Aliev, le dictateur de l’Azerbaïdjan, avait menacé les Arménien.ne.s de les chasser du Haut-Karabakh « comme des chiens » en 2020. Il est passé à l’acte après des mois de blocus du corridor de Latchine qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie. L’attaque lui permet de faire diversion alors que la crise se fait ressentir en Azerbaïdjan avec la baisse du pétrole. 32 personnes, dont deux enfants, ont perdu la vie dans cet assaut militaire.
La Russie en embuscade
C’est la quatrième guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie depuis 1991. De 1988 à 1994, 30 000 personnes ont péri dans ce conflit. Cette fois l’Arménie n’a pas apporté son soutien à la république du Haut-Karabakh dont les dirigeants capitulent.
En 1920, Staline attribue le Karabakh à l’Azerbaïdjan. La plupart des habitant.e.s y sont pourtant Arménien.ne.s. Les Arménien.ne.s contestent cette décision, qui ravive d’anciennes revendications. En 1988, le soviet du Haut-Karabakh vote son rattachement à l’Arménie. Les tensions atteignent leur paroxysme avec le pogrom anti-Arméniens à Bakou. Les conflits éclatent en guerre de trois ans qui s’achève par un cessez-le-feu en faveur de l’Arménie en 1994, qui laisse toutes les questions en suspens. Heydar Aliyev, président de l’Azerbaïdjan, puis son fils, Ilham Aliyev, font campagne sur l’intégrité du territoire de l’Azerbaïdjan avec les frontières de 1991.
Le gouvernement russe joue de l’imbrication de ces deux pays pour donner tantôt ses faveurs à l’Arménie, tantôt à l’Azerbaïdjan pour ses rapports diplomatiques avec la Turquie. La Russie essaye de préserver son influence en perte de vitesse dans cette zone en maintenant l’équilibre instable. Toutes les conditions sont réunies pour que la paix soit compromise.
De guerres en guerres, business is business
Après le début de la guerre en Ukraine, l’Europe occidentale a cherché à se tourner vers d’autres fournisseurs de gaz et de pétrole que la Russie. Pour l’Union Européenne, il n’y a pas de soucis pour dénoncer d’un côté un dictateur : Poutine, et négocier du pétrole et du gaz avec d’autres en Arabie Saoudite pour Macron ou en Azerbaïdjan pour von der Leyen.
Les moyens militaires de l’Azerbaïdjan proviennent de la Russie pour 68% d’entre eux, mais Bakou peut compter aussi sur le soutien de Erdogan. Pourtant, le traité de défense de l’Organisation du traité de sécurité collective qui réunit les pays de l’ancien bloc soviétique oblige la Russie à défendre l’Arménie si elle est attaquée sur ces frontières officiellement reconnues. L’Israël a elle aussi vendu des armes à l’Azerbaïdjan, sans se soucier du peuple Arménien. Les puissances expansionnistes semblent faire du Haut-Karabakh le terrain de jeu pour tester leur emprise.
Pour la liberté des peuples, à bas le nationalisme !
Le Haut-Karabakh est au cœur d’une superposition d’influences entre la Turquie, la Russie, l’UE, l’OTAN, l’Iran, où les peuples sont la variable d’ajustement des stratégies capitalistes. Les Etats aux ambitions expansionnistes déplacent les populations et redessinent les frontières en fonction des ressources qui les intéressent. Nous devons dans chaque pays dénoncer le nationalisme qui n’a pour seul objectif que de dresser les peuples les uns contre les autres et servir les intérêts bourgeois. Et pour tous les peuples, qu’ils soient Arménien ou Azéri, ouvrons les frontières qui nous étranglent.
Sources :
https://nouveaupartianticapitaliste.fr/feu-le-haut-karabakh-le-bal-des-hypocrites/
Azerbaïdjan – Haut-Karabakh : l’assaut final ? – Le dessous des cartes, ARTE https://www.youtube.com/watch?v=1AGXpAM4TLE