
La présidence de Paris 8 applique la politique d’austérité du gouvernement
La dynamique de coupes budgétaires actuellement en cours avait déjà été une volonté réaffirmée par l’ancien gouvernement Barnier, maintenant destitué, et plus particulièrement par son ancien ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche Patrick Hetzel. En effet, Hetzel avait en octobre dernier déjà annoncé des coupes drastiques. En réalité, tout cela est symptomatique de la réalité économique du pays, le fait qu’il y ait une trop grosse concentration des richesses chez les bourgeois et peu de redistribution pour les travailleur.euses et les secteurs populaires. La volonté de ces coupes budgétaires est produite dans une logique de classe, dans la logique des intérêts d’une minorité qui met en danger nos droits fondamentaux, en particulier celui d’étudier et de travailler. Il faut avoir conscience que ce phénomène n’est clairement pas exclusif à l’université de Saint-Denis. En réalité c’est un plan national qui est actuellement mis en route par le gouvernement, relayé par les présidences des universités, comme à Nanterre, Sorbonne, Grenoble et Rennes 2, entre autres.
Paris 8 fait face à un réel abandon de la part de l’Etat au niveau économique. C’est ce qui explique ces coupes budgétaires inacceptables que la présidence de fac a adoptées. L’Etat ayant baissé l’aide budgétaire accordée aux universités, cela implique une diminution significative des dépenses nécessaires à l’université pour son bon fonctionnement. Avec 28 millions d’euros en 2021, ce n’est plus que 235 000 euros qui sont alloués maintenant à l’université via la SCSP (Subvention pour Charge de Services Publiques), une aide financière permettant de payer l’entretien des universités.
Avec ces coupes budgétaires, les politiques du gouvernement relayées par les présidences de facs, montrent encore une fois que les premiers qu’ils abandonnent c’est la jeunesses et les travailleur.euses. Ils n’en ont rien à faire du développement de nos lieux d’études et de travail, ce qu’ils veulent c’est toujours plus de profits aux détriment de nos droits, celui d’étudier et de travailler dans des conditions décentes. C’est à la faillite que le gouvernement nous condamne toutes et tous.
Ce que cela signifie pour les étudiant.e.s et les travailleur.euses
C’était vendredi 10 janvier que le budget 2025 de l’université de Paris 8 a été voté. Ce budget annonce une grande précarisation de l’ensemble de l’université publique, que ce soit pour les conditions d’études ou tout simplement pour l’insertion sociale post-universitaire.
La première conséquence, ce sera l’entretien des infrastructures de l’ensemble de l’université qui seront reléguées au second plan, alors que le plafond s’effondre sur nos têtes dans certains bâtiments, comme près du restaurant universitaire ou encore dans certaines toilettes. Il y a aussi les inondations de certains couloirs lors de fortes pluies produites par les fuites provenant du toit de la bibliothèque universitaire. Ce qui est délaissée c’est la sécurité de l’ensemble des étudiants et du personnel de l’université, c’est nôtre sécurité dont l’université décide d’en faire des économies. C’est près de la moitié du budget de l’année 2024, soit 10,4 millions d’euros d’économies qui seront faits sur le dos de nôtre sécurité à toutes et tous.
Il n’y a pas que cela, c’est aussi la sélection qui se renforce à P8 avec la suppression de plus de 245 places en première année de licence au sein de l’UFR ART dont les principaux concernés sont les licences de cinéma (40 places) et d’art plastique (140 places). Cela a été voté au Conseil de la formation et de la vie universitaire (CFVU), auquel nous avons pris part et voté contre. Ces suppressions ont été voulues par la présidence, en raison de trop peu de moyens fournis par les universités et le ministère pour des conditions d’études décentes accordées aux étudiant.es afin de suivre leurs cours.
Aussi, il y a l’Institut d’étude à distance (IED), près de 50 places en première année de psychologie ont été supprimées suite aux votes au sein du Conseil d’administration (CA). Ajoutons à cela l’augmentation des frais d’inscription de plus de 5% comparés à l’année déjà écoulée, ce qui devrait rapporter 144 000 euros de nouvelles recettes sur le dos des difficultés de certain.es étudiant.es les plus précaires, handicapés ou encore étrangers à pouvoir se déplacer pour suivre leurs cours.
Il n’y a pas que les étudiant.es attaqué.es par ce nouveau budget 2025, il y a aussi les travailleur.euses de l’université, qui pourtant avaient des revendications de revalorisation de leurs conditions de travail. Ces derniers avaient près de 85 revendications de revalorisation de leurs emplois ou de création de nouveaux postes dont il n’y a eu que 18 propositions de CDD ou de renouvellement de ces contrats accordés par l’université. En contre partie, c’est près de 21 avis défavorables que la présidence a adressé aux travailleur.euses suite à leur demande.
Une partie du budget qui nous est proposé est dirigée en faveur des COMP (Contrat d’Objectif de Moyen et de Performance) qui est une politique d’Etat signée entre les universités favorisant « la recherche en faveur de formations préparant les étudiants à exercer des métiers d’avenir, en tension ou en évolution ». En somme, à P8 on cherche à rediriger les étudiants vers les formations professionnelles ou d’alternance chez les entreprises dites locales. Cela ferait profiter à l’université de près de 600 000 euros, sans doutes nécessaires mais dérisoires face aux besoins réels de l’université. On ne peut y voir ici qu’une volonté de précarisation de l’université publique : des universités de « seconde zone » ne servant qu’à créer la prochaines générations de travailleur.euses utiles à l’exploitation capitaliste.
Il y a par ces politiques une volonté d’élitisation du droit d’étudier de la part du gouvernement et des présidences des facs. Les étudiant.es et les travailleur.euses doivent s’unir dans la lutte dès maintenant, face à toutes ces attaques faites envers notre classe, pour ne pas permettre qu’une génération soit entièrement sacrifiée à un grand déclassement social pour les intérêts économiques du patronat.
L’UNEF et la FAGE complices, nous avons besoin d’une gauche révolutionnaire de combat
Cette situation est certe la conséquence des politiques d’Etat et du relaiment de ces politiques de précarisation de sélections par les présidences des universités. Mais elle est aussi la conséquence de ceux et celles censé défendre nos intérêts d’étudiant.es qui en réalité ne sont que des groupes cherchant des positions de pouvoir pour essayer de faire la propagande des propositions nauséabondes du gouvernement auprès des étudiant.es. En effet, au lieu de lutter contre le budget d’austérité, les élu.es au CA de la FAGE et de l’UNEF ont préféré ne pas être présent.es au moment de voter, validant les propositions de la présidence. C’est un scandale ! La séquence actuelle montre aussi qu’il y a des relais des politiques gouvernementales allant à l’encontre des intérêts des étudiant.es au sein même du mouvement étudiant et il est grand temps de s’en débarrasser !
Pour sa part, bien que Le Poing Levé ait fait son travail d’opposition au sein du CA, nous ne les remercions pas d’avoir refusé notre proposition unitaire pour former un front révolutionnaire qui nous aurait permis une posture hégémonique contre les attaques de la présidence, voire même de pouvoir mener cette lutte ensemble. Mais non, les camarades ont préféré l’auto-construction plutôt que la construction d’une opposition active et unitaire sur et en dehors du terrain; un choix politique en décalage avec les enjeux de la situation. Nous les invitons à reconsidérer leur position.
Dans ce contexte et pour toutes ces raisons, nous avons besoin de construire une gauche révolutionnaire, de se doter des élu.es de combat et de construire la mobilisation étudiante en dehors des conseils. Le budget 2025 récemment adopté n’est que la première pierre d’une longue série d’attaques antisociales dirigées contre nos intérêts et plus précisément nos droits d’étudier et de travailler. Parce qu’étudier est un droit et pas un privilège, à Socialisme ou Barbarie nous faisons le choix de mener une liste aux élections étudiantes des 11, 12 et 13 février prochains, pour apporter face à la présidence un discours ancré de la réalité des étudiant.es et des travailleur.euses de l’université que ce soit dans ses bureaux ou bien devant sa porte. Car nous voyons bien que la présidence enfermée dans sa haute tour d’ivoir se cache derrière la « nécessité du moment » pour mener ses politiques. Mais nous aussi nous avons des revendications qui reflètent de la « nécessité du moment ». Il est temps de mettre fin à ceux et celles qui pavent la voie à tous ces projets antisociaux et d’attaque de nos droits fondamentaux.
Pour mener ce combat, nous t’invitons à rejoindre Socialisme ou Barbarie Paris 8, car les prochains jours, semaines et mois seront marqués par l’augmentation de ces politiques d’attaques. Il faudra s’y mobiliser contre, en organisant des Assemblées générales, ainsi que des rassemblements que nous appelons à construire, de la même manière que cela commence à se construire dans d’autres universités au niveau national.
Car étudier est un droit et pas un privilège, nous appelons à la mobilisation et à l’organisation face au démembrement de l’université publique.