Dans les Outre-mer, la colère contre le colonialisme français s’intensifie et la seule réponse de l’État est la répression, le nouveau gouvernement dirigé par Michel Barnier vient durcir la politique de la France avec de nouveaux ministres aux propos autoritaires et nostalgiques de l’époque coloniale.
Rétablir l’ordre policier, rétablir l’ordre colonial, rétablir l’ordre racial
Après quatre mois de mobilisations des Kanaks contre le dégel du corps électoral, l’État français amplifie la répression : extension du couvre-feu, contrôle de la vente de carburant aux Kanaks, déportations des militants et deux nouveaux assassinats le 19 septembre portant le total à 13 personnes tuées depuis le mois de Mai, presque un mort par semaine.
Macron parle de cowboys et d’indiens ; Sonia Backès, présidente de la province Sud parle de deux civilisations qui ne peuvent pas cohabiter, une démocratique et une féodale. Cela fait donc quatre mois que la seule réponse de l’exécutif est la violence, le gouvernement ne cherche aucun compromis, la revendication originale contre le dégel du corps électoral à bien été oubliée depuis, la France a montré ouvertement ses intérêts coloniaux et l’objectif des Kanaks est de s’en libérer.
Depuis début Septembre, les martiniquais.es sont mobilisé.es contre la vie chère, rejoint depuis le 20 par les guadeloupéen.nes; dans les Antilles françaises les prix de l’alimentaire sont en moyenne 42% plus élevé qu’en Hexagone; le mouvement commence avec manifestations, courte grève des dockers et rassemblement devant un centre commercial propriété de Bernard Hayot. Les organisateurs du mouvement ont refusé la réunion avec la préfecture pour une “une baisse de 20 % en moyenne du prix de 2 500 produits de première nécessité”. Les prix dans les Outre-mer doivent être alignés à ceux de l’Hexagone, c’est la revendication des martiniquais.es; suite au refus du gouvernement de l’accepter le mouvement s’est intensifié, des émeutes et incendies de commerces ont lieu chaque nuit en parallèle des manifestations et actions de masses. Comme en Kanaky la seule réponse de l’État est la répression, déploiement de gendarmes venus de métropole, envoi de la CRS 8 et couvre-feu.
La Nouvelle-Calédonie Kanaky, la Martinique, la Guadeloupe et tout les Outre-mer français font face à un coût de la vie très élevés, héritage de la période coloniale “dure”, encore aujourd’hui les importations ne peuvent venir que de France métropolitaine, et les exportations ne peuvent aller que vers cette dernière; la production locale est contrôlé par les descendants de colons, le plus important est Bernard Hayot avec un quasi monopole de la grande distribution, de l’automobile et une main mise sur l’agriculture; la production agricole est décidée pour les besoins d’exportation vers la métropole et non pour nourrir la population locale.
Si ce système entraîne un coût de la vie élevé pour les populations locales, les colons qui viennent de métropole disposent d’aides de l’État et d’emplois à rémunération élevée n’ont pas ce problème, le colonialisme à peine caché.
Ce durcissement dans les Outre-mer est le résultat de la perte de vitesse des capitaux français à l’international et de sa place dans la domination impérialiste avec notamment la perte progressive de son pré-carré historique en Afrique.
En métropole, la justice autoritaire et coloniale
En métropole la police peut tuer tout aussi librement que dans les colonies avec la protection des tribunaux bourgeois, ces dernières semaines sont tombés les verdicts de plusieurs procès suite à des assassinats de la police.
À Nantes, à eu lieu le procès du commissaire responsable de la mort de Steve Maia Caniço, noyé en 2019 pendant une charge policière injustifié sur un stand de la fête de la musique, les policiers ont “en seulement dix minutes, tiré trente-trois grenades lacrymogènes, dix grenades de désencerclement et douze projectiles de LBD” causant la chute de Steve dans la Loire. Les policiers disent s’être défendu d’une pluie de projectiles et le tribunal juge “qu’il n’y a pas de raison de mettre en doute le récit des policiers. Ni le commissaire, ni aucun des policiers présents n’ont été condamné.
À Bondy, le procès du policier qui avait roué de coup de pied au visage le jeune Gabriel, 14 ans, a abouti sur un non-lieu, la réponse de la cour “il n’est pas possible d’établir précisément ce qui s’est passé”.
Ces deux cas ne sont pas les premiers cas de tel jugement laxiste envers la police, il viennent s’ajouter à des dizaines d’affaires plus connues : Lamine Dieng, Adama, Nahel… sans oublier les violences régulières qui ne mènent pas à un dépôt de plainte ou à une enquête.
Même au travail, il faut se plier au racisme des supérieurs, c’est le résultat du conseil de discipline de la Ville de Paris à l’encontre de Bruno et Ibrahima, deux agents de sécurité de Paris Musées, victimes d’insultes racistes d’un supérieur, leur colère face à ces propos leur coûte 12 mois de mise à pied.
Un gouvernement réactionnaire à l’offensive
François-Noël Buffet, nouveau ministre des Outre-mer, à écrit dans un rapport du Sénat suite aux émeutes de la mort de Nahel un plan “rétablissement de l’ordre en contexte émeutier” et préconise une surveillance renforcée des “quartiers sensibles”. Il demande dans le plan de rétablissement de l’ordre un protocole national en cas d’émeute, la suspension de la chaîne de commandement, le décloisonnement des différentes unités à leurs missions spécifiques et le dézonage; de nouveaux types d’armes “adaptés au contexte”; plus d’équipement et de munitions; déploiement systématique de la vidéosurveillance; censure des réseaux sociaux et des sanctions judiciaires plus dures et immédiates même pour les mineurs.
Rien de mieux chez les autres ministres : Bruno Retailleau à l’Intérieur évoque les “belles choses” de la colonisation, et réussi à être encore plus autoritaire et raciste que Darmanin ; Pannier-Runacher revient à l’écologie alors que Perenco, la société pétrolière propriété de sa famille, a été responsable de la mort de 5 travailleurs gabonais sur une plateforme pétrolière ; et Othman Nasrou, secrétaire d’État à la citoyenneté et la lutte contre les discriminations avait l’année dernière proposé un contre-projet à la Loi Immigration encore plus dur que cette dernière, il y proposait que les sans-papiers ne puissent avoir accès à aucune forme de régularisation et la suppression de tous les dispositifs d’accueil des migrants légaux.
Ce nouveau gouvernement est la suite logique de l’extrême-droitisation progressive des différents gouvernements de Macron : les violences que nous avons vécu et observé en 2023, les lois réactionnaires qui ont été passées, ce sont la base de la politique de Barnier et de ses ministres. Macron à ouvert la porte au RN à l’assemblée ; Borne, Attal et Darmanin ont posé le terrain réactionnaire des préoccupations politiques pour que Barnier puisse attaquer notre classe avec Le Pen.