
Oscar Costica
En décembre la présidence de l’université avait promis une réponse de la préfecture concernant la régularisation des 32 dossiers défendus par le CEE depuis le début de l’année. La réponse devait parvenir début janvier mais c’est cette semaine, à peine, que les étudiant.e.s étrangers.ères ont été informés que 9 dossiers, seulement, seraient en voie d’examen. Moins d’un tiers donc, et cela sans aucune garantie que ces 9 dossiers soient régularisés.
Les étudiant.e.s, sidérés d’apprendre la nouvelle mais déterminés à continuer de s’organiser et lutter pour leur régularisation, ont acté d’un rassemblement ce lundi 7 mars à 11h30 à l’université Paris 8 contre la mise à l’écart des autres dossiers et la précarité à l’université :
A l’université la précarité touche en premier lieu les étudiant.e.s étrangers.ères. Tant qu’ils ne sont pas régularisés, ils et elles sont menacé.e.s à tout moment de recevoir une OQTF à l’issue d’un simple contrôle et, au-delà de ce risque quotidien, leur statut implique qu’ils n’aient pas d’autre choix que d’exercer des emplois instables et pénibles, quand il ne sont pas tout simplement en train de survivre avec les moyens du bord. Après avoir été en première ligne face à la crise du Covid dans les emplois sous-payés, quel message adresse la présidence à ces étudiant.e.s qui tiennent pourtant coûte que coûte à poursuivre leurs études, même dans ces conditions ?
Pour comprendre sa réponse, il suffit de revenir brièvement sur l’historique de la lutte du collectif cette année : à la rentrée 2021, le CEE avait soutenu la régularisation de 37 dossiers devant la présidence, dont 5 seulement avaient été – en principe – retenus. En décembre, parce que les mobilisations du CEE continuaient, la présidence, avait proposé lors un entretien avec une délégation un second dépôt individuel pour les candidatures refusées par le logiciel de la préfecture. Cette demande concernait donc les 32 dossiers restants dont la réponse devait aboutir début janvier.
Or, au début de la semaine dernière, ce n’est qu’après avoir annoncé le rassemblement des étudiant.e.s étranger.ères pour ce lundi 7 mars que le collectif a été convoqué soudainement par la présidence. Et elle n’en était pas à sa dernière surprise : seulement 9 dossiers seraient actuellement en voie d’examen, dont seulement un dossier parmi tous ceux des membres du collectif a été retenu.
Pire : N., membre du CEE qui faisait partie des 5 dossiers initiaux du début de l’année, n’a non seulement pas eu de réponse à ce jour, mais a appris d’un membre de l’administration que son dossier n’avait jamais été envoyé ! Un rendez-vous entre elle et l’administration a été convenu le même jour que le rassemblement, auquel N. devra assister avec son enfant, faute d’avoir trouvé une garde, et dans un contexte où, sans régularisation, elle risque de perdre son logement social.
Les mensonges ne semblent pas faire rougir la présidente de l’université qui, pour le 8 mars, organise parallèlement des cycles de débat pour la journée de lutte pour les droits de la femme, tout comme elle avait vanté l’université « humaniste » lors de la remise de diplôme pour des d’étudiant.e.s étrangers.ères en octobre dernier.
Cette hypocrisie, qui met en danger l’avenir et même la vie de nombreux étudiant.e.s, ne masque pas qu’elle s’inscrit dans la ligne du tri social imposé à l’intérieur comme à l’extérieur des universités par les réformes successives des différents gouvernements, de droite comme de gauche. Nous soutenons la mobilisation du CEE et appelons à se mobiliser à leurs côtés, contre la xénophobie des institutions et pour une université libre et ouverte à tou.te.s.