
Socialisme ou Barbarie a été exclu du NPA-R par une direction bureaucratique qui a fait appel aux pires méthodes autoritaires, étrangères à la tradition démocratique du marxisme révolutionnaire. Le stratagème de calomnie permanente qui a été utilisé est inacceptable et il nous faut tourner la page de cet échec politique et organisationnel qu’est le NPA-R. Pour lutter contre le capitalisme, le gouvernement bourgeois de Macron, l’extrême droite et les guerres impérialistes, Socialisme ou Barbarie constituera une nouvelle organisation indépendante pour participer à la refondation de la gauche révolutionnaire et le relancement de la bataille pour le socialisme.
L’exclusion de Socialisme ou Barbarie est un scandale anti-démocratique
Le 1er congrès du NPA-R s’est conclu avec l’exclusion bureaucratique de Socialisme ou Barbarie. C’est un scandale anti-démocratique. La direction de l’organisation a décidé de virer une minorité d’une façon autoritaire, pour régler les problèmes politiques d’une façon administrative. De telles méthodes sont inacceptables dans le mouvement révolutionnaire.
La direction bureaucratique du NPA-R a choisi de proposer un congrès dépolitisant, sans discussion programmatique ni stratégique, sans aucune analyse approfondie de la période ni d’orientation pour l’intervention dans la lutte des classes. Dans ce cadre, Socialisme ou Barbarie n’a cessé de mener une bataille politique pour tirer un bilan critique de l’échec du projet fondateur du NPA, afin de permettre la refondation du mouvement révolutionnaire sur de nouvelles bases programmatiques et stratégiques. C’est dans ce contexte que la direction du NPA-R a décidé de nous virer du parti pour empêcher toute possibilité de discussion critique, favorisant un accord d’appareil sans avenir pour « valider la nouvelle direction » sans questionnements.
La faillite politique du NPA (dérive institutionnelle du NPA-A et dérive bureaucratique du NPA-R) témoigne de la nécessité de refonder la gauche révolutionnaire en France. Il nous faut tirer un bilan critique sur les échecs révolutionnaires du passé, notamment en ce qui concerne la bureaucratisation des révolutions du XXe siècle, car il est impossible de penser un projet révolutionnaire pour le XXIe siècle sans un bilan du stalinisme.
L’exclusion de Socialisme ou Barbarie du NPA-R est un fait grave. Exclure la minorité d’une organisation sur la base de procédures administratives et de calomnies relève des méthodes contre-révolutionnaires et non de celles des courants se réclamant du trotskysme.
La nouvelle « majorité » représentée publiquement par Gaël Quirante et Selma Labib est issue de la fusion organisationnelle de deux courants majoritaires qui se sont réunis pour garder le contrôle d’un mini-appareil, sans aucun point politique d’accord entre eux. Alors que la « majo » du NPA-R parle de construire un « pôle des révolutionnaires » et déclame de beaux appels à l’unité, elle préfère se débarrasser de dizaines de militant.e.s considéré.e.s comme « dissident.e.s », purgé.e.s et écarté.e.s de l’organisation.
La direction a décidé de faire de l’exclusion de notre courant un exemple de punition interne pour discipliner la base de l’organisation. Nous avons refusé d’abdiquer et de nous excuser de nos positions politiques, comme cela nous a été proposé par le Comité exécutif à plusieurs reprises. Nous avons réussi à démontrer que la politique révolutionnaire est plus importante que les accords d’appareil et que, se considérer révolutionnaire, c’est mener des batailles politiques d’idées, y compris en étant minoritaires. Les démonstrations de soutien à notre communiqué du dimanche 2 février (qui a dépassé les 100 000 réactions sur les réseaux sociaux) témoignent de la solidarité militante, que nous remercions, mais aussi du ras-le-bol de l’absence d’unité de l’extrême-gauche.
La nouvelle étape de la lutte des classes et les raisons politiques de l’échec du NPA
Contrairement à la logique de secte qui anime les esprits de la direction du NPA-R, qui a conçu le 1er congrès du parti d’une façon administrative et autocentrée en partant de « ce que nous sommes », pour les militant.e.s révolutionnaires, toute discussion sur l’orientation politique commence par réaliser une analyse de la période, de la situation de la lutte des classes et des tâches qui nous incombent.
Dans ce sens, nous caractérisons que nous sommes entrés dans une nouvelle étape internationale de la lutte des classes de crises, guerres, révolutions, barbarie et réaction. Nous vivons dans un monde instable qui tend vers les extrêmes, avec de fortes polarisations sociales et politiques. Il s’agit d’un monde marqué par la guerre impérialiste, avec la guerre en Ukraine et le génocide sioniste en Palestine. Le retour au pouvoir de Trump et la montée électorale de l’extrême droite dans plusieurs pays confirment les tendances à l’instabilité. Mais l’émergence de gouvernements réactionnaires ouvre également la possibilité de rebondissements à gauche, par des mouvements internationaux de luttes anticapitalistes et de révoltes populaires qui cherchent à renverser le système et à le confronter dans la rue par les méthodes de la lutte des classes.
La France n’échappe pas au climat d’instabilité internationale. Au contraire, la crise de l’hégémonie de l’impérialisme français dans ses anciennes colonies se situe dans le contexte de crise économique mondiale et de confrontations inter-impérialistes. Au niveau intérieur, la faiblesse du gouvernement Macron s’exprime dans son incapacité à surmonter la crise de représentativité, produit de l’affaiblissement du centre politique et du bipartisme traditionnel, marqué par sa volonté de gouverner le pays d’une façon autoritaire. A coups de 49.3, de dissolutions et de remaniements à l’encontre de la volonté populaire, le régime de la Ve République montre ses traits les plus autoritaires. Dans ce contexte, le Rassemblement National de Le Pen et Bardella tente de récupérer la colère contre la Macronie. Celle-ci procède à un plan austéritaire pour faire payer la crise aux travailleur.euse.s par les coupes budgétaires du gouvernement Bayrou.
C’est pourquoi il est fondamental de construire une gauche révolutionnaire capable d’articuler les demandes sociales et démocratiques de notre classe, ainsi que de construire les mobilisations dans la rue, les grèves et l’auto-organisation des travailleur.euse.s, car la bataille contre Macron et le RN ne peut pas être menée uniquement dans les instances parlementaires.
Dans ce sens, la dernière séquence de la lutte des classes montre une forte polarisation sociale depuis 2016 avec les mobilisations contre la Loi Travail, en passant par la révolte des Gilets Jaunes, les grèves pour les retraites, les manifestations en soutien à la Palestine ou encore les combats féministes, écologistes, antifascistes et antiracistes. Le paradoxe de la situation est le contraste entre la combativité de notre classe sociale exprimée dans les mobilisations et l’affaiblissement des organisations révolutionnaires de notre classe, en particulier celui du NPA.
Ce phénomène s’explique par le double échec des deux principaux partis d’extrême gauche. Du côté du NPA, il s’agit d’un processus d’adaptation institutionnelle à la logique électorale de la gauche parlementaire, lié à une conception défaitiste de la période qui trouve sa conséquence organisationnelle dans le « parti large » non militant. A l’échelle internationale, cette politique de capitulation a produit la liquidation des plusieurs sections nationales liées au Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale. Le rapprochement du NPA-L’Anticapitaliste, le parti d’Olivier Besancenot et de Philippe Poutou, au Nouveau Front Populaire, conduit à effacer la possibilité de tout développement indépendant et à rester prisonnier.e.s de la stratégie de « guérilla parlementaire » sans mobilisation sociale, proposée par La France Insoumise. De même, cette orientation implique l’adaptation à la conciliation et au dialogue social des directions syndicales, sans parler du fait d’avoir participé à un front électoral qui a appelé à rétablir au pouvoir les pires ennemis de notre classe comme Hollande, Borne ou Darmanin.
Quant à Lutte Ouvrière, le caractère routinier de cette organisation, qui se prétend être l’avant-garde de notre classe, l’amène à ne pas participer aux mouvements de lutte qu’elle considère condamnés à la défaite. Malgré sa relative implantation, LO se contente de garder la flamme de la révolution pour les générations à venir, au lieu de s’insérer dans la dynamique des mobilisations pour construire un avenir révolutionnaire à la chaleur de la lutte des classes. C’est une stratégie sans perspective au vu de l’urgence de la catastrophe climatique et de la crise du capitalisme actuel.
Pour sa part, la bureaucratisation et le sectarisme de la direction du NPA-R finit par liquider la possibilité ouverte de tirer un bilan de ces orientations erronées, pour permettre la refondation de la gauche révolutionnaire en France sur de nouvelles bases stratégiques. Au lieu de devenir un facteur organisateur des révoltes de notre classe, le NPA-R finit par devenir un petit satellite de Lutte Ouvrière, dans une logique d’appareil sans lendemain ni perspectives. L’exclusion de Socialisme ou Barbarie du NPA-R est la cerise sur le gâteau d’un processus de sectarisation aveugle qui a été condamné par des larges secteurs de l’avant-garde, notamment en ce qui concerne les soutiens de la Palestine et le mouvement féministe.
Socialisme ou Barbarie constituera une nouvelle organisation pour la refondation de la gauche révolutionnaire
Après avoir acté son exclusion du NPA-R, Socialisme ou Barbarie a pris la décision de devenir une organisation révolutionnaire indépendante, avec pour objectif de contribuer à la refondation de la gauche révolutionnaire.
Avec la force militante de notre courant international, implanté notamment en Argentine (Nuevo MAS), au Brésil, au Costa Rica (NPS), au Honduras, en France, dans l’État espagnol et aux Etats-Unis, Socialisme ou Barbarie cherche à contribuer au relancement de la bataille pour le socialisme en accompagnant l’expérience des nouvelles générations des exploité.e.s et des opprimé.e.s en lutte contre les ravages du système capitaliste.
Pour ce faire, nous donnons une priorité centrale au débat stratégique sur le bilan des expériences révolutionnaires du XXe siècle, pour repenser la théorie de la révolution socialiste pour les événements révolutionnaires à venir. La récente publication du livre Le marxisme et la transition socialiste de Roberto Saenz fait partie de cette orientation stratégique que nous allons poursuivre dans la période à venir.
Dans le même sens, nous continuerons à construire le projet d’un média politique indépendant, « Socialisme ou Barbarie, l’actualité de la lutte des classes », avec l’édition d’une newsletter hebdomadaire et le développement du réseau international Izquierda Web, en quatre langues. Notre média est un moyen de donner une voix aux luttes de notre classe, dans un contexte de répression croissante contre celles et ceux qui se révoltent face au système capitaliste, notamment les soutiens de la Palestine et les grévistes en lutte contre les licenciements.
Socialisme ou Barbarie deviendra une organisation révolutionnaire indépendante pour soutenir d’une façon inconditionnelle le combat du peuple palestinien et de tous les peuples en lutte contre l’impérialisme. Contrairement aux confusions des groupes sectaires, nous levons avec fierté le drapeau du peuple palestinien, symbole de résistance internationale contre le génocide sioniste.
Pour en finir avec le patriarcat, nous soutenons les combats féministes en apportant à la lutte du mouvement des femmes et des LGBTI la perspective féministe socialiste révolutionnaire du collectif Las Rojas, issu des luttes pour la légalisation de l’IVG et contre les VSS en Amérique latine. Le féminisme révolutionnaire est au cœur de notre projet politique et nous préparons la mobilisation internationale pour le 8 mars prochain.
Nous voulons en finir avec les attaques anti-démocratiques du gouvernement Macron et le régime politique de la Ve République, en articulant des revendications transitionnelles démocratiques avec un programme révolutionnaire d’ensemble. Nous sommes pour lutter contre les plans d’austérité, dégager Macron et tous les ministres réactionnaires du gouvernement des riches.
Nous cherchons à nous organiser avec la force de la jeunesse révolutionnaire qui veut changer le monde. Avec nos camarades du collectif étudiant « Ya Basta ! », qui organisent le Ve Camp Anticapitaliste Antifasciste International à Buenos Aires, nous allons continuer à construire une jeunesse révolutionnaire internationaliste. Dans ce sens, nous lançons la première campagne de Socialisme ou Barbarie « la liste révolutionnaire et internationaliste » aux élections étudiantes de l’université Paris 8 les 11, 12 et 13 février prochains.
Nous souhaitons constituer une organisation pour lutter contre toutes les formes de racisme, pour l’ouverture des frontières et la régularisation de toutes et tous les sans-papiers. Cette formation politique construira la lutte contre la destruction de la planète. Nous continuerons de soutenir tous les combats de la classe ouvrière contre l’exploitation capitaliste, comme celui des travailleur.euse.s de plateformes qui organisent un congrès mondial à Los Angeles pour se défendre contre l’ubérisation et la précarisation du travail.
Pour lutter contre la montée de l’extrême droite et s’opposer aux réactionnaires, nous construirons une gauche communiste révolutionnaire internationaliste.
Nous tournons la page de notre expérience au sein du NPA. Un nouveau chapitre commence pour nous par les positions politiques exprimées dans la plateforme « Pour le dépassement critique de l’expérience du NPA, refonder le parti sur de nouvelles bases programmatiques et stratégiques » et sur de nouvelles élaborations à venir dans la prochaine période, pour apporter notre contribution à la nécessaire refondation démocratique de la gauche révolutionnaire.
Nous nous adressons particulièrement à tous.tes nos camarades de lutte, déçu.e.s par l’échec du NPA, pour construire ensemble une organisation capable de dépasser critiquement cette expérience et de s’enrichir des meilleurs éléments de la tradition révolutionnaire du NPA et de la LCR.
Nous invitons tous.tes les camarades, ami.e.s et sympathisant.e.s qui souhaitent faire partie de cette nouvelle étape à nous contacter pour nous rejoindre dans le processus de constitution d’une nouvelle organisation révolutionnaire.
Nous concluons cette déclaration avec les mots de notre camarade Alejandro Vinet, militant qui a initié le chemin de la construction de Socialisme ou Barbarie en France, toujours présent dans nos mémoires et dans nos luttes, source d’inspiration de tous nos combats :
« Dans la Russie post-révolutionnaire, les bourgeois se sont parfois fait passer pour des ouvriers, parce qu’ils avaient été jetés à terre par les masses et ne valaient plus rien, ou pire, moins que rien. Un jour viendra où les flics et les gardes-frontières se cacheront sous les pierres. Ce jour où nous brûlerons sur le grand bûcher révolutionnaire tous les visas, tous les titres de séjour, tous les drapeaux patriotiques. Le jour où aucun être humain ne sera illégal. Ce jour ne viendra pas tout seul, ni comme une simple fatalité. C’est un pari, que nous pouvons gagner ou perdre : la révolution socialiste ou plus de barbarie capitaliste. Nous avons déjà choisi notre tranchée et nous nous battrons jusqu’au bout. »