La population réduite à boire de l’eau de mer
En conséquence, l’entreprise publique Obras Sanitarias del Estado qui gère l’eau potable a mélangé de l’eau douce à de l’eau de l’Atlantique afin de fournir de l’eau au robinet plus longtemps, malgré les risques sanitaires : même les animaux refusent de la consommer ! Pour “rassurer” la population, le ministre de l’Environnement, Robert Bouvier a déclaré que « l’eau n’est pas potable dans sa définition précise de potabilité, mais elle est buvable et consommable”. La teneur en sel et en chlorure de l’eau du robinet est cependant deux fois plus élevée que le seuil maximum fixé par l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) et les femmes enceintes, les personnes souffrant de certaines maladies (soit un tiers de la population !) sont tout de même tenues de ne pas consommer cette eau.
Parions que Bouvier ne boit pas au robinet mais trinque aux profits monstrueux réalisés par les Danone, les Coca-Cola qui profitent d’un pays dépendant de l’eau en bouteille, pourtant inaccessible pour 500 000 personnes n’ayant pas les moyens d’en acheter.
« Ce n’est pas la sécheresse, c’est le pillage »
Il ne manque pourtant pas d’eau dans cette région du monde qui abrite 31% des réserves d’eau potable mondiale. Cette richesse aiguise les appétits des multinationales, qui s’accaparent cette ressource avec l’aide des gouvernements locaux, à l’image de Google dont le nouveau centre de données nécessite 7,6 millions de litres d’eau par jour pour être refroidi. Un chercheur à l’université de Montevideo Daniel Pena rappelle que : «Seule une infime partie de l’eau en Uruguay est utilisée pour la consommation humaine. La majeure partie est utilisée pour les grandes industries agroalimentaires, telles que le soja, le riz et la pulpe de bois.». Cette privatisation de la gestion de l’eau s’accélère avec la mise en place du projet Neptune par le gouvernement en 2022.
Face à ce pillage organisé, les salariés de l’OSE se mobilisent, en lien avec la population qui fait entendre sa colère dans les rues de Montevideo en martelant le sol avec des bouteilles en plastique vides au rythme du slogan «No es sequía es saqueo» : ce n’est pas la sécheresse, c’est le pillage.
Qu’ils privatisent les sources d’eau, qu’ils exportent du soja ou qu’ils jouent les intermédiaires, les capitalistes sont capables d’assoiffer des pays entiers pour leur business. Coupons-leur le robinet des profits par la grève, les manifestations, la socialisation des ressources en eau.