
Les 10, 11 et 12 février a eu lieu en Argentine le 4e Camp Anticapitaliste à l’initiative de «Ya Basta !», organisation des jeunesses du Nuevo MAS, liée au courant international Socialisme ou Barbarie. Une rencontre internationaliste avec la présence de plusieurs centaines de jeunes, étudiants et travailleurs, venus d’Argentine, du Brésil, du Costa Rica, des Etats-Unis et de la France. Dans un contexte international de crises, de guerres et de la montée des idées réactionnaires, la jeunesse anticapitaliste s’organise pour proposer une perspective révolutionnaire internationale.
Une jeunesse anticapitaliste et internationaliste pour tout renverser
Le système capitaliste n’a rien à offrir aux nouvelles générations jeunes. Dans un contexte de crise économique internationale, les gouvernements capitalistes voient la jeunesse comme une variable d’ajustement pour faire payer leur crise à ceux d’en bas. A cela s’ajoutent les guerres impérialistes, comme en Ukraine et le génocide en Palestine, responsabilité de l’Etat d’Israël, avec la complicité des Etats-Unis et des gouvernements Macron et Milei.
La voracité du système capitaliste s’exprime également dans des conditions d’exploitation du travail plus dures. Les capitalistes d’Amazon, Uber et compagnie, se servent des nouvelles technologies pour mieux exploiter les travailleurs et revenir aux conditions du travail du XIXe siècle. De plus, le capitalisme nous propose des gouvernements réactionnaires d’extrême droite dans le monde, contre lesquels il faut riposter à l’echelle internationale.
Dans ce contexte, le 4e Camp Anticapitaliste a permis de rassembler des centaines de camarades militants de plusieurs pays pour proposer une alternative anticapitaliste internationaliste contre les ravages du système.
Le NPA Jeunes au Camp Anticapitaliste
Une délégation du NPA Jeunes a participé au Camp Anticapitaliste pour animer une discussion sur la situation politique en France et les perspectives des révolutionnaires. Le débat a commencé par une introduction faite par Hugo, militant étudiant à Paris, sur les attaques capitalistes en France durant la dernière période. Le camarade a expliqué le plan d’attaques du gouvernement Macron contre les classes populaires, pour détruire les acquis sociaux des travailleurs.
Ensuite, Arianna, militante au comité santé de Paris, a fait une introduction sur les mouvements sociaux de lutte en France et les interventions du NPA pour construire les mobilisations. Dans ce sens, elle a souligné l’initiative de la Coordination Nationale Etudiante, proposée par le NPA jeunes lors de la bataille des retraites, ainsi que l’expérience du collectif Soignants pour Gaza, qui a permis aux travailleurs de la santé d’exprimer leur soutien international au peuple palestinien.
Pour sa part, Victor Mendez, militant à l’université de Nanterre et membre de la direction du NPA, a parlé sur les perspectives des révolutionnaires en France, notamment après la scission du NPA au 5e Congrès de l’organisation. Victor a expliqué que des opportunités s’ouvrent pour le NPA issu du 5e Congrès, dans un contexte de politisation et de radicalisation des jeunes et des travailleurs. Dans ce sens, la scission a permis une clarification politique pour affirmer l’indépendance de classe de l’organisation et pour mener cette bataille dans les luttes, mais également dans le terrain de la représentation politique, notamment en vue des élections européennes 2024.
Santiago Follet, militant au NPA Jeunes Paris 8 et membre du courant Socialisme ou Barbarie, est revenu sur les perspectives internationalistes et le rôle indispensable du parti révolutionnaire dans la période actuelle. Dans ce contexte, le rôle du NPA en France pour disputer la direction politique du mouvement des retraites face à l’orientation défaitiste de l’Intersyndicale ou la détermination politique de briser les interdictions de Macron aux manifestations pour la Palestine sont des exemples concrets d’une politique d’intervention révolutionnaire. Une politique qui trouve des paralelismes évidents avec l’orientation du Nuevo MAS en Argentine pour mener la bagarre contre Milei, en défiant le procotole anti-manifestations ou en proposant des journées de mobilisations contre la Loi Omnibus, pour dépasser la stratégie des journées isolées des directions syndicales.
La recomposition ouvrière et les nouvelles expériences de lutte des travailleurs à l’international
Le Camp Anticapitaliste a compté avec la présence d’une délégation des camarades du syndicat SEIU de Los Angeles, aux Etats-Unis. Ils ont participé à une réunion-débat dans laquelle les camarades ont temoigné des difficultés qui existent aux Etats-Unis pour mener une activité syndicale en défense des droits de travailleurs. En effet, les patrons nord-américains font recours aux tactiques de « union busting » pour exercer une énorme pression anti-syndicale dans les entreprises.
Cependant, cela n’a pas réussi à empêcher que des grandes grèves d’une ampleur historique aient lieu en 2023. En effet, les grèves des scénaristes et des acteurs de Hollywood, ainsi que les mobilisations des agents d’entretien, des travailleurs de l’éducation et de la mairie de Los Angeles ont donné lieu à ce qu’on appelle le « Hot Labor Summer ». Il s’agit d’une vague des grèves massives qui s’inscrit dans une vague de syndicalisation des travailleurs, notamment ceux de Starbucks ou d’Amazon, entre autres. Dans ce contexte, les camarades du SEIU ont avancé la perspective d’une grève générale pour paralyser les Etats-Unis en 2028 qui pourrait prendre des dimensions historiques.
Des camarades du SiTraRepA (Syndicat des livreurs d’Argentine), ainsi que des membres du courant inter-syndicale « 18 de diciembre » et du collectif « Entregadores Pela Base » du Brésil ont également participé à la discussion avec les camarades du SEIU pour revenir sur l’expérience du Congrès International des Travailleurs de Plateformes. Une première expérience réussi en 2023 pour mettre en place une coordination mondiale des travailleurs en lutte contre l’ubérisation qui prévoit l’organisation d’une prochain congrès en 2025 avec la présence des délégations de plus de 25 pays.
Préparer la bataille contre le gouvernement Milei avec la force des jeunes, des femmes et des travailleurs
Le Camp Anticapitaliste s’est tenu en Argentine dans un contexte de lutte politique contre le gouvernement d’extrême droite de Javier Milei. Dans ce contexte, le Camp a permis de faire le bilan de la première étape de mobilisation qui a été marquée par le recul du gouvernement qui a dû retirer la proposition de Loi Omnibus face à la résistance des manifestants. C’est pour cela qu’un plénier a été organisé pour répondre à la question « Comment s’organiser pour stopper Milei ? ».
Juan Cruz Ramat, membre du comité exécutif du Nuevo MAS, est revenu sur la caracterisation du gouvernement Milei, un gouvernement d’extrême droite dangereux, qui propose un plan global d’attaques contre la classe ouvrière et qui cherche à avancer vers un régime d’exception avec des attaques anti-démocratiques. Une tentative de briser des consensus démocratiques et sociaux acquis grâce à une riche histoire de luttes sociales en Argentine.
Manuela Castañeira, porte-parole du Nuevo MAS et ancienne candidate aux élections présidentielles, a proposé une orientation pour poursuivre la bataille contre Milei après la victoire du mouvement contre la loi Omnibus. Castañeira a insisté sur la necessité d’élargir la mobilisation pour construire un mouvement d’ensemble capable de vaincre Milei et son plan de gouvernement. Dans ce sens, faire converger la force des étudiants, du mouvement des femmes, des travailleurs, etc. est indispensable pour pouvoir gagner contre Milei. Alors que le gouvernement annonce une attaque contre le droit à l’IVG récemment acquis en 2020, construire une énorme mobilisation le 8 mars est fondamental pour défendre le droit à l’avortement et pour lutter contre le plan global d’attaques de Milei.
Roberto Saenz, dirigeant du Courant international Socialisme ou Barbarie, a situé la situation argentine dans le contexte international. Un contexte mondial marqué par l’avancée des gouvernement réactionnaires d’extrême droite. Milei n’est que l’expression argentine dans un phénomène mondial. Si la bourgeoisie internationale voit l’Argentine comme une espèce de laboratoire pour un gouvernement capitaliste d’extrême droite, il faut que la lutte contre ce gouvernement soit un exemple de la lutte des classes internationale pour la gauche révolutionnaire.
Une Assemblée Générale de l’organisation Ya Basta ! a permis d’organiser la bataille contre le gouvernement Milei dans le millieu étudiant. Les camarades de Ya Basta ! ont lancé une forte déclaration contre le gouvernement Milei tandis qu’ils ont proposé au mouvement étudiant de construire un estudiantazo, une révolte étudiante généralisée avec des assemblées générales et des occupations d’universités à partir de la rentrée du mois de mars. Dans ce but, les militants de Ya Basta ! se lancent à la bataille pour organiser le mouvement étudiant dans la perspective de généraliser la mobilisation de jeunes, des femmes et des travailleurs pour renverser le gouvenement Milei.
Relancer la perspective de la révolution socialiste au XXIe siècle
Le Camp Anticapitaliste a montré que la jeunesse a un rôle à jouer pour lutter pour renverser le système capitaliste en unité avec la classe ouvrière. Nous militons dans cette perspective à l’echelle internationale. Pour construire une organisation révolutionnaire internationale pour la relancer la perspective de la révolution socialiste au XXIe siècle, avec le bilan des expériences du XXe siècle, du stalinisme et des révolutions de l’après-guerre.
Nous assistons à un recommencement historique de l’expérience des exploités et des opprimés. Avec la force des nouvelles générations militantes, nous militons pour transformer les révoltes en révolutions socialistes. Face aux ravages du capitalisme, l’alternative est Socialisme ou Barbarie.