Contre l’extrême droite et le gouvernement Macron. Non au piège du front populaire. Pour l’indépendance politique de la classe ouvrière. Pour la construction du NPA-Révolutionnaires.
Une situation nouvelle : la crise politique et le danger de l’extrême droite
La dissolution de l’Assemblée Nationale et l’anticipation des élections législatives a provoqué un véritable tremblement de terre dans la situation politique en France. Cette situation nous amène à réaffirmer notre caractérisation d’une nouvelle étape de la lutte des classes au niveau international, que nous avons développée dans plusieurs textes dans les derniers mois.
Alors que de nombreux gouvernements d’extrême droite sont arrivés au pouvoir dans le monde ces derniers temps, la possibilité d’un accès au pouvoir de l’extrême droite en France est devenue une possibilité réelle, grâce à la “passe décisive” de Macron. Après le score élevé du RN aux européennes, le président a brisé définitivement ce “pacte républicain” qui jusqu’ici traçait une ligne rouge par rapport à l’extrême droite. Après la loi asile et immigration votée à l’unisson par macronistes et lepénistes, après le 49.3 sur les retraites, la répression en Kanaky et aux soutiens de la Palestine, etc… nous avons, comme beaucoup, la sensation que Macron nous a volé trois ans de nos vies et que la dissolution de l’Assemblée est la cerise sur le gâteau pour envoyer Bardella à Matignon.
Le pays est sans aucun doute soumis à une crise politique majeure. Une accélération de la situation et des recompositions nouvelles sont visibles dans tous les partis politiques. Les feuilletons de la semaine nous ont montré toute une série de scandales. Tout le monde essaie de s’adapter à la nouvelle situation. Des mémorables images de Ciotti enfermé au siège des Républicains, en passant par la rupture de Maréchal avec Zemmour et son retour à la famille Le Pen, jusqu’au retour d’un ressuscité Hollande sur les plateaux des chaînes télé. Du côté de la gauche, nous pourrions écrire un livre pour raconter toutes les contradictions qui ont été dites en moins d’une semaine.
Le Front Populaire est une impasse
Pour lutter contre l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite, les politiciens institutionnels de l’ex-NUPES ont lancé la création du Front Populaire. Ce front populaire qui se réclame de l’héritage de Léon Blum et compagnie semble oublier le bilan politique de cette alliance électorale entre socialistes, communistes et radicaux. Cette alliance n’a pas réussi à empêcher ni l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite, ni la marche à la guerre, mais a au contraire voté les pleins pouvoirs à Pétain. Expliquer cette confusion historique est l’une de nos tâches actuelles.
La principale nouveauté du résultat des élections européennes est la résurrection du PS. En effet, le PS est passé du 1,75% d’Anne Hidalgo en 2022 à la principale force politique de la gauche institutionnelle grâce à la campagne Glucksmann. La France Insoumise est responsable de cette situation : les insoumis ont sauvé le PS en lui attribuant une quantité énorme de circonscriptions, ainsi que de nombreuses concessions programmatiques lors de la création de la NUPES. Ce front, par ailleurs, a été un échec car il n’a pas réussi à rester unis ni à envoyer Mélenchon à Matignon, comme proposé en 2022. Aujourd’hui, ce n’est pas la France Insoumise qui dirige l’alliance, mais le PS. Cette alliance qui se prépare, dans le meilleur des cas pour gouverner selon les intérêts de la bourgeoisie, et dans les pires des cas, pour provoquer une nouvelle défaite et une désillusion à des millions de travailleur.euse.s si le RN arrive au pouvoir.
Les déclarations de François Hollande sont révélatrices de la stratégie du Front Populaire, c’est une stratégie du désistement : “Celui qui a été chef du PS affirme qu’au second tour des législatives, « tout candidat qui n’est pas d’extrême droite doit bénéficier du désistement » des candidats du « Nouveau Front populaire ». Face à un candidat du Rassemblement national, « un candidat de la majorité doit avoir notre soutien », a martelé François Hollande.” (BFM, passage à TF1)
Nous devons combattre, de la façon la plus pédagogique possible, toutes les confusions et illusions que la création du Front Populaire suscitent. Le casting du FP offre toute une myriade de possibilités argumentatives. Faure. Roussel. Les capitalistes verts. Quatennens. Hollande. Laurent Berger. L’Intersyndicale. Trouvez votre argument préféré ou votre personnage à démasquer. Face aux politiciens du système qui nous proposent le possibilisme, le moindre mal, la résignation, nous devons proposer une autre perspective. Ce n’est pas en votant pour des bourgeois ou pour des politiciens professionnels, mais en prenant nos affaires en main que nous allons vaincre l’extrême droite et le gouvernement Macron.
Malgré les confusions, les illusions ou les pressions au vote utile que nous rencontrons actuellement, il nous semble évident que notre organisation ne doit en aucun cas capituler au Front Populaire. Nous devons trouver les meilleures façons de dialoguer avec la base sociale du FP qui veut se mobiliser contre l’extrême droite et les amener vers nos perspectives indépendantes.
La capitulation du NPA-L’Anticapitaliste
Le NPA-L’Anticapitaliste a consommé sa dérive droitière. Il s’agit de l’accélération de la tension que nous connaissons au sein du NPA depuis des années. Cette tension s’est accentuée avec la création de la NUPES (qui a provoqué la scission du 5e Congrès) et qui s’est clarifiée pleinement aujourd’hui. La “ligne rouge” de la présence du PS dans la NUPES semble ne plus en être une aujourd’hui. Nos anciens camarades évoluent vite à droite, avec une intégration inconditionnelle à un front composé par le Parti Socialiste, par des staliniens, par des bourgeois impérialistes et des sionistes. Une honte majuscule pour un courant qui se réclame du trotskysme et de la IVe Internationale !
Les scissions dans les organisations révolutionnaires ne se font pas par hasard ou par caprice, mais sont liées aux grands événements de la lutte des classes et à l’émergence de cycles politiques qui se referment et qui s’ouvrent. Le cycle politique ouvert au moment de la création du NPA est fini. Comme le cycle politique qui a permis l’émergence de de Syriza, de Podemos, du PSOL, etc. Le cycle politique des partis larges est fini. Cette capitulation s’est faite presque au même moment que toutes les sections brésiliennes du SU-IVe participent au front populaire d’unité nationale de Lula et Alckmin. Une capitulation qui a liquidé l’indépendance politique du PSOL et qui met sur la table la nécessité de refonder le mouvement révolutionnaire au Brésil.
Lutter pour l’indépendance politique de la classe ouvrière
Il est nécessaire d’offrir une autre perspective. Celle de nos luttes, de nos grèves, de nos mobilisations. Il est nécessaire de se révolter contre l’injustice, contre la barbarie, contre l’irrationalité du système et de la classe sociale parasitaire qui nous gouverne. Pour lutter contre l’extrême droite et le gouvernement, il est nécessaire de proposer la perspective de la grève générale, du blocage de l’économie, des manifestations de masses, de l’auto-organisation par la base.
Il est nécessaire de présenter une alternative politique en toute indépendance de classe, une voie alternative pour les travailleurs et les travailleuses. Nous devons lutter pour l’indépendance politique de la classe ouvrière. Pour ce faire, il est nécessaire de présenter des listes du NPA-Révolutionnaires partout où cela sera possible.
Dans les circonscriptions où nous ne serons pas présents, nous devons appeler au vote ‘critique’ pour Lutte Ouvrière, la seule organisation de notre classe qui sera présente dans toutes les circonscriptions. Nous faisons cet appel critique, malgré le refus de cette organisation à construire un front commun des révolutionnaires, ce qui est une erreur politique majeure dans la situation de crise actuelle.
Nous devons lutter à bras le corps pour l’indépendance politique de notre classe et pour la construction du NPA Révolutionnaires. Pour offrir à tous ceux qui se mobilisent en soutien au peuple palestinien, en soutien à la Kanaky, pour les droits des travailleur.euse.s, dans tous les combats de notre classe, une autre alternative : celle de la lutte, celle de la révolution ! Nous devons continuer à batailler pour la construction du NPA-Révolutionnaires, pour l’indépendance politique de notre classe, pour le front des révolutionnaires.