Mobilisation contre les violences faites aux femmes : gagnons sur nos revendications dans la rue !

Les manifestations contre les violences faites aux femmes ont rassemblé 100 000 personnes, partout en France, dont 80 000 à Paris selon les organisatrices.

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Les manifestations du 23 novembre ont revêtu un caractère particulier en France dans le contexte d’extrême indignation autour du cas Pelicot. Le mouvement est parvenu à mobiliser au-delà du milieu féministe dans ce contexte singulier. L’occasion a été saisie par syndicalistes, militant.e.s, jeunes et moins jeunes, femmes et LGBTI de tous les horizons à Paris et ailleurs pour que « pour que la honte change de camp ». 

La réélection de Trump, la dynamique belliciste en Ukraine, l’avancée génocidaire en Palestine et au Liban, la montée réactionnaire que nous vivons, représentent un danger imminent pour les femmes, les enfants et les diversités de genre. Ce contexte réactionnaire et violent est une raison pour se rallier et s’organiser pour se battre. 

  

Complicité et apologie de la culture du viol 

En France, la situation s’est beaucoup détériorée pendant la dernière décennie. Loin d’être la cause du quinquennat, les femmes et les personnes LGBTI sont devenues la cible d’un gouvernement qui s’est tourné vers un électorat conservateur et d’extrême droite. C’est ainsi que vu pendant une longue période la complicité du pouvoir avec la culture du viol. En témoigne la complaisance accordée aux célébrités et ministres accusés de violences, la réduction drastique des moyens d’accès à l’IVG, le veto de la France sur la caractérisation européenne du viol – dont le consentement faisait partie-, les récentes attaques contre les personnes trans en contrariant leur parcours de transition en toute négation de leur droits, les discours réactionnaires sur le réarmement démographique, etc. 

Face à ces attaques, les organisations féministes se sont rassemblées récemment autour de la proposition d’une loi cadre pour faire reculer les violences et les inégalités. Une soixantaine d’associations et syndicats ont proposé ce 21 novembre le projet de loi avec un ensemble de mesures chiffré à 2,6 milliards d’euros. Ce montant ne s’accorde absolument pas avec le budget prévu pour le gouvernement cette année. 

   

Combattons les obscurantistes de toute la planète 

En Espagne les manifestant.e.s ont affiché des pancartes “para que el miedo cambie de bando” : « pour que la peur change de camp ». A Valence, les manifestant.e.s ont profité de l’occasion pour dénoncer les responsables politiques de la gestion invraisemblable de la catastrophe naturelle qui vient d’avoir lieu. Iels ont exigé des moyens spécifiques pour protéger les personnes en situation vulnérable pendant la reconstruction.  De la même manière en Italie, les manifestations ont dénoncé plus d’une cinquantaine des féminicides et le féminicide de Giulia Cecchettin. Les manifestant.e.s se sont mobilisé.e.s  pour les droits LGBTI tant attaqués par Giorgia Meloni. En Argentine, une mobilisation d’ampleur ce lundi 25 novembre fut l’occasion de reprendre du terrain dans la bataille contre la censure du féminisme que veut appliquer le gouvernement de Milei. 

Cependant, la journée internationale contre les violences faites aux femmes ne fait que marquer le pas d’une situation de confrontation permanente avec les oppresseurs. Les femmes se battent au quotidien contre les régimes autoritaires et réactionnaires comme en Iran où, deux ans après l’assassinat de Mahsa Jina Amini, la bataille contre le port obligatoire du voile est toujours d’actualité. Il y a quelques jours, Ahou Daryaei, une étudiante qui avait défilé en sous-vêtements devant son université à Téhéran, a été arrêtée. Mais elle devenue tout de suite un symbole de lutte à suivre et une inspiration mondiale pour l’émancipation des femmes.   

Ciblées aussi par les crimes de guerre soit en Ukraine, au Liban ou en Palestine, les femmes sont en première ligne, subissant les conséquences des atrocités du capitalisme du XXI siècle. La population migrante en Europe doit se battre chaque jour contre la violence institutionnelle, administrative, issue des politiques migratoires discriminatoires et racistes qui laissent spécifiquement les femmes, les enfants et les diversités de genre dans des situation d’extrême vulnérabilité. Mais ici comme ailleurs, la lutte de Giselle Pélicot avec le tout récent verdict de peine maximale pour son agresseur, relance la vague de lutte contre l’oppression patriarcale, symbole de la capacité à faire face à la brutalité la plus abjecte. 

  

Organiser la colère pour frapper ensemble 

Quels moyens seront alloués à la lutte contre la violence par un gouvernement obscurantiste comme celui de Barnier, qui se prépare par ailleurs à faire passer le nouveau budget par 49.3 avec toutes les coupes budgétaires annoncées ? Ce budget n’est pas prévu pour prendre en compte les victimes de violences structurelles et systémiques. Nous rejetons le fait d’être condamnées à vivre dans l’angoisse, la maltraitance et l’impunité que nous réserve ce système. 

Certainement qu’avec l’affaire Pélicot, une porte se rouvre pour mener la bataille sur le terrain de la justice. Mais le débat social sur le consentement et sur la violence ouvert dans la période doit aller bien plus loin. Dans ce sens, l’exigence d’une loi cadre qui accorde un budget à la hauteur des besoins de protection et prise en charge des victimes est indispensable. Soutenir tout type d’action dans ce sens nous apparaît plus que logique. 

Cependant, il nous semble pertinent de signaler que même dans le cas hypothétique où ce type de réformes seraient conquis, le mouvement doit être prêt à lutter pour son application effective sur le terrain. 

Signaler les limites de nos propres demandes ne peut que nous inviter à aller plus loin en termes d’exigence et d’organisation.  Il faut que le mouvement se mêle à toutes les luttes, à toutes les grèves et à toutes les mobilisations. C’est précisément l’outil que nous prétendons construire en tant que féministes marxistes. Nous sommes déterminées à forger nos armes pour défendre nos droits à l’avenir en construisant toute les luttes et l’organisation des exploité.es et oprimé.es.  

Rien d’acquis n’a jamais été garanti sans une pression et une présence puissante et permanente dans la rue, dans les piquets de grève et par la mobilisation. Les attaques de la période sur les droits de femmes aux Etats-Unis en témoignent. Nous continuerons à mener la bataille pour obtenir nos revendications les plus spécifiques, comme de meilleurs salaires ou plus de budget pour la prévention des violences par exemple. 

Mais bien au-delà, nous croyons pertinent et urgent de nourrir et renforcer un mouvement féministe révolutionnaire international qui soit capable d’arracher toutes nos revendications par la force de la mobilisation dans la rue. Pour une société sans oppression ni exploitation !  

 

 

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