I- Situation politique en France
La formation du nouveau gouvernement, présentée comme une tentative de « relance » du quinquennat, est surtout un coup électoral de Macron qui lance ainsi la campagne des Européennes. Gouvernement « resserré » sur la droite, avec, entre autres, Dati comme prise de guerre sarkozyste et Vautrin homophobe intégriste. Le nouveau grand « blabla » présidentiel du mardi 16 janvier a confirmé cette orientation réactionnaire avec des clins d’œil insistants à l’électorat de Zemmour (Macron a repris son slogan) et un étalage de mesures creuses mais marquées par une nostalgie militariste et nationaliste (« réarmement démographique », uniforme, SNU, etc.).
Le but politique avoué est de concurrencer le RN, donné gagnant aux élections européennes, en reprenant tout ou partie de sa politique pour grignoter ses réserves de voix du côté de LR ou de Zemmour. Cela marque la volonté de Macron de faire de ces seules élections nationales du quinquennat un moment politique important – situation différente de 2014 ou 2019, où Hollande puis Macron avaient au contraire tenté de minimiser le scrutin en évitant d’entrer en campagne, laissant la victoire au FN puis RN. Quoi qu’il en soit, cette opération politicienne, qui consiste à prétendre barrer la route au RN en reprenant son programme, confirme la dynamique engagée depuis 2017 qui, si elle a garanti jusque-là un certain socle électoral à Macron et sa majorité en siphonnant l’électorat de droite traditionnelle, engage une fuite en avant réactionnaire.
Cette « droitisation » n’est pas un phénomène électoral spontané de réaction des classes populaires à l’accentuation de leurs difficultés. C’est au contraire un climat impulsé et entretenu par les classes dominantes, à travers les positions des partis politiques institutionnels et par le biais des médias entre les mains de milliardaires comme Bolloré ou Drahi. Cette orientation délibérée est une réponse à la fois à la crise de leur système politique qui a vu l’effondrement de l’alternance gauche-droite, mais aussi et surtout face à la nouvelle forme protectionniste que prend la compétition capitaliste à l’échelle mondiale. Cette offensive raciste, xénophobe et sexiste sert aussi d’arme de division et de diversion pour réprimer ou prévenir les réactions et les luttes.
Ainsi, alors que le mouvement des retraites battait son plein, le Macron lâchait son chien Darmanin pour qu’il sature le débat politique avec sa loi contre les immigrés. En réponse aux révoltes contre les meurtres policiers, Attal a été missionné pour une diversion raciste sur les abayas et un programme ultra-sécuritaire et réactionnaire contre les familles des quartiers pauvres. La contre-offensive à l’indignation contre les massacres de l’armée d’Israël a été particulièrement brutale : les accusations diffamatoires d’apologie du terrorisme et d’antisémitisme étaient des injonctions à faire taire toute voix pro-palestinienne. Cette violence idéologique pour couvrir les exactions génocidaires d’un gouvernement d’extrême droite a achevé d’installer le RN comme le parti de l’alternance gouvernementale, notamment avec sa participation à la prétendue « marche contre l’antisémitisme », qui n’était qu’un rassemblement de la droite réactionnaire, en témoigne la manière dont y ont été reçus les quelques politiciens de gauche qui ont cru malin (et payant électoralement) de s’y rendre.
La loi Darmanin, dictée par LR et votée par le RN, LR et la majorité présidentielle, cristallise cette fuite en avant. La décision du Conseil constitutionnel d’invalider partiellement cette loi le 25 janvier ne remet pas en cause la nature même de celle-ci, faite pour criminaliser et expulser encore plus facilement les sans-papiers, et surtout exploiter et paupériser encore plus les travailleurs étrangers, dont le patronat a pourtant tellement besoin dans de nombreux secteurs fondamentaux à la bonne santé de ses profits. Le retrait des articles avalisant la mise en place de la « préférence nationale » chère à l’extrême droite (notamment ceux restreignant le droit aux prestations sociales, instaurant des cautions pour les étudiants étrangers ou des restrictions au « droit du sol ») est évidemment une bonne nouvelle pour celles et ceux qui en auraient été directement victimes et pour toutes celles et ceux qui sont sincèrement antiracistes. Mais cela constitue aussi une manière pour la gauche institutionnelle et les directions syndicales de présenter l’appel aux manifestations du 21 janvier comme le point d’orgue de la mobilisation contre la loi Darmanin, elles qui ont refusé d’ailleurs d’appeler ou de mobiliser réellement pour celles du 14 janvier, impulsées par les collectifs de sans-papiers et la Marche des solidarités, qui exigeaient le retrait total de la loi et la régularisation sans condition de tous les sans-papiers. Pour notre part, nous allons continuer à exiger le retrait de la loi et à mobiliser pour toutes les échéances de rue portant cette exigence, notamment le 3 février prochain, prochaine date de mobilisation nationale. Les mobilisations dans la jeunesse lycéenne et étudiante contre cette loi et contre le poids grandissant de l’extrême droite, sont évidemment des opportunités à saisir pour notre organisation dans la perspective d’une mobilisation d’ensemble contre le racisme d’État et toutes les forces politiques qui contribuent à son renforcement.
Macron n’a pas d’autre choix que de continuer cette entreprise réactionnaire, même si, à terme, elle profitera électoralement au RN. C’est le prix à payer pour permettre à l’offensive patronale de continuer, doublée de la montée nationaliste et militariste imposée aux bourgeoisies européennes qui tentent de garder leur rang d’exploiteurs impérialistes dans une situation internationale qui se tend. C’est la raison pour laquelle le patronat se prépare à l’arrivée au pouvoir du RN.
Mais nous n’en sommes pas encore là. Il n’est pas dit que la bourgeoisie pourra dérouler sa politique. Le climat réactionnaire est entretenu par en haut. Il pèse bien sûr à la fois sur tout le climat politique et donc aussi sur les discussions parmi les travailleurs. Mais il n’aveugle pas la classe ouvrière et n’entame pas ses capacités à riposter. Le mouvement des retraites, les révoltes de la jeunesse suite au meurtre de Nahel, les grèves nombreuses sur les salaires qui n’ont pas cessé en deux ans d’inflation mais aussi la détermination d’une fraction de la classe ouvrière à manifester semaine après semaine en solidarité avec la Palestine montrent des ressources de combativité à même de faire basculer une situation – à condition que cette combativité se dote d’une orientation politique pour éviter les impasses.
Impasses dans lesquelles les directions politiques et syndicales de la gauche portent une lourde responsabilité. Nous ne reviendrons pas sur la politique des syndicats dans le mouvement des retraites, qui consistait à montrer à la fois leurs capacités de mobilisation et leur capacité à garder le contrôle et maintenir la contestation dans un cadre de prétendu « dialogue social ». Cette politique, qui a mené à la défaite, a été relayée par les partis de gauche de l’Assemblée qui ont appuyé les efforts syndicaux de maintenir les rythmes du mouvement dans les rythmes des débats bien encadrés par les colonnes du palais Bourbon.
À peine installé à Matignon, Gabriel Attal affronte une colère paysanne comme le pays n’en avait pas connue depuis longtemps. Le feu couvait depuis quelques mois, avec ces panneaux d’entrée de villages retournés, à l’image de ce monde « qui marche sur la tête ». Les motifs d’exacerbation sont divers et nombreux : hausse de la taxe sur le gazole non routier ; hausse des taux d’intérêt des banques ; tracasseries administratives ; rapacité des intermédiaires de la grande distribution et des grosses entreprises d’agro-alimentaire qui achètent à vil prix, à l’instar de Lactalis, géant mondial des superprofits sur le lait. Tous les agriculteurs et agricultrices ne sont pas frappés de la même façon. Le monde agricole est constitué à un bout de petits exploitants dont les revenus mensuels ou retraites avoisinent ceux des salariés les plus précaires, à l’autre de gros capitalistes qui contribuent à les tuer.
Ce sont ces derniers qui siègent à la tête de la FNSEA, dont le président est un riche patron habitué des salons ministériels et des milieux de droite. C’est à eux que s’est adressé Gabriel Attal, espérant que quelques concessions, ou promesses de renégociations à Bruxelles de mesures qui rapportent toujours bien plus aux gros exploitants qu’aux petits, suffiront pour leur faire sonner la fin du mouvement. Un deuxième syndicat français, la Coordination rurale, ne cache pas des liens avec l’extrême droite, et tente d’utiliser la situation pour faire assaut de nationalisme, en prétendant défendre la « production française »… Les annonces de Gabriel Attal n’ont manifestement pas convaincu. Même la FNSEA se dit insatisfaite. Après quelques levées de barrages ce week-end, un « blocage de la capitale » est annoncé pour lundi 29 janvier. Et la colère est toujours là, que les organisations qui se disent représentatives du monde paysan n’arrivent manifestement pas à calmer et canaliser, bien qu’elles s’y emploient.
Cette nouvelle crise politique est d’autant plus inquiétante pour Macron et son tout nouveau gouvernement qu’elle surgit d’une mobilisation sociale qui contient des ferments de contagion. La partie la plus démunie des agriculteurs, qui n’arrive plus à vivre de son travail (18 % des ménages agricoles vivent au-dessous du seuil de pauvreté, on compte dans ce monde agricole un suicide tous les deux jours, bien davantage que la moyenne nationale), affiche un slogan qui fait écho aux revendications ouvrières face à l’inflation : « Vivre et pas survivre ». Le monde du travail s’en est senti spontanément solidaire. Sur les lieux de travail, les réactions ont été nombreuses et favorables. Les travailleurs sont les premiers concernés par les prix de denrées alimentaires de qualité que leurs salaires ne leur permettent pas de se payer, et c’est tout particulièrement la radicalité du mouvement qui a fait mouche.
La colère paysanne peut contribuer à ce que le fond de l’air se réchauffe. Nous devons appuyer la solidarité des travailleurs des villes à l’égard des laissés pour compte des campagnes, exprimer la solidarité des révolutionnaires. La situation sociale et politique du monde agricole est complexe, mais lui aussi est miné par les tares du système capitaliste et ses lois du marché, qui se dressent contre la nature et les hommes. La colère paysanne, qui fait directement écho à la colère ouvrière, souligne combien il est urgent de s’y mettre tous et toutes ensemble. « Ouvriers, paysans, nous sommes le grand parti des travailleurs »…
Cette gauche politique, unie hier dans la Nupes, est aujourd’hui divisée en deux blocs. D’un côté le PS, le PCF et les Verts qui cherchent à apparaître comme une opposition responsable, voire compatible avec le macronisme. Lorsque le secrétaire du PCF, Fabien Roussel, annonce en plein remaniement qu’il accepterait de participer au futur gouvernement, cela souligne bien sûr les choix de Macron qui a préféré débaucher Dati, mais surtout l’absence de perspectives du Parti communiste. Cette même posture est visible dans l’opposition de façade de ces politiciens à la loi Darmanin-Le Pen : ils se présentent en défenseurs de grands principes républicains creux mais réaffirment leur opposition à régularisation des sans-papiers ou à l’ouverture des frontières qui font des milliers de morts chaque année en Méditerranée.
Les positions de cette gauche à propos des massacres à Gaza sont particulièrement en phase avec l’arc Macron-Le Pen. Rien d’étonnant du côté du PS ou des Verts qui ont toujours assumé leur soutien au sionisme. Le PCF a certainement pris une partie de sa base à contre-pied en participant aux marches de soutien à Israël le 9 octobre puis à la marche dite « d’unité nationale » le 12 novembre.
La FI a pris des postures différentes depuis la fin du mouvement sur les retraites. Que ce soit contre les violences policières ou contre l’agression militaire israélienne, le mouvement de Mélenchon a tenu des positions certes minimalistes mais remarquées, surtout dans les milieux de travailleurs issus de l’immigration, face à une pression des médias et du pouvoir qui n’ont pas hésité à les qualifier d’extrême gauche ou d’islamogauchistes (comme, du reste, de Villepin qui a essuyé des accusations d’antisémitisme). Cette pression du gouvernement et de l’extrême droite a fait éclater la Nupes.
Ce positionnement souligne bien plus une dérive vers la droite des partis de gouvernement qu’une évolution vers la gauche de la FI. Le mouvement de Mélenchon proclame toujours son nationalisme économique, son républicanisme abstrait, et son patriotisme, y compris sur le terrain du militarisme. Cette gauche est issue de la même matrice que le PS et les Verts, avec lesquels elle a d’ailleurs conçu un programme commun de gouvernement au service de la bourgeoisie aux législatives de 2022.
Dans la situation de polarisation vers la droite de la vie politique, de nombreux militants ouvriers, notamment syndicaux, sont sensibles à ces postures d’une gauche « qui reste de gauche ». Ce réflexe politique a quelque chose de positif qu’il ne faudrait pas s’aliéner. Mais nous devons d’une part mettre en garde contre les trahisons prévisibles de cette gauche si elle arrivait au pouvoir et d’autre part souligner dès maintenant qu’il ne s’agit pas seulement de prononcer de beaux réquisitoires depuis les tribunes de l’Assemblée mais d’organiser la riposte.
Car il n’y aura pas de raccourci électoral pour combattre la percée annoncée de l’extrême droite sur le terrain institutionnel. Pour stopper l’offensive raciste et réactionnaire, il faudra prendre le mal à la racine et stopper l’offensive patronale. Reprendre l’offensive sur les salaires, les conditions de travail, montrer en quoi la loi raciste Darmanin-Le Pen est une attaque contre tous les travailleurs, démonter l’alignement de tous ceux qui égrainent les discours les plus réactionnaires derrière les intérêts patronaux, combattre le chauvinisme et le militarisme au nom de l’internationalisme prolétarien. Cela implique une agitation qui vise à regrouper les luttes aujourd’hui éclatées en montrant leur cohérence politique dans un même combat contre le capitalisme. Engager cette riposte est indispensable pour vivre et pas survivre et tenter d’enrayer la catastrophe annoncée. Cela ne fera pas reculer en soi l’extrême droite et le patronat – au contraire la naissance de notre force pourrait même les enrager et les pousser à se radicaliser encore. Mais c’est la seule voie, à l’opposé des illusions électorales, même appuyées sur des discours de gauche.
II- Situation internationale
L’accentuation du tournant autoritaire et réactionnaire menée par Macron et ses amis de rencontre n’est pas une spécificité française : elle s’inscrit dans un contexte économique, social et politique dans lequel les classes possédantes ont besoin de ce type de réponse à l’échelle internationale. Depuis une quinzaine d’années, ce sont tellement de victoires électorales ou d’accession au pouvoir par des méthodes moins légales de politiciens réactionnaires, nationalistes, populistes, libertariens ou carrément fachos décomplexés, de montée en puissance de partis de droite extrême, d’extrême droite, qui pour certains gouvernent ensemble, qui pour d’autres, se tirent la bourre durant des années pour savoir qui accédera aux manettes. De quoi les Trump, Bolsonaro, Milei, Meloni, Orbán, Modi, Johnson, Wilders, Netanyahou, Al-Sissi, Poutine et bien d’autres sont-ils les noms ? Si ce n’est ceux d’une caste politique prête à toutes les formes de violence à l’égard des classes exploitées qu’il faut encore plus exploiter et « en même temps » empêcher qu’elles se révoltent ou bien mater celles qui parviennent à le faire.
Depuis le début du XXIe siècle, le système capitaliste est frappé par de profondes crises combinées, touchant à la fois son « cœur de métier » : ses sphères financières et productives, mais aussi tous les champs de la vie sociale et environnementale, tous ceux pénétrés au forceps par le capital de par sa propension à faire sauter toutes les barrières pour répondre à sa soif inextinguible d’accumulation. L’incapacité du système capitaliste à assurer les besoins, même les plus élémentaires, de l’humanité, est non seulement de plus en plus patente, mais c’est carrément de l’avenir de celle-ci et de toute la planète dont il a fini par enclencher un compte à rebours mortifère. Les forêts qui brûlent, des régions entières qui disparaissent dans les cendres ou sous les eaux, la pandémie du Covid-19 qui parachève des décennies d’urbanisation galopante et de destruction aggravée d’écosystèmes sont autant de manifestations du dérèglement généralisé affectant l’ensemble du système depuis deux décennies. Le capitalisme se réorganise au gré des cataclysmes qu’il provoque : la concurrence entre les puissances impérialistes s’exacerbe, à coup de mesures protectionnistes et de dumping social. Certaines de ces puissances s’épuisent, perdent du terrain (dont la France), toujours au détriment en premier lieu du niveau de vie de leur prolétariat. Des puissances de seconde zone forcent le destin pour emporter certains marchés, tenter de rivaliser dans la cour des grands, avant parfois de sombrer dans l’hyper-inflation et la relégation au relent colonial.
La faim, la misère, l’exode forcé, le mépris de classes dominantes aussi insouciantes que l’étaient les passagers des premières classes à l’égard des autres naufragés du Titanic ont, depuis 2011, dans nombre de pays un peu partout sur la planète, jeté successivement, souvent par vagues, des franges massives des couches populaires et de la jeunesse dans la révolte et l’envie d’en découdre pour un monde meilleur. Des révolutions du monde arabe au soulèvement iranien, des luttes des paysans pauvres en Inde aux mobilisations insurrectionnelles au Sri Lanka, des printemps chilien et algérien jusqu’aux parapluies de Hong-Kong en passant par les manifestations de masse pour l’écologie et les droits des femmes, notre camp social n’a pas démérité dans sa capacité à remettre en cause l’ordre établi et à chercher les voies de son émancipation face à une bourgeoisie déterminée à sauver ses profits, « quoi qu’il en coûte » pour l’humanité. Incapable de donner un visage souriant et tranquille à son monde barbare et injuste, la bourgeoisie ne connaît plus que la schlague pour faire régner l’ordre. Il lui faut les garde-chiourmes de circonstance, c’est en bien fini avec « les lendemains qui chantent », ou encore « la force tranquille ».
Les discours autoritaristes, le retour de l’uniforme et de l’hymne national à l’école fournissent du son et des images à un scénario dans lequel le contrôle des populations décidément trop « remuantes » devient une obsession pour les classes bourgeoises. Les policiers au sein des manifestations ou des quartiers populaires armés comme des fantassins sur un champ de bataille, des soldats surarmés qui patrouillent dans les gares et dans les rues des grandes métropoles européenne, des jeunes mutilés ou assassinés en toute impunité parce qu’ils sont noirs ou arabes ou condamnés à des peines de prison lourdes pour avoir osé défier l’État capitaliste… Tout cela plante le décor d’une société de plus en plus injuste et violente pour les plus faibles, les plus exploités. Mais après tout, cela colle tellement bien aussi avec l’ambiance « surarmement party » que mettent en place joyeusement les principales puissances capitalistes depuis plusieurs années, et que le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022, puis le bombardement incessant de Gaza par l’armée israélienne depuis 114 jours, ont considérablement raffermie. Plus que jamais le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. Le 10 décembre dernier, le titre de la une du New York Times en disait long à ce propos : « La guerre au Moyen-Orient fait grimper en flèche les ventes d’armes à l’international ». Les dépenses publiques pour les budgets militaires s’envolent. Ainsi dans l’Union européenne, elles ont atteint la somme record d’environ 270 milliards d’euros en 2023, soit quelque 30 milliards de plus qu’en 2022.
La meilleure façon qu’a trouvée depuis plusieurs années maintenant la bourgeoisie pour faire payer la note à la classe ouvrière est d’entretenir une inflation mettant à mal le budget des classes populaires, dont les fins de mois ont tendance à commencer dès le 3 ou 4 du mois ! Mais aussi de faire baisser sous toutes ses formes la part des salaires dans la répartition entre capital et travail (le départ à la retraite repoussé à 64 ans en France par exemple, la pérennisation de centaines de milliers d’emplois publics à 24 heures maximum par semaine…). Depuis 2018 et le mouvement des Gilets jaunes – déjà plus de cinq ans maintenant –, cette question des « salaires » (et des prix) reste un terrain d’affrontement majeur entre les exploités et les bourgeois. Plusieurs vagues de mouvements de grève, plus ou moins fortes ou emblématiques, se sont effectivement succédé à propos de l’augmentation générale des salaires en France, mais aussi sur l’ensemble du globe. Et tout cela sans qu’aucun mot d’ordre venant des directions syndicales ne tente d’unifier et de généraliser l’ensemble de ces grèves (y compris pendant le mouvement « retraites » de l’an dernier durant lequel il aurait été pourtant facile de profiter de l’effet d’aubaine, à condition de s’organiser un tant soit peu). Depuis quelques semaines, il semble que l’activité de débrayages et de grèves de notre camp social soit repartie à la hausse (c’est bien la seule hausse qui nous fait plaisir), et notamment dans des secteurs où le milieu combatif au sens large, sans même parler de l’extrême gauche, est bien présent (SNCF, transports urbains, Poste…). Cela nous fait plaisir bien sûr, mais surtout cela nous donne aussi des responsabilités afin d’essayer de regrouper celles et ceux qui se posent la question de dépasser l’inertie des directions syndicales à ce sujet (entre autres) et qui se lancent dans la bagarre, pour réfléchir à ce que davantage de coordination pourrait apporter aux mouvements de grève voire leur permette d’aller chercher la gagne.
III- Notre campagne aux élections européennes dans ce contexte
En ce début d’année 2024, nous entrons, si ce n’est encore dans la campagne électorale, du moins dans une phase de pré-campagne. Comme imaginé depuis plusieurs mois, ces Européennes vont marquer les prochains mois, très certainement crescendo.
Côté politique, tous les partis institutionnels s’y préparent : à commencer par le RN qui compte bien en faire sa première grande victoire, arriver en tête, être le premier parti de France (des sondages lui donnent près de 30 % des voix, soit 10 % de plus qu’à la macronie). Macron s’y prépare aussi, s’est taillé un nouveau gouvernement dans ce but, en croisant les doigts pour que cette consultation européenne ne soit pas l’annonce d’une triste fin de règne où il se verrait doublé par le RN. Les autres appareils politiques, de droite et de gauche, chacun à leur façon, se mettent aussi dans les starting-blocks, mais plutôt pour sauver les meubles que dans l’espoir de gagner beaucoup. Reste certainement l’inconnu de la performance possible de LFI qui, à la différence des partis de feu l’alliage de la Nupes (Verts, PS, PC), a cherché à se montrer comme une opposition radicale (certes davantage dans l’hémicycle du palais Bourbon que dans les luttes et la rue). Des révolutionnaires s’y préparent aussi, à commencer par nous, qui aimerions pouvoir nous présenter dans le cadre d’un pôle révolutionnaire, en commun avec Lutte ouvrière qui a fait acte de candidature… mais ne répond pas et persévère à vouloir manifestement faire cavalier seul. Des discussions à tenter d’arracher, en perspective.
Du côté des classes populaires et du monde du travail, les Européennes ne sont pas encore une préoccupation, mais il est certain qu’elles marqueront l’actualité du printemps. Elles auront une large place dans les médias. Comme elles apparaissent sans enjeu (ne sont censées changer ni le président ni le gouvernement – sauf si une débâcle du macronisme conduisait à des législatives anticipées), elles seront probablement l’occasion de voter sans garde-fou, de dire ce qu’on pense, de râler contre les politiques. C’est le grand atout du RN : miser sur un vote défouloir, sur un vote sans scrupule ni jugeote pour dire « merde »… un vote pourtant orienté dans le pire sens pour les travailleurs, nationaliste et raciste, c’est-à-dire anti-ouvrier.
Repousser le spectre de l’extrême droite : il est de notre responsabilité que les colères du monde du travail prennent une autre couleur que le brun. Qu’elles aient une couleur de classe, de lutte à préparer ou déjà mener. C’est la raison essentielle qui rend indispensable la présence des révolutionnaires dans cette élection, quoi qu’il en coûte. Une partie des classes populaires et des jeunes, qui se politisent, se sentent directement concernés par le rejet de l’extrême droite et ce qu’elle véhicule de racisme et de nationalisme. Ce n’est pas un hasard si les médias ont présenté les manifestations du dimanche 21 janvier dans toute la France, contre la loi Darmanin, comme des mobilisations contre l’extrême droite. C’est bien, entre autres, ce qui s’y exprime. Ces mobilisations font d’ailleurs fortement écho à des mobilisations similaires, le même week-end, dans toute l’Allemagne. Contre la même menace. Reste bien sûr à savoir comment mener la lutte contre les RN ou autres AfD (Alternative für Deutschland) – et les politiciens de droite qui en reprennent des éléments de programme, ou les macronistes et gouvernants allemands aussi qui, eux, les appliquent ! Certainement pas par des coalitions électorales et parlementaires. Certainement en se préparant à des luttes d’ensemble, à des combats sociaux mais aussi politiques, à des bonds nécessaires dans l’organisation du monde ouvrier.
Les Européennes sont des élections à l’échelle d’un continent où les mêmes tendances politiques réactionnaires sont à l’œuvre ; où des spécimens de l’extrême droite gouvernent déjà, ou ont gouverné (en Hongrie, en Italie, aux Pays-Bas, en Autriche), ou aspirent à le faire. Il faudra en souligner les raisons et les ressorts, qui puisent aux conditions de survie du système capitaliste : protectionnisme contre les voisins, durcissement des régimes et tentatives de prévention des explosions de colère sociale par des diversions nationalistes, racistes ou entreprises guerrières. Des mobilisations de la vraie vie ont indéniablement lieu à l’échelle européenne – agriculteurs en colère, populations inquiètes du come back d’apprentis fascisants.
D’abord « vivre et ne pas survivre ». Tous les sondages et notre propre implantation le disent : la préoccupation première des travailleurs des villes mais aussi des campagnes, c’est le « pouvoir d’achat ». Les salaires qui dans bien des secteurs stagnaient déjà depuis dix ans et plus, ne tiennent plus face à l’inflation, en germe déjà avant les répercussions du Covid et de la guerre en Ukraine. Prix alimentaires, prix de l’énergie… En fait, un volet important de la campagne consistera à mener une « campagne salaires ». À la projeter au maximum à l’échelle européenne, avec infos de nos copains ou antennes dans d’autres pays du continent. Car l’inflation vient essentiellement de la pression aux profits maxima. Et partout, la tendance du patronat est à ne céder que des miettes, pour prévenir des luttes, à céder des primes plutôt que des augmentations de salaire.
• 400 euros d’augmentation pour tous !
• Pas de salaires, de pensions ou d’allocations inférieurs à 2000 euros !
Tandis que les gouvernements imposent des législations qui rognent sur les retraites, sur les allocations de chômage ou allocations handicapés, augmentent les dépenses de santé, d’éducation, de transport – tout en dégradant le service rendu. Tandis que les profits sont toujours là. Croissants ! Le CAC 40 ne cesse de battre ses propres records. Les milliardaires en euros sont toujours plus nombreux.
Contrer le racisme et la xénophobie : l’extrême droite fait campagne depuis des années contre l’immigration qui serait facteur d’insécurité. C’est insoutenable. Macron, lui, pourrit toujours davantage la vie des « immigrés », précarise et paupérise la partie la plus fragile d’entre eux, ceux qui n’ont pas de papiers ou ne sont pas de nationalité française. Le concept même d’« immigré » trimballe le racisme crasse des partisans d’un prétendu « Occident chrétien », stigmatisant tous ceux et celles qui ne sont pas blancs de peau, mais aussi et surtout qui pour leur large part sont des travailleuses et travailleurs, appartiennent à la classe ouvrière. En enfonçant un coin entre les travailleurs selon leurs origines, religions et couleur de peau, il s’agit de détourner leur regard des patrons qui les exploitent et des gouvernants qui les y aident. Il s’agit de tenter de diviser cette classe ouvrière. Tout bénéfice pour les exploiteurs. La campagne que les révolutionnaires ont à mener, en riposte à la politique ouvertement raciste et xénophobe des Macron-Ciotti-Le Pen, que la plupart des leaders de la gauche institutionnelle cautionnent par leur quasi-mutisme, c’est autour des slogans qui sont déjà les leurs et seront à expliciter et illustrer :
• Régularisation de tous les sans-papiers !
• Libre circulation, ouverture des frontières !
• Travailleurs français et immigrés, égalité des droits !
L’aberration et le poison du nationalisme. Les Européennes sont des élections à l’échelle d’un continent de près de 450 millions d’habitants. Les représentants politiques des bourgeoisies n’ont pourtant à la bouche que la prétendue défense d’intérêts nationaux. Il faudrait produire français ! Il faudrait même se protéger de leur Union européenne (UE et l’énorme usine à gaz de ses institutions et de ses lois), pourtant dirigée par des représentants des impérialismes dominants, Allemagne et France en tête. Ce sont les grandes firmes de ces pays, des domaines énergétiques, industriels, agricoles, qui dictent leur loi. Leurs décideurs sont capables de s’entendre, de se coordonner en fonction d’intérêts communs, parfois contre des concurrents internationaux, toujours contre les travailleurs et les petits peuples plus faibles. L’UE a été capable, en juin 2022, quelques mois après le début de la guerre en Ukraine, d’ouvrir exceptionnellement ses frontières à des transporteurs routiers et des céréaliers ukrainiens : bienvenue l’Ukraine dans l’Europe ! Mais devant la concurrence dite « déloyale » et les mouvements de mécontentement que cette ouverture a suscités en Pologne, en Hongrie, en Roumanie et en Allemagne – et probablement chez les gros céréaliers de la Beauce –, le régime de faveur est terminé ! L’Ukraine n’est plus bienvenue dans l’Europe !
Face à ces tractations de brigands impérialistes, les travailleurs n’ont pas à épouser les rivalités de leurs patrons, pas à se battre pour des « marchés », juste à se coordonner à l’échelle du continent et lutter ensemble pour de meilleurs salaires et conditions de travail, et pourquoi pas pour une toute autre Europe, socialiste, où ceux et celles qui produisent toutes les richesses et assurent tous les services décideraient ensemble de leur production et de leur destination – en fonction des besoins, y compris des populations de pays plus pauvres. L’exemple de l’électricité est parlant : elle est produite, vendue et revendue en Europe, par kilowatt au jour le jour, voire dans l’heure. Ce n’est pas une aberration de réguler les réseaux à cette échelle pour éviter les pénuries, ce serait même un énorme progrès s’il n’y avait pas, en bout de course, les factures à payer ! À l’inverse tous les ennemis des travailleurs, tous ceux qui veulent les diviser, tentent de faire vibrer la corde nationaliste. Il faudrait se protéger des voisins, alors qu’il faut se protéger des patrons ! Cette tendance domine. En France, un Bolloré, qui a bâti sa fortune en Afrique, fait partie de ceux qui financent l’extrême droite qui met en avant la « France d’abord » ! Et s’il existe des grands groupes qui, au contraire, vantent les mérites d’une Europe unie et ouverte car, comme Airbus, ils produisent à l’échelle de l’Europe, avec des sites de production et d’assemblage en Angleterre, en Allemagne et en France, ils défendent en réalité une Europe de la défense militaire et de l’exploitation, qui défend leurs intérêts capitalistes à l’international et ne se gênent pas de cultiver les différences nationales pour attiser la concurrence entre les travailleurs de leurs différents sites.
Schengen, Frontex, leur Europe cherche à fermer ses portes à ceux que pourtant ses propres multinationales ont contribué à plonger dans la misère et les guerres (dont au premier chef la France ex-coloniale et néo-coloniale) ; et pourtant elle crèverait sans l’apport de forces vives, de travail, venues du monde entier, pour ses chantiers, ses usines, ses services, dont des soins. C’est la loi Darmanin-Le Pen ici. C’est la guerre de l’Italie contre la France, de la Grande-Bretagne contre la France, pour se refiler ou refouler les migrants. Des dizaines de milliers de morts en Méditerranée et dans la Manche, davantage encore parqués dans des camps de quasi-concentration en Turquie ou en Libye, pays financés par l’UE pour les retenir loin de ses métropoles !
• Non à leur Europe forteresse !
• Les travailleurs n’ont pas de patrie !
• Travailleurs de tous les pays, unissons-nous !
• Travailleurs français et immigrés, mêmes patrons même combat !
Un monde sans impérialismes fauteurs de guerre. L’Europe a-t-elle encore une telle réalité ? Car toutes les grandes sociétés « françaises » se sont mondialisées, de PSA-FIAT-Chrysler, à Total, France-télécom ou EDF, et jusqu’à nos bonnes vieilles SNCF ou RATP qui sont des multinationales et ont pour arène le monde entier ! Alors que les travailleurs ont des intérêts communs, c’est la concurrence inter-impérialiste mondiale qui s’exacerbe, depuis la crise économique de 2008, et est fauteuse de guerres. L’actualité est dangereusement marquée par une recrudescence de conflits armés : Ukraine, Palestine, Yémen…
Il faut parler de l’Ukraine, dans notre campagne. La population ukrainienne est soumise, depuis bientôt deux ans, à une situation de guerre destructrice, condamnée à vivre sous les bombes ou leur menace, depuis que l’autocrate russe Poutine a décidé d’envahir le pays voisin qu’il estime appartenir à la sphère d’influence de son impérialisme. L’armée russe occupe quelque 20 % du territoire ukrainien et tient une ligne de front pour une guerre de tranchées qui paraît sans fin. Destructrice. Meurtrière. Les États-Unis, à la tête de leurs alliés de l’Otan, ont saisi l’occasion de l’agression militaire russe pour soutenir l’Ukraine, disent-ils, en fait gagner sur la Russie condamnée à des sanctions, d’énormes parts du marché européen de l’armement, du gaz et du pétrole, du nucléaire civil, des céréales. L’aide militaire à l’Ukraine, qui ne l’aide manifestement pas à l’emporter sur la Russie, est surtout une aide à l’industrie de l’armement américain. Tous les budgets militaires ont flambé. Dont celui de la France. Macron vient de se poser en chef d’une nouvelle coalition d’aide militaire à l’Ukraine. Beaucoup de bluff (car Biden reste présent) dans cette opération, destinée à faire oublier les déboires de la Françafrique chassée d’un certain nombre de pays du Sahel. Mais six nouveaux canons Caesar « devraient » être livrés à l’Ukraine « prochainement » et l’aide n’est pas gratuite : Le Monde du 19 janvier précise que les canons seront « achetés directement par Kiev à son fabricant Nexter » ! Pognon, pognon ! Profits, profits ! Et le même journal annonce que « Nexter sera en capacité de produire 72 autres Caesar pour l’Ukraine en 2024 »… la facture suivra ! Hors d’Ukraine les troupes russes ! Droit du peuple ukrainien à décider de son sort, droit des travailleurs à se défendre mais avec leurs propres armes politiques, leur organisation de classe pour tenter de fraterniser avec des travailleurs russes, eux aussi soumis à une économie de guerre, c’est-à-dire de sacrifices et de mort ! Halte aux profits faits sur leur dos par les marchands de canon occidentaux !
Les grandes puissances occidentales, derrière les USA, en profitent pour renforcer leur militarisation de la planète et favoriser leurs marchés, sans davantage de considération que Poutine pour les classes populaires ukrainiennes : troupes de l’Otan, dont au premier titre les troupes françaises, hors de tous les continents où elles prétendent gendarmer le monde, que ce soit en Europe de l’Est, au Moyen-Orient ou en Afrique ! À bas les unions sacrées derrière des drapeaux nationaux, pour l’union des travailleurs, des travailleuses et des peuples par-delà les frontières, avec la perspective de renverser le capitalisme !
Il faut parler de la Palestine, dans notre campagne. Les massacres génocidaires menés par l’État colonial d’Israël contre Gaza, ont lieu sur fond de rivalités depuis des décennies entre grandes puissances, USA en tête, qui veulent garder le contrôle sur la région et ses richesses pétrolières. On ne s’étend pas, car c’est l’actualité brûlante sur laquelle on a beaucoup écrit, mais aussi et surtout cherché et réussi à avoir une intervention, à participer jusqu’à ce jour à des collectifs, voire à créer une « inter-orga » en région parisienne, sur une base internationaliste, pour assurer le succès de manifestations, malgré les pressions de tous ordres d’un gouvernement qui s’aligne sur la politique d’extrême droite de Netanyahou. Le soutien à Gaza doit être poursuivi. Il entre en résonance avec la contestation de la loi contre l’immigration, car les mêmes franges de la classe ouvrière sont visées, les travailleurs et travailleuses issues des banlieues, ce qui nous a fait titrer notre journal no 9 : « Au nord, ils expulsent, Au sud, ils bombardent, De cette société-là, on n’en veut pas ! »
Exprimer notre colère, préparer les luttes. Ces élections ne se résument pas pour nous à une opportunité de nous faire connaître au niveau national, nous et notre programme (ce qui est tout à fait légitime !). Elles doivent aussi et surtout être une façon de donner aux électeurs des classes populaires le moyen d’exprimer leur colère, et plus si affinités, dans le sens d’un espoir révolutionnaire. De mettre en avant leurs revendications et aspirations. De mettre en avant leurs luttes et celles qui ont jalonné, ces dernières années, le continent européen : grèves en Angleterre, grèves en Allemagne, mobilisations féministes en Pologne… Ce sont les luttes et pas les bulletins de vote qui changent la vie, et des luttes que les grévistes eux-mêmes dirigent, sans abandonner leur sort à des bureaucraties syndicales intégrées aux appareils d’État. C’est pas à Matignon, ni au palais Bourbon, que nous aurons satisfaction…
À nous d’introduire aussi dans notre campagne des éléments du programme communiste, sur le nécessaire renversement du système d’exploitation capitaliste, sur la force des travailleurs en lutte quand ils savent les faire converger et les diriger démocratiquement, préfiguration de leur capacité à instaurer leur propre pouvoir d’État, c’est-à-dire à répondre à l’urgence révolutionnaire, sans laquelle les questions d’oppressions, d’écologie, de démocratie ne trouveront pas de solution. À partir d’images et d’exemples, nous pourrons et devrons parler révolution et communisme dans notre campagne électorale. Mais elle devra commencer par cibler les quelques axes abordés plus haut, liés à l’actualité. • Votez pour les revendications du monde du travail !
• Votez pour l’émancipation du monde du travail !
• Votez pour le parti des luttes, sociales et politiques !
• Et préparons-les ensemble, tous ensemble !
• L’Europe, 27 pays et plus, mais une seule et même classe ouvrière !
Enfin, il va falloir présenter notre liste de candidats révolutionnaires, des hommes et des femmes communistes révolutionnaires, militants ouvriers ou salariés de différents secteurs et de toutes les régions du pays, jeunes. Une liste à l’image des participants aux luttes sociales et politiques de ces dernières années.
Résolution adoptée au CPN du NPA des 27 et 28 janvier 2024