
Déclaration du Courant International Socialisme ou Barbarie, le 27 mars 2024
Le 25 mars, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a approuvé une résolution appelant à un « cessez-le-feu durable » dans la bande de Gaza, à la « libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages » du Hamas et à la « garantie d’un accès humanitaire immédiat » à Israël pour répondre à tous les besoins médicaux et humanitaires de la population gazaouie. Le document a obtenu quatorze voix pour et une abstention, celle des Etats-Unis, qui, selon leur représentant à cet organe, s’explique par le fait que le texte approuvé ne condamne pas directement le Hamas.
Au vu de cette résolution, le courant international Socialisme ou Barbarie fait la déclaration suivante.
1- L’appel au cessez-le-feu constitue une avancée partielle
D’une part, il représente une position du principal organe des Nations Unies contre la poursuite de l’invasion militaire brutale dans la bande de Gaza. Cela accentue l’isolement international du gouvernement raciste et d’extrême droite de Netanyahou, ce qui est un fait politique important.
D’autre part, l’appel est partial et insuffisant, parce qu’il ne se limite qu’au mois de Ramadan et parce qu’il exige la libération inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas. En ce qui concerne ce dernier point, nous soutenons que, dans le cadre d’une lutte de libération nationale, il est légitime de prendre des otages pour exiger des concessions de la part de la force occupante, surtout lorsque des forces aussi dissemblables sont impliquées. En outre, nous pensons que le Hamas commettrait une erreur tactique en remettant tous les otages sans qu’Israël ne s’engage à cesser définitivement toute agression militaire et à retirer toutes ses troupes de Gaza.
De toute façon, cette résolution est un instrument qui sert à dénoncer l’opération militaire génocidaire menée par le sionisme à Gaza, tout en augmentant la pression internationale contre l’intention d’Israël d’envahir Rafah. Cette tentative pourrait entraîner un carnage humain, étant donné que 1,4 millions de Gazaouis se sont réfugiés dans cette ville à cause de la guerre.
2- Il est un fait que le gouvernement sioniste d’extrême droite ne se conformera pas à la résolution
Israël a une longue histoire de non-respect des résolutions de l’ONU, y compris celles du Conseil de Sécurité qui, en théorie, sont contraignantes. Rien n’indique qu’Israël changera de comportement à cette occasion. En effet, dès qu’il a appris l’abstention américaine lors du vote, Netanyahou a officiellement annulé la visite d’une délégation israélienne à la Maison Blanche prévue la même semaine, au cours de laquelle des alternatives pour empêcher l’invasion de Rafah devaient être discutées. Cette attitude à l’égard de son principal allié historique dénote la radicalisation d’extrême droite du gouvernement sioniste actuel, ainsi que son insistance à poursuivre les plans d’invasion de Rafah, comme en témoigne l’intensification des bombardements dans les jours qui ont suivi le vote de l’ONU.
3- Aucune confiance ne peut être accordée aux Nations Unies ou à la tournure hypocrite des Etats-Unis
Cet appel à un cessez-le-feu temporaire a été adopté cinq mois après le début de l’agression militaire brutale qui, à ce jour, a déjà coûté la vie à plus de 32 000 personnes (principalement des enfants et des femmes) et détruit 70 % de bâtiments de l’enclave (85 % dans la partie nord du territoire). L’appel au cessez-le-feu n’a pas été fait par la compassion des institutions et du droit international. Au contraire, il s’agit d’un sous-produit de l’énorme rejet international exprimé lors des mobilisations massives contre le massacre de l’armée sioniste à Gaza. Ces manifestations ont provoqué une énorme pression sur de nombreux gouvernements impérialistes. Cela explique le virage politique du gouvernement américain qui, après s’être positionné pendant plusieurs mois comme un allié inconditionnel d’Israël pour perpétrer le massacre, se positionne aujourd’hui hypocritement comme un défenseur des droits de l’homme des Palestiniens. En réalité, la principale préoccupation des Etats-Unis est la perte brutale du soutien de Biden parmi la jeunesse américaine et la population arabe à l’approche des élections présidentielles de novembre.
Cette abstention lors du vote au Conseil de Sécurité et les frictions croissantes avec le gouvernement Netanyahou sont un « écran de fumée » pour dissimuler l’implication militaire directe de Biden dans le conflit, qu’il s’agisse du déploiement de porte-avions militaires dans la région pour dissuader l’intervention d’autres pays contre l’invasion de Gaza ou de l’aide militaire disproportionnée qu’il a apportée à Israël au cours de tous ces derniers mois. Par exemple, à la fin du mois de novembre, l’impérialisme américain avait livré aux sionistes 57 000 obus d’artillerie et 15 000 bombes, dont plus de 5 400 BLU-117 et 100 BLU-109, dont le simple tonnage explique le degré démesuré de mort et de destruction à Gaza. Si l’on étend la comptabilité au 25 décembre, la Maison Blanche a effectué 244 livraisons d’armes par avion cargo et vingt autres par bateau.
4- Les mobilisations doivent se poursuivre afin de contraindre Israël à se conformer immédiatement à la résolution
En plus de ne pas respecter tant de résolutions de l’ONU, Israël jouit de l’impunité pour ses violations du droit international, en grande partie grâce au patronage des Etats-Unis et d’autres impérialismes qui le soutiennent. C’est pourquoi il est illusoire d’attendre de l’ONU ou des États-Unis qu’ils prennent des mesures efficaces pour garantir que les sionistes respectent la résolution. Il est nécessaire de maintenir et d’approfondir les mobilisations internationales pour exiger l’imposition de sanctions immédiates contre Israël afin qu’il respecte la résolution et quitte immédiatement la bande de Gaza. Par exemple, il faut exiger un embargo sur les achats d’armes et des sanctions économiques pour affaiblir la capacité offensive de l’appareil militaire israélien. Il faut également faire pression sur les gouvernements nationaux pour qu’ils rompent les relations diplomatiques et économiques avec le gouvernement génocidaire de Netanyahou, et exiger que les Nations Unies acceptent immédiatement la Palestine comme un État membre à part entière.
5- Transformer l’appel à un cessez-le-feu temporaire en un cessez-le-feu permanent, avec le retrait des troupes sionistes de l’ensemble du territoire de la bande de Gaza
Comme nous l’avons souligné dans le premier point, la résolution du Conseil de Sécurité est un pas en avant partiel, mais aussi limité. C’est pourquoi il est nécessaire d’insister sur la demande faite à Israël de cesser complètement son agression militaire contre la population de Gaza et de retirer toutes ses troupes de la bande de Gaza. Il faut également lancer une campagne internationale pour la démission de Netanyahou, ainsi que pour la poursuite judiciaire immédiate de l’ensemble de son gouvernement et de la direction militaire de l’armée israëlienne pour crimes de guerre à l’encontre du peuple palestinien.
6- La lutte pour une Palestine unique est relancée
Le génocide à Gaza et les avancées constantes des groupes paramilitaires de colons en Cisjordanie ont mis en évidence l’échec de la politique des deux États convenue à Oslo. De nombreux membres de l’actuel gouvernement d’extrême droite de Netanyahou ont déclaré à plusieurs reprises leur opposition à la création de tout type d’État Palestinien. Malgré cela, l’impérialisme américain et les principales puissances impérialistes insistent pour que cette mesure soit mise en œuvre, même si cela signifie la création d’un « État » fictif sans aucune souveraineté réelle et sous l’oppression coloniale du sionisme (semblable aux bantoustans de l’Afrique du Sud de l’Apartheid). La Russie et la Chine, bien qu’elles se présentent comme faisant partie du « Sud global » (en réalité, elles sont respectivement un impérialisme en reconstruction et un autre en construction), adhèrent également à cette fausse solution à la situation d’oppression coloniale et raciste que subit le peuple palestinien depuis plus de soixante-quinze ans.
En revanche, le courant international Socialisme ou Barbarie réaffirme que la libération du peuple palestinien ne sera possible qu’avec la fin de l’État sioniste d’Israël et, à sa place, avec la construction d’une Palestine unique, laïque, démocratique, non raciste et socialiste, où toutes les confessions religieuses et tous les groupes ethniques de la région puissent vivre en paix.