La géopolitique du trumpisme

XXe Conférence internationale de Socialisme ou Barbarie, du 22 au 25 février 2025.

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“Eclipse du soleil”, de George Grosz, 1926

Extrait de l’introduction aux débats sur la situation mondiale de Roberto Sáenz lors de l’ouverture de la XXe Conférence internationale de Socialisme ou Barbarie. La conférence a eu lieu du 22 au 25 février 2025 à Buenos Aires avec la participation de délégué.e.s de France, du Brésil, du Costa Rica, des États-Unis et d’Argentine en amont du Ve Camp Anticapitaliste Antifasciste International de notre courant.

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Il y a deux grands événements politiques internationaux, de dimensions différentes, mais tous les deux significatifs. Le premier est l’arrivée au pouvoir de Trump à la présidence des États-Unis. Le Trump qui arrive a un profil plus défini que lors de son mandat précédent. C’est la représentation symbolique d’un ensemble de modifications qui se sont produites dans la sphère politique et géopolitique internationale ; Trump n’est pas seulement le moteur des changements, mais aussi une représentation de l’entrée dans un « nouveau monde ».

Parallèlement, à un autre niveau, bien sûr, mais aussi comme incarnation extrême du nouveau monde dans lequel nous entrons, se produit le phénomène de Gaza, qui a un impact « symbolique » sur l’opinion publique mondiale, non seulement en raison des menaces de Trump et de Netanyahou, mais aussi en raison de la mise en scène de la guerre civile, des lois sanglantes de la guerre civile, que le Hamas exprime. Et nous défendons cela même si nous ne soutenons pas politiquement le Hamas, car c’est ainsi que se déroule la guerre civile.[1]

Il y a plusieurs guerres, il y a l’Ukraine et le Congo, mais d’un point de vue symbolique, la « mise en scène » très réelle que fait le Hamas de la guerre civile est également très contemporaine, propre au monde dans lequel nous entrons, et marque une rupture totale avec la phase précédente de consensus, de démocratie bourgeoise et de domination du centre politique. C’est pourquoi elle apparaît comme une chose extrêmement perturbatrice. [2] Ce ne sont ni nos méthodes, ni notre idéologie, ni notre programme, bien sûr, mais en ce qui concerne la prise d’otages, par exemple, nous sommes pour : ce sont les lois de la guerre civile.

Il y a donc, une impulsion mondiale dans la conjoncture internationale, qui est très liée à Trump et Netanyahou et à ce qui va se passer dans les prochains jours à Gaza. Plus qu’en Ukraine, car ce bras de fer en Palestine est un bras de fer féroce.[3]

Cela a un poids spécifique différent, Trump n’est pas la même chose que le Hamas, mais le monde de « Trump 2025 » est un monde qui confirme la caractérisation selon laquelle nous entrons dans une nouvelle étape internationale, une étape de rupture. Dans la recherche d’un nouvel ordre politique, géopolitique et économique et de nouveaux rapports de force, c’est un monde plus brutal, où les rapports de force entre les États (et les relations entre les classes) commencent à s’exprimer de manière plus féroce, plus directe.

Nous avons élaboré la définition descriptive d’une période de crises, de guerres, de réactions, de barbarie et de révolutions, et nous devrions ajouter « de colonisation et de guerre civile ». Ce qui se passe sous nos yeux est la deuxième ère des extrêmes de notre contemporanéité. La première ère des extrêmes a été celle de 1914-1945 ; ensuite, il y a eu le boom capitaliste en Occident, les révolutions anticapitalistes, la décolonisation ; puis nous avons vécu la période de « l’apaisement », de la médiation, de la démocratie bourgeoise, la décennie de gloire des États-Unis dans les années 90. Ensuite, il y a eu des ruptures avec la crise de 2008, l’ascension de la Chine, la pandémie, et maintenant, il y a une nouvelle réalité à laquelle il est important de donner un nom.

Tout le monde dans le marxisme voit qu’il y a une nouvelle réalité. Le nom qu’on lui donne n’est pas innocent, et il y a plusieurs controverses. Il y a des marxistes de haut niveau, comme Alex Callinicos, qui a publié un livre intitulé Une nouvelle ère de catastrophes, car il y a effectivement une situation de catastrophes à plusieurs niveaux, y compris au niveau écologique. Mais dans la première ère des extrêmes, la barbarie et la révolution, la révolution et la contre-révolution se sont affrontées. Et il est très probable que dans l’ère que nous vivons, à une échelle « corrigée et augmentée », la révolution et la contre-révolution se regarderont également tête à tête.

Notre définition n’est ni naïve ni purement désintéressée et cherche à peindre une vision complète de la situation. Parce que si on parlait uniquement d’une ère de catastrophes, c’est une définition qui ne prépare pas à l’action, mais qui prépare à pleurer. Le livre de Callinicos parle de ce dont tout le monde parle, mais le problème est de savoir comment parler de ce dont personne ne parle. D’autre part, en Argentine, un jeune « intellectuel », Martín Mosquera, publie un article dans Jacobin où il se demande « comment nommer la défaite en Argentine » (sic) : à quoi cela sert-il ? Ne vaut-il pas mieux réfléchir à la manière d’éviter une défaite en Argentine ?[4] Un autre exemple est celui du père politique de Mosquera, Valerio Arcary, au Brésil : il signale dans l’un de ses articles que « nous n’avons jamais été aussi mal ». Merci Valerio, c’est une grande aide pour construire un marxisme militant. Tous ses titres et définitions sont comme ça. Dans le mandélisme, il se passe quelque chose de similaire bien qu’il y ait des nuances.[5] Ce sont des définitions qui, méthodologiquement, n’ont rien à voir avec le marxisme révolutionnaire. La méthode du marxisme révolutionnaire est évidemment intéressée, et même dans les pires circonstances, elle cherche des points d’appui pour l’action (à cet égard, le dialogue de Trotsky avec C.R.L. James en 1939 sur les raisons pour lesquelles le mouvement de la nouvelle IVe Internationale avait tant de mal à se développer à cette époque est intéressant).

Arcary affirme que « nous sommes dans une pire situation que dans les années 1930 »… Arrêtez ! Savez-vous ce que furent les années 1930 ? La guerre civile en Espagne, la révolution et la défaite en Allemagne, la collectivisation forcée, les camps de concentration et d’extermination… Arrêtez un peu ![6] Cela n’a aucune mesure des choses. La nouvelle ère des extrêmes dans laquelle nous entrons n’a pas encore atteint ces niveaux de barbarie ni, malheureusement, ces niveaux de révolution (en plus, elle ne fait que commencer, d’où le fait que c’est vicieux et défaitiste de dire que nous serions « pire » que pendant cette période, en considérant le présent comme un fait accompli).

Il est évident que la nouvelle aile politique qui a pris le pouvoir aux États-Unis et qui a également des expressions politiques similaires dans la montée de l’extrême droite dans d’autres pays, cherche à redéfinir l’ordre capitaliste international et les relations de classe, et politiques, ce qui ne se fera pas sans effusion de sang. Par exemple, le massacre qu’ils préparent à Gaza, où ils doivent tuer deux millions de personnes pour la transformer en une « Riviera du Moyen-Orient », comme l’a appelé avec bravade Trump : est-ce que cela va se passer comme ça ?

Dans cette nouvelle période, il est vrai que les facteurs subjectifs sont en recul. Mais les facteurs objectifs sont d’un poids tel qu’ils nous renvoient à la définition de Lénine en 1915, lorsqu’en pleine Première Guerre mondiale, il a déclaré qu’une situation révolutionnaire s’ouvrait, la fameuse réversibilité dialectique.[7] Aujourd’hui, il n’y a pas encore de révolutions, la conjoncture est catégoriquement défavorable ; ce n’est pas un moment où les rébellions populaires ou les révolutions équilibrent le terrain. Mais la première ère des extrêmes s’est également ouverte sur une défaite, car la Première Guerre mondiale a été une défaite historique du mouvement ouvrier européen, qui a ensuite été inversée par la Révolution Russe.

Je pense que les temps sont différents (a priori, plus lents) ; cette nouvelle étape s’ouvre sur une initiative des forces d’extrême droite, plus préventive car il n’y a pas de forces de masse à gauche ; c’est comme une réaffirmation féroce du capitalisme.

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Deuxième définition : l’arrivée au pouvoir de Trump est une déclaration de guerre aux exploités et aux opprimés du monde : travailleurs, travailleuses, mouvements de femmes et LGBTI, peuples colonisés, immigrants, mouvements écologistes, à tous. Et c’est aussi une remise en question de l’ordre international qui règne depuis Yalta et Potsdam, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. C’est une sorte de bonapartisme international qui exprime une tentative de redéfinir le monde et ses relations de classe au goût et à la convenance du secteur impérialiste que Trump représente ; il exprime également d’autres forces politiques d’extrême droite qui se sont renforcées, ce que Macron appelle la « nouvelle internationale réactionnaire » (le fascisme et le nazisme étaient internationalistes à leur manière, il y avait des brigades de combat des forces fascistes d’Espagne et de France sur le front de l’Est, combattant le « communisme »). Alors, Trump fait sa déclaration de guerre, et il faut voir jusqu’où cela va, séparer les fanfaronnades de la réalité.

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Troisièmement, il y a un changement de cap dans le type d’impérialisme qui domine le monde. Le type d’impérialisme qui dominait jusqu’à présent, l’ordre néolibéral, qui était en crise depuis 2008, est devenu défensif.

L’ordre libéral classique, de 1870 à 1914, était dominé par l’Angleterre, qui était à l’époque une puissance libérale parce qu’elle avait un avantage comparatif. Après la guerre franco-prussienne, il n’y a pas eu de guerre, le capitalisme s’est développé, l’impérialisme est apparu comme une forme économique et politique ; un ordre de stabilité relative du monde, une Pax Britannica pourrait-on dire.

L’ordre (néo)libéral, plus globalisé, s’est ouvert à la fin des années 70 et a reproduit en quelque sorte l’ordre libéral, le libre marché a de nouveau attaqué. Il a connu son apogée dans les années 90 et a donné lieu à des ouvrages d’intellectuels tels que Toni Negri, un impressionniste postmoderne typique, qui disait qu’il s’agissait d’un « ordre décentralisé », où il n’y avait pas d’États. L’Europe a cessé d’investir dans l’armement, par exemple. C’est un impérialisme qui se plaint et qui pleure mais qui n’a aucun moyen de se défendre ; un « impérialisme postmoderne ». Lorsque la guerre a éclaté en Ukraine, les médias allemands se plaignaient que les soldats de l’armée n’avaient même pas de lacets pour leurs bottes…

Cette voie impérialiste démocratique-bourgeoise est entrée en crise et a été remplacée par une autre voie, beaucoup plus visible maintenant que lors de la première présidence de Trump, alors qu’elle semblait plus isolationniste. Maintenant, il n’est plus isolationniste : il dit « vous voulez l’Ukraine et vous voulez Taïwan ? C’est génial : qu’est-ce que j’y gagne ? ». Certains analystes affirment que tout cela vise à contenir la Chine, ce qui semblerait logique, mais nous ne savons pas si c’est le cas ; il semble plutôt que les grands « mâles » s’assoient et se partagent le monde : ils ouvrent un « nouveau jeu ».[8]

C’est une autre logique, qui a des implications conceptuelles profondes. Selon le marxisme, il existe un marché mondial globalisé (plus globalisé que jamais sous le néolibéralisme), mais le capitalisme n’arrive pas à dépasser les frontières nationales, le conflit entre les forces productives et les relations entre les États. La territorialisation est le retour de l’État, c’est l’empire de la politique sur l’économie. On revient à un style d’empire traditionnel. L’impérialisme que nous avons connu au cours des dernières décennies était déterritorialisé, avec l’exportation de capitaux, la délocalisation industrielle et les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Lorsque les États-Unis ont vu qu’ils arrivaient trop tard pour se partager le monde à la fin du XIXe siècle, ils ont pris ce qui restait de l’Empire espagnol. Après avoir perdu l’Amérique latine, l’Espagne n’avait plus que Cuba, les Philippines et Porto Rico. C’était McKinley, le président des États-Unis à l’époque (1897-1901), qui les a conquis. Les Philippines devinrent un protectorat américain, tout comme Cuba. Theodore Roosevelt, qui lui succéda, adhéra à la logique territoriale. Cette logique a également caractérisé le nazisme et le Japon : “nous sommes isolés et nous n’avons pas de ressources naturelles, alors nous cherchons un « espace vital »” (Lebensraum). Dans le cas des nazis, c’était vers l’Est, vers l’URSS, et dans le cas du Japon, vers le Pacifique.

La tendance actuelle va vers un impérialisme territorialisé, protectionniste, bonapartiste, colonial, réactionnaire et antimoderne. 

C’est pour cela que le néolibéralisme capitaliste « woke », de réformes néolibérales et de concessions sociales comme la reconnaissance du mariage pour tous, a du mal à se situer. Les politiciens de la mondialisation capitaliste sont remis en question et tous les courants politiques qui y sont liés ne comprennent pas ce qui se passe. C’est comme au jeu de la chaise : Trump s’est assis, Poutine s’est assis, Xi Jinping s’est assis, et quand ils vont s’asseoir, il n’y a plus de chaises disponibles.

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De ce point de vue, la version 2025 de Trump est beaucoup plus radicalisée, mais se heurte bien sûr à des facteurs médiateurs. Je pense que la première chose qui se prépare est un massacre brutal à Gaza, parce qu’ils n’ont pas pu vaincre le Hamas ; chaque jour, Netanyahu prononce des discours de vengeance. Il y a des familles qui veulent que tous les otages soient libérés, mais le Hamas sait que s’ils libèrent tout le monde, ils vont être massacrés. Aujourd’hui, la première phase se termine et on ne sait pas quand la deuxième phase sera discutée, et il est probable qu’il n’y en ait pas. Ces jours-ci, il y a eu une nouvelle vague d’offensive sioniste réactionnaire internationale dégoûtante.

Un bras de fer mondial s’est ouvert. Qu’est-ce que cela signifie ? Quelque chose de similaire à ce qui s’est passé avec Milei en Argentine : une tension entre les manifestations de volonté et les faits matériels.

Un bras de fer s’est ouvert sur le terrain politique avec les immigrés, où des manifestations d’avant-garde ont eu lieu. Des professeurs disant « l’ICE n’entre pas dans cette école », toute une bataille dans laquelle la justice est plus impliquée que le Parti démocrate. Mais il y avait aussi de la peur dans la communauté immigrée.

Une dispute s’est ouverte avec l’Ukraine. Aujourd’hui, les médias affirment que Trump ne veut pas que Zelensky soit assis à la table de négociations. On a l’impression qu’en Ukraine, il y a effectivement de la démoralisation et de l’usure, ce n’est pas une population comme la palestinienne, elle n’est pas radicalisée.

Un bras de fer s’est ouvert avec Gaza, mais là, il y a une radicalisation.

Un bras de fer s’est ouvert avec le Panama, avec le Groenland aussi.

C’est un bras de fer à trois niveaux : politique, géopolitique et économique. Le niveau géopolitique est assez clair : “vous gardez le morceau d’Ukraine que vous voulez, mais en échange de quoi ?” Ce que Trump a dit sur l’Ukraine est une sauvagerie : « nous voulons 50 % des ressources naturelles », un pillage pire que celui des colonies, il manque qu’il dise « nous voulons revenir à l’esclavage ». Mais ce n’est pas l’essentiel ; l’un des « changements » est que ni la Chine ni la Russie ne s’immiscent dans la question de Gaza, et que les États-Unis prennent en charge la « Riviera du Moyen-Orient ».

Mais cela ne suffit pas. En échange de quoi d’autre ? Pour moi, c’est un jeu qui inclut Xi Jinping. Pierre Rousset dit que Musk a déclaré qu’il était favorable à ce que Taïwan soit donné à la Chine ; en échange de quoi ? C’est un effondrement total de l’ancien ordre : je te donne Taïwan mais ensuite je garde le Groenland

En Europe, on dit que « c’est Munich », en référence au traité de Munich de 1938 où Chamberlain et Daladier ont accepté de céder à Hitler toutes les conquêtes territoriales dans la zone allemande de l’ancienne Tchécoslovaquie (les Sudètes). C’est un point de vue très européen, mais il semble que les accords potentiels se feraient au détriment de l’Europe : si vous n’avez pas d’armes, vous êtes foutus.

« En échange de quoi ? » est la question qui se pose dans la discussion sur l’Ukraine. Munich en 1938 était une pure capitulation, mais Chamberlain et Daladier n’ont rien à voir avec Trump, ils voulaient éviter la guerre parce que le traumatisme de la Première Guerre mondiale était encore présent. C’est une autre chose : il y a une négociation secrète pour autre chose, où Poutine pourrait dire à Trump : « Ne t’inquiète pas, je ne me mêle pas de tes affaires », puis un jour on se réveille et il s’avère que les troupes américaines sont arrivées au Panama, et Poutine et Xi Jinping se taisent.

Alors, quelle est la stratégie ? Se tourner vers l’Asie du Sud-Est, vers le Pacifique ? On ne sait pas, il peut y en avoir une autre, répartissons le monde différemment. C’est intuitif ce que je vous dis parce que nous ne connaissons pas l’autre partie de la négociation ; c’est une négociation secrète, et ils ont déjà confirmé que l’Ukraine n’est pas invitée ; c’est un scandale.

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Il y a une tension avec Trump et l’extrême droite dans la lutte des classes également. Aujourd’hui, Musk a de nouveau soutenu l’AfD, « la seule alternative pour l’Allemagne est l’AfD ». Le principal soutien de Milei est Trump. Hier, Banon a de nouveau fait le salut nazi et Bardella s’est retiré : Le Pen et Meloni sont très normalisés. Des manifestations ont commencé à avoir lieu aux États-Unis contre les licenciements.

S‘il y a des combats, c’est qu’il y a de la vie, et ce sont des luttes de polarisation sociale et de classes. Je ne pense pas non plus que le Hamas ne se rende pas compte qu’ils veulent les exterminer. Il est évident qu’ils profitent du temps de trêve pour s’approvisionner, reconstruire les tunnels, etc. De plus, le Hamas n’a nulle part où aller, car Nétanyahou a déjà dit qu’il voulait le détruire. La seule possibilité est de gagner du temps et de se préparer au choc.

La situation à Gaza est celle d’une guerre civile ; cela se résoudra par plus de sang (il y a déjà 70 000 morts et 110 000 blessés graves). En Ukraine, l’affrontement s’est trop militarisé et les gens en ont assez. Il ne semble pas que les Ukrainiens aillent se soulever contre la cession du pays.

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Il y a des discussions théoriques qui sont réactualisées. Tout d’abord, l’histoire est revenue, dans le sens où les comparaisons avec ce qui se passe aujourd’hui reviennent. Par exemple, le débat sur l’impérialisme était ennuyeux, dépassé ; qu’était l’impérialisme ? : le FMI. Aujourd’hui, l’impérialisme est une botte qui veut nous écraser, des pays sont répartis, le monde est remilitarisé, le débat devient d’actualité, alors voyons ce que disait Lénine, ce que disait Rosa, c’est d’actualité, pas pour les calendes grecques.[9]

Par exemple, l’accord de Munich de 1938 ou le partage de l’Europe de l’Est entre Churchill et Staline à Moscou fin 1944. La Grèce, la Yougoslavie et le reste des Balkans ont été répartis et le maréchal Tito s’est opposé à cela et a rompu avec l’URSS. Les comparaisons reviennent avec d’autres périodes historiques lorsque les choses étaient décidées par des rapports de force purs. 

Une autre discussion revient, qui est la dialectique entre guerre, révolution et guerre civile. À Gaza, il y a des éléments de guerre civile, ce n’est pas une guerre à sec parce qu’elle est totalement asymétrique. L’action du Hamas comporte des éléments que nous rejetons, mais elle comporte également des éléments de guerre civile de légitime défense. La guerre civile est ainsi faite, œil pour œil, dent pour dent. Où se trouve l’école de la guerre civile aujourd’hui dans le monde ? À Gaza. La guerre civile a ses lois, comme celles du Code de Hammurabi de 1756 avant Jésus-Christ, le principe de réciprocité. Avec la modernité, la codification a changé, la justice n’est pas rétributive mais – supposément – réparatrice ; mais cela ne s’applique pas à la guerre civile. Vous pouvez lire la discussion de Trotsky avec Serge (Leur morale et la nôtre) ; Serge était une bonne âme, mais il se trompait complètement : « avant tout, la vie humaine ». Ce n’est pas le cas, avant tout, il y a la lutte des classes, sinon, on vous fusille (Sussi Weisman a une bonne biographie sur Serge où il est « mis à nu » par rapport à cette position et à d’autres de la fin des années 30). [10]

S’ils occupent militairement le Panama, ce ne sera pas si facile. Le Panama a une longue tradition anti-impérialiste. Les américains qui ont tenté une intervention territoriale en Amérique centrale avec William Walker et les flibustiers ont été fusillés.

Il y a aussi un débat théorique sur la façon dont les rapports de force sont mesurés. Sont-ils mesurés uniquement du point de vue électoral super-structurel ou y a-t-il une épaisseur plus complexe entre ce qui est visible et ce qui ne l’est pas, entre l’élément objectif et le subjectif ? Lorsque nous disons qu’il y a des réserves de lutte, nous sommes confrontés aux « apologistes de la défaite » ; il n’y a pas le même effort pour déculpabiliser la barbarie que pour déculpabiliser la révolution. Nous continuons à croire en la possibilité de recommencer l’expérience historique. Même si par en haut les choses semblent très difficiles, par en bas, il y a des points d’appui pour l’action partout.

Si les formations d’extrême droite gagnent, dans quelle mesure des formations antifascistes vont-elles commencer à émerger en Europe ? En Argentine, l’antifascisme est un piège, c’est le front populaire avec le péronisme, « l’antifascisme » c’est voter pour Cristina… Le fascisme, avant tout, est un mouvement de masse extraparlementaire. Maintenant, ils appellent « fascisme » n’importe quoi. Combien y a-t-il de forces fascistes extraparlementaires dans le monde ? Kevin Anderson dit que Trump a une mouvance fasciste, mais « il la cache »… Les troupes d’assaut du fascisme n’étaient pas clandestines, elles étaient des centaines de milliers de personnes… où les cacher ?

Pour dénoncer l’extrême droite, nous pouvons parler des fachos ou des fascistes, mais il faut savoir de quoi nous parlons, car les rapports de force doivent être mesurés au millimètre, ne pas ignorer les dangers mais ne pas les exagérer non plus, car nous risquons ainsi de céder du terrain à l’ennemi.

Il existe bien sûr des régimes ultra-autoritaires et réactionnaires, mais ce sont plutôt des forces étatisées, bien qu’elles puissent remettre en question le régime politique. Certaines forces ont une base de masse explicite, comme le bolsonarisme au Brésil, qui mobilise beaucoup de monde, Milei n’arrive même pas à rassembler mille personnes.

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Il y a un autre élément dont on parle moins. Il y a un problème de direction très grave, car il y a une faillite terrible de ce que nous pourrions appeler la « social-démocratie », une faillite et une démoralisation. Alors que les forces de droite sont parlementaires et extraparlementaires bien qu’elles n’aient pas de formations fascistes, la social-démocratie internationale, le PT, le kirchnerisme, ne mobilisent personne, ils n’agissent que dans les institutions.

De plus, ils n’ont pas de boussole : quel ordre revendiquent-ils ? Parce qu’il n’y a plus moyen de revenir à l’ordre précédent ; le monde s’est imposé à eux. Les trois puissances sont les États-Unis, la Russie et la Chine, et l’Europe n’a pas d’armes. Ce sont des forces adaptées à l’ordre précédent, elles ne se tournent pas vers le nationalisme bourgeois, encore moins vers l’anticapitalisme.

Nous avons également une difficulté, l’avant-garde des masses progressistes est possibiliste, elle n’est pas anticapitaliste (il existe un anticapitalisme diffus parmi la jeunesse des États-Unis, par exemple, mais il n’est pas encore mûr). Alors que l’extrême droite se radicalise, les forces social-démocrates sont de plus en plus légères.

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Il y a des pulsions liées aux forces que nous connaissons : mouvement de masse, mouvement des femmes, Gaza. Il y a des manifestations contre l’AfD en Allemagne, mais les marches pacifiques ne suffisent pas pour affronter l’AfD, qui n’est pas aussi normalisée que Le Pen. Il faut du sang. Nous ne pouvons pas produire de sang seuls, mais par exemple en Argentine, où le Grand Buenos Aires est le Far West, il y a une terrible décomposition accumulée par le kirchnerisme et aggravée par Milei, les livreurs se font voler leurs motos et elles sont amenées aux bidonvilles. Un groupe de livreurs a rassemblé son courage, s’est organisé, est entré dans le bidonville sans armes et a commencé à crier « rendez-nous la moto », et au bout d’un moment, la moto est apparue. Même si cela semble très petit, c’est une action indépendante et ils l’ont déjà fait deux fois. Sitrarepa a été invité à la télévision, et nous allons défendre ces actions, avec les précautions d’usage : la sortie n’est pas individuelle, elle est collective, et les camarades se sont organisés pour récupérer leur outil de travail. Cela va à l’encontre du régime politique, car c’est prendre les choses en main. L’État est complice des voleurs, la police leur disait que la moto « n’allait jamais réapparaître », qu’elle aurait déjà été « mise au rebut ». Ils ont fait l’expérience avec la police et ils sont ensuite entrés dans le bidonville.

Des forces vont émerger dans ce bras de fer, c’est matérialiste ; ce que disent les apologistes de la défaite n’est pas matérialiste. Des forces vont émerger même dans le royaume de la nécessité, comme l’exemple de ceux qui se sont mobilisés pour subvenir à leurs besoins.

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Lignes de démarcation : nous sommes pour l’indépendance des classes et non pour la conciliation des classes. Front unique ouvrier oui, front antifasciste de conciliation des classes non.

Obéissance au régime politique non, action indépendante oui. Aucune confiance dans les parlements.

Des groupes d’autodéfense antifascistes, oui.

Des manifestations routinières de bougies et de silence, non. Bloquer les routes, oui.

Nous devons être à l’extrême gauche des développements réels de la lutte des classes.

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Il y a un double jeu qui est le poids de l’événement. On considère qu’un événement est quelque chose de « secondaire » dans le cadre de la longue durée. Mais d’autres intellectuels disent que la longue durée est une dialectique marquée par des ruptures, une définition qui se trouve chez Lénine et Stephen Jay Gould qui la copie pratiquement de lui : le développement ponctuée. Lénine dit qu’il existe une vieille théorie de l’évolution et une nouvelle, qui est marquée par des ruptures, des guerres, des catastrophes, la révolution (le texte sur Marx pour le dictionnaire Grammar, 1914).[11]

Trump reflète le fait que la structure du monde a déjà changé, pas celle du monde matériel, mais bien celle de la politique et de la géopolitique mondiales. Il marque une rupture, les choses ont déjà changé, nous sommes déjà dans un autre monde. Il exprime le poids de l’événement sur le terrain de la superstructure, c’est déjà une nouvelle cristallisation.

C’est d’abord le poids, le volume de l’événement, car l’événement a son propre volume s’il est la goutte qui fait déborder le vase (c’est-à-dire un changement de qualité). Trump est la personnification de l’émergence d’une nouvelle étape mondiale ; le vieux monde n’existe plus, et c’est une utopie réactionnaire de vouloir revenir au vieux monde. C’est pourquoi les courants sociaux-démocrates vont si mal en ce moment, car on ne peut pas revenir au vieux monde.

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Qui croit qui ? La nouvelle ère a-t-elle créé Trump ou Trump crée-t-il la nouvelle ère ? C’est d’abord la nouvelle ère qui a créé Trump, puis Trump a tenté de créer la « nouvelle ère » à sa façon. Ce n’est pas que la Russie ou la Chine aient vaincu les États-Unis, personne ne dit cela, ni que la Chine soit plus forte militairement que les États-Unis. Des spécialistes de la Chine comme Pierre Rousset affirment le contraire, que les États-Unis restent en tête dans la course militaire. Pierre Rousset affirme également qu’il est faux de dire que les États-Unis ont perdu la guerre technologique, même s’il y a effectivement une réaction de Trump face à l’avancée qualitative de la Chine.

Les tendances globales du monde posent un autre problème ; Trump affirme que la manière de résoudre le problème de l’accumulation capitaliste, de la croissance médiocre, est de s’approprier directement le revenu, l’appropriation directe de territoires, de portions du globe (il faut réétudier la théorie du revenu « géographique » chez Marx pour comprendre cela). [12] S’ensuit alors une guerre pour le partage du monde, pour les ressources naturelles, pour les revenus miniers, agricoles, pétroliers, cybernétiques, aérospatiaux, etc.

Trump semble vouloir négocier, mais la lutte inter-impérialiste n’est pas terminée. Dans l’ancienne logique de l’impérialisme, l’Ukraine était essentielle ; dans la nouvelle logique, elle est non essentielle. Dans la nouvelle logique de l’impérialisme, ce qui compte, c’est l’hinterland (l’espace proche). C’est pourquoi il veut se partager le monde avec Poutine et Xi Jinping sans guerre, il veut le prix Nobel de la paix… Il dit à Poutine : « Je te donne l’Ukraine », et que lui donne Poutine en échange ? Ce qu’il veut, c’est du territoire. Il dit à la Chine de quitter les pays arabes et lui donne Taïwan, mais cela ne suffit pas. Que veut de plus Trump ?

Les circonstances ont trouvé le personnage parfait, un personnage transactionnel qui ouvre un nouveau jeu. Et cela fait exploser la politique mondiale, car ce nouveau jeu n’avait pas été vu depuis longtemps (depuis l’après-guerre). Les frontières étaient incontestables dans la vieille Europe, celle du pacte de Yalta et de Postdam. Maintenant, ce type arrive et dit : « Il n’y a plus de frontières, discutons de tout à nouveau ».

Logiquement, il manque ici un « petit » facteur dans l’équation, à savoir qu’il y a des millions de personnes au milieu. C’est ce que Churchill dit à Staline lorsqu’ils se partagent l’Europe sur une serviette de papier. Churchill demande à Staline s’il veut qu’il déchire la serviette pour qu’il n’y ait aucune trace de ce sale accord : « Ne trouvez-vous pas que c’est très cynique de répartir des millions de personnes sur une serviette de papier ? » Et Staline répond : « Non, gardez la serviette ».

Au milieu, il y a les masses, donc il y a comme un double combat. L’un concerne la façon dont le monde sera réparti. L’autre est Gaza, qui est un mouvement de masse. Ainsi, lorsqu’un conflit commence, même s’il commence par la voie réactionnaire, donner une définition défaitiste est ridicule, c’est comme jeter l’éponge dès le premier round (quels mauvais boxeurs seraient les Arcary ou les Mosquera qui existent dans le monde ! Des types qui ne connaissent pas la boue, qui n’y ont jamais mis les pieds !). Le peuple palestinien n’aurait pas remporté le triomphe qu’il a obtenu avec le cessez-le-feu, qui, bien qu’éphémère, a un poids moral important, s’il avait jeté l’éponge.[13]

Le troisième problème, dans le nouveau monde, c’est que l’Europe semble stupide, qu’elle n’était pas préparée à ce monde, c’est comme la social-démocratie.

C’est un monde si nouveau que des guérillas peuvent surgir, avec plus de terrorisme ; il y a eu de nombreux actes de terrorisme individuel dans plusieurs pays européens ces derniers temps. Il y a une tendance à la brutalisation de la vie politique, et il faut s’y préparer.

Il y a une tendance qui s’exprime avec Trump, qui est l’exploitation par le pillage, de la main-d’œuvre précaire, des ressources naturelles, et il y a aussi une dispute pour la conquête de l’espace par le pillage, par qu’il n’y a plus de réglementations, il y a une tendance à privatiser les entreprises.

Le scepticisme, c’est de ne pas voir les masses qui sont au milieu de tout ça. Envahir le Panama est une folie, il est possible que toute l’Amérique latine se lève. Si l’on débarque au canal de Panama, il y aura des mobilisations de masse dans toute l’Amérique latine.

Le Groenland est plus facile parce qu’il y a très peu de population. Et comme il est proche de l’Arctique qui est en train de dégeler, il y a beaucoup de ressources naturelles. Cela peut faire partie d’une transaction et le Danemark pourrait devoir plier l’échine.

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Le problème que nous avons avec le mouvement de masse est, premièrement, qu’il est dirigé par les directions traditionnelles ; deuxièmement, qu’il n’est pas du tout en phase avec le monde, il est sur la voie précédente, et le monde a changé de voie ; troisièmement, que le trotskisme va mal, parce que les conditions ne sont pas faciles ; bien qu’il y ait beaucoup de possibilités de développement, les conditions ne sont pas les meilleures. C’est pourquoi il existe toutes sortes de sectes, des défaitistes à des gens comme le PTS, dont les analyses sont sans nuances, tout est pareil, « le même monde de toujours »

La conjoncture est défavorable car il n’y a pas encore de réponse à la hauteur des attaques. Mais il y a une épaisseur sociale, il y a de la vie, il y a une multitude d’organisations et une multitude de rapports de force. C’est pourquoi il est mauvais qu’Arcary ne voie que Lula et Bolsonaro et se mette à pleurer. Il y a une microphysique du pouvoir (Foucault) qui n’est pas du tout résolue ; ce sont des couches géologiques de rapports de force : société civile, recours judiciaires, jeunes qui sortent de l’école et vont se mobiliser à Los Angeles pour défendre les migrants. Mais pour voir ça, il faut être militant, mettre les pieds dans le cambouis, ne pas être un pur intellectuel qui voit les choses depuis une tour d’ivoire (c’est moche à dire, mais il y a un problème de classe là-dedans).

La géopolitique, c’est de la merde, parce qu’elle ne vous fait voir que la « macrophysique du pouvoir », les relations entre États, qui semblent remplacer la lutte des classes et la politique. Au niveau de la macrophysique, on ne voit pas les masses, on ne voit pas le lien entre guerre, révolution et guerre civile, mais il y a une microphysique qui est présente (on dirait que personne ne se souvient de la définition de Lénine de transformer la guerre mondiale en guerre civile).[14]

Des éléments de guerre civile apparaissent maintenant dans la lutte des classes, ce n’est pas la même chose que la rébellion populaire, c’est autre chose. Ils sont encore très embryonnaires, et nous parlons d’être à « l’extrême gauche » des processus de lutte, pas n’importe quoi, attention ; pas l’ultra-gauche, mais plutôt « l’extrême gauche » au sens français, être situé dans l’aile gauche.

Nous ne disons pas non plus que nous sommes contre un front unique ; mais pour lutter, pas pour capituler. Il y a le modèle de Trotsky de front unique contre le fascisme des années 30, et le modèle de Rosa de grève de masse, qui émerge plus spontanément d’en bas. Quel est le modèle qui s’applique ? Dans les années 30, la social-démocratie était une force de masse dont la base pouvait être disputée par le Parti communiste ; maintenant, les rapports de force sont très mauvais. En Argentine, nous nous en sortons mieux quand il y a un public qui veut se battre, qui nous écoute et qui sort. Quand nous allons au front unique, c’est plus difficile, parce que ce n’est pas pour se battre. Malheureusement, l’unité ne fonctionne pas, parce qu’ils ne veulent pas se battre et nous n’avons pas l’envergure pour les obliger à lutter.

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Il faut savoir chercher les endroits où se concentre l’avant-garde, car dans la décentralisation nous perdons, les masses sont trop grandes pour nous. Nous souffrons encore du courant descendant, qui reste plus fort que le courant ascendant. Nous nous arrêtons, du point de vue générationnel, politique, théorique, etc., dans le courant ascendant, mais ce courant est encore faible à cause de la crise d’alternative.

En Argentine aussi, il y a un bras de fer. Milei est un idiot, mais c’est le porte-drapeau de la bourgeoisie pour un pays extractiviste, ils veulent détruire le pays, et si la classe ouvrière est vaincue, nous allons souffrir. Dans le monde aussi, si Trump redessine le monde à son goût et à son plaisir et s’impose, il y aura un recul dans la lutte des classes.

Nous entrons dans une nouvelle ère de barbarie et de révolution qu’il vaut mieux « raccourcir », car la planète n’est pas prête ; il y a aussi une course de vitesse. Un élément catastrophique est à l’œuvre, c’est réel. Trump a dit « forer, forer, forer », et a laissé entendre qu’il pourrait réformer la Constitution pour rester. Rio de Janeiro a déjà 60 degrés, de combien la température peut-elle augmenter ?

Nous entrons dans la nouvelle ère des extrêmes avec un courant qui est bien préparé politiquement mais qui est encore numériquement limité, évidemment ; la construction n’est pas facile, mais avec un esprit bien ordonné, nous pouvons faire l’histoire.

[1] Le Hamas est l’une des rares directions du mouvement de masse qui se mobilise en dehors des cadres institutionnels produisant un impact par exemple sur les courants maoïstes qui commencent à apparaître ici ou là.

[2] La représentation de la remise des corps de la famille Bibas est, si l’on veut, sous des formes djihadistes, l’expression même de la guerre civile.

[3] Il n’y a pas de mouvement d’avant-garde des masses qui soutienne la cause ukrainienne à gauche et cela s’explique par l’alliance de l’Ukraine avec l’OTAN. Cependant, le « bras de fer ukrainien » a un impact direct sur la politique européenne.

[4] La période réactionnaire sous Javier Milei est difficile, mais parler déjà de défaite est une insulte à l’intelligence marxiste. L’année ne fait que commencer et nous avons déjà connu deux crises politiques : la situation post-discours de Davos et la marche du 1er février, et maintenant le scandale crypto.

[5] Nous avons été étonnés par un récent article de Daniel Tanuro qui observe certaines médiations par rapport aux analyses les plus impressionnistes de l’arrivée au pouvoir de Trump en 2025.

[6] Nous vous invitons à lire notre récent article « Auschwitz : marxisme et holocauste », disponible sur izquierda web.

[7] Nous en avons parlé lors de notre intervention lors de la dernière édition de Historical Materialism à Londres, en novembre dernier : « Sur Lénine, Hegel et la dialectique du XXIe siècle ».

[8] Les nouveaux « trois grands » sont assis à la table, sauf que maintenant la Chine remplace la Grande-Bretagne.

[9] Si nous nous souvenons bien, le concept d’actualité chez Hegel était quelque chose qui a une présence, qui est présent.

[10] Selon notre interprétation, car Weisman défend Serge contre Trotsky.

[11] Il s’agit d’un texte de Lénine en rupture avec la tradition de la IIe Internationale parce qu’il commence son analyse par la dialectique.

[12] Nous renvoyons à notre article « La rébellion des 4 x 4 » bien que notre champ d’analyse ait été la campagne argentine.

[13] L’article de Jacobin sur le cessez-le-feu à Gaza est à vomir.

[14] Des courants comme la FT (PTS-RP) se déplacent également trop dans le domaine de la « macrophysique » (il va sans dire, dans les analyses ; leurs masses sont toujours muettes, il n’y a pas de souci de subjectivité, il n’y a pas de bilan du stalinisme, ils sont anticapitalistes mais pas socialistes).

 

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