La nouvelle loi immigration du gouvernement sous couvert de sécuritarisme et autres
préoccupations réactionnaires à bien pour objectif d’amplifier l’exploitation de nos camarades immigré.e.s, plus particulièrement les sans-papiers.
Un contexte propice à l’exploitation
Dès l’arrivée en France, les conditions menant les immigré.e.s à l’exploitation sont multiples : un voyage vers l’Europe très cher, légal ou non; un loyer trop cher faute de choix; la nonmaîtrise du français, le besoin d’envoyer de l’argent à la famille et des perspectives restreintes au sein de la communauté nourrissent le cercle rendant impossible de sortir de l’exploitation aux nouveaux immigré.e.s. Ces conditions mènent à des formes de travail précaires : intérim, plateformes, travail au noir, contrat d’insertion… très souvent plusieurs activités pour pouvoir s’en sortir.
Une pyramide de l’exploitation
C’est tout un système de recours à des prestataires par des grands groupes, qui font euxmêmes appel à des sous-traitants faisant appel à des boîtes d’intérim ou à des autoentrepreneur.euse.s qui exploitent les travailleur.euse.s en bas de cette pyramide. Ces
dernièr.e.s utilisent de fausses identités et ne savent pas réellement qui est leur employeur,
difficile dans ces conditions de se faire entendre ou de faire appel à la justice.
De leurs côtés, les grands groupes pressent les prestataires sous menaces de pénalités à payer, le recours à des travailleur.euse.s surexploitables sans possibilités de se défendre devient une banalité dans plusieurs secteurs d’activités : livraison, BTP, entretien, agriculture, sécurité.
Un salarié de sous-traitant est encouragé à créer sa propre entreprise pour devenir « sous-sous-traitant » et embaucher des personnes sans-papiers de sa communauté. Cette multiplication d’entreprises rend impossible pour l’inspection du travail de toutes les examiner, et les travailleur.euse.s jetables sont immédiatement remplaçables.
Le même type de hiérarchie chez les travailleur.euse.s des plateformes sous-louant un
compte, un coût en plus pour des personnes déjà précaires, les plateformes le savent et en
jouent, prétextant au gouvernement bannir ses comptes de leurs applications. En réalité, les travailleur.euse.s victimes de ces fermetures de comptes doivent se battre pour louer un
nouveau compte dans un marché de la sous-location de plus en plus rude. Les plateformes
peuvent alors en profiter pour baisser la rémunération.
C’est tout un système qui pousse à l’illégalité pour s’en sortir, mais seules les victimes sont
tenues coupables.
Une mascarade légale
La loi Valls de 2012 qui permet à un.e employeur.euse de régulariser un.e employé.e sanspapier ou la mesure « métiers en tension » de la loi immigration de Darmanin permettant un titre de séjour temporaire et exceptionnel ne servent qu’à maintenir les travailleur.euse.s sans-papiers dans leur situation de surexploitation avec des menaces et des promesses.
Des mesures comme le statut de réfugié ou l’AME sont déjà très dures à obtenir. Dans le cas de la loi Valls il faut avoir travaillé 5 ans en étant sans-papier pour pouvoir effectuer
la demande, soit 5 ans à se faire surexploiter, voire souvent bien plus, puisque seul l’employeur.euse peut déclencher la démarche.
Quant au statut d’auto-entrepreneur, il ne permet pas la régularisation ni par la loi Valls ni par la mesure métiers en tension, ne sont ainsi pas concerné.e.s les travailleur.euse.s des
plateformes.
En plus de devoir prouver que l’on a travaillé, de nouvelles conditions à la régularisation
apparaissent pour ne pas avoir à régulariser et sortir des milliers de personnes de la surexploitation. Il faut ainsi prouver une maitrise du français ou une intégration dans un cercle d’ami.e.s en situation régulière, activité bénévole… mais comment remplir ces conditions quand on travaille 70 heures par semaine, que l’on est discriminé et enfermé au sein de sa communauté ?
Des luttes sans rien à perdre
Qu’iels soit ouvriers du BTP, femmes de chambre ou compagnons d’Emmaüs, les luttes de
plusieurs mois et même plusieurs années des travailleur.euse.s immigré.e.s et sans-papiers
montrent qu’iels sont indispensables à ce système. L’objectif de la loi Darmanin – Le Pen est bien de rendre de plus en plus dure la grève et les recours légaux chez cette partie de notre classe.
Alors que la gauche institutionnelle en faveur de la mesure « métiers en tension » cherche à
négocier le poids des chaines, nous n’attendons rien de ce système qui n’a jamais su défendre nos camarades immigré.e.s et nous nous battrons avec elleux contre nos exploiteurs communs.