Dimanche 5 mai avait lieu une mobilisation nationale pour la défense des droits des personnes trans et des droits reproductifs. Socialisme ou Barbarie et le collectif féministe Las Rojas se sont joint à plus de 800 organisations, partis politiques et personnalités pour appeler à cette mobilisation. Dans une tribune diffusée massivement, les signataires appelaient à se mobiliser pour la dépsychiatrisation des transitions et leur accès libre et gratuit, l’accès à la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour les personnes trans, l’arrêt des mutilations sur les personnes intersexes, des moyens massifs dans les services de santé pour assurer l’accès réel à l’IVG, aux transitions et à la conception, et la formation des personnels de santé et éducatifs aux questions de sexualité et de genre.
En fin de journée, ce fut le soulagement pour les personnes trans et la communauté LGBTI dans son ensemble : la mobilisation a été massive ! Entre 2500 et 5000 manifestants à Paris, plus de 10 000 dans le pays entier, plus de 50 rassemblements dans toute la France, et même en Belgique. Le premier mouvement rassemblant les militants LGBTI et féministes autour de mots d’ordres communs a fait grand bruit. Les cortèges ont crié à l’anti-patriarcat, à l’anti-capitalisme, à la “solidarité avec les trans du monde entier”. Alors que la droite réactionnaire, dans tous les pays, enchaîne les attaques contre les femmes et minorités de genre, les militants ont appelé à une “riposte trans et féministe”.
Il était temps que la riposte s’organise, car le camp d’en face est à l’attaque. En mars dernier, Les Républicains publiaient un rapport sur les transitions des mineurs et annonçaient vouloir déposer une proposition de loi pour leur en interdire l’accès (lien vers article). Nous venons d’apprendre que la loi sera discutée au Sénat le 28 mai, et que le groupe Rassemblement National voulait déposer la même à l’Assemblée. En parallèle de ces attaques législatives, la communauté trans s’est vue être traînée dans la boue avec la parution du livre “Transmania” par Marguerite Stern et Dora Moutot. Les autrices, qui enchaînent les médias et plateaux télé depuis, ne se cachent pas de vouloir lutter contre un “lobby trans” qui mettrait en danger les enfants et les femmes.
C’est par cette panique morale que les différents gouvernements justifient leurs attaques aux personnes trans. La volonté d’interdire toute transition aux mineurs se base sur leur soi-disant protection. Ne soyons pas naïfs : la droite n’a que faire de la sécurité des enfants. Des millions d’enfants vivent dans la pauvreté, des milliers d’enfants intersexes sont mutilés contre leur gré, 1 enfant sur 5 est victime de violences sexuelles, silence absolu. Des adolescents revendiquent leur droit à questionner des normes de genre qui pourraient remettre en cause l’ordre patriarcal, panique à bord. La droite et l’extrême droite ne sont des alliés ni des enfants, ni des femmes, ni des LGBT. Elles essayent de se doter d’un vernis “progressiste” et féministe. Stern et Moutot affirment régulièrement être inquiètes pour les femmes et être alliées des lesbiennes, elles ont affiché leur soutiens au groupuscule Nemesis, groupe fémo-nationaliste qui revendique son racisme sous prétexte de protection des femmes blanches. L’extrême droite française affiche des cadres homosexuels et se dit féministe, elle s’est opposé à la PMA pour les femmes lesbiennes et à la consitutionnalisation du droit à l’IVG. Leur féminisme n’est qu’un prétexte pour mieux stigmatiser les personnes non blanches des quartiers défavorisés, leur cœur de cible préféré.
La plupart des associations féministes et LGBT ont compris l’importance de lutter ensemble pour les droits des personnes trans. Après les enfants trans, ce seront les personnes trans, puis toute la communauté LBGT, puis les femmes qui seront en danger. Les gouvernements qui remettent aujourd’hui en cause le droit des personnes trans à transitionner sont les mêmes qui remettent en cause le droit à l’avortement et à la PMA pour toutes. C’est cette droite qui a longtemps stigmatisé les homosexuels, et qui continue en réalité de le faire. C’est cette droite qui est descendue dans la rue en 2013 pour s’opposer au Mariage Pour Tous, justifiant déjà à l’époque leur refus par la protection des enfants. C’est cette droite qui remet aujourd’hui le couvert en prenant pour cible la communauté trans.
Face à cette offensive, toutes les forces de gauche et révolutionnaires doivent répondre à l’appel des associations féministes et LGBT à “faire front ensemble”.