque l’institution a durci sa politique à l’égard des étudiants engagés.
Le collectif Ya Basta ! appelle tous les étudiants, les enseignants, les BIATSS, les organisations politiques et syndicales et l’ensemble de la communauté éducative à repousser les sanctions en Philosophie et Lettres de l’UBA.
Faisons front ensemble contre cette attaque contre nos camarades !