Le 1er mai 2023 a été historique par la massivité des manifestations partout en France. Les organisations syndicales ont recensé près de 2,3 millions de personnes mobilisés, ce qui représente entre sept et dix fois plus de gens dans la rue par rapport à 2022. Le succès de la journée de mobilisation s’explique évidemment par le contexte d’une lutte acharnée des travailleurs et des travailleuses contre la réforme des retraites de Macron depuis des mois. Cependant, au lieu de profiter de la force de la rue pour relancer la bataille, l’Intersyndicale n’appelle qu’à une date très tardive le 6 juin, qui cherche à enterrer la mobilisation et à sauver le gouvernement Macron.
Un gouvernement autoritaire qui propose un apaisement répressif
Depuis janvier, les travailleuses et les travailleurs se mobilisent massivement contre la réforme des retraites, mais le gouvernement Macron ne veut pas entendre les revendications de la rue. Au contraire, le président des riches est déterminé à nous faire avaler cette réforme anti-populaire à tout prix. Après le recours au 49.3 et la validation de la réforme en pleine nuit, le caractère autoritaire du gouvernement a été dévoilé pour une énorme partie de la population.
Ce 1er mai, la répression policière a empêché de nouveaux l’avancée de cortèges, alors que de nombreuses arrestations ont eu lieu. De nombreux manifestants ont été mis en garde à vue et des rassemblements ont eu lieu partout dans les jours suivants pour exiger la libération des camarades interpellés. Alors que le président de la République lance des appels hypocrites au calme et à l’apaisement, sa police nous réprime pour faire taire les manifestants.
L’Intersyndicale, le grand organisateur des défaites
Après cette manifestation monstre, l’Intersyndicale aurait pu se réunir pour annoncer l’accélération du plan de bataille, avec des appels à la grève et à la manifestation pour exiger le retrait de la réforme. Cependant, les dirigeants syndicaux ont décidé de lever le pied de l’accélérateur en annonçant une prochaine date de manifestation le 6 juin, qui sera probablement la dernière avant les grandes vacances.
La politique des directions syndicales est une politique de la défaite. Elles ont tout fait pour sauver le président Macron alors que sa continuité était en danger. Elles ont tout fait pour amener la colère des travailleurs vers une stratégie perdante. Nous rappelons que l’Intersyndicale n’a pas voulu mobiliser ni le 16 mars (le jour du 49.3), ni le 14 avril (le jour du conseil constitutionnel). Dialogue, référendum, motion de censure, lettre aux députés, rencontre avec Mme. Borne en avril (et une prochaine rencontre les 16 et 17 mai !), que des tactiques institutionnelles qui ont amené le mouvement à l’impasse.
Pour un plan de bataille, auto-organisation à la base !
Pendant des mois, l’Intersyndicale a imposé un rythme d’une manifestation par semaine (maintenant d’une manifestation par mois), ce qui a empêché de bloquer le pays. Cette consigne, très majoritaire parmi les grévistes en lutte, n’a pas pu se réaliser non par manque de détermination, mais parce que les directions syndicales ont tout fait pour calmer la situation. Au lieu de faire treize journées isolées, on aurait bien pu faire deux ou trois semaines consécutives de grève générale pour mettre la France à l’arrêt et pour obtenir le retrait de la réforme.
Cette impasse de l’Intersyndicale met en lumière la nécessité de l’auto-organisation des grévistes à la base, pour mettre en place une politique alternative qui nous amène à la victoire. Des tentatives ont été faites, notamment par la Coordination Nationale Étudiante, impulsée entre autres par le NPA Jeunes. Une coordination des étudiants en lutte au niveau national, qui a pu coordonner des journées massives de mobilisation dans la jeunesse, quand l’Intersyndicale ne proposait rien au mouvement. C’est également le cas des Assemblées interprofessionnelles et des grévistes qui se sont mis en grève reconductible, comme les éboueurs ou les raffineurs.
La CNE appelle à une prochaine journée de mobilisation nationale le 11 mai, une date qui peut servir pour regrouper des travailleurs et des jeunes mobilisés, pour continuer la mobilisation contre Macron et sa réforme. Nous serons dans la rue pour faire vivre cette perspective.
Construire une alternative révolutionnaire pour dégager Macron et les patrons !
La mobilisation contre la réforme des retraites a mis en évidence le caractère répressif, autoritaire et injuste de l’ensemble de la politique capitaliste de Macron. C’est pour cela que la rue a crié “Macron démission” durant des semaines. Pour gagner face à Macron nous avons besoin d’une véritable révolution, pour dégager les patrons et leur gouvernement des riches, nous avons besoin d’un parti révolutionnaire pour construire cette perspective anticapitaliste, en rupture avec les méthodes institutionnelles des politiciens bourgeois et de l’Intersyndicale. Dans cette perspective, construisons le NPA et le courant Socialisme ou Barbarie, pour une alternative révolutionnaire contre Macron, sa réforme et son monde capitaliste.