Paru originellement dans EsquerdaWeb, le 5 mai 2023.
Les 100 jours du gouvernement de Lula ont donné lieu, comme c’est souvent le cas lorsqu’un gouvernement termine près de trois mois au pouvoir, à une évaluation de tous les secteurs, de l’extrême gauche à l’extrême droite. Dans cet article, nous souhaitons construire un panel comparatif sur les évaluations des 100 jours de gouvernement avec des positions politiques que nous considérons comme représentant des nuances importantes de la gauche, au sens large. La défaite électorale de Bolsonaro pose une situation politique de transition qui a partiellement changé la corrélation des forces entre les classes, mais une politique correcte face à la nouvelle situation et au nouveau gouvernement de conciliation de classe peut contribuer à un mouvement définitif du pendule politique plus à gauche ou de retour à droite. C’est pourquoi les débats entre organisations ont pour rôle fondamental de trouver les moyens de faire avancer la lutte directe des exploités et des opprimés, sinon ce n’est qu’une illusion.
La défaite de Bolsonaro aux élections d’octobre dernier a été une étape décisive sur la scène politique nationale, une défaite pour le néo-fasciste en termes électoraux. D’une part, dans ce conflit électoral, d’importants secteurs de la classe dirigeante et des forces armées ont joué à fond, institutionnellement et extra-institutionnellement, pour réélire Bolsonaro. Par ailleurs, la liste qui avait les conditions électorales pour battre cette force ultra-réactionnaire a fait campagne entièrement dans le cadre du régime et avec un programme qui ne parlait guère des besoins concrets des masses laborieuses.
Ainsi, la défaite des néo-fascistes a été en quelque sorte une auto-conquête politique des couches les plus exploitées et les plus opprimées de la classe ouvrière. Malgré la démobilisation politique imposée par le PT – un rôle également assumé par la direction du PSOL – et sa large alliance électorale avec des secteurs de la bourgeoisie, la classe a pris conscience du danger que Bolsonaro représentait pour tous leurs droits. Ainsi, elle a vaincu électoralement une machine politique réactionnaire jamais vue auparavant au Brésil, malgré le désarmement politique pour faire face au combat direct que représentait la formule Lula-Alckmin.
La défaite électorale de Bolsonaro a constitué une étape historique. L’élection de Lula n’a pas – et ne pouvait pas – changer complètement la corrélation des forces entre les classes, mais elle a mis en place une situation politique différente et plus favorable à la mobilisation des travailleurs et des opprimés. Cette victoire électorale des masses a ouvert les portes à un changement significatif dans la corrélation des forces. Néanmoins cette tournure ne se matérialisera qu’à condition que la classe ouvrière puisse surmonter les obstacles, les manœuvres et les trahisons de les directions bureaucratiques et pour imposer leur agenda de manière auto-organisée dans les rues. Les transformations effectives ne peuvent venir que de la main de l’organisation de la basse.
Bien que la défaite de Bolsonaro ait été une victoire électorale des masses, à sa place a été élu un gouvernement bourgeois de conciliation de classe qui vise à normaliser le régime politique, à récupérer le pacte de 1988, dans un scénario de crise structurelle qui rend cette tâche difficile. C’est pourquoi, au cours des 100 jours du gouvernement Lula, nous avons assisté à des événements décisifs qui montrent que Lula et son parti (PT) n’ont pas changé d’un pouce leur ligne – depuis la construction de la liste Lula-Alckmin, en passant par la campagne, la transition et les trois premiers mois de gouvernement – guidée par la stratégie de conciliation de classe avec la bourgeoisie et ses représentants de toutes les couleurs.
La vérité est qu’au cours des 100 jours de gouvernement ont prédominé des politiques visant à normaliser la démocratie bourgeoise, l’exploitation et l’oppression, c’est-à-dire une tentative de conciliation sur tous les fronts. Cependant, cette tentative se heurte à une série de résistances de la part des secteurs les plus réactionnaires qui veulent opposer leur veto à toute mesure progressiste et intensifier les contre-réformes présentées par le gouvernement. Ces dernières années, la corrélation des forces s’est déplacée vers la droite, ce qui a généré d’énormes avantages pour les employeurs brésiliens et, pour cette même raison, les initiatives compensatoires se heurtent à une forte opposition de la part des partis de droite, y compris ceux qui s’opposent au bolsonarisme. C’est exactement ce qui s’est passé avec la politique à l’égard des forces armées après le 8 janvier, avec le nouveau cadre fiscal et avec les voyages internationaux de Lula.
Ainsi, au cours de ce voyage de 100 jours, la caractérisation selon laquelle il s’agit d’un gouvernement bourgeois de conciliation de classe, libéral-social, qui prétend normaliser le régime politique, est confirmée. En d’autres termes, c’est l’ennemi de la classe ouvrière, bien que celle-ci ait toujours eu d’énormes attentes à l’égard de ce type de formation politico-gouvernementale. Mais l’expérience de ce gouvernement, comme l’indiquent les sondages d’opinion[1], avec ses mesures de compensation sociale raffinées et insuffisantes et les contre-réformes qui commencent à apparaître, peut conduire à ce que l’expérience de ce gouvernement soit plus rapide que prévu, ce qui accentuera encore la polarisation sur la scène politique.
Un parti d’origine ouvrière qui gouvernene pour la bourgeoisie
Examinons la position du PT et des autres organisations de gauche sur le bilan des 100 jours du gouvernement Lula. Il est certain que l’évaluation par le PT de son propre gouvernement est totalement marquée par l’horizon stratégique de ce parti qui, depuis le début des années 1990, a totalement abandonné les réformes structurelles et le projet socialiste, a conclu des accords de financement politique et électoral avec les grandes entreprises, a considéré la conciliation de classe et le social-libéralisme comme des paradigmes inébranlables.
D’un parti réformiste ouvrier à sa fondation dans les années 1980, dans un processus de transformisme régressif, il est devenu un parti bourgeois ouvrier dans les années 1990. Aujourd’hui, après les diverses expériences du PT aux postes exécutifs les plus divers, qui gouvernent l’État bourgeois pour maintenir les intérêts de la classe dirigeante, nous pouvons dire que, par le caractère de sa direction, de son programme et de ses pratiques politiques, il a pris un caractère bourgeois-ouvrier ; ce qui place ce parti dans la perspective de la politique petite-bourgeoise, dans laquelle l’horizon maximal est celui de compensations sociales toujours plus rares. En d’autres termes, le réformisme démobilisateur sans réformes du Lulisme ne résout aucun problème structurel de notre classe, il ne fait que préparer de nouvelles attaques et de nouveaux revers réactionnaires, comme ceux que nous avons connus au cours des quatre dernières années.
Ainsi, le bilan que la direction du PT fait des 100 jours de Lula 3, dans sa note « 100 jours de reconstruction du Brésil »[2], ne pouvait être autre que, selon elle : des « avancées notables », la « lutte contre les inégalités » et la « promotion de la justice ». Et, comme preuve de ces « engagements », des politiques telles que Bolsa Família, Minha Casa Minha Vida et la recomposition du salaire minimum ont été reprises. Cependant, nous devons considérer que ces politiques gouvernementales sont très loin de pouvoir faire face à la faim endémique qui a dévasté 33 millions de personnes, au manque de 6 millions de logements et à la nécessité d’un salaire minimum d’au moins 6.388,55 R$ selon le DIEESE (Département Intersyndical de Statistique et Etudes Economiques). Il est certain que les solutions exigent des principes, des stratégies et des tactiques indépendants de la grande bourgeoisie nationale et de l’impérialisme, c’est-à-dire toute une ligne politique qui n’a rien à voir avec le PT et ses alliés au sein du gouvernement et en dehors de celui-ci.
Quant à la politique économique, l’article du PT dit que le « pays » (il vaudrait mieux dire, les « employeurs ») connaît “l’engagement » du PT avec « la stabilité, la lutte contre l’inflation et la santé des comptes publics » et “l’urgence de la reprise de la croissance économique dans le pays ». Il pose par exemple la lutte de Lula contre la politique monétaire de la Banque centrale et la fin de la loi sur le plafond des dépenses. Malgré toutes les protestations de Lula et du PT au sujet des taux d’intérêt, le gouvernement n’a pas réduit l’indice d’inflation qui pourrait avoir un impact important sur la politique de la Banque centrale en matière de hausse des taux d’intérêt. Mais le gouvernement ne le fait pas précisément pour garder intacts tous les ponts avec le capital financier, un autre fait qui cristallise la nature politique de classe de ce gouvernement. Mais l’alignement du gouvernement sur le trépied néolibéral ne se produit pas seulement en ce qui concerne la politique monétaire, avec le nouveau cadre fiscal de Lula qui a été envoyé au Congrès et qui pourrait être encore plus accentué lors de son passage : le plafond des dépenses a été légèrement assoupli (avec une croissance de 50% à 70% des revenus et de 0,6% à 2,5% de ceux-ci) mais est maintenu dans le but de faire de l’argent liquide pour continuer à payer l’insupportable dette publique qui consomme environ 50% des revenus de l’État.
Tout cela pour pouvoir économiser sur les dépenses non primaires (intérêts et amortissement de la dette publique auprès des méga-investisseurs) qui consomment chaque année environ 50% du budget fédéral. En d’autres termes, le gouvernement, pour satisfaire la soif de profit du capital financier et donc intensifier l’exonération du capital spéculatif afin d’accroître sa compétitivité, continuera à réduire le budget des dépenses dans le secteur public, c’est-à-dire la santé, l’éducation, l’assainissement, le logement, etc. Il s’agit de la première contre-réforme directe du gouvernement Lula qui, avec les autres déjà adoptées, confirme son caractère bourgeois, inverse la logique demande-dénonciation par rapport à ce gouvernement, en ce sens que la dénonciation de son caractère et de ses mesures bourgeoises doit prendre plus de poids.
Dans la dernière partie de son bilan des 100 jours, en ce qui concerne les opprimés et les exclus, la note du PT affirme que ceux-ci « reviennent pour être reconnus comme des citoyens de plein droit ». Bien que Lula ait créé des ministères destinés à ces secteurs de la classe ouvrière, leur incorporation égalitaire dans la société passe nécessairement par de profondes réformes de la structure économique, politique et culturelle de la société. Elle passe par l’imposition de salaires égaux pour les hommes et les femmes, la réforme agraire et urbaine sous contrôle ouvrier, l’abrogation du nouveau lycée avec la fin des épreuves d’entrée, la légalisation de l’avortement, la légalisation des drogues et la fin de la politique militaire. Il s’agit de mesures démocratiques et modernisatrices qu’un gouvernement bourgeois de conciliation de classe, aussi normalisateur que celui-ci, est loin de développer, puisqu’il faut affronter le grand capital et toutes les tendances réactionnaires qui déferlent sur le pays.
En ce qui concerne la tentative de coup d’État du 8 janvier de cette année, le document indique que le gouvernement sera reconnu à l’avenir pour avoir « affronté et surmonté la tentative de coup d’État » et que, pour cela, « les agents, les instigateurs et les financiers de la tentative de coup d’État, qu’ils soient militaires ou civils, répondront de leurs crimes ». Le problème est que le gouvernement, en raison de son caractère structurellement conciliant avec la bourgeoisie et les secteurs réactionnaires, a manqué une occasion unique de s’en prendre au bolsonarisme. L’objectif de l’invasion des institutions fédérales à Brasilia était de créer une crise institutionnelle afin que le gouvernement puisse décréter un GLO (Garantie de la loi et de l’ordre) qui ferait de Lula un otage des militaires dès le début de son gouvernement. Cette tentative de manœuvre a été identifiée et le gouvernement a fini par décréter l’intervention fédérale dans la sécurité publique du district fédéral. Cependant, par pure conciliation, la confiance de la classe dans les institutions et dans les accords avec les centrales, qui sont maintenant coûteux, le gouvernement a déjà accumulé deux défaites au Congrès, Lula a perdu une conjoncture favorable peu après le 8 janvier pour s’opposer aux secteurs les plus réactionnaires.
Après la tentative de coup d’État du début de l’année, il y a eu d’importantes mobilisations de masse et un rejet généralisé de la tentative de fermeture du régime. Il était temps que le gouvernement prenne des mesures concrètes contre les putschistes par le biais de projets de loi qui enterraient tout vestige d’intervention politique des forces armées sur les pouvoirs de la république, ainsi que sur les tribunaux fédéraux, la militarisation de la police et l’amnistie des tortionnaires et des assassins de la dictature militaire. Mais au lieu de cela, le gouvernement a laissé au pouvoir judiciaire toute initiative pour punir les putschistes, ce qui s’est traduit par un processus d’enquête qui pourrait punir quelques hommes d’affaires et militaires et, tout au plus, par l’inéligibilité de Bolsonaro, qui reste léger et libre de voyager à travers le pays pour réorganiser la troupe néofasciste, pour s’opposer durement au gouvernement de l’extrême droite et pour revenir avec force pour contester le pouvoir central. Dans le cadre du conservatisme institutionnel, qui gouverne séparément de la lutte et de l’organisation directe des travailleurs, comme si l’accord avec Arthur Lira pour la présidence de la chambre parlementaire ne suffisait pas, le gouvernement et le PT ont maintenu et nommé des dirigeants bourgeois et bolsonaristes à tous les échelons du gouvernement fédéral.
Sur la scène internationale, le bilan du PT appelle au retour du Brésil « au projet d’intégration régionale de l’Amérique du Sud, à la CELAC, aux BRICS, à la coopération avec les pays d’Afrique, aux grands forums internationaux, à la promotion de la paix, du dialogue et du développement ». Mais ce que nous avons vu jusqu’à présent dans les voyages de Lula, dans ses discours, c’est un zigzag entre les positions, tantôt l’alignement sur l’impérialisme américain, tantôt l’alignement sur le nouvel impérialisme chinois. En ce qui concerne le fait principal de la politique mondiale aujourd’hui, à savoir la guerre en Ukraine, un conflit inter-impérialiste par procuration combiné à une guerre de défense nationale, il a été particulièrement errant, passant d’une position ouvertement pro-russe disant que « l’Ukraine ne peut pas tout avoir… » à une position plus équidistante entre les impérialismes.
Des secteurs de la classe ouvrière attendaient de Lula une « révocation » des contre-réformes des gouvernements précédents, le développement d’une politique économique distincte des gestions néolibérales précédentes ou une augmentation significative du salaire minimum. Cependant, même face à une conjoncture favorable après le 8 janvier, les chances d’avancer efficacement contre les forces les plus réactionnaires ont été gâchées en raison de la stratégie permanente de conciliation de classe du gouvernement. Ainsi, ce qui s’est passé pendant ces 100 jours, c’est l’application de mesures partielles visant à normaliser la gestion démocratique bourgeoise de l’État après quatre années de gestion ultra-libérale, mais qui sont très loin de garantir aux travailleurs et aux opprimés des conditions minimales d’existence, de mobilisation, de travail, de salaire, de formation et de logement.
La maladie du « campisme » au sein de la gauche
Le PSOL est un parti issu de l’expulsion des députés du PT qui se sont opposés à la réforme des retraites de Lula en 2003 et d’un secteur de la fonction publique qui a rompu avec le lulisme au cours de cette période. Il est apparu comme un parti aux tendances centristes et radicales, indépendant du gouvernement, mais il a progressivement acquis un caractère réformiste. Cela a été confirmé l’année dernière, avec l’entrée sur la formule Lula-Alckmin sous la fédération du parti avec le Rede (Réseau) en liquidant son caractère indépendant par sa direction. Pour cette raison, notre courant Socialisme ou Barbarie, avec un groupe de militants, a rompu avec ce parti, en commençant un nouveau processus de construction d’une nouvelle alternative politique socialiste, indépendante des patrons et des gouvernements.
Ainsi, avec sa liquidation en tant que parti indépendant qui adopte le campisme comme stratégie permanente[3] – même si cette stratégie de conciliation avec la bourgeoisie a été systématiquement mise en échec par les événements historiques – le bilan des 100 jours de Lula par le PSOL ne pouvait pas être très différent de celui du PT.
Dans son bilan des 100 jours, « Le PSOL dans la lutte pour que le programme de changements soit garanti »[4], le PSOL et ses courants majoritaires (Primavera Socialista, Revolución Solidaria, Resistencia et autres) présentent un diagnostic totalement erroné. Un bilan où ils défendent le gouvernement actuel comme légitimement représentatif de la classe ouvrière et des opprimés, et par conséquent des stratégies et des tactiques qui désarment pour les luttes à venir.
Le bilan de la direction du PSOL est une erreur du début à la fin. Selon lui, la plus grande victoire de ce gouvernement a été contre la tentative de coup d’État du 8 janvier, ce qui est confirmé par « la fermeté du gouvernement en annonçant l’intervention dans la sécurité publique du district fédéral, la démission du commandant de l’armée et un appel à l’unité nationale contre le coup d’État ont été fondamentaux ». Nous avons déjà évoqué plus haut la capitulation de Lula face à la tentative de coup d’Etat, ce qui laisse les mains libres à l’extrême droite pour d’autres tentatives de coup d’Etat et pour revenir au pouvoir lors des prochaines élections…
La direction du PSOL affirme que l’extrême droite reste « la principale force d’opposition au gouvernement Lula », ce qui est généralement correct, mais n’est pas près de diagnostiquer l’insuffisance et la capitulation du gouvernement face au coup d’État qui, de ce fait, maintient les conditions permettant à l’extrême droite de se renforcer. Cela signifie qu’il ne prend pas au sérieux le danger que représente le bolsonarisme, en tant qu’opposition d’extrême droite qui s’oppose à toute mesure progressiste minimale – quand et s’il y en a une – et aux droits démocratiques des travailleurs. Ne manquerons pas de souligner que le gouvernement, en conciliant avec la bourgeoisie et la direction de l’Armée, a perdu une chance énorme de vaincre définitivement le bolsonarisme. Ignorer cet aspect de la réalité a pour effet de désarmer la lutte indépendante pour l’unité d’action contre le bolsonarisme – non pas dans un front unique ou en participant directement à un gouvernement bourgeois, comme le font le PSOL et tous ses courants internes, mais par l’unité d’action indépendante dans la rue.
En jonglant pour éviter de reconnaître qu’il s’agit d’un gouvernement bourgeois de conciliation de classe, donc incapable d’attaquer les intérêts de la classe dominante d’une manière structurelle minimale. Ils aboutissent à une tentative misérable de justifier leur soutien et leur participation en disant qu’ils sont en faveur des mesures progressistes du gouvernement qui seraient : “l’abrogation », la « réforme fiscale progressiste », la « réforme de l’impôt sur le revenu », la « réforme de la fiscalité », la « réforme de l’économie », etc. la « réforme fiscale progressive », la « déforestation zéro », la « lutte contre les privatisations », et « bien que la proposition en discussion soit centrée sur la simplification et non sur l’allègement fiscal pour les plus pauvres, nous continuerons à exiger des éléments de progressivité ». Mais, comme il ne pouvait en être autrement, au milieu de la crise que nous vivons, aucune de ces mesures ne figure sur la liste des priorités d’un gouvernement normalisateur de conciliation de classe.
Jusqu’à présent, outre l’abrogation des décrets qui facilitent l’achat et le port d’armes, il n’y a pas eu de réforme significative, pas même celle de l’école secondaire. La réforme fiscale du gouvernement ne touchera pas à la rétrogradation du système fiscal brésilien, elle ne fait qu’unifier les impôts qui tendent à se concentrer sur la consommation et à affecter encore plus les travailleurs. La déforestation jusqu’au 17 février était de 209 kilomètres carrés, ce qui est le chiffre le plus élevé de la série historique commencée en 2015[5] ; le gouvernement n’a annulé aucune des privatisations des gouvernements précédents et n’a pas fait face à la privatisation du métro de Belo Horizonte. Tout cela, sans parler des nouvelles règles fiscales du nouveau plafond de dépenses.
Le PSOL, pour tenter de justifier l’absence de mesures progressistes, affirme que Lula ne dispose pas d’une majorité législative, « nous savons que le gouvernement n’a toujours pas de majorité solide au Congrès et il ne semble pas qu’il sera facile d’en construire une », et il émet une critique timide par rapport à la position du gouvernement qui soutient Arthur Lira à la présidence de la chambre de députés. Ces dernières années, on a assisté à un rééquilibrage de la gouvernance bourgeoise qui a renforcé le pouvoir du Congrès, lequel contrôle une plus grande partie du budget fédéral et de l’agenda politique. Ainsi, il ne peut y avoir de mesures progressistes sans un énorme processus de mobilisation populaire dans les rues, qui ne peut se faire qu’ indépendamment du gouvernement, ce sur quoi la direction du PSOL reste silencieuse.
En ce qui concerne les mesures « pour de vrai » du gouvernement Lula, comme c’est le cas de la nouvelle règle fiscale, la résolution souligne qu’elles ont des « aspects positifs » parce qu’elles sont « moins rigides », peuvent « être modifiées plus facilement », mais le problème est de « limiter l’investissement public, d’autant plus qu’il y a des incertitudes sur le rythme de la croissance économique au Brésil face à la baisse de la croissance mondiale ». En fait, cette proposition de régulation fiscale de Lula vient combler un vide laissé par une contre-réforme qui n’a pas pu, en pratique, être menée à son terme : le plafonnement des dépenses de Temer.
Au lieu d’une contre-réforme qui a échoué, Lula propose une autre contre-réforme plus souple qui bénéficie du soutien total de la classe dirigeante, qui restreint l’investissement public et qui tend à être encore plus accentuée lors de son passage au Congrès. Le texte ne permet pas de caractériser le véritable contenu de la nouvelle réglementation fiscale, car il cache qu’il s’agit d’une contre-réforme qui vient remplacer le plafond de dépenses de Temer. Cependant, comme toujours, ce flou dans l’analyse du PSOL est au service de la poursuite d’une politique de droite. La fédération du PSOL avec la Rede a déjà décidé, avec des votes en faveur du PSOL, qu’elle voterait pour la proposition et « lutterait pour des changements structurels ».
Le PSOL tente de sauver un vernis progressiste en disant qu’on ne peut pas compter uniquement sur les accords avec le Congrès car « aujourd’hui avec une large majorité conservatrice, il y aura des risques de reculs », qu’il faut se mobiliser « pour des mesures concrètes d’avancées pour le peuple brésilien et éviter toute attaque contre les droits. » Il en va de même avec la lutte contre le bolsonarisme, que le procès des crimes de Bolsonaro peut signifier « l’intensification de la polarisation politique » et les attaques de l’extrême droite contre les écoles et d’autres crimes, « exige l’unité pour la mobilisation permanente des forces de gauche. »
Dans ce discours de la direction du PSOL, il est nécessaire de séparer ce qui est une réalisation de la réalité de la conciliation de classe, de ses stratégies et de ses tactiques. En vérité, la grande majorité du Congrès est réactionnaire et s’opposera à toute mesure progressiste émanant du gouvernement conservateur actuel pour sa structure, de sorte qu’il ne s’appuiera pas sur la lutte directe et l’organisation de notre classe : il légiférera directement contre les travailleurs. La polarisation politique est inévitable et tend à être plus violente, un fait aggravé par la politique du gouvernement en vue du coup d’État manqué du 8 janvier, qui ne peut être affronté que par une mobilisation directe dans les rues ; l’unité de la gauche pour promouvoir la mobilisation ne peut être confondue avec un front unique avec le gouvernement, ni comme une filiale de la politique de Lula, comme le fait le PSOL, qui appelle non pas à l’unité antifasciste, mais à un front avec un gouvernement bourgeois et son programme. Nous devons avoir comme stratégie centrale et permanente l’organisation de la lutte à partir de la base, qui exige une indépendance politique totale, tant vis-à-vis des patrons que du gouvernement et de la bureaucratie qui le soutient dans le mouvement de masse.
Ce parti tente ainsi de justifier sa participation organique à un gouvernement bourgeois de conciliation de classe. Une chose totalement différente est de lutter pour les intérêts des travailleurs et des opprimés en affrontant de manière indépendante le bolsonarisme : de poser des exigences au gouvernement, de dénoncer lorsqu’elles ne sont pas satisfaites et d’exiger davantage lorsqu’elles le sont – tout cela sans se faire d’illusions sur le fait qu’un gouvernement bourgeois peut résoudre les problèmes structurels des travailleurs. Mais les secteurs à la gauche du parti (MES, Fortalecer, COMUNA et APS), qui s’opposent au nouveau cadre fiscal, continuent de défendre les « mesures progressistes » et ne proposent pas la rupture du PSOL avec le gouvernement[6].
Compte tenu de la nature politique de classe du gouvernement, le maintien d’un soutien politique, de ministres et d’autres postes, d’une vice-présidence et d’une base de soutien au Congrès est une démoralisation qui va affecter profondément le militantisme du PSOL dans les années à venir. Les courants internes plus à gauche, en ne rompant pas avec le liquidationnisme complet de l’indépendance de classe, passeront dans le camp de l’ordre bourgeois. A l’instar des courants internes du PT, qui ont systématiquement capitulé devant le processus de changement de la nature sociopolitique du PT par un entrisme à long terme. Cette adaptation de la gauche du PSOL tend à faire que ces courants en quelques années subiront en procès de bureaucratisation totale propice son implosion en plusieurs parties voir sa dissipation. En d’autres termes, ils connaîtront le même sort que plusieurs courants de gauche du PT.
L’unilatéralité et le sectarisme entravent la lutte
La position du PSTU face au nouveau gouvernement est différente des deux premières présentées ici et reste une organisation qui se maintient sur le terrain de l’indépendance de classe. Malgré ses nombreux aspects regrettables tels que: son inertie théorique par rapport au bilan des révolutions du 20ème siècle, qui ne lui permet pas de tirer des conclusions historico-théoriques fondamentales sur le rôle de la classe ouvrière dans les révolutions socialistes; sa conception objectiviste de la lutte des classes , qui l’aveugle souvent et la fait gravement errer par rapport aux processus réels de la lutte des classes et son appareil syndical, qui la rend distante des processus les plus dynamiques de la classe ouvrière et de la jeunesse.
Son bilan des 100 jours, dans « Editorial : les 100 jours du gouvernement Lula »[7], commence par une critique du slogan « Le Brésil est de retour » et du discours de Lula sur les 100 jours de son gouvernement. En jetant un regard historique sur les liens politiques des dernières décennies qui ont conduit à la victoire de Bolsonaro, ils affirment « que ce sont les gouvernements du PSDB et du PT qui ont construit les bases sociales et les déceptions politiques qui ont permis l’émergence du boslonarisme ». Nous avons ici un problème explicite d’unilatéralité – un élément commun dans l’analyse des camarades – qui ne contribue en rien à une appréciation plus juste de la réalité ni à la construction de politiques visant à stimuler la lutte des travailleurs.
Les gouvernements du PT ont mené des politiques générales qui ont contribué à créer les conditions qui ont permis l’émergence du bolsonarisme, mais le PSTU commet l’erreur inverse de celle du PSOL et de nombre de ses courants : il perd de vue la combinaison entre les conditions objectives et subjectives. La crise du capitalisme, l’offensive réactionnaire et les politiques du PT ces dernières années ont permis l’offensive réactionnaire qui a conduit à la destitution du gouvernement de Temer et à la consolidation d’une situation réactionnaire avec l’élection de Bolsonaro en 2018.
Les gouvernements lulistes, en tant que gouvernements de conciliation de classe, portent la contradiction d’être des gouvernements qui gèrent l’État bourgeois pour garantir l’exploitation et l’oppression sans la pleine confiance de la bourgeoisie. Ainsi, lorsqu’une dose plus importante d’exploitation et d’oppression a été prévue, la classe dirigeante a calculé que les gouvernements du PT ne seraient pas en mesure d’y répondre. Mais il est certain que l’offensive réactionnaire a également été rendue possible par les politiques des gouvernements du PT qui ont réprimé les grèves ouvrières de 2012 sur les méga-chantiers, les manifestations de juin 2013 et les luttes contre la Coupe du monde, la fraude électorale lors du second mandat de Dilma, les mesures néolibérales sévères et la loi antiterroriste. En d’autres termes, un ensemble de mesures qui ont fait perdre leur base sociale à leurs gouvernements.
Pour cette raison, ce fut une erreur brutale du PSTU de ne pas avoir caractérisé l’ensemble du mouvement pré-impeachment comme faisant partie d’une offensive réactionnaire, qui conduirait à des gouvernements bourgeois ultra-réactionnaires, comme ceux de Temer et de Bolsonaro et qui, sans défendre politiquement le gouvernement du PT, nécessitait une forte opposition de la classe ouvrière dans son ensemble. Au lieu de cela, il avait pour politique de tenter de contester les mouvements de rue menés par la droite et la tristement célèbre position politique des « Fora Todos » face à une vague réactionnaire qui voulait mettre un gouvernement de droite devant le pouvoir
Cette appréciation partielle de la réalité fait que le PSTU commet davantage d’erreurs d’analyse et de caractérisation dans son bilan, en donnant peu de poids à ce qu’a signifié la défaite de Bolsonaro en octobre dernier. « La défaite électorale de Bolsonaro et l’échec de sa tentative de coup d’État ont été ressentis comme un soulagement par une grande partie de la classe ouvrière et des secteurs les plus opprimés. » En revanche, nous pensons que voir ce processus uniquement comme un « soulagement » qui « génère des illusions » est une erreur, car écarter, même électoralement, un néo-fasciste du pouvoir avec toute la force que des secteurs de la bourgeoisie et des forces armées ont mis afin de le réélire, n’est pas quelque chose d’anodin. Il s’agit d’un résultat qui a généré un changement dans la situation politique nationale avec un impact sur toute l’Amérique latine.
L’élection n’a pas encore changé la corrélation des forces de manière significative, puisqu’elle a mis à sa place la formule Lula-Alckmin, une alliance de partis de ordre bourgeois de conciliation de classe qui n’a pas la moindre intention de s’appuyer sur la lutte pour effectuer des changements structurels. Cependant, des secteurs de la classe ouvrière ont vu dans cette défaite du néofascisme une victoire politique – partielle et électorale, évidemment – qui leur est propre, ce qui les rend plus enclins à se mobiliser. C’est ce que nous observons dans différentes catégories et dans différentes régions du pays : les livreurs de pommes, les sans-terre, les travailleurs des transports, les fonctionnaires, les enseignants et les étudiants. Il y a plusieurs secteurs plus enclins à la lutte et qui commencent à expérimenter le nouveau gouvernement de conciliation libéral-classe sociale.
Dans le cadre d’une analyse unilatérale qui conduit à une ligne politique partielle et sectaire, pour le PSTU, la tâche posée à la classe « est de construire un camp de classe, qui puisse renforcer un projet propre pour le pays, qui affronte les capitalistes et l’impérialisme et qui puisse également vaincre efficacement le bolsonarisme ». Dans les principes généraux, ces objectifs sont corrects. Cependant, pour lutter contre le campisme avec les secteurs « démocratiques » de la bourgeoisie[8] – comme le PSOL le construit en soutenant et en composant le gouvernement Lula – il est nécessaire de combiner les tactiques de revendications et de dénonciations, d’unité d’action, de front de lutte et de front politique de gauche. En ce qui concerne les tactiques de revendication et de dénonciation, elles doivent toujours faire appel à la mobilisation de la classe ouvrière, de la jeunesse et des opprimés, et non à des demandes déconnectées adressées à Lula – comme l’a fait le PSTU en ce qui concerne l’abrogation de la réforme des lycées – car elles ne font que générer davantage d’illusions dans le gouvernement.
Il est nécessaire de combiner les revendications et la dénonciation – qui deviennent de plus en plus claires avec les contre-réformes en cours – autour de l’abrogation de toutes les contre-réformes, en priorité celle du lycée, la réduction de la journée de travail sans réduire les salaires. Il en faut un salaire minimum d’après les indices du DIEESE, la réforme agraire et urbaine sous le contrôle des travailleurs, l’annulation de toutes les privatisations et l’emprisonnement de Bolsonaro et de tous les comploteurs du coup d’État. Comme le gouvernement ne donne pas suite à ces demandes ou présente des contre-réformes, comme le nouveau plafond des dépenses, le champ des dénonciations s’élargit. Aujourd’hui, par exemple, nous devons placer au centre de nos demandes la dénonciation du nouveau plafond de dépenses et l’appel à l’unité d’action contre cette mesure.
L’unité d’action – et non l’appel à un front unique avec le gouvernement, comme le font de nombreux courants, car cela nous placerait tous dans le camp des opportunistes – contre le néo-fascisme est au cœur de la lutte des classes. Ainsi, l’appel permanent à la lutte dans les rues pour défendre l’arrestation de Bolsonaro et de tous les putschistes a un poids politique fondamental. Le changement partiel que nous avons connu dans la corrélation des forces avec la défaite électorale de Bolsonaro ne basculera effectivement et définitivement en notre faveur que si nous imposons une défaite profonde à Bolsonaro, et aujourd’hui cela passe par l’arrestation du néo-fasciste.
Il est nécessaire de combiner les revendications et la dénonciation – qui deviennent plus claires avec les contre-réformes en cours – autour de l’abrogation de toutes les contre-réformes avec la priorité au lycée, la réduction de la journée de travail sans réduire les salaires, le salaire minimum DIEESE, la réforme agraire et urbaine sous le contrôle des travailleurs, l’annulation de toutes les privatisations et l’emprisonnement de Bolsonaro et de tous les comploteurs du coup d’État. Comme le gouvernement ne donne pas suite à ces demandes ou présente des contre-réformes, comme le nouveau plafond des dépenses, le champ des dénonciations s’élargit. Aujourd’hui, par exemple, nous devons placer au centre de notre système d’envois la dénonciation du nouveau plafond de dépenses et l’appel à l’unité d’action contre cette mesure.
Il est nécessaire une l’unité d’action contre le néo-fascisme au sein de la lutte des classes et non l’appel au front unique avec le gouvernement comme le font de nombreux courants, car cela nous placerait tous dans le camp des opportunistes. Ainsi, l’appel permanent à la lutte dans les rues pour défendre l’arrestation de Bolsonaro et de tous les putschistes a un poids politique fondamental. Le changement partiel que nous avons connu dans la corrélation des forces avec la défaite électorale de Bolsonaro ne basculera effectivement et définitivement en notre faveur que si nous imposons une défaite profonde à Bolsonaro, et aujourd’hui cela passe par l’arrestation du néo-fasciste.
Les travailleurs ne parviendront pas seuls à l’indépendance politique de leur classe, ils ont besoin du soutien politique des organisations révolutionnaires à travers des principes, des stratégies et des tactiques – ces dernières étant celles qui agissent en contact plus direct avec la réalité immédiate. Avec l’alignement de la plupart des dirigeants des mouvements sociaux sur le gouvernement, et les déceptions que cela entraînera, nous avons une grande opportunité de construire le CSP-Conlutas et d’autres instruments d’indépendance de classe et de mobilisation autonome des travailleurs et des opprimés. Ainsi, au-delà de l’indépendance de classe dans l’abstrait, nous devons combiner l’appel à l’unité d’action avec des politiques de front indépendant pour lutter, appelant à l’unification avec tous les secteurs du mouvement indépendant – comme l’Intersyndical.
Nous pensons que la construction de la CSP-Conlutas ou de toute autre organisation syndicale n’est pas suffisante, il s’agit d’un instrument qui ne remplace pas la construction d’un parti/organisation révolutionnaire. Il faut comprendre que la nouvelle situation politique, avec la faillite politique du PSOL, soulève la possibilité et la nécessité de la réorganisation politique de la gauche socialiste, qui passe aujourd’hui par la construction d’un front national de la gauche révolutionnaire, dans lequel coexistent toutes les tendances politiques indépendantes des patrons et des gouvernements. Dans cette perspective évidemment les partis staliniens/opportunistes n’ont pas leur place. En ce sens, ce fut une grave erreur de la part du PSTU de liquider la construction du Pôle Socialiste Révolutionnaire. Aujourd’hui, du fait de notre immaturité dans la lutte des classes et de notre expérience des directions sur le terrain de la révolution, cette réorganisation ne se fera pas simplement par l’adhésion d’individus ou de groupes au PSTU ou à toute autre organisation : il faut construire un front politique de tous les courants pour créer un espace commun de discussion et d’organisation pour intervenir de façon commune dans la réalité et construire les accords nécessaires à un processus d’unification.
Pour conclure, les camarades du PSTU font une série de propositions correctes pour faire face à la situation actuelle, mais il nous semble qu’il manque une hiérarchie programmatique minimale dans leur système de slogans qui permettrait de tirer profit de cette nouvelle situation politique ouverte avec la défaite électorale de Bolsonaro. Au moment où nous bouclons l’édition de cette article, un autre scandale est rapporté autour de Bolsonaro à propos de la fraude dans l’émission de bons de vaccination pour que le président, sa famille et ses conseillers puissent se rendre aux États-Unis fin décembre de l’année dernière, ainsi que des messages échangés entre l’aide de camp de Bolsonaro, Mauro Cid, et Airton Barros, avocat, ex-militaire et ami de Bolsonaro, à propos du complot de coup d’État avant l’investiture de Lula. Autant de faits qui relancent une conjoncture favorable à la lutte pour l’arrestation de Bolsonaro.
Ces faits ne font que prouver la nécessité de placer la demande et la lutte pour l’arrestation de Bolsonaro et de tous les putschistes au centre de la politique actuelle. Nous avons besoin des mots d’ordre visant cette circonstance politique qui peut ouvrir une conjoncture pour d’autres luttes politiques : L’arrestation de Bolsonaro, la suspension du traitement du nouveau plafond de dépenses, l’abrogation de la réforme du lycée, la réforme du travail et de la sécurité sociale, les droits du travail pour tous, l’augmentation du salaire minimum DIEESE, la réduction de la journée de travail à 30 heures par semaine, la réforme agraire et urbaine sous le contrôle des travailleurs et le non-paiement de la dette publique. Dans ce nouveau contexte politique qui s’est ouvert avec les nouvelles accusations et l’arrestation du Cid, il est nécessaire de mettre la lutte pour l’arrestation de Bolsonaro au centre de l’agenda, il est nécessaire d’exiger que les directions des organisations du mouvement de masse appellent immédiatement à une journée nationale de lutte pour l’arrestation de Bolsonaro. Descendons dans la rue pour que Lula détermine l’arrestation de Bolsonaro maintenant !
Notes :
[1] Selon Datafolha, dans un sondage réalisé entre le 29 et le 30 mars, Lula est approuvé par 38% des Brésiliens et désapprouvé par 29%, 30% considèrent que son gouvernement est régulier et 3% ont déclaré ne pas pouvoir répondre. Pour 51% des participants à l’enquête de Datafolha, Lula a fait moins que prévu au cours des trois premiers mois de son administration. Pour 25 %, le président a fait ce que l’on attendait de lui, et pour 18 %, il a dépassé les attentes.
[2] Voir (https://pt.org.br/nota-do-diretorio-nacional-do-pt-100-dias-de-reconstrucao-do-brasil/)
[3] Le campisme est la stratégie adoptée notamment par le stalinisme, qui consiste à construire des fronts avec des secteurs bourgeois « démocratiques », ce qui conduit à soutenir et à participer à des fronts, des alliances et des gouvernements bourgeois. Une tactique qui s’est soldée par des défaites historiques, comme celle de la révolution chinoise à la fin des années 1920, et par la démoralisation de diverses organisations politiques tout au long du 20e siècle. La tournure que prend le PSOL et ses courants politiques, qui ont été révolutionnaires pour participer et soutenir le gouvernement Lula, n’aura d’autre fin que de rendre difficile l’organisation indépendante des travailleurs et des opprimés et de démoraliser des milliers de camarades pour une politique et une stratégie révolutionnaires.
[4] Voir (https://psol50.org.br/psol-reafirma-luta-para-garantir-implementacao-de-programa-de-mudancas-que-venceu-nas-urnas/)
[5] Voir https://oglobo.globo.com/mundo/noticia/2023/02/desmatamento-recorde-na-amazonia-e-acao-criminosa-contra-governo-lula-diz-marina-silva.ghtml
[6] Voir http://cstpsol.com/home/index.php/2023/04/30/carta-aberta-a-direcao-e-a-militancia-do-psol/
[7] Voir https://www.pstu.org.br/editorial-os-100-dias-do-governo-lula/