
Après les annonces de la dissolution de l’Assemblée Nationale, lundi 10 juin.
Un tournant politique majeur : Macron ouvre la voie à l’extrême droite
Les élections européennes ont vu la liste de Bardella et Marine Le Pen arriver en tête avec près de 31,5 % des voix, loin devant celle du camp présidentiel 14,6 %. Les autres forces politiques ont fait les scores suivants : 13,8 % PS, 9,9 % LFI, 7,3 % LR, 5,5 % Les Verts, 5,5 % Reconquête, 2,4 % PCF, 0,5 % Lutte Ouvrière, 0,2 % NPA, entre autres.
A la demande du Rassemblement National, Macron a pris une décision inattendue : la dissolution de l’Assemblée Nationale et l’appel à des législatives surprises le 30 juin et le 7 juillet. La date limite pour déposer des candidatures est fixée au 16 juin, sans temps de préparation pour les candidats qui participeront à l’élection. Cela provoque une situation de crise politique aiguë qui mérite quelques réflexions.
En premier lieu, pourquoi Macron a pris cette décision ? Certains peuvent se dire que Macron joue à quitte ou double face à la percée de l’extrême droite pour essayer de tenter de construire un front républicain et se doter de légitimité. Mais une autre lecture pourrait expliquer que Macron fait un geste suicidaire de sa majorité pour laisser la place à une cohabitation avec l’extrême droite pour mieux attaquer les travailleurs et préparer l’accès au pouvoir de Marine Le Pen.
Ce qui est sûr c’est que Macron a offert un boulevard à l’extrême droite, avec la possibilité la plus concrète d’accéder au pouvoir dans l’histoire de cette force politique. Macron a ainsi brisé le “pacte républicain” et a trahi définitivement la promesse démocratique de faire barrage à l’extrême droite. Une promesse qui avait été déjà brisée avec le vote de la loi asile et immigration l’année dernière. C’est l’aboutissement d’une politique qui préfère se tourner vers l’extrême droite pour poursuivre ses attaques contre le monde du travail.
Il s’agit d’un tournant majeur dans la situation politique en France, qui ne peut que se comprendre dans le contexte d’une nouvelle étape de la lutte des classes au niveau international et d’une avancée militariste et nationaliste, dans le contexte de tensions impérialistes, de la guerre en Ukraine et du génocide en Palestine. Si le “réarmement” est la ligne politique de Macron pour 2024, une cohabitation avec Le Pen s’avère comme l’option la plus juste pour mener à bien cette politique. Macron, qui n’était “ni de droite ni de gauche” en 2017 passe maintenant à l’extrême droite.
Le prétendu “duel” Bardella-Attal s’avère ainsi comme un “duo”, comme ça a été correctement dénoncé par le NPA-Révolutionnaires tout au long de la campagne. Si on additionne les voix de Bardella à celles de Maréchal, (sans compter les voix des autres forces nationalistes et droitières) l’extrême droite gravite autour du 40%. La situation est concrète, le Rassemblement National a une possibilité réelle d’accéder au pouvoir avec un Premier ministre et la majorité parlementaire. Avec la dissolution de l’Assemblée, Macron joue avec le feu et ouvre la voie à l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite.
Les partis institutionnels appellent au Front Populaire
Les élections européennes de 2024 ont également marqué le retour du Parti Socialiste. En effet, le parti de la rose qu’on croyait mort après le 1,75% aux présidentielles 2022 d’Anne Hidalgo a ressuscité. Les socialistes sont plus vivants que jamais grâce au 13,8% de Glucksmann qui les positionnent comme le principal parti d’opposition à la gauche de Macron, pour diriger une éventuelle “réédition de la Nupes”.
De nombreux politiciens institutionnels appellent à rééditer l’éphémère expérience d’une nouvelle édition de la coalition parlementaire. Les mêmes politiciens qui ont utilisé les européennes comme sondage pour 2027 s’appellent les uns aux autres à “laisser leurs égos de côté”, pour se répartir les circonscriptions électorales et prétendre à une cohabitation institutionnelle avec Macron. Socialistes, écolos, communistes et insoumis semblent vouloir incarner cette option institutionnelle pour faire barrage à l’extrême droite dans les urnes dans un front républicain dirigé par le Parti Socialiste.
Cette politique est problématique pour deux raisons. La première, parce que les forces qui composent cette alliance ne constituent pas vraiment une alternative politique au système. Tout au contraire, le PS est largement responsable de cette montée de l’extrême droite. Ce parti est connu par des trahisons répétées, chaque fois qu’ils ont été au gouvernement, ils ont mené une politique de droite. Il suffit de se rappeler de la loi travail de Hollande, de la loi Touraine ou encore de la loi Macron. La France Insoumise a sauvé le PS avec la création de la Nupes et maintenant c’est ce parti qui se positionne comme le leader d’une éventuelle coalition.
Comme Gaël Quirante, porte-parole du NPA Révolutionnaires, alertait pendant la campagne face aux illusions réformistes : « si on continue avec la logique du vote utile, on finit avec Glucksmann ». Comment en finir avec la montée militariste avec Glucksmann ? Celui qui a fait campagne pour une armée européenne et qui a soutenu la repression envers les étudiants mobilisés à Sciences Po. Comment lutter contre l’extrême droite avec Roussel ? Celui qui au lieu de se mobiliser en soutien au peuple palestinien, l’a fait aux côtés du RN et de Macron en soutien à l’Etat d’Israël.
La politique du moindre mal et du vote utile, (uniquement lors des échéances électorales et sans mobilisation de rue), ne suffira pas à faire barrage à l’extrême droite. Les partis institutionnelles nous convoquent chaque fois à voter comme seul acte politique possible, à leur faire confiance et les laisser nous représenter. Ils ne nous appellent jamais à reprendre nos affaires en main. Nous avons une autre perspective à proposer, sur la base de la mobilisation par en bas de jeunes et des travailleurs. Il est impossible de lutter contre l’extrême droite sans se mobiliser dans la rue.
Organisons la mobilisation des travailleurs et des jeunes dans la rue
Pour ne pas tomber dans les pièges des alliances institutionnelles dirigées par des partis de la bourgeoisie, il est nécessaire que les partis révolutionnaires puissent proposer une alternative politique unitaire en toute indépendance de classe lors des prochaines élections législatives. Construire un pôle des révolutionnaires est nécessaire et urgent. Le NPA-Révolutionnaires sera à l’initiative de cette alternative.
Face à ce tournant politique majeur, l’heure est à la mobilisation de notre camp social. Partout, nous devons discuter, débattre et nous organiser dans nos lieux d’étude, de travail et dans nos quartiers. Pour faire face à l’extrême droite et à ceux qui lui pavent la voie, il nous faut la plus large unité des travailleurs et des jeunes dans la rue, avec les méthodes de notre classe : les assemblées, les grèves, les rassemblements et les manifestations.
Les directions syndicales ont un rôle important à jouer. A l’heure que nous écrivons cet article, aucun appel n’est sorti de la part des dirigeants syndicaux de l’Intersyndicale. Face à ce tournant si déterminant de la situation, il faudrait une grève générale et un blocage du pays, pour jouer la bataille dans notre terrain, celui de la lutte des classes, dans lequel nous pouvons faire reculer l’extrême droite.
Un autre contrepoids fondamental au résultat des européennes est celui des manifestations en soutien au peuple palestinien et au peuple kanak. Les dernières manifestations du samedi 8 juin ont été massives, et même si l’extrême droite semble avoir les voix, les rues se sont exprimées en soutien aux peuples opprimés, avec une énorme présence de la jeunesse dans les cortèges. Il faut que cette force s’exprime encore plus massivement dans la rue, en soutien à la Palestine et contre la montée de l’extrême droite. Nous soutenons tous les appels à des rassemblements et des manifestations dans ce sens la.