Condamnation de Marine Le Pen : l’échec de la mobilisation de l’extrême droite

Malgré une intense campagne médiatique, le Rassemblement National n’a pas réussi à mobiliser massivement lors du meeting de soutien à Marine Le Pen, condamnée par la justice à la peine d'inéligibilité.

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« La rue, elle est à qui ? »

Dimanche 6 avril, le Rassemblement National appelait à un acte de soutien à Marine Le Pen place Vauban à Paris, avec la présence de Jordan Bardella et d’autres membres du parti d’extrême droite. Les réactionnaires voulaient montrer par une action de rue le soutien à leur leader, condamnée par la justice à la peine d’inéligibilité suite au détournement de millions d’euros d’assistant.es parlementaires de l’Union Européenne. Malgré la campagne médiatique de mobilisation de l’extrême droite, à peine quelques milliers de personnes se sont déplacées pour « sauver la démocratie ». L’image aérienne du rassemblement montre à quel point la place était vide au moment des discours.

Le « ratage national » de Le Pen et compagnie met en difficulté les aspirations de pouvoir de l’extrême droite, sans sa principale figure électorale. Il s’agit d’une très bonne nouvelle pour les travailleur·euses et les secteurs populaires, qui témoigne de la faiblesse de cette formation politique. Depuis l’arrivée au pouvoir de Trump aux Etats-Unis, le RN semble avoir des difficultés pour s’adapter à la nouvelle situation internationale de confrontation entre les Etats et de recompositions impérialistes. Alors que la guerre commerciale lancée par le président des Etats-Unis fait plonger les marchés du monde entier, les manifestations de rue ont déjà commencé en Amérique du Nord contre les politiques du nouveau mandataire des Etats-Unis. Bien que la situation mondiale continue à évoluer dans un contexte réactionnaire, la conjoncture actuelle n’alimente pas les aspirations de l’extrême droite, incapable de gagner la rue pour son projet politique rétrograde.

D’autre part, le gouvernement Macron a profité de la journée pour faire un acte « modeste » de lancement de la candidature de Gabriel Attal aux présidentielles. L’ancien Premier ministre est un possible successeur pour le parti Renaissance qui cherche à construire un profil centriste pour « éviter les extrêmes » dans la continuité du gouvernement Macron. 

 

Les limites institutionnelles de la gauche syndicale et politique

De leur côté, des organisations de la gauche syndicale et politique se sont donné rendez-vous à la place de la République pour « ne pas laisser la rue à l’extrême droite ». Il s’agissait d’une initiative fondamentale pour que le RN ne puisse pas prendre la rue parisienne sans une contestation du mouvement social. Le rassemblement était initialement appelé par la Marche des Solidarités et par Urgence Palestine, mais ce sont les organisations politiques de la gauche institutionnelle qui ont pris le devant de la scène en monopolisant les discours lors du rassemblement. 

La France Insoumise et des organisations proches du NFP ont pris la parole pour faire de ce rassemblement la préparation de la campagne électorale 2027 selon une perspective purement institutionnelle. En ce moment, les membres du NFP sont plus préoccupé·es par les négociations vis-à-vis des élections municipales 2026 que dans la construction de la mobilisation dans la rue contre l’extrême droite. Seulement Solidaires a participé à cet acte du côté des centrales syndicales. La CGT y était absente alors que l’extrême droite appelait à prendre la rue, et préfère appeler à se mobiliser à une autre date. 

 

Construire une gauche révolutionnaire pour lutter contre les réactionnaires

Les principaux representant·es de la gauche institutionnelle tiennent des propos ambigus vis-à-vis de l’affaire de Marine Le Pen soit en essayant de justifier le « caractère indépendant de la justice » ou bien en se protégeant de leurs propres scandales de corruption. La désorientation de la gauche syndicale et politique n’a pas aidé au développement de la mobilisation qui a rassemblé quelques milliers de personnes à République. Du côté des révolutionnaires, le refus de se mobiliser contre Le Pen de Lutte Ouvrière et de Révolution Permanente, entre autres, n’aide pas non plus à la mobilisation contre l’extrême droite. 

Au-delà des confusions sectaires et des négociations électorales, à Socialisme ou Barbarie, nous considérons que la véritable bataille contre les réactionnaires doit être menée dans la rue, avec la force de la manifestation et la grève des travailleur·euses. C’est pour cela que pour lutter contre les réactionnaires, ainsi que pour lutter contre les politiques d’austérité et les guerres impérialistes, il nous faut construire une gauche révolutionnaire capable de mener la bagarre jusqu’au bout. Dans ce sens, nous appelons à la construction d’un cortège internationaliste et révolutionnaire lors des manifestations du 1er mai, ainsi qu’à une réunion publique de notre courant international contre « les guerres impérialistes et l’internationale réactionnaire » le samedi 3 mai à Paris. 

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