Le gouverneur de la province de Jujuy au nord de l’Argentine, le réactionnaire Gerardo Morales, a impulsé une réforme anti-démocratique qui a provoqué la colère des travailleurs et des secteurs populaires. Depuis quelques semaines, la mobilisation se poursuit contre les attaques du gouvernement, malgré l’énorme répression qui compte déjà des nombreux.ses blessé.e.s ainsi que des militantes interpellé.e.s. Nous exigeons la libération des manifestants arrêtés et la démission du gouvernement Morales.
Les dernières semaines ont été marquées par une vague répressive dans un essai d’avancer avec la restriction du droit à manifester à travers une réforme de la constitution de la province de Jujuy. Pilier de la démocratie, ce droit permet aux secteurs populaires et aux travailleurs de se mobiliser pour leurs revendications.
Sous le nom de « droit à la paix sociale et à la coexistence démocratique pacifique », la réforme constitutionnelle prévoit « l’interdiction totale des blocages de routes, ainsi que de toute autre perturbation du droit à la libre circulation des habitants de la province ». Elle soulève également la prétendue « responsabilité politique et juridique des représentants et des fonctionnaires qui incitent, encouragent ou promeuvent, par action ou par omission, l’émergence de groupes qui violent la paix sociale et la coexistence démocratique pacifique ».
Propriété privé et extractivisme, priorité de l’agenda capitaliste
Derrière la réforme de Morales, il y a une volonté politique de défendre « le droit à la propriété privée ». Le texte accuse l’intention de mettre en place « des mécanismes et des moyens rapides pour protéger la propriété privée et rétablir toute altération dans la possession, l’utilisation et la jouissance de la propriété en faveur de son propriétaire ». À cette fin, « l’occupation non consensuelle sera considérée comme une violation grave du droit de propriété » et une loi sera promulguée pour établir « les conditions d’expulsion et pour que le(s) titulaire(s) du droit de propriété concerné(s) puisse(nt) exercer ses(leurs) droits immédiatement, même si les auteurs de l’occupation non consensuelle prétendent représenter ou revendiquer les droits du peuple ». L’intention de la réforme est de donner aux propriétaires terriens et aux hommes d’affaires de l’agriculture de Jujuy autant d’impunité que possible pour expulser ces communautés et mettre la terre au service de leur soif de profit.
Les communautés autochtones sont depuis toujours confrontées aux capitalistes qui prétendent avoir des droits formels sur les terres que les communautés habitent. L’intérêt réside sur le fait que l’Argentine est le quatrième producteur mondial de lithium, après l’Australie, le Chili et la Chine.
Les actions violentes du gouvernement de Jujuy sont un nouveau chapitre de la violence envers les communautés indigènes et paysannes pour imposer une politique extractiviste. Le pouvoir économique et politique, avec ses alliés judiciaires et médiatiques, tente de s’approprier les territoires indigènes pour les céder aux entreprises minières, pétrolières, forestières et agro-industrielles. La « dictature minière » est le terme inventé dans les provinces de l’Argentine pour désigner les actions répressives et quotidiennes du modèle extractiviste, où les gouvernements sont les meilleurs lobbyistes et gardiens des entreprises.
La révolte de Jujuy résiste à l’avancée réactionnaire en pleine campagne électorale
Le principal candidat de droite aux élections présidentielles et actuel maire de Buenos Aires, Horacio Larreta, a confirmé Gerardo Morales comme son candidat à vice-président. En Argentine, les primaires des élections présidentielles auront lieu le 13 août et les candidatures viennent d’être confirmées il y a quelques jours.
Le binôme Larreta-Morales veut jouer la carte de l’autoritarisme en essayant de ne pas laisser du terrain à l’outsider Javier Milei, un politicien d’extrême droite ultracapitaliste qui monte dans les sondages. Pour sa part, la confirmation de la candidature de Sergio Massa (ministre du président Fernandez) représente encore un nouveau variant de la politique capitaliste et répressif selon les dictés du FMI.
Dans ce contexte, le dirigeant du Nuevo MAS Roberto Saenz a affirmé lors d’un acte à Buenos Aires en soutien à la mobilisation à Jujuy : « c’est un non-sens réactionnaire et anticonstitutionnel au milieu du débat politique sur l’avenir du pays de la campagne électorale. Nous devons applaudir et célébrer le fait que le mouvement des masses de Jujuy ait défendu les droits de tous les travailleurs argentins. Aujourd’hui, le mouvement des masses à Jujuy est l’avant-garde de la lutte des classes en Argentine !”
Il est possible qu’avec les événements de Jujuy, une autre campagne électorale beaucoup plus tendue commence. Dans ce cadre, le Nuevo MAS impulse la candidature anticapitaliste de Manuela Castañeira qui propose une augmentation des salaires et la rupture avec le FMI. Une campagne qui cherche à défendre les intérêts des travailleurs et des travailleuses, pour que la crise économique soit payée par les capitalistes.
Dans le contexte de mobilisation à Jujuy, Manuela Castañeira a souligné le besoin d’impulser une grève générale nationale contre l’avancée réactionnaire, pour en finir avec la répression et pour éxiger la démission du gouvernement Morales.
Solidarité avec la mobilisation à Jujuy
De nombreux rassemblements ont eu lieu en Argentine en soutien à la mobilisation à Jujuy. Au Brésil, nos camarades de Socialisme ou Barbarie Brésil ont participé à un acte à Sao Paulo avec d’autres organisations brésiliennes pour exprimer leur soutien aux manifestants argentins. Nous exprimons également notre solidarité avec la révolte à Jujuy. Non à la répression. Morales dégage !